L'Algérie française n'existe plus; celle de Boumediène se meurt, malgré la résistance de militants civils et militaires, atteints par la limite d'âge, mais prêts à tout pour se maintenir au pouvoir.
      Dans un ouvrage bien documenté et bien construit jean jolly décrit sans complaisance l'Algérie telle qu'elle est, avant l'élection présidentielle du printemps prochain.
      Situation intérieure: il montre le pouvoir collégial tiraillé entre les clans qui agissent dans les partis (FLN, RND et islamistes légaux), au sein du syndicat UGTA, dans l'administration, dans l'armée en mutation. Malgré un président sous surveillance, l'opposition légale et illégale est éclatée et affaiblie. La contestation berbérophone, essentiellement kabyle, perdure comme les explosions de violence localisées et incontrôlées.
      Économie: les réformes sont bloquées, ce qui compromet la modernisation du pays.
      Le contraste est saisissant entre la révolution culturelle qui secoue la société civile et la sclérose du pouvoir poli tique. Les élites, soutenues par les immigrés qui ont une ouverture plus grande sur le monde extérieur, réclament une éducation nationale adaptée aux défis mondiaux. Dans ce pays musulman, l'Église catholique joue également un rôle social discret alors que les évangélistes protestants, en majorité américains, prennent le risque de faire des conversions.
      Relations régionales: les désaccords persistants avec le Maroc entravent l'action et l'efficacité de l'Union du Maghreb arabe. Relations internationales : l'Union européenne, malgré l'adhésion de dix nouveaux membres, est prête à développer ses investissements en Algérie et au Maghreb, région à laquelle s'intéressent davantage les États-Unis depuis les attentats du 11 septembre 2001. Relations avec la France: elles s'améliorent rapidement dans tous les domaines. Elles s'inscrivent dans un cadre bilatéral, mais également dans le cadre euro-maghrébin et euro-méditerranéen.
      Quel que soit le résultat de l'élection, l'Algérie va changer. C'est la crainte de ses dirigeants.