On aurait pu croire, en ce sinistre 8 septembre, que le ciel était avec De Gaulle, ou qu'il pleurait avec nous les milliers de victimes sacrifiés par le tyran qui amoncela tant de ruines, puis dressa autour d'elle un mur de mensonges tellement haut et tellement solide qu'il n'est pas encore prêt à s'écrouler. Malgré les trombes d'eau qui se déversaient sur Montpellier, vous êtes venus, nombreux, assister à cette audience que l'on nous avait annoncée comme publique, mais qui, dès que les places assises furent occupées, s'est transformée, à s'y méprendre, à un huis clos. Nous nous en excusons auprès de ceux qui, sous étroite surveillance policière, comme nous l'étions tous, ont dû arpenter la salle des pas perdus mais nous les assurons que leur présence n'a pas été inutile et que, bien au contraire, elle a contribué à effriter le mur du mensonge dont nous avons parlé plus haut. Nous pouvons affirmer, aujourd'hui, que, grâce à cette audience, et a votre présence à cette audience, nous avons écrit sur ce mur, en lettres de feu, la prophétie fatidique faite au régent de Babylone - et nous vous assurons que Philippe De Gaulle et ses avocats l'ont ressenti comme telle - " Mane - Thecel - Phares ". (Compté, pesé, divisé). Oui comptés, les mensonges du fils pour exonérer le père de ses crimes. Pesé le sang des Harkis, soldats français, abandonnés au massacre comme un " magma qui n'avait servi à rien ". Divisée l'opinion française sur le Guide qui a aveuglé le pays au point de lui cacher ce fleuve de sang… En tant que témoin appelé le premier à la barre, je crois avoir retracé, malgré mon émotion, la barbarie du FLN dont j'ai eu, moi-même à souffrir, la félonie de Charles de Gaulle, et l'innommable, la monstrueuse forfaiture que fut, en violation totale de la Constitution Française, la mascarade d'Evian à laquelle on fait encore référence comme à des accords internationaux ! M. Abolivier, second témoin, ancien officier, chef de S.A.S., expliqua clairement comment le double piège de l'abandon et des contraintes administratives se referma sur ces populations qui avaient, de longue date, choisi la France, et qui se trouvèrent désarmées et livrées sans défense à la vindicte des hordes sauvages. Un frisson d'horreur parcourut la salle et les magistrats lorsqu'il évoqua la vision horrible de six cents harkis mutilés, énucléés avant d'être égorgés, " les yeux pendant au milieu du visage ". Le troisième témoin, M. Forzy, Ancien Délégué Ministériel en charge des rapatriés de toutes confessions et auteur d'un véritable réquisitoire sur les crimes gaullistes " Ca aussi, c'était De Gaulle… " a confirmé en tout point les déclarations des deux premiers témoins, apportant à leur témoignage la garantie des Archives encore closes, dont ses fonctions lui avaient permis de prendre connaissance et rappelant les ordres donnés par Charles De Gaulle à M.M. Joxe et Messmer pour interdire le rapatriement de ces Français-musulmans menacés de mort. La parole fut, ensuite, donnée à l'avocat des plaignants, Maître Pierre Courbis dans une longue et émouvante plaidoirie, ponctuée, comme un leitmotiv, du rappel de la diffamation infamante de Philippe De Gaulle " Et puis, tout le monde ne voulait pas partir comme ces 100.000 Harkis qui ont rejoint l'armée algérienne ". La voix de Maître Courbis, fut souvent éclatante d'indignation, lorsqu'il dénonçait la manœuvre insidieuse de Philippe De Gaulle qui insinuait que les victimes étaient mortes par leur propre faute ou leur erreur de choix. Vibrante d'indignation lorsqu'il indiquait qu'en 1962, il n'y avait, en Algérie, que 90.000 et non 100.000 Harkis, ce qui a amené la Présidente du Tribunal à qualifier " d'aberration " la déclaration incriminée. Parfois pathétique, lorsqu'il évoquait la barbarie de cette impitoyable chasse à l'homme. Par moment chargée de toute l'émotion ressentie par ces rescapés d'un génocide perpétré contre des milliers et des milliers de leurs frères d'armes. Maître Courbis a, admirablement bien, défini les responsabilités françaises du drame et démontré, avec brio, la portée et l'intensité de l'insoutenable diffamation, atteinte insupportable à leur honneur, non seulement de Français, mais de représentants de l'Autorité française… Suspendus aux lèvres de Maître Courbis, les Harkis survivants présents ainsi que leurs enfants et toute la communauté rapatriée, écoutaient leur avocat exprimer leur désespoir, leur exaspération de voir le fils De Gaulle vouloir faire porter aux infortunés victimes le poids des abominables sévices et des cruelles mises à mort qu'ils ont subis par la seule volonté de son père. Les larmes coulaient, silencieusement, sur tous les bancs et c'est dans un sanglot que Maître Courbis a conclu par ces mots : " Les propos du fils de De Gaulle constituent pour eux un traumatisme effroyable… " Maître Zylberstein, avocat de Philippe De Gaulle, après avoir interrompu Maître Courbis à plusieurs reprises en indiquant que les Tribunaux n'avaient ni à connaître, ni à juger l'Histoire, a imposé à l'assistance un panégyrique sur la " grandeur " du père, avant d'exonérer le fils en prétendant que " lorsque certains de ces hommes ont rejoint l'armée algérienne, la guerre était finie… " Pitoyable argumentaire dans lequel il fut rejoint par Maître Sallèles, avocat du " Midi Libre " également cité qui prétendit que tous les Harkis avaient été " démobilisés " avant les accords d'Evian. Comment qualifier les plaidoiries adverses ? Méconnaissance totale de ce qui est, pourtant, l'Histoire de France, ou influence de la désinformation d'Etat ? Au nom du Ministère Public, le Procureur, quant à lui, ne s'est pas fourvoyé dans de telles arguties, mais après s'être apitoyé sur le sort de nos frères Harkis, il a préféré poser la question suivante. Il y a-t-il eu, ou non, diffamation ? Nous notons au passage que cette affaire commence à faire des vagues, puisque le 7 septembre, sur les ondes de Radio-Courtoisie Pierre Messmer, ancien Ministre des Armées accusait Abdelalziz Bouteflika d'être le principal responsable du massacre des Harkis, et que même Benjamin Stora, historien dont on connaît les sympathies pro-FLN, affirmait, tout en déclarant au préalable " je suis sincèrement désolé pour lui mais je ne vois pas d'où il a sorti ce chiffre ", que les propos de Philippe De Gaulle étaient " complètement faux ". L'affaire a été mise en délibéré et le jugement sera rendu le 6 octobre prochain, mais je puis vous assurer, en mon nom personnel, au nom de mon ami Amar Boumaraf, plaignant et administrateur de notre Comité, chargé des Harkis, et en celui de tous les Harkis survivants, que VERITAS ne les abandonnera pas et que nous irons, ensemble, devant toutes les instances nationales et internationales jusqu'à ce que JUSTICE NOUS SOIT RENDUE ! JOSEPH HATTAB PACHA
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