Bône, le 3 mars 1860                               LA SEYBOUSE

17ème Année    N° 757                                  JOURNAL DE BÔNE

 

 

COURRIER

 

 

La politique est comme le temps, toujours un peu sombre à quelques éclaircies près. Ces jours derniers on parlait beaucoup d'arrangements avec Sa Sainteté, mais les bruits sont aujourd’hui démentis. Il paraît, en effet, bien difficile qu'après s'être prononcé comme il l'a fait dans sa lettre encyclique, le pape consente à diminuer ses prétentions. Quant à des concessions de la part de la France, il n'y en a pas à faire. Ce n’est pas elle qui a soulevé les Romagnes, pas plus qu'elle ne soulèvera les Marches; et ce n'est pas à elle que le gouvernement romain doit s'en prendre s'il n'a pas su se concilier l'affection des provinces qui lui étaient soumises.

L’Empereur n’oubliera pas le principe en vertu duquel il règne et qu'il prend soin de proclamer tous les jours en tête des actes officiels : Napoléon, par la grâce de Dieu et la volonté nationale, empereur, etc.

Il ne peut, donc vouloir forcer la volonté clairement manifestée des populations italiennes.  Ce n'est pas sa faute si le pape ne veut régner que par la grâce de Dieu, et que cette grâce ne puisse se manifester qu'au milieu d'un grand cortège de sabres et de baïonnettes.

Un académicien, dont le nom était illustre bien avant sa récente élévation, a écrit : « Depuis 1815, uniquement appuyée sur le bras de fer de l'Autriche, la papauté s’est peu à peu aliénée le cœur de tout ce qui l'entoure et elle n'a plus vu son saint que dans une compression par la main de l'étranger. L'état actuel est intolérable et il faut en souhaiter la fin. ‑ Lacordaire. »

Les journaux s'occupent toujours de la question de l'annexion de la Savoie et du comté de Nice à la France; ce qui paraît de plus positif en ce moment, c'est que cette annexion se bor­nera à la Savoie.

 

Le Moniteur publie plusieurs documents importants : une circulaire de M. Billault aux préfets, une autre de M. Rouland aux archevêques et évêques de France, et enfin une dépêche de M. Thouvenel à notre ambassadeur à Rome.

Les dimensions du journal ne nous permettent pas de les donner in extenso. Nous nous bornerons à analyser les deux premiers. Voici le texte de celle de M. le ministre des affaires étrangères.

« Paris, le 12 février 1860.

Monsieur le duc, je vous ai fait, connaître l'impression que nous a causée l'encyclique du saint-père aux évêques, et je rie vous ai point dissimulé le regret sincère que trous en avons ressenti. Je crois devoir aujourd'hui compléter la circulaire que j'ai adressée aux agents diplomatiques de l'empereur, sous la date du 8 de ce mois, en examinant avec vous des faits récents qui ont amené la situation actuelle dans les Légations, afin d'établir d'où vient le mal et à qui incombent les responsabilités.

Comment donc ont éclaté les évènements de la Romagne, et comment les choses en sont-elles venues au point où nous les voyons en ce moment? Est-ce seulement à la dernière guerre qu'il convient de faire remonter l'état des choses dans ce pays? Il m'en coûterait de m'étendre sur des détails présents à l'esprit de quiconque n'est pas entièrement étranger aux affaires de son temps, et, bien que l’encyclique nous donnât le droit de rappeler le passé et de juger, comme les grandes puissances l'ont fait dès 1831, le régime politique appliqué aux Légations, je m'abstiendrai de me placer sur ce terrain. Je me bornerai simplement à faire observer que du jour où les Autrichiens se retiraient les évènements qui se sont accomplis après leur départ étaient certains et inévitables. Nous avons, au surplus, la conviction que le gouvernement pontificat ne serait fondé, à aucun point de vue, à nous reprocher d'avoir manqué à son égard de sollicitude et de prévoyance.

Au début des hostilités, la neutralité du Saint-Siège avait été proclamée et reconnue par les belligérants. Ils continuaient d'occuper les positions dont ils se trouvaient les gardiens avant la guerre. Ils renonçaient à s’y fortifier de manière à pouvoir de là se nuire l’un à l’autre. Il semblaient, en un mot, pénétrés de cette pensée qu'au-dessus de leurs sentiments passagers s'élevait un intérêt supérieur, également cher à tous les deux, celui de maintenir l’ordre dans les états du saint-père. Les garnisons de Ferrare, de Comacchio, de Bologne et d'Ancône pouvaient, en toute sûreté, veiller au maintien de la tranquillité dans les Légations et les Marches, pendant que la garnison française y veillait à Rome.

Il ne m'appartient pas d'apprécier les circonstances, très-certainement impérieuses à ses yeux, qui ont déterminé l’Autriche à ne plus continuer son rôle, mais j’ai le droit de rappeler que la France est, restée fidèle au sien. Les troupes autrichiennes éloignées, les populations ont profité des conjonctures sans avoir besoin d'y être entraînées par aucune excitation particulière, et l’on peut dire qu’elles se sont trouvées plutôt qu'elles ne se sont rendues indépendantes, Voilà tout le secret du soulèvement des Romagnes,

Ce soulèvement, monsieur le duc, ne saurait donc être imputé à la France, ni autoriser un donc quelconque sur la sincérité des assurances de sympathie et de bon vouloir que l'empereur avait données à Pie IX à l'origine de la guerre. Mais l'empereur devait-il ne point prendre en considération les faits nouveaux qui ont surgi contrairement à ses vœux? Sa Majesté envisageant comme elle le devait les difficultés de la situation et jugeant cependant, que la paix conclue à Villafranca pouvait produire toutes les conséquences qu'elle en attendait, si la cour de Rome secondait ses efforts, s'adressait, de Dezennano, au pape, le 14 juillet, pour lui en faire connaître les conditions :

« Dans ce nouvel ordre de choses, ajoutait l'empereur, Votre Sainteté peut exercer la plus grande influence et faire cesser pour l'avenir toute cause de troubles. Qu'elle consente, ou plutôt que, de modus proprio, elle veuille bien accorder aux Légations une administration séparée avec un gouvernement laïque nommé par elle, mais en­touré d'un conseil formé par l'élection ; que cette province paie au Saint-Siège une redevance fixe, et Votre Sainteté aura assuré le repos de ses Etats et pourra se passer de troupes étrangères.

