N° 96
Juillet

http://piednoir.net

Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Juillet 2010
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Cet Ecusson de Bône a été généreusement offert au site de Bône par M. Bonemaint
Les dix derniers Numéros : , 86, 87, 88, 89, 90, 91, 92, 93, 94, 95
  Vaya Con Dios   
Par :inconnu

   LES VACANCES   

         Chers Amis
         Ce numéro de la Seybouse arrive au début de l'été et des vacances pour presque tout le monde. Après un hiver qui n'en finissait pas, l'été qui est là devrait réjouir tout ce monde car c'est la saison la plus appréciée des français.
         Les Pieds-Noirs aussi, chérissent cette saison qui leur rappelle la chaleur de leur pays, la mer avec les plages de sable blanc jaune ou roux, la montagne, les jeux de boules avec l'anisette. Le mode estival change de la routine hivernale avec des journées plus longues ; des grillades en abondance ; des tenues plus légères ; la recherche de l'ombre bienfaitrice pour la fraicheur ; des voyages ; des retrouvailles familiales ou amicales ; bref c'est la liberté.

         La lecture sera sûrement un passe temps favori pour la relaxation. L'écriture tentera certains d'entre-vous pour coucher sur papier des souvenirs ou anecdotes. N'oubliez pas que la Seybouse est friande de vos récits, poèmes, souvenirs ou histoires.

         En ayant une pensée pour tous ceux qui ne peuvent pas partir en vacances, je vous souhaite beaucoup de loisirs, de repos, des joies partagées et une bonne météo.

         A bientôt

Jean Pierre Bartolini          

        Diobône,
        A tchao.


Albert CAMUS …Philippe SÉGUIN
Poème écrit par un ancien de l'Ecole Normale d'Oran.
Envoyé par Mme Viviane Tardieux


La vie parfois cruelle, ou un hasard malin,
Ont fait que l'on honore, ces semaines, deux destins.
Le cinquantenaire de la mort de CAMUS,
Et de Philippe SÉGUIN, son départ impromptu.

Voici deux destinées aux parcours abrégés :
L'un natif de TUNIS, et l'autre venu d'ALGER.
L'horrible Dame à la faux aux visées imprévues
Sur une longue route droite a rattrapé CAMUS,
Laissant le " Premier Homme " sur le bord du talus.
SÉGUIN voulait partir par jour de grande lumière.
Par nuit, et temps de neige, " Elle " viendra la première,
Insensible à l'enfant du " chems " et de la mer. (1)

Faut-il un purgatoire d'une cinquantaine d'années
Pour que l'on se souvienne de cette tombe oubliée
Dans ce LOURMARIN où repose " l'Étranger " (2)
Cette tombe où le nom, sur le marbre, gêné,
S'estompe lentement pour se faire pardonner
D'être dans cette Provence au pied de l'olivier
" Où vibre l'exquise odeur d'un soleil étranger ".
Dénonçant le goulag , le communisme parjure,
Cette Gauche parisienne vindicative et veule,
Il confiera : " Je ne suis pas triste, mais seul ! ".
JEANSON des " Temps Modernes " le couvrant de salissure.
Toi que l'on considère comme un maître à penser,
T'évoquer autrefois, donnait à ricaner.

Ta fille, à la rigueur, veut bien du PANTHÉON.
Hommage à cette grand-mère faite de résignation,
Parangon de misère, grand-mère analphabète.
Alliance du fils prodige et d'une mère muette,
Du styliste brillant et des gosses du pataouète.
Cette bourgeoisie hautaine de St Germain des Prés
Se gaussait bien souvent de ton accent d'Alger.
Quand, ce mépris du Pied-Noir, sera t-il obsolète ??

Est-ce reconnaissance, ou récupération,
Que de vouloir offrir une place au PANTHÉON,
Où règnent les courants d'air d'une crypte glaciale,
A l'enfant du pays au sirocco bestial,
Au gamin de BELCOURT où s'épanouissait (3)
Cette langue pataouète, bien avant le français.
Langue de ces Pieds-Noirs à l'enfance généreuse,
Surgissant de ces cours de pauvreté heureuse,
Langue d'un petit peuple bruyant et solidaire
De celui qui sera l'incompris solitaire.
L'honneur est bien tardif pour toi, " l'Homme Révolté "
En butte à la vindicte d'une Gauche d'hostilité,
D'un SARTRE te traitant quelques fois de voyou !

Pour PHILIPPE, il faudra, que son père, dans le DOUBS,
Soit tué au combat, pour que l'ARMÉE d'AFRIQUE
Luttant de l'ITALIE, en PROVENCE, jusqu'au RHIN,
Elle qui fut traitée de façon plus qu'inique,
Soit enfin reconnue, aux obsèques de SÉGUIN !
Tu restes le Major, à ce jour, sans égal, (4)
De Sciences-Po d'AIX et de son Grand Oral !
En présentant l'É.N.A., pour toi, l'apothéose,
Tu compris que ce monde, si loin du PETIT CHOSE,
Que les gens de cette caste auxquels tout t'oppose,
Ne t'épargneraient guère. Tu en sus quelque chose.

