N° 3064 ASSEMBLÉE NATIONALE
CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
ONZIÈME LÉGISLATURE Enregistré à la Présidence de l'Assemblée
nationale le 16 mai 2001. PROPOSITION DE LOI
Instituant une «Journée nationale de
recueillement et de mémoire en souvenir de
toutes les victimes de la guerre d'Algérie,
des combats en Tunisie et au
Maroc et de tous leurs drames».
(Renvoyée à la commission des affaires culturelles,
familiales et sociales, à défaut de constitution d'une commission spéciale
dans les délais prévus par les articles30 et 31 du Règlement.)
présentée
par MM. Alain NÉRI, Jean-Paul DURIEUX, Jacques FLOCH,
Jean-Marc AYRAULT, François HOLLANDE, Mmes Véronique NEIERTZ, Odette
GRZEGRZULKA, MM. Jean-Pierre KUCHEIDA, Didier MIGAUD, Yvon ABIVEN,
Maurice ADEVAH-POEUF, Stéphane ALAIZE, Damien ALARY, Jean-Paul BACQUET,
Dominique BAERT, Jean-Pierre BAEUMLER, Jean-Pierre BALDUYCK, Gérard BAPT,
Christian BATAILLE, Jean-Claude BATEUX, Jean-Claude BEAUCHAUD, Mme Yvette
BENAYOUN-NAKACHE, MM. Henri BERTHOLET, Éric BESSON, André BILLARDON,
Jean-Pierre BLAZY, Serge BLISKO, Patrick BLOCHE, Jean-Claude BOIS, Daniel
BOISSERIE, Maxime BONO, Augustin BONREPAUX, André BOREL, Jean-Claude
BOULARD, Didier BOULAUD, Pierre BOURGUIGNON, Mme Danielle BOUSQUET, MM.
Pierre BRANA, Jean-Paul BRET, Mme Nicole BRICQ, MM. François
BROTTES, Vincent BURRONI, Marcel CABIDDU, Thierry CARCENAC, Mme Odette
CASANOVA, MM. Bernard CAZENEUVE, Jean-Paul CHANTEGUET, Michel CHARZAT,
Jean-Claude CHAZAL, Guy-Michel CHAUVEAU, Daniel CHEVALLIER, Didier CHOUAT,
Alain CLAEYS, Mme Marie-Françoise CLERGEAU, MM. Gilles COCQUEMPOT,
Pierre COHEN, Jean CODOGNÈS, François COLCOMBET, Mme Monique COLLANGE,
MM. François CUILLANDRE, Jacky DARNE, Michel DASSEUX, Yves DAUGE, Mme
Martine DAVID, MM. Philippe DECAUDIN, François DELUGA, Jean DELOBEL,
Mme Monique DENISE, MM. Bernard DEROSIER, Michel DESTOT, Marc DOLEZ, René
DOSIÈRE, Pierre DUCOUT, Jean-Pierre DUFAU, Dominique DUPILET, Jean-Paul
DUPRÉ, Jean ESPILONDO, Michel ETIÉVANT, Claude EVIN, Alain FABRE-PUJOL,
Albert FACON, Mme Nicole FEIDT, MM. Jean-Jacques FILLEUL, Jacques FLEURY,
Pierre FORGUES, Jean-Louis FOUSSERET, Michel FRANÇAIX, Christian
FRANQUEVILLE, Georges FRÊCHE, Michel FROMET, Gérard FUCHS, Robert GAÏA,
Yann GALUT, Jean-Yves GATEAUD, Jean GAUBERT, Mme Catherine GÉNISSON,
MM. André GODIN, GaËtan GORCE, Alain GOURIOU, Gérard GOUZES, Bernard
GRASSET, Michel GRÉGOIRE, Jacques GUYARD, Francis HAMMEL, Edmond HERVÉ,
Jacques HEUCLIN, Jean-Louis IDIART, Mme Françoise IMBERT, MM. Claude
JACQUOT, Serge JANQUIN, Jacky JAULNEAU, Armand JUNG, Jean-NoËl KERDRAON,
Bertrand KERN, Jean-Pierre KUCHEIDA, André LABARRÈRE, Mme Conchita LACUEY,
MM. JérÔme LAMBERT, François LAMY, Jean LAUNAY, Mme Christine LAZERGES, M.