Je supplie Votre Sainteté d'écouter la voix d'un fils dévoué à l'église, mais qui comprend les nécessités de sort époque et qui sait que la force ne suffit pas pour résoudre les questions et aplatir les difficultés...

Je vois dans la décision de Votre Sainteté ou le germe d'un avenir de paix et de tranquillité, ou bien la conti­nuation d'un état violent et calamiteux. »

Vous savez, monsieur le dite, que ces suggestions ne furent point accueillies. Pendant que les évènements, et, se succédant, multipliaient les difficultés, la cour de Rome persistait à se renfermer dans une abstention uniquement propre à aggraver un état de choses qui déjà ne pouvait plus se concilier avec soit autorité sans sacrifices ou sans compensations.

C'est ainsi qu'on a laissé échapper toutes les circonstances opportunes pour rattacher les Légations au Saint-Siège ; c'est ainsi qu'on s'est trouvé en présence d'une éventualité que l'empereur a voulu conjurer, et que Sa Majesté a été amenée à adresser au Saint-Père sa lettre dit 31 décembre.

Et maintenant, je le demande, les choses s'étant passées comme je viens de le rappeler, les conseils que l’on a repoussés, étaient-ils donc si étranges? Certes, la sincérité des sentiments dans lesquels ils ont été donnés est au moins bien démontrée. Les égards, disons mieux, le dévouement que le gouvernement impérial a montrés, en toute occasion, au chef de l'église, sont un des traits dominants de l’histoire des dix années qui viennent de s'écouler.

Le clergé de France sait avec quelle bienveillance et avec quelle largeur de vues le gouvernement impérial a toujours pratiqué les lois qui règlent ses rapports avec la cour de Rome. Il sait qu'il a trouvé, lui aussi, dans l’empire, un pouvoir réparateur, et que, sous cet appui tutélaire, il a repris dans la société française l'influence et l’autorité que d’autres régimes lui avaient disputées. Ces faits seuls suffiraient pour attester de quelles dispositions le gouvernement impérial était animé à l’égard de la papauté, lors même qu'il ne lui en aurait point donné des preuves directes et incessantes.

Nous ne contestons point que l'occupation de Rome, à l’époque où elle a été entreprise, n'ait été dictée par des considérations politiques en même temps que religieuses ; mais qui peut nier que le gouvernement de l’empereur n’ait été déterminé à continuer, d’année en année, tes sacrifices que cette mesure impose à la France, avant tout par une sollicitude affectueuse et persévérante pour les intérêts du Saint-Siége ? Qui ne reconnaît les ménagements au moyen desquels nous avons atténué ou même prévenu les inconvénients que l'occupation de Rome était de nature à entraîner, dans le fond comme dans la forme, pour la souveraineté du Saint-Père ? Qui peut se refuser à voir dans cet ensemble de faits un témoignage des intentions les plus cordiales et de la volonté la plus formelle, non seulement de protéger la position personnelle du saint-Père, mais d'étendre, s'il était possible, son influence morale ?

C'est à cet ordre d'idées, notamment, que se rattache le concours prêté par la diplomatie française au Saint-Père dans toutes les contrées où il y a des intérêts religieux à défendre, et que se relient, dans une large mesure, les expéditions accomplies ou entamées dans les mers de la Chine et du Japon. Et enfin, monsieur le duc, quelle meilleure preuve à fournir de cette préoccupation constante que la stipulation de Villafranca par laquelle l’Empereur, en déférant au Saint-Père la présidence honoraire de la confédération, voulait le placer à la tête de l’Italie régénérée ?

On peut déduire de cet exposé combien le gouvernement impérial eût été heureux et le serait encore, dans les conjonctures présentes, de rencontrer une combinaison capable de diminuer les embarras du Saint-Siège. Mais ici le bon vouloir de la France risque d'échouer contre d'insurmontables difficultés.

En effet, il ne s'agit pas seulement de rendre les Légations au pape, il faut encore trouver le moyen de les maintenir entre ses mains sans faire succéder une nouvelle occupation à une nouvelle intervention. Les évène­ments ont assez démonté combien cette mesure serait impuissante à remédier au mal. L'opinion de l'Europe est formée sur ce point, et l’occupation, condamnée par les leçons du passé dans les Légations même, est un expédient auquel personne ne pourrait plus songer à recourir, à moins de méconnaître des nécessités qui s'imposent à la sagesse et à la prévoyance des gouvernements. Une telle politique est inadmissible aujourd'hui. L'autorité monarchique, ni la majesté de l’église n'auraient rien à y gagner; la religion et la raison se réunissent pour la repousser avec une égale énergie.

Ainsi donc, monsieur le duc, le moment était bien venu de se préoccuper de combinaisons différentes, lorsque l’Empereur en a signalé la nécessité au pape. Les intérêts les plus évidents, les considérations les plus pressantes y convient le Saint-Siége. Un parti pris, absolu, de se refuser à reconnaître le caractère vrai de l'état de choses actuel ne ferait que l'aggraver de plus en plus et finirait par créer des impossibilités également insurmontables.

Au contraire, si le Saint-Siége se décidait enfin à quitter la région religieuse où la question n'est pas réellement placée, pour revenir sur le terrain des intérêts temporels, seuls engagés dans le débat, pet-être apporterait-il, quoiqu'il soit bien tard, un changement favorable à sa cause. Il permettrait en tous cas au gouvernement de l'empereur de prêter son appui a une politique conciliante et raisonnable.

 

Vous êtes autorisée à donner lecture de cette dépêche au cardinal Antonelli et à lui en laisser copie s'il vous en exprime le désir.

Agréez, monsieur le duc, les assurances de ma haute considération.

THOUVENEL.

M. Billault signale à MM. les préfets que la question romaine donne depuis quelque temps prétexte à des agitations auxquelles il est urgent de mettre un terme; que des paroles d'un zèle aussi injuste que peu éclairé se sont fait entendre dans la chaire soit contre le gouvernement, soit contre l’Empereur lui-même, paroles que n'ont arrêtées ni la vigilance des évêques, ni les conseils et les observations bienveillantes de l’autorité civile; qu'oubliant ce que la France a fait depuis dix ans pour le Saint-Père, on parle d'hos­tilité, de spoliation et d'attaques contre la religion ; qu’enfin des brochures rédigées dans ce sens sont répandues et distribuées gratuitement dans le peuple et même dans les écoles.

