Envoyé par Jacques TORRES
Un jour Djeha va au marché pour s’ acheter un bourricot.
Après avoir marchandé toute la journée, le soir venu, il fait enfin son choix. Il marchande, marchande encore et, comme il se fait tard, il fait finalement affaire en disant :
« Il est très cher, ton h’mar, j’espère que bor ci brix-là, il marche bian ?
- Ouallah, il est garanti, ya khouya ! »
Djeha monte sur son bourricot, à la mode locale, vous savez, juste sur l’arrière-train, près de la queue, les jambes pendantes et il reprend la route de son gourbi.
Chemin faisant, le bourricot se traîne. Djeha se fait même doubler par Miloud, juché sur son propre âne !
C’est en trop ! Djeha, furieux, rebrousse chemin. Il va voir son vendeur :
- « Ti es un voleur, ton h’mar il vaut rian’, même pas il vance bian’, j’vais te donner ta mère !, escroc !
- - Ti fi pas gran’ colère, ya Djeha. J’ti donne la solition. Chouf ! oilà deux piments, un vert et un rouge.
- - Y alors ? Ouach ‘ndir bih ?
- - Si ton borricot y marche pas assez vite, ti lui lèves la queue, ti lui mets le piment dans l’terma et, j’ti jore, il marche bian’. Le vert, il marche à 30 à l’heure, le rouge il marche à 40 à l’heure, ga-ran-ti Ouallah !
- - Ya, kaoued, si j’li mit’ le piment, et qu’il court, comment je l’rattrape , ya khouèn’ ; ya keddeb !
- - Attends, mon z’ami, ti li mets le piment dans l’zouc quand toi ti es dessus le h’mar, ti combris ?
- - Aïoua ! Mlèh ! ci bian’, comme ça, ça va, allez telbah ou saha ! rac sahbi !
Djeha enfourche son monture, juché à l’arrière, tout à l’arrière, juste au-dessus de la queue, pour être à portée et il reprend de nouveau le chemin du douar.
La nuit est tombée à présent. Alors, en pleine campagne, dissimulé par un virage du chemin, afin qu’on ne découvre pas son secret, Djeha soulève la queue de l’animal et .. zip !, il enfonce le piment vert !
L’animal démarre à toute vitesse. 30 à l’heure garantis !
Mais Djeha est désarçonné par la brusque accélération de l’animal ! Il mord lourdement la poussière.
Le bourricot s’éloigne au triple galop malgré les appels désespérés de Djeha qui se retrouve seul dans le djebel, le piment rouge à la main…
Que croyez-vous qu’il advint ?
Djeha arriva à sa mechta avant son bourricot !… …
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