Jean-Yves LE DÉAUT, Mme Claudine LEDOUX, MM. Michel LEFAIT, Jean LE
GARREC, Patrick LEMASLE, Georges LEMOINE, Bruno LE ROUX, René LEROUX,
Alain LE VERN, Michel LIEBGOTT, Gérard LINDEPERG, François LONCLE, Bernard
MADRELLE, Guy MALANDAIN, René MANGIN, Jean-Pierre MARCHÉ, Daniel
MARCOVITCH, Didier MARIE, Jean-Paul MARIOT, Marius MASSE, Didier MATHUS,
Gilbert MAURER, Louis MERMAZ, Roland METZINGER, Louis MEXANDEAU, Jean
MICHEL, Mme HélÈne MIGNON, MM. Gilbert MITTERRAND, Yvon MONTANÉ, Gabriel
MONTCHARMONT, Arnaud MONTEBOURG, Philippe NAUCHE, Bernard NAYRAL, Henri
NAYROU, Michel PAJON, Joseph PARRENIN, Vincent PEILLON, Jean-Claude PEREZ,
Jean-Pierre PERNOT, Mmes Marie-Françoise PEROL-DUMONT, GeneviÈve
PERRIN-GAILLARD, M. François PERROT, Mmes Annette PEULVAST-BERGEAL,
Catherine PICARD, M. Paul QUILÈS, Mme Marie-Line REYNAUD, M. Patrick
RIMBERT, Mme MichÈle RIVASI, MM. Jean-Claude ROBERT, Alain RODET,
Bernard ROMAN, Mme Yvette ROUDY, MM. Michel SAINTE-MARIE, Henri
SICRE, Michel TAMAYA, Yves TAVERNIER, Pascal TERRASSE, Gérard TERRIER, Mme
Odette TRUPIN, MM. Daniel VACHEZ, André VALLINI, Michel VAUZELLE, Michel
VERGNIER, Alain VIDALIES, Jean-Claude VIOLLET, Kofi YAMGNANE
et les membres du groupe socialiste (1) et apparentés (2),
Députés.
Cérémonies publiques et fêtes légales. (1)
Ce groupe est composé de : MM. Maurice Adevah-Poeuf, Stéphane Alaize,
Damien Alary, Mme Sylvie Andrieux-Bacquet, MM. Jean-Marie
Aubron, Jean-Marc Ayrault, Jean-Paul Bacquet, Dominique Baert, Jean-Pierre
Baeumler, Jean-Pierre Balduyck, Jean-Pierre Balligand, Gérard Bapt, Alain
Barrau, Jacques Bascou, Christian Bataille, Jean-Claude Bateux,
Jean-Claude Beauchaud, Mme Yvette Benayoun-Nakache, MM. Henri
Bertholet, Éric Besson, Jean-Louis Bianco, André Billardon, Jean-Pierre
Blazy, Serge Blisko, Patrick Bloche, Jean-Marie Bockel, Jean-Claude Bois,
Daniel Boisserie, Maxime Bono, Augustin Bonrepaux, André Borel,
Jean-Michel Boucheron, Jean-Claude Boulard, Didier Boulaud, Michel
Bourgeois, Pierre Bourguignon, Christian Bourquin, Mme Danielle
Bousquet, MM. Jean-Pierre Braine, Pierre Brana, Jean-Paul Bret,
Mme Nicole Bricq, MM. François Brottes, Vincent Burroni, Marcel
Cabiddu, Alain Cacheux, Jérôme Cahuzac, Jean-Christophe Cambadélis,
Thierry Carcenac, Christophe Caresche, Mme Odette Casanova,
MM. Laurent Cathala, Jean-Yves Caullet, Bernard Cazeneuve, Jean-Paul
Chanteguet, Michel Charzat, Guy-Michel Chauveau, Jean-Claude Chazal,
Daniel Chevallier, Didier Chouat, Alain Claeys, Mme Marie-Françoise
Clergeau, MM. Gilles Cocquempot, Jean Codognès, Pierre Cohen,
François Colcombet, Mme Monique Collange, MM. François
Cuillandre, Jacky Darne, Michel Dasseux, Yves Dauge, Mme Martine
David, MM. Bernard Davoine, Philippe Decaudin, Marcel Dehoux, Jean
Delobel, François Deluga, Jean-Jacques Denis, Mme Monique Denise,
MM. Bernard Derosier, Claude Desbons, Michel Destot, Marc Dolez,
François Dosé, René Dosière, Mme Brigitte Douay, MM. Julien