Le Ministre ajoute que, bien que les populations semblent peu s'émouvoir de toute cette effervescence plus nuisible qu'utile aux vrais intérêts de la religion, on pourrait croire que si le gouvernement ne la réprime pas, ce n'est point par longanimité, mais par faiblesse.

      M. Billault rappelle aux préfets que la loi française punit de semblables faits; que la loi du 18 germinal an X a prévu les premiers, et la loi du 27 juillet 1849, les seconds. Il les engage, à donner d'abord des avertissements mais ensuite, au cas où on n'en tiendrait pas compte, MM. les préfets devront agir rigoureusement.

La circulaire se termine ainsi :

« L'empereur veut, pour la religion, paix et liberté ; il entend que le plus profond respect, que la plus bienveillante protection lui soit assurée à elle et à ses ministres; que les fidèles aient pleine sécurité sur le maintien et la liberté de leur foi ; mais il veut, en outre, que son autorité, qui est la clé de la voûte sous laquelle s'abritent les intérêts religieux comme les autres, soit aussi, elle, respectée; que ceux qui doivent le plus souhaiter la paix publique ne travaillent pas à la troubler, et que, personne en France ne pouvant être au-dessus ou en dehors des lois du pays, elles soient partout fidèlement observées.

On ne peut qu'applaudir à ces sages avis. Un gouvernement ne peut, en effet, souffrir qu'on l'attaque d'une manière aussi ouverte et aussi injuste. Comme le dit fort bien M. le ministre, ce n’est pas au gouvernement que cela fait tort, mais à la religion. Louis XIV avait dit : « L'état, c'est moi. » Le clergé aurait-il la même prétention et dirait-il aussi : La religion, c'est moi.  Qu’il y réfléchisse! ce n'est pas au XIXe siècle qu'une semblable proposition peut réussir.

La circulaire de M. Rouland est écrite dans le même esprit que celle de M. de Thouvenel aux ambassadeurs français, mais il prend la question sous un autre point de vue. M. de Thouvenel l'a traitée sous le rapport de la politique; c'est sous celui du droit que M. Rouland la discute. Nul mieux que lui ne pouvait le faire, et elle nous a rappelé ces beaux discours que nous avons été assez heureux d'entendre quelquefois, alors que le ministre d'aujourd'hui était l’éminent magistrat à la cour de cassation.

Il commence par constater que l'agitation qui se produit aujourd'hui s'est manifestée toutes les fois qu'il s'est agi de dissentiments entre la papauté et les souverains : les uns et les autres se reprochaient toujours l'esprit d'usurpation sans jamais s’entendre sur la véritable nature des intérêts débattus.

C'est pour éviter ces discussions fâcheuses, ces querelles désastreuses pour l'intérêt des peuples, que nos pères fondèrent le droit public du royaume de France et constituèrent, à côté de l'autorité incontestée de l'église sur la société religieuse, l'autorité indépendante de l'état sur la société civile et politique. Une pareille tâche ne s'est pas accomplie sans beaucoup de luttes ; mais les doctrines du droit public ont triomphé de toutes les épreuves.

M. le ministre cite ensuite les déclarations de saint Louis, de l'assemblée du clergé français en 1682, les anciennes lois françaises qui toutes établissent que depuis de longs siècles les souverains de France ont été indépendants du Saint-Siège pour les affaires temporelles, enfin la loi du 18 germinal an X et le concordat de 1801. Il rappelle qu'en 1817 la restauration n'avait pas osé persévérer dans un projet de concordat qui abolissait la loi de germinal an X.

Toutes ces lois, dit M. Rouland, auxquelles il faudrait joindre celles qui régissent les communautés religieuses, montrent assez l'esprit des gouvernements qui se sont succédé en France, et que la société a toujours voulu être libre dans son domaine et rester suffisamment armée contre les abus et les agitations résultant du choc de l'église et de l'état.

M. le ministre cherche ensuite quelle a été la conduite de l'empereur vis-à-vis du pape et ter­mine ainsi :

Nous demandons donc au pape, sans cesser de croire que nous sommes de bons catholiques, qu'il veuille bien, en sa qualité de souverain d'un état italien, envisager les évènements comme la Providence elle-même les laisse se dérouler dans la longue histoire de l’humanité. Nous le supplions de tenir compte de tout ce qui a une influence nécessaire sur le règlement des affaires de ce monde; nous le conjurons de faire des sacrifices matériels, s'ils sont inévitables, au repos de l'Europe et de la chrétienté. Nous lui offrons, comme nous lui avons toujours offert, le plus sincère concours pour les solutions possibles et les moins dommageables au souverain temporel. [)ans le cas où nos avis seraient encore repoussés, nous ne donnerons pas le triste exemple des récriminations. C'est l'avenir qui décidera si les sentiments et les efforts de la politique française ont été imprévoyants et contraires aux véritables intérêts de le cour de Rome. Mais au moins Dieu qui lit dans les consciences, sait bien que l'Empereur n’a jamais voulu nier les droits légitimes, ni porter atteinte à l’autorité morale et religieuse du Saint-Siège. Ce soupçon n’appartient qu'aux rancunes des partis qui se connaissent en accusations téméraires comme en coa­litions insensées.

La modération doit mieux servir en France la cause du Saint-Père que l'esprit d'agitation qu'on chercherait à développer. Il n'est besoin pour cette cause, ni d'enflammer le zèle des vivants ni de troubler la cendre des morts. La plus déplorable faute qui pût être commise contre la religion serait d'exciter en son nom des discordes civiles.

J’aime à reconnaître, Monseigneur, que I’immense ma­jorité du clergé a su échapper à de pareils écueils par une conduite exemplaire. Mais qu'il me soit permis de dire avec un vif regret que quelques ecclésiastiques, religieux et séculiers, ne sachant pas se défendre des emportements que le pays réprouve, ont abusé de la liberté de la chaire pour se livrer à des allusions blessantes et à des provocations coupables. Je compte, Monseigneur, sur les sentiments de prudence et de charité qui ont toujours distingué l       'épiscopat pour ramener dans les voies de l'Evangile et du devoir les hommes qui s'en écartent. Veuil­lez leur rappeler tous les services que l'empereur a rendus à la religion et à tous ceux qu'il rend encore au Saint-Siége. Qu’ils se souviennent que nous sommes tous, prêtres et laïques citoyens de la même patrie, que si le clergé doit sa vénération profonde au chef de l'Eglise catholique qui siège au Vatican, il doit son respect et sa fidélité au souverain de la France qui siège aux Tuileries. C'est ainsi qu'on préviendra des désordres compromettants pour la religion et nuisibles au repos de l'état. L'empereur sera toujours heureux de protéger le clergé français, mais il veut énergiquement, dans l'intérêt de tous, le maintien et l’exécution des lois, et il a le ferme espoir que l'épiscopat remplira de son côté sa mission d'ordre, de paix et de conciliation.

