C'est à croire que le monde a découvert le terrorisme le 11 septembre 2001. Certes la tragédie qui a frappé l'Amérique est hors du commun et le malheur qui a frappé des victimes innocentes et au-delà d'elles-mêmes, leurs familles n'ap-pelle aucun pardon, aucune excuse ; "Aucune bête au monde... " trouve ici toute sa signification et l'on ne peut être qu'en accord avec la détermination d'éradiquer le mal là où il se trouve.
L'élimination des auteurs, des complices et hommes de mains est souhaitable et nécessaire par tous moyens. Mais détruire le mal resterait vain si l'on ne s'attaquait pas aux sources.
Or depuis trop longtemps nos démocrates, sous le noble vocable de "tolérance" ont sombré dans la démagogie.
La fragilité des scrutins a conduit les élus - tous bords confondus - à se soumettre aux foutaises de tout groupuscule quelque peu organisé.
Le terrorisme est en germe dans la première manifestation d'une minorité qui impose ses vues à la majorité par la violence voire par la menace de la violence. Trop souvent c'est par la plume ou la parole que commence le processus et c'est au nom de la tolérance que naît ainsi le terrorisme intellectuel qui sévit journellement. Droit de réponse et délit de presse sont vides de leur sens et font figure de galéjades.
Tout attendre du " va en guerre " serait assurément une erreur dans la mesure ou cinq cent millions d'êtres humains se sont franchement réjouis du coup porté à l'Amérique et aux Américains tandis que plus d'un milliard en étaient plutôt satisfaits. C'est dire qu'il y a vraiment un problème de cohabitation sur la planète Terre et une indispensable harmonie des cultures et des civilisations.
Pour avoir subi dans nos corps et dans nos esprits huit longues années de terro-risme actif et bien réel, pour en traîner encore - pour certains d'entre nous - des séquelles, pour connaître les préjugés et les machinations qui font peser sur notre communauté un véritable terrorisme intellectuel entretenu par des psychopathes patentés, il nous appartient de donner, en cette circonstance, un avis, pour le moins aussi autorisé que d'autres.
Nous qui avons, huit années durant, été victimes d'un terrorisme journalier, sans compassion de quiconque, sans aide psychologique d'aucune sorte voire même sans aide financière particulières des pouvoirs, ne pouvons qu'être sensibles à la solidarité que manifeste l'Amérique à ses victimes.
Ainsi cette tragédie rouvre chez nous des plaies jamais vraiment fermées.
Comment oublier les 3 500 " enlevés et disparus " après le cessez le feu du 19 mars 1962, les 5 000 massacrés d'Oran, les 150000 harkis livrés à des bouchers et pour les rescapés débarqués sur le territoire métropolitain, les cadres de déménagement plongés volontairement dans les eaux de Marseille, les comités de rembarquements forcés sur les quais de la gare d'Arles ou les débarquements sur les quais de celle de Chalindrey (Haute-Marne) de familles entières de " sans destinations ".
Et pourtant qu'a-t-il été dit de ces malheurs, engendrés eux aussi par le terrorisme ? Ne voit-on pas aujourd'hui toute une clique de députés soutenir la célébration du 19 mars 1962.
Une plaque commémorative vient d'être inaugurée sur les quais de la Seine pour rendre hommage aux victimes du 17 octobre 1961 qualifiée " journée la plus noire de la Vème république " et le 19 mars 1962 ? et le 5 juillet 1962 et les mois de douleur de Harkis abandonnés en Algérie et tous ceux assassinés en France par le tout puissant FLN de Paris et d'ailleurs, qui dénonce les procédés fascistes et la barbouzerie mise en oeuvre par un pouvoir politique tout puissant contre les partisans de l'Algérie Française livrés à la torture et à l'assassinat. Le terrorisme c'est aussi l'acharnement des uns à torturer les autres en profitant de la lâcheté des démagogues qui règnent au nom de la démocratie ; que celui-ci soit moral et intellectuel ne change rien à l'affaire, comme l'autre il doit être éradiqué et traité dans ses moindres germes.
Pour compatir aux douleurs des victimes américaines je ne peux pas oublier l'indifférence ou l'acharnement qui affecte une communauté depuis 40 ans.