Dray, Tony Dreyfus, Pierre Ducout, Jean-Pierre Dufau, Jean-Louis Dumont,
Mme Laurence Dumont, MM. Dominique Dupilet, Jean-Paul Dupré,
Yves Durand, Jean-Paul Durieux, Philippe Duron, Henri Emmanuelli, Jean
Espilondo, Michel Etiévant, Claude Evin, Alain Fabre-Pujol,
Albert Facon, Mme Nicole Feidt,
MM. Jean-Jacques Filleul, Jacques Fleury,
Jacques Floch, Pierre Forgues, Raymond Forni,
Jean-Louis Fousseret, Michel Françaix, Georges Frêche,
Michel Fromet, Gérard Fuchs, Robert Gaïa, Yann Galut, Roland
Garrigues, Jean-Yves Gateaud, Jean Gaubert, Mme Catherine Génisson,
MM. André Godin, Gaëtan Gorce, Alain Gouriou, Gérard Gouzes, Bernard
Grasset, Michel Grégoire, Mme Odette Grzegrzulka, MM. Jacques
Guyard, Francis Hammel, Mme Cécile Helle, MM. Edmond Hervé,
Jacques Heuclin, François Hollande, Jean-Louis Idiart, Mme Françoise
Imbert, MM. Claude Jacquot, Serge Janquin, Jacky Jaulneau, Patrick
Jeanne, Armand Jung, Jean-Noël Kerdraon, Bertrand Kern, Jean-Pierre
Kucheida, André Labarrère, Mme Conchita Lacuey, MM. Jérôme
Lambert, François Lamy, Claude Lanfranca, Jean Launay,
Mmes Jacqueline Lazard, Christine Lazerges, MM. Gilbert
Le Bris, André Lebrun, Jean-Yves Le Déaut, Mme Claudine
Ledoux, MM. Jean-Yves Le Drian, Michel Lefait, Jean Le Garrec,
Jean-Marie Le Guen, Patrick Lemasle, Georges Lemoine, Bruno Le Roux, René
Leroux, Jean-Claude Leroy, Alain Le Vern, Michel Liebgott,
Mme Martine Lignières-Cassou, MM. Gérard Lindeperg, François
Loncle, Bernard Madrelle, René Mangin, Jean-Pierre Marché, Daniel
Marcovitch, Didier Marie, Jean-Paul Mariot, Mme Béatrice Marre,
MM. Marius Masse, Didier Mathus, Gilbert Maurer, Guy Menut, Louis
Mermaz, Roland Metzinger, Louis Mexandeau, Jean Michel, Didier Migaud,
Mme Hélène Mignon, MM. Gilbert Mitterrand, Yvon Montané, Gabriel
Montcharmont, Arnaud Montebourg, Philippe Nauche, Bernard Nayral, Henri
Nayrou, Mme Véronique Neiertz, MM. Alain Néri, Michel Pajon,
Joseph Parrenin, Vincent Peillon, Germinal Peiro, Jean-Claude Perez,
Jean-Pierre Pernot, Mmes Marie-Françoise Pérol-Dumont, Geneviève
Perrin-Gaillard, M. François Perrot, Mmes Annette
Peulvast-Bergeal, Catherine Picard, MM. Paul Quilès, Alfred Recours,
Gérard Revol, Mme Marie-Line Reynaud, MM. Patrick Rimbert,
Jean-Claude Robert, Alain Rodet, Marcel Rogemont, Bernard Roman, Yves
Rome, Gilbert Roseau, Joseph Rossignol, Mme Yvette Roudy,
MM. Jean Rouger, René Rouquet, Michel Sainte-Marie, Mme Odile
Saugues, MM. Bernard Seux, Patrick Sève, Henri Sicre, Dominique
Strauss-Kahn, Michel Tamaya, Yves Tavernier, Pascal Terrasse, Gérard
Terrier, Mmes Marisol Touraine, Odette Trupin, MM. Joseph
Tyrode, Daniel Vachez, André Vallini, André Vauchez, Michel Vauzelle,
Michel Vergnier, Alain Veyret, Alain Vidalies, Jean-Claude Viollet,
Philippe Vuilque, Kofi Yamgnane. (2) MM. Yvon Abiven, Léo Andy,
Alain Calmat, Jean-Claude Daniel, Camille Darsières,
Christian Franqueville, Guy Malandain, Daniel Marsin,
Mmes Michèle Rivasi, Christiane Taubira-Delannon.