 

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ANGLETERRE. ‑ Le cabinet anglais vient de remporter une première victoire qui doit l'encourager à persévérer dans la politique franco­ italienne.

Sur une motion de M. Disraëli, le ministère a eu 63 voix de majorité.

Quoique cette motion ne doive être regardée que comme un ballon d'essai de l'opposition, le vote qui l’a suivie paraît décisif à toute la presse anglaise, au Times lui-même qui, ainsi qu'on le sait, ne représente que les intérêts de la cité, c'est-à-dire du grand commerce. Cette nouvelle a été accueillie en France avec joie, car c'est une garantie de plus contre la guerre.

On raconte que lord Elgin a été chargé par la reine Victoria d'une mission en Chine, et on en conclut que l'expédition va être contremandée. Pour nous, nous n'en croyons rien.

Si, en effet, l'ambassade de lord Elgin est vraie, elle ne peut-être considérée que comme une dernière sommation faite au Fils du Ciel; mais le noble lord, n'ira, comme on dit dans les Huguenots, que bien accompagné, et l'entêtement connu du gouvernement chinois permet d'espérer que l’échec de Peï-Ho sera vengé. Il faut, du reste, puisque aujourd'hui les frais d'expédition sont faits, que les Chinois soient convaincus du pouvoir que nous avons de châtier toute tentative de trahison de leur part.         

CH. CHAPUIS.

 

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ITALIE. Nous empruntons au Siècle les passages suivants d'une lettre de son correspondant de Naples :

Dans mes lettres, je vous ai parlé souvent de la désorganisation de l'armée de la frontière et des plaintes du général Pianelli. Maintenant je suis à même de vous donner, quelques détails. Depuis le mois de janvier jusqu'à aujourd'hui, dans le corps d'armée de la frontière, ont été arrêtés deux cent cinquante-six officiers et soldats, qui ont été envoyés, sans aucun jugement préalable, aux présides de la Javignana et de Pontellevia, sur les côtes de la Sicile. Ceux-ci. n'étaient que suspects ou légèrement coupables aux yeux du gouvernement et du général PianeIli. Quatre-vingt-dix autres, que la cour a cru plus criminels, ont été transportés au château Saint-Elme. Une commission composée du colonel Latour, du major Om­belli, du lieutenant Jori et de l'inspecteur de police d’Antoni, a commencé l’instruction du procès. On accuse ces militaires de conspiration contre l'état et contre la dynastie.

Comme on n'a pas trouvé de pièces établissant incontestablement l'accusation, les prévenus ont été soumis à la torture. Les moyens qui ont été adoptés sont d'abord la fameuse coiffe du silence; ensuite la privation d'eau pendant quarante-huit heures, après avoir donné à manger aux condamnés des mets très-salés ; enfin, des fétus de roseau introduits entre l'ongle et la chair, des petites ficelles passées à la cire liées aux poignets, et le fouet.

L'homme qui a été employé à l'exécution de ces horreurs est un certain Andréa Romano, que l'on a fait venir exprès de la prison d'Avellino, et un jésuite dont je veux taire le nom, quoiqu'il soit ici sur toutes les lèvres. Le gouvernement voulait connaître principalement les chefs de la conspiration (que l'on croit être de hauts personnages vivant a l'étranger), le noyau principal de cette conspiration et ses moindres ramifications. Il n'a rien su du tout. Ces pauvres martyrs ont opposé le silence le plus complet et montré la dignité la plus absolue. On dit que plusieurs d'entre eux ont succombé.

Mais si l'on poursuit avec tant d'atrocité les conspirations contre le gouvernement bourbonien, la police encourage, et laisse prospérer celle que quelques fanatiques et plusieurs membres des corporations religieuses ourdissent ici contre le gouvernement français. La chose est fort ridicule en elle-même, mais elle ne l’est peut-être pas autant si l'on juge l'esprit de la cour de Naples.

Pour extrait ; DAGAND.

 

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Un décret impérial, en date du 11 février, contresigné par M. le ministre de l'Algérie et des colonies et M. le ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, autorise l'admission en franchise dans les ports de l'empire d'un certain nombre de produits naturels de l'Algérie, dont les principaux sont : les soies mou­linées, la cire brute, l'orge perlée, les conserves alimentaires, les olives, les graines de sorgho, les résines, les graisses de poisson, le bois commun, le henné, la garance, l'or et l'argent bruts, le fer, le cuivre, l'étain, le zinc, etc,

Sont également admis en franchise les produits fabriqués de l’Algérie, tels que la potasse brute, le carmin, le noir animal, les parfumeries, l'amidon, les boules, les vins ordinaires et de liqueurs, les vinaigres, les alcools, les poteries, fils, nattes, cordages, carton, papier, peaux préparées, liége ouvré, meubles, orfèvrerie et bijouterie, brosserie, machias en velours, chapeaux du Sahara, ouvrages ; en marqueterie indigène, lanternes mauresques, oeufs d'autruche, pantoufles, porte-cigares, pipes arabes, passementeries arabes, gandouras, instruments de musique arabes, etc., etc.

Sont assujettis à des droits à l'importation : la soude naturelle, les savons autres que ceux de la parfumerie, les peaux, les coussins en drap, la passementerie en laine ou en soie, les gandouras en laine pure, les liqueurs alcooliques, etc.

 

 

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DÉPÊCHE TELEGRAPHIQUE.

Paris, 24 février.

Les villes de Batna et de Djidjelli sont érigées en communes d'Algérie. (Moniteur.)

 

 

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ESQUISSES ESTHÉTIQUES.

 

Mais quelle étrange révolution ! Quelle erreur nouvelle entraîne l'homme? - Il s'acharne à éteindre la lumière du souvenir, il jette un voile épais sur les douces lueurs de l'espérance. Sa terre d'exil lui suffit et lui plait; il s'y arrange, il ne veut plus d'autre avenir.

En vain le murmure importun de sa conscience lui rappelle-t-il un Dieu vengeur ; il le rejette ce Dieu loin de sa pensée. Il l'enferme comme un esclave dans l’inertie de son infinité - « Gardez le ciel, dit-il, et laissez-moi ma vie. - Plus de bonheur éternel, le plaisir me contente. » La mort en vain lui montre ses ossements desséchés ; il couronne de fleurs sa chevelure encore jeune et dit : « La mort est un repos ou un néant ; hâtons-nous, bâtons-nous de jouir. »

Voyez-le dans les riches palais de Babylone, assis à ses festins splendides. Le vin pétille dans les coupes d’or, le diamant brille au diadème des chefs ; des femmes à demi-nues et le sourire aux lèvres chantent l'amour des sens. L'ivresse de l’orgie et le délire de la volupté étouffent sous leurs accents joyeux l’écho solennel de l’expiation. Le pinceau lui-même a semé sur la toile ou la pierre toutes les images qui embrasent le cœur.

Et le poète est là, prêtre apostat, qui mêle le mal et le bien dans un coupable hyménée, qui prête son fard à tous les rêves de l'homme ; et le perfide qu'il est ne le prévient pas même des désenchantements du réveil.

Et alors il se fait une division entre les arts comme celle des anges au jour où Lucifer s'éleva contre le Christ. Les uns fidèles à Dieu rappellent ses lois et les châtiments préparés à ceux qui les violent ; les autres, esclaves de  la corruption de l'homme, excusent ses fautes et exaltent ses désirs. 

Voilà le grand partage qui scinde les oeuvres de l'esprit : le bien avec toute sa beauté réelle , le mal avec tous ses attraits d'emprunt.      

Mais les fils d’Adam n'ont pas tous fermé l'oreille à la voix de la vérité ; le sentiment du bien domine encore plusieurs d’entre eux qui résistent courageusement à tout ce qui ne porte pas le signe de Dieu. Le plaisir leur plait comme à l’impie, mais l’esprit règne en eux ; la tradition les guide, les affermit, Jérusalem les enveloppe de son manteau ; et, si Babylone veut les voir à ses fêtes, il faut qu'elle les amorce par un appât digne d’eux ; il faut qu’elle illusionne leur conscience, qu’elle déguise le mal sous les candides vêtements du bien, et que pour les retenir elle les enivre.

Alors commence la faute la plus grave à laquelle se soit livré l’esprit de l’homme, faute dont les arts ont été les plus dévoués et les plus puissants complices la réhabilitation du mal.

Et l’homme dit au bien : Tu es le mal, car tu me déplais; et il dit au mal : Tu es le bien, car je t’aime. il trouve dans les trésors de, son imagination assez de faux brillants pour en parer son idole; car la parole a été don­née à l'homme non-seulement pour tromper ses frères mais aussi pour se tromper lui-même.

Et le monde désormais, incapable de suivre les lois de Dieu, s'abandonne sans réserve à ses passions ; et, pour n'avoir plus à redouter un ciel réprobateur, il peuple le ciel de ses vices, et les déifie sous des noms charmants.

 

En vain Cham se réjouit au pays de Tsin ; en vain Cha­naan va cacher sa malédiction dans la noire Ethiopie ; en vain des enfants de Japhet, une moitié parcourt en dansant l’Inde émaillée de fleurs  et de pierreries, tandis que l’autre, du haut du Caucase, s’élance dans les forets de l’Occident ; en vain ces lointains aventuriers oublient, aux fatigues de la route, la doctrine, originelle; quelques- uns des fils de Noé rappellent incessamment leurs frères à la prière. Le patriarche, paisible sous sa tente, redit à la veillée du soir, le savoir de ses pères et les trois grandes croyances qui font le salut de l'humanité : la chute, l'expiation et le jugement. - Et, quand la vérité épuisée se sent faiblir parmi les sauvages colons de la Bactriane ou de l’Achaïe, elle revient vers les fidèles enfants de Sem se retremper aux sources de la tradition ; puis, elle, repart plus courageuse et plus forte, et, va retrou­ver les exilés égarés dans leurs symboles nouveaux. Et si une âme pure l’aperçoit, soudain elle reconnaît la tradition, mère de toute pureté ; elle court vers elle et repousse loin d'elle le mal, en dépit de ses masques trompeurs. Ainsi le chien d'Ulysse le reconnaît après sa longue absence ; ainsi le vieux serviteur de la famille reconnaît l'enfant étranger qu'on substitue au fils du maitre pour enlever son héritage. Si donc le mal veut garder son empire, il faut qu'il se prémunisse contre ces retours; et s’il ne peut écarter la tradition, il faut qu'il la défigure ou l'asservisse; et que s'il la montre, ce ne soit plus que couverte d'oripeaux et de faux brillants. Il faut que le mensonge l'escorte; d'abord humblement et de loin, répandant à la dérobée, derrière elle, de faux noms, de faux récits, de trompeuses explications. Bientôt, s'il voit qu'on l'écoute et que la faveur le seconde, il faut qu'il passe devant, prenant seul la parole alors, et permettant à peine à la vérité de mêler un mot çà et là.

Ainsi les sublimes traditions de l'Eden seront étouffées sous des amas de fables. Et l'esprit du mal ne laissera juste à la broderie qu'assez de canevas pour la soutenir, à ses mensonges qu'assez de vérité pour leur servir de passé.

0 douces traditions du souvenir et de l'espoir! 0 vous qu'Eve et son bien-aimé se redisaient avec amour comme leur seul bien passé, le seul héritage de leurs enfants, qu'êtes-vous devenues? quel encens étranger obscurcit votre lumière, quels feuillages de rapport étouffent votre fleur si belle, ? ‑ Ainsi, j'ai vu dans les champs d'El-Hajar, près de la tente de l'Arabe, une aubépine étoilée de toutes ses fleurs de mai ; elle était splendide et radieuse cette aubépine, dans sa parure de printemps ; mais de cette simple plante, créée par le bon Dieu pour les oiseaux du ciel et la joie du passant, l'Arabe fit un marabout; et soudain des milliers de lambeaux et de baillons s'attachèrent à l'aubépine comme une vermine avide, et les douces fleurs de l'arbuste disparurent sous les linges déchiquetés des femmes du voisinage.

Et cependant alors seulement l'Arabe stupide commença de révérer l'aubépine et de se prosterner devant elle.

Hélas! le vice qui ronge le cœur de l'homme pouvait-il épargner son intelligence?