EXPOSÉ DES MOTIFS
Mesdames, Messieurs, En 1999, à l'initiative du groupe socialiste
de l'Assemblée nationale, le Parlement a adopté à l'unanimité une
proposition de loi reconnaissant l'état de guerre en Algérie et les
combats en Tunisie et au Maroc. Cette reconnaissance officielle d'un
moment dramatique de notre histoire permet de mieux comprendre ce qu'ont
vécu tous ceux qui en ont été les acteurs directs : les appelés, les
rappelés, les maintenus, les militaires de carrière, les rapatriés, les
harkis, en un mot toutes les populations qu'elles soient
d'origine européenne ou maghrébine, civiles ou militaires. Lors
des débats parlementaires empreints de solennité et de gravité,
l'évocation de tous les drames de la guerre d'Algérie a permis de prendre
conscience de l'importance des traumatismes, des souffrances et des
incompréhensions qui ont marqué nombre de nos concitoyens et qui
perdurent dans notre pays près de quatre décennies après la fin des
combats. Une première étape dans la réappropriation de notre passé a
été franchie par la promulgation de la loi n° 99-882 du 18 octobre 1999.
Aujourd'hui, notre volonté de renforcer le devoir de mémoire nous invite à
prolonger une initiative que tous, anciens combattants, rapatriés, harkis
et représentants de la Nation, ont rendu possible par leurs contributions
et leurs échanges constructifs. Ensemble, nous partageons l'exigence
du devoir de mémoire et nous avons pour mission de faire vivre les valeurs
de civisme et de citoyenneté, éléments fondateurs de notre démocratie. La
Nation, par la volonté de ses représentants, a donné en 1999 sa dignité à
la troisième génération du feu. Longtemps sujet tabou et controversé,
l'officialisation de la guerre d'Algérie a rendu la parole à toutes celles
et ceux qui souffraient de ce silence trop pesant. Aujourd'hui, il
s'agit d'évoquer la guerre d'Algérie dans sa dimension la plus large, de
ne pas dissimuler la vérité historique, de donner la parole aux acteurs du
drame algérien et de reconnaître que ce conflit, mettant un terme à notre
passé colonial, a profondément marqué notre pays, les populations
d'Algérie et de métropole ainsi que leurs descendants. Si toutes les
cicatrices ne sont pas encore refermées, la parole et le témoignage
doivent être facilités afin de dénoncer la guerre et d'assumer globalement
l'héritage de notre Histoire. Conscients aujourd'hui de cette
obligation morale à l'égard de celles et ceux qui ont eu à en souffrir,
nous sommes convaincus que la reconnaissance de l'état de guerre en
Algérie doit s'accompagner d'un temps de mémoire. Tous les acteurs, dans
leur diversité, doivent pouvoir témoigner des épreuves qu'ils ont endurées
pendant et après les combats. Il apparaît en effet nécessaire de rappeler
sans cesse les réalités et les conséquences d'une guerre dont on a trop
longtemps nié l'existence. Le 26 avril 2001, le Premier ministre
Lionel Jospin a souhaité que «soit faite toute la lumière nécessaire sur
cette guerre de décolonisation, qui fut une guerre civile, et durant
laquelle des atrocités ont été commises de part et d'autre. Aucune victime
ne doit être oubliée, ni du côté algérien, ni du côté français. Nous ne
pouvons pas non plus ignorer les massacres dont les harkis ont été
victimes. Ce travail de vérité constitue un ciment puissant pour notre
communauté nationale, car il lui permet d'édifier de plus solides
fondations pour son avenir». A l'aube du xxe siècle, la République
française, démocratie apaisée et porteuse de valeurs universelles,
s'honorerait d'assumer son Histoire et d'intégrer dans la mémoire
nationale un passé trop longtemps enfoui. A cette occasion, il est
indispensable que soit délivré aux jeunes générations un message de paix
et que soit dénoncée l'absurdité d'affrontements ayant bouleversé à jamais
la jeunesse et l'existence de millions d'hommes et de femmes issus
d'horizons différents, entraînés dans la spirale d'une guerre de
décolonisation et d'indépendance dont ils ont subi toutes les horreurs. Ce