Ali ! si maintenant Dieu ne redresse pis lui-même les croyances de l'humanité déchue, la poésie , la sainte poésie, historienne du passé, prophétesse de l'avenir, ne sera plus qu'un mensonge entre deux rêves. Non, non, peuples, ne craignez rien ! Dieu veille sur la terre comme une mère sur le berceau de son premier-né; son ange tient le final allumé, et la vérité ressortira pure du creuset. Ne s'est-il pas trouvé une arche pour sauver Noé du déluge des eaux? Il se trouvera aussi une arche pour sauver la vérité du déluge des erreurs ; un centre d'élite, une église subsistera toujours parmi les hommes, prête à redresser la tradition égarée, à la débarrasser de tout alliage.

Sem a redit à ses fils ce qu'ils doivent retenir ; Abraham, Isaac et Jacob se le sont transmis avec fidélité. En vain le peuple de Dieu, mêlé aux Peuples idolâtres, est esclave au pays de l'Egypte ; il tient son patrimoine inviolable dans sa pensée; et, dès qu’il en sera temps, cette pensée sortira du tabernacle de son cœur pour être écrite en lettres ineffaçables jusqu'à la consommation des siècles.

Et si plus tard les lampes posées sur le chandelier pascal de la ville sainte deviennent trop faibles pour éclairer l'univers, le Verbe divin descendra lui-même sur la terre ; à force de miracles et de bienfaits, il amassera sous ses pieds toute la haine des hommes ; et de là, dressé sur une croix comme un fanal, il rayonnera sur le mande entier. Et, depuis les sommets du Tibet jusqu'aux plages des Gaëls, depuis les îles de l'Inde jusqu'aux caps glacés des Finnois, la poésie, la grande poésie du Dieu fait homme et de l'homme relié à Dieu, s'allumera de proche en proche et couvrira de ses rayons vivifiants ses fidèles et ses ennemis.

Ainsi quand l'antique Phénix, noble image du génie pur, se sentait faiblir, il s'accouvait sur un bûcher. Un instant la fumée l'enveloppait, et les insensés de s'écrier : « Il n’est plus ! » Mais, ces ténèbres dissipées, l'oiseau divin, éclos de sa mort même, reprenait son vol radieux plein de jeunesse et de beauté nouvelle.                         0. B.

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Chronique locale.

M. le général Périgot est arrivé dans nos murs lundi dernier et doit repartir le 7 mars pour se rendre à son nouveau commandement.

Les habitants de Bône se sont empressés de saisir cette occasion de témoigner à l'honorable général leurs vives sympathies. Un bal par souscription a été organisé en peu d'instants, pour mardi prochain et M. le général Périgot a bien voulu l'accepter. Chacun, en l'y voyant, se rappellera ces belles fêtes dont il faisait les honneurs avec tant d'affabilité.

- On nous écrit de La Calle que le mardi-gras, il y a eu dans cette localité cavalcade et bal. La fête a été aussi brillante et aussi animée que possible, grâce à l'heureux accord qui règne entre, les autorités civiles et militaires.

          La souscription a produit au bénéfice des pauvres une somme de 450 fr., chiffre important eu égard à celui de la population.

Nous ne sommes pas aussi heureux à Bône. Nous avons eu trois bals, dont deux masqués, tous au profit des pauvres, mais pas de cavalcade. Quant au chiffre que le bureau de bienfaisance a inscrit sur ses livres, nous ne pouvons le faire connaître à nos lecteurs. Il ne nous a pas été communiqué, ainsi que cela se pratique ordinairement.    Ch. Chapuis.

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Faits divers.

 

On nous écrit de Tunis :

« S. A. le bey vient d'autoriser l'organisation de transport de dépêches dans toute la régence.

Une compagnie a été immédiatement formée sous sa protection pour l'exploitation de tous les services postaux que peut ou pourra comporter la Tunisie.

Cette dernière entreprise est due à l’initiative de M. Wood, consul général d'Angleterre. Cet agent diplomatique a conduit le gouvernement dans une voie de progrès qui ne peut pas manquer de donner un vaste développement aux ressources du pays.

Il est bon de rappeler ici que M. Léon Roche, consul général de France, a aussi déjà donné des preuves de son utile influence en décidant le gouvernement du bey à établir des lignes télégraphiques sur les principaux points de la régence.

- Par décret du 31 décembre dernier, une contribution spéciale de 29,200 fr., destinée à l'acquittement des dépenses des chambres et bourses de commerce de l'Algérie, pendant l'année 1860, et répartie conformément au tableau y annexé, plus 5 centimes par franc pour couvrir les non-valeurs et 3 centimes par franc pour les frais de perception, seront payés en Algérie par les patentés désignés dans l'article 35 de l'ordonnance du 3-1 janvier 1847.

‑ Sur la proposition de S. Exc. le ministre secrétaire d'état de la guerre 676 condamnés militaires, détenus en France et en Algérie, ont été l'objet de la clémence de l'empereur.

396 d'entre eux ont obtenu remise du restant de leur peine, et les 280 autres une réduction dans la durée de leur condamnation. (Moniteur.)

Pour les faits divers : DAGAND.

 

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Cour d'assises de l’arrondissement de Bône (Algérie).

 

Par arrêt de la cour d'assises de l'arrondissement de Bône, en date du vingt-quatre février mil huit cent soixante, rendu à la requête de M. le procureur général impérial de l'Algérie,

Les nommés

1° Mohammed-ben-Salah, âgé d’environ 40 ans, né dans la tribut des Beni-Yahi, cercle de Guelma, demeurant au douar d'El-Yayaoui, tribu des Ouled-bou-Ranera (Tunisie ),

2° Ahmed-ben-Mohammed, âge d'environ 30 ans, né et demeurant à Mohadjamba, tribu des Ouled-bou‑Ranem (Tunisie), contumax,

Déclarés coupables :

Premièrement. - D'avoir, à Millesimo, le 10 août 1858, conjointement, soustrait frauduleusement un cheval au préjudice du sieur Dubos, avec les circonstances aggravantes : 1° de nuit, 2° de pluralité de personnes, 3° de maison habitée, 4° de port d'armes, 5° d'effraction extérieure ;

Deuxièmement. - D'avoir, au même lieu et à la même époque, conjointement soustrait frauduleusement un cheval au préjudice de la femme Fages, avec les circonstances aggravantes : 1° de nuit, 2° de dépendance de maison habitée, 3° de pluralité de personnes, 4° de port d'armes, 5° et d'escalade ;