moment participerait d'une dimension pédagogique et citoyenne pour toutes
les nouvelles générations et c'est à dessein que nous entendons _uvrer à
ce projet en travaillant et en privilégiant les conditions de sa
réalisation. Pour répondre à cet objectif légitime et salutaire, il
nous apparaît désormais possible d'envisager que la Nation se rassemble
autour d'une journée de recueillement et de mémoire en souvenir de toutes
les victimes de cette période de notre Histoire où des vies personnelles
et des destinées familiales et collectives ont basculé. Il s'agit ainsi
d'évoquer sous tous ses aspects la guerre d'Algérie et de lutter contre
l'oubli, en favorisant chaque année son ancrage dans la mémoire de notre
pays. La guerre d'Algérie, par sa spécificité historique et ses
drames, par le climat passionnel et douloureux qui s'y rattache, a trop
longtemps suscité malaises, ambiguïtés et « non-dit ». Aujourd'hui, il est
de notre responsabilité d'inscrire durablement son évocation dans notre
mémoire collective, accompagnant ainsi un indispensable acte de
réconciliation et de concorde nationale. Dix années de guerre en Afrique
du Nord sont constitutives de notre Histoire et le recul du temps permet
maintenant d'en dresser un inventaire lucide et exhaustif. Oui, au
même titre que les deux conflits mondiaux, la guerre d'Algérie
appartient à notre Histoire. Oui, après sa reconnaissance officielle, elle
doit trouver sa journée de recueillement et de mémoire pour se souvenir.
En conséquence, une réflexion et une analyse approfondies nous
conduisent à penser que, sur le long terme, seule la date du 19 mars, date
officielle du cessez-le-feu en Algérie, s'affirmera en raison de sa double
et indissociable signification au c_ur même d'une tragique et douloureuse
histoire. Pour les uns, soldats, leurs familles et leurs amis, cette
date correspond à la fin d'une guerre cruelle où nombre de leurs camarades
sont tombés. Pour eux, c'était l'annonce du retour en France et d'une
«paix» retrouvée. C'était également réapprendre le quotidien en affrontant
les souvenirs et les traumatismes profonds qui en découlaient. Pour
les autres, elle correspond à l'accélération des drames vécus et au
basculement dans les déchirements. Pour nos compatriotes français
d'Algérie rapatriés, c'était l'abandon de leur terre natale et de leurs
racines. Pour les harkis, qui n'envisageaient pas d'autre avenir que dans
la France, cette fidélité fut un choix lourd de conséquences pour
lequel ils ont payé un lourd tribut. Rejetés des terres qui les avaient
vus naître, ils ont trop souvent fait l'objet d'un nouveau rejet dans leur
terre d'accueil. Aujourd'hui, leurs enfants revendiquent légitimement la
reconnaissance de la France vis-à-vis de leurs pères et leur propre
intégration. Pour tous, ce fut la guerre. Pour tous, ce furent la
violence, les haines, les peurs, les souffrances, le rejet,
l'incompréhension, les silences. Forts de notre Histoire lucidement
assumée, nous avons le souci de rassembler et de favoriser l'unité
nationale confortée par la future édification à Paris, Quai Branly, du
mémorial de la guerre d'Algérie. Nous proposons donc que le 19 mars
devienne une journée nationale de recueillement et de mémoire en souvenir
de toutes les victimes de la guerre d'Algérie, des combats en Tunisie et
au Maroc et de tous leurs drames. Nous vous demandons de bien vouloir
adopter la présente proposition de loi.
PROPOSITION DE LOI Article 1er
La République française institue une journée nationale de recueillement
et de mémoire en souvenir de toutes les victimes de la guerre d'Algérie,
des combats en Tunisie et au Maroc et de tous leurs drames.
Article 2
Cette journée, ni fériée, ni chômée, est fixée au 19 mars. N°3064- Proposition de loi de M.Néri instituant une
«Journée nationale de recueillement et de mémoire en souvenir de toutes
les victimes de la guerre d'Algérie, des combats en Tunisie et au Maroc et
de tous leurs drames».(affaires culturelles)
Page Précédente ----- Retour Index ----- Page Suivante
© Assemblée nationale |