Troisièmement. - D'avoir, au même lieu, le 11 août 1858, conjointement, soustrait frauduleusement un cheval au préjudice du sieur Nicolas avec, les circonstances aggravantes : 1° de nuit , 2° de pluralité de personnes, 3° de maison habitée, 4° de port d'armes ;

Quatrièmement. - D'avoir, au même lieu et à la même époque, soustrait frauduleusement, un cheval et un licou au préjudice du sieur Cappour, avec les circonstances aggravantes : 1° de nuit, 2° de pluralité de personnes, 3° de maison habitée, 4° de port d'armes ;

Cinquièmement. - D'avoir, au Même lieu et au même temps, conjointement, soustrait frauduleusement un cheval au préjudice du sieur Placé, avec les circonstances aggravantes : 1° de nuit, 2° de dépendance de maison habitée, 3° de réunion de plusieurs personnes, 4° de port d'armes apparentes ou cachées ;

Ont été condamnés chacun à la peine de quinze années de travaux forcés et aux frais ,

En exécution des art. 384, 381 § 4, 385, 386 § 1er et 12, 55 du code pénal, 365 et 368 du code d'instruction criminelle,

La cour a, en outre, ordonné qu'un extrait du présent arrêt serait, dans les huit jours de la prononciation, inséré dans un des journaux du département et affiché dans les lieux déterminés par les art. 482 du code d’instruction criminelle et 36 du code pénal.

Pour extrait conforme délivré à M. le procureur impérial, à Bône.

Bône, le 28 février 1860.

          Pour le greffier

Vu au parquet        E. BRISSET ,

        Le procureur impérial,                Commis-greffier.

A. LETOURNEUX.

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Extrait des minutes du greffe du tribunal de Bône                     ( Algérie ).

D'un jugement rendu le vingt-six janvier mil huit cent soixante par le tribunal de première instance de Bône, jugeant en matière correctionnelle, à la requête du ministère public,

Contre François Aquilina, âgé de 55 ans, boulanger, né à Malte, demeurant à Bône,

A été extrait ce qui suit

Le tribunal

Déclare François Aquilina coupable de tromperie sur la quantité de la marchandise livrée ;

Dit toutefois qu'il existe en sa faveur des circonstances atténuantes ;

Et, par application des art. 1er, no 3, 6, 7 de la loi du 27 mars 1851, 423 et 463 du code pénal, le condamne à la peine de vingt-cinq fr. d’amende et aux frais ;

Ordonné, en outre, l'affiche du présent jugement en dix exemplaires, qui seront apposés à Bône, dont un notamment à la porte du magasin du condamné, et son insertion, par extrait, une fois dans le journal la Seybouse; le tout aux frais du condamné.

Pour extrait conforme délivré à M. le pro­cureur impérial, ce requérant :

Vu au parquet :                                  Pour le greffier,

Le procureur impérial,                                  E. BRISSET ,

A. LETOURNEUX.                                             Commis-greffier.

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Le succès du nouveau journal la Mode Illustrée dont nous annoncions l'apparition il y a à peine un mois, a pleinement confirmé nos prédictions. En effet, une publication reproduisant toutes les modes dans une limite raisonnable, donnant tous les travaux d'aiguille, de tricot, etc., représentés par des gravures où sont clairement indiqués jusqu'aux moindres détails, enfin venant apporter chaque samedi, par ses nouvelles littéraires, une certaine somme d'intérêt et de plaisir à ses lecteurs, ne pouvait manquer d'obtenir un résultat satisfaisant.

Sans doute il existe déjà un grand nombre de publica­tions de modes ; mais celle-ci diffère entièrement des au­tres, en ce qu'elle ne s'occupe uniquement que de ce qui petit intéresser le bien-être de la famille et le lui procurer le plus économiquement possible, en y joignant le bon goût.

Le prix modique de cette publication, malgré la bonne exécution de ses nombreuses gravures, ainsi que la fa­culté de ne s’y abonner que pour un trimestre, doivent engager chaque famille à se le procurer, et cela dès l'origine, car cette publication formera un recueil curieux de toutes les modes, qu'il sera plus tard fort difficile de se procurer.

Les éditeurs, désirant avant tout l'examen de leur journal, nous en ont envoyés les premiers numéros. Les per­sonnes qui voudraient se rendre compte de cette publication pourront donc s'adresser à notre bureau, où ces numéros sont déposés. Les abonnements y sont également reçus.

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MUSIQUE DU 58ème.

Programme des morceaux qui seront exécutés dimanche, aux Allées, à quatre heures du soir.

Le Roi des mers, pas-redoublé (Gurtner).

Ouverture de la Muette de Portici (Auber).

Le Sansonnet, polka pour petite flûte (G. Daniel).

Mosaïque sur le Songe d'une Nuit d'été (Thomas).

Mosaïque sur la Norma (Bellini).

Victoire, mazurka (Gurtner).

Morceaux qui seront exécutés à la messe.

Ouverture de Zanetta (Auber).

Saint-Laurent, morceau d'élévation (E. Zwierzina).

 

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ARRIVÉE DES PASSAGERS.

DE FRANCE : MM. Abrial, voyageur de commerce. - Dufil, curé de Millésimo. - De Miraulandem, négociant, - Gondard, curé de Bône, et son frère. - Penoud, charpentier. - Colombet, propriétaire.

DE TUNIS : MM. Lacroix, ingénieur en chef des ponts et chaussées. - L'Haossine, propriétaire.

DÉPARTS.

Pour FRANCE : MM. Le Roy du Burret, inspecteur de la compagnie générale d'assurances. - Palnot, tisseur. – Mme Roustans, sage-femme.

Pour CONSTANTINE : MM. Olivier-Delamarche, avocat. - Patu de Bosemont, propriétaire. - Abrial, voyageur de commerce.

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MOUVEMENT DU PORT

Du 25 février au 2 mars 1860.

ARRIVAGES

Le 25. MESSINE, le 23 janv., br.-g. Mary-Marton, angl., 232 t., c. Davison, div. march

ALGER , le 23 fév , vap. Tanger, fr., c. Aune, 100 pas., lest.

Le 27. TUNIS, le 26, vap. Céphise, fr., 469 t., c. Te­riggi , 8 pass., div. march.

LA CALLE , le 26, bat. Louise-Anaïs, fr., M t., c. Siché, 5 pass., lest.

Le 29. STORA, le 28, vap. Marabout, fr., 370 t., cap. Hourst, 38 pass., div. mirch.

Le 2 mars. CARLOFORTE, le 19, bat. Ville-di-Buonaria, sarde, 15 t., c. Perussini, porcs et fromage.

CARLOFORTE, le 18, bat. San-Antonio, sarde, 14 t., c. Tassara, pores et fromage.

DEPARTS

Le 25. PHILADELPHIE, br-g. Mary-Marton, angl., c. Davison , div. march.

Le 27. STORA, vap. Céphise, fr., c. Teriggi, div. m.

GÈNES br. Miltiade, fr., c. Fabre blé.

GÈNES,                br.-g. Due-Figli, toscan, c. Mazelli, foin.

ALGER, vap. Tanger, fr., c. Aune, lest.

Le 28. MARSEILLE, vap. Prophète, c. Cotton, il. in.

Le 29. TUNIS, vap. Marabout, fr., c. Hourst, div. m.

ALGER, bat. Ernest-et-Marie, fr., c. Garcias, orge.

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ANNONCES

Avis administratifs.

TABACS.,

Récolte de 1859.

Le préfet du département porte à la connaissance des colons que, par décision en date du 2 février courant, M. le ministre des finances a autorisé l'administration des tabacs à acheter en Algérie une quantité supplémentaire de 4 à 500.000 kilos. de tabacs en feuilles provenant de la récolte de 1859, et qu'en conséquence, les magasins de Bône et de Philippeville sont ouverts, de nouveau, à partir du 21 février, pour la réception des portions de ladite récolte dont les colons seront encore détenteurs et qui seront reconnus susceptibles d'emploi dans la fabrication de la régie.

Constantine, le 16 février 1860.

Le préfet,        

 A. DE TOULGOET.

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PLACE DE BONE

GÉNIE MILITAIRE­

AVIS

Aux entrepreneurs de travaux publics, relatif à la passation de marchés pour travaux et fournitures à faire pendant les exercices 1860, 1861, 1862, 1863, 1864 et 1865.

Il est donné avis aux entrepreneurs de travaux publics qu'un concours sera ouvert le 20 mars , à deux heures de l'après-midi dans les bureaux du chef du génie, rue d’Uzer, N° 4, par voie de soumissions cachetées, des travaux et fournitures ci-après, à faire pendant les exercices 1860, 1861, 1862, 1863, 1864 et 1865

 

EN UN LOT UNIQUE, SAVOIR :

Tous les travaux de terrassement, maçon­nerie, charpente, menuiserie, ferronnerie, serrurerie, ferblanterie, poêlerie, plomberie, peinture et vitrerie à exécuter aux fortifications et aux bâtiments militaires dans la place de Bône et ses dépendances rapprochées.

Les travaux sont estimés approximativement pour chaque exercice :

Pour les travaux de terrassement, maçonnerie, etc., à …………………... 170,.000 fr.

          On devra prendre, connaissance du cahier des charges au bureau de la gérance, rue d'Uzer, N°4, à partir du 1er mars 1860, tous les jours, de huit à dix heures du matin et de une heure à cinq heures du soir, les dimanches et les fêtes exceptés.

Il ne sera admis que des concurrents pour­vus de certificats de solvabilité et de moralité délivrés par le maire de leur commune, et qui présenteront des cautions personnelles offrant les mêmes garanties. Les soumissionnaires et leurs cautions devront être agréés par le chef du génie qui s'assurera qu'ils ont une expérience et une capacité suffisantes pour bien faire exécuter les travaux.

Les soumissions des concurrents et les for­mules d'engagement des cautions seront écrites sur papier timbré.

Le gérant du génie,                                         A. LEGAY.

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ANNONCES LEGALES

Etude de Me KRUPSKI, avocat-défenseur à Bône.

 

Par jugement de défaut du tribunal civil de Bône, du dix-sept janvier, mil huit cent soixante, enregistré, la dame Joséphine Géobert, sans profession, demeurant ci-devant à Bône, actuellement à Marseille, ayant, Me Krupski pour défenseur, a été sur sa demande séparée de corps d'avec le sieur Jean-Batiste Brizy, ex-commerçant, demeurant ci-devant à Bône, actuellement menuisier, demeurant à Constantine.

Pour extrait .

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Annonces dIverses

Etude de Me PASQUIER, notaire à Bône.

À VENDRE OU À LOUER

Une Propriété rurale, connue sous le nom de PROPRIÉTÉ BOURRET, située au Bou-Hamra, près de Bône, d'une contenance en superficie d'environ vingt hectares, et consistant en bâtiments d'habitation et d'exploitation, vastes jardins bien plantés, prairies et terres de culture.

Pour prendre connaissance des conditions, s'adresser audit Me Pasquier, notaire.

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M. PIERRE BATESTI a l'honneur d'informer le public qu'il vient d'acheter la maison de confection connue à Bône nus le nom de Succursale de la maison Larade, d’Alger.

Les relations d'affaires qu'il vient d'ouvrir avec les meilleures maisons de Paris vont lui permettre d'offrir à sa clientèle un assortiment d'été des plus complets et qui ne laissera rien à désirer sous le rapport de l'élégance, de la coupe et des prix.

Il va s'adjoindre un coupeur sortant des premiers ateliers de Paris, pour relier à la confection les commandes sur mesure et satisfaire sous tous les rapports les personnes qui voudront bien l'honorer de leur confiance.

 

M. Pierre Batesti a l'honneur d'in­former le public que par conventions verbales intervenues entre M. Pacifico Coen et lui, la maison de nouveautés connue sous le nom de Pacifico Coen prend le nom de Pauvre Diable et pour raison sociale P. Batesti et Cie.

 

Désirant donner de l'extension aux affaires de cette nouvelle maison, M. Pierre Batesti vient d*ouvrir des relations importantes avec les meilleures manufactures de France qui lui permettront d'offrir au public des marchandises du meilleur choix et au plus bas prix.

MN. les créanciers de la faillite de M. Pacifico Coen sont prévenus que la première répartition aura lieu du 1er au 10 avril prochain chez M. Pierre Batesti qui continuera chaque mois aux mêmes jours de distribuer les dividendes mensuels jusqu'à extinction des 45 p.% par lui garantis.

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A LOUER, UNE GRANDE CAVE.

S'adresser à M. Le Marchant, rue Tabarca.

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A louer présentement,  GRAND MAGASIN

Planchéié en bois de chêne, avec soupente de la largeur du magasin, communiquant avec l'intérieur, ayant entrée par les rues Saint­ Louis et Joséphine.

S’adresser au bureau du journal.




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