De cette époque tu gardas le souci d'équité :
" Moi, Président, nul ne sera jamais écrasé ! "
Diras-tu du haut du perchoir de l'Assemblée. (5)
Etait-ce réminiscence d'un certain passé ?
Tu te jugeais indigne de cette LÉGION d'HONNEUR
Que tant d'autres quémandent sans beaucoup de grandeur.
Seul ton père, à tes yeux, méritait cette faveur.
Tu ne seras que d'un cabinet ministériel,
Les petits arrangements n'étant pas ton miel.
Plutôt la démission que la compromission
Sera ta conception du service de la Nation.
De la Cour des Comptes, inflexible Président
Tu laisseras de toi, l'image d'un monument.
Ton intransigeance érigée en référence morale
Et ton exigence deviendront proverbiales.
On en fera d'ailleurs un néologisme.
Et SARKOZY dira dans ton panégyrique :
Un tel sens de l'ÉTAT procède du séguinisme.

Aux INVALIDES tu recevras l'hommage de la Nation,
Et du monde politique. Sans aucune distinction.
Un régiment de tirailleurs, le Recteur BOUBAKEUR (7)
Et la TUNISIE te rendront les honneurs.
Au " Chant des Africains " se fera ton départ
Reconnaissance tardive des soldats de " là-bas "
D'un pays amnésique. Est-ce qu'il s'en souviendra
De son Grand Serviteur…Et puis de son papa ??
Comme dans les films muets, musique sans parole :
Rejeter dans l'oubli JUIN et ses guignols. (6)
Ne pas mettre en exergue cette Armée, ses tués.
Ne jamais faire offense à l'Homme de COLOMBEY !
Tu reposes à présent à BAGNOLS en FORÊTS
Entre chênes-lièges et méditerranée.

La France fut le seul bien d'un SÉGUIN solitaire.
Il fut toujours guidé dans sa quête exemplaire
Par un père et une France, telle une étoile polaire.

Si le choix m'est offert entre justice et mère
Doute-t-on un instant que j'opte pour cette dernière ?
Tel sera le credo d'un CAMUS solidaire.

Pupilles de la NATION, intrus dans cette France,
Devenus étrangers aux pays de leur enfance,
Pupilles d'une NATION impatiente d'occulter
Ces combattants Pieds-Noirs morts pour sa liberté,
Les voilà désormais doublement importuns
Aux pays de soleil, comme à celui de matins bruns.

Lorsqu'on a tout perdu, qu'on est ostracisés,
Il reste encore l'orgueil pour vaincre l'adversité.
Cet orgueil qu'on leur a rarement pardonné.

Dans ce pays grand chantre de l'égalité
Aux droits de l'homme souvent, clamés à satiété.
Tout comme Yves St Laurent, immense créateur,
Pour être considérés à l'égal des meilleurs,
Vous fallut-il toujours, leur être supérieurs ??

(1) Chems : soleil en tunisien ;
(2) LOURMARIN : village où repose CAMUS
(3) Belcourt : quartier d'Alger
(4) Grand Oral Sciences Po. : note de 18,5 /20
(5) : Assemblée Nationale
(6) : De Gaulle qualifiera l'Armée d'Afrique, d'Armée de braillards. Lui fut particulièrement discret sur ces champs de batailles. Général sans étoiles, officier sans armée, militaire sans combats !
(7) : BOUBAKEUR : Recteur de la mosquée de Paris



LE MUTILE N° 189, 17 Avril 1921

A propos des Martyrs de Vingre.

        Dans sa séance de jeudi dernier 24 mars, le Conseil d'administration de la section de Maison-Carrée de l'Union Nationale des combattants a adopté l'ordre du jour suivant de l'U. F. des mutilés, réformés, anciens combattants, orphelins et ascendants de Vichy.

-        Vu l'arrêt de la Cour de cassation, aux termes, duquel les six martyrs de Vingre ont été reconnus innocents ;

-        Vu le jugement de réhabilitation démontrant, d'une façon formelle, que ces Français, condamnés à faux par un conseil de guerre, n'ont été mis à mort que par manière de représailles;

-        Considérant que cet arrêt tardif, bien que conforme à une saine justice, ne saurait réparer entièrement les souffrances morales et le préjudice causé à l'honneur de ces hommes héroïques, ni effacer les angoisses et les larmes versées par leurs veuves, leurs petits orphelins et leurs vieux parents;

-        Considérant que la vie d'un citoyen, serait-il soldat, ne doit pas être à la merci de supérieurs auxquels l'irresponsabilité confère tous les droits ;

-        Considérant que, seules, des sanctions appliquées avec la dernière sévérité, montreront l'abus à ceux qui portent sur leur conscience la mort de six braves du 20° régiment d'infanterie ;

-        La section de Maison-Carrée de l'Union Nationale des combattants adresse aux pouvoirs publics les voeux suivants..

-        1° Que le chef de bataillon Guignot et le lieutenant Pallaud, dont la culpabilité est démontrée, soient de suite, destitués de leur garde, radiés de l'armée et de l'ordre de le Légion d'honneur, sans préjudice des notions pénales à exercer contre eux ;

-        2° La mise en disponibilité immédiate des membres du conseil de guerre ayant prononcé la condamnation à mort pas ordre et leur mise en jugement;

-        3° Qu'à l'avenir, pour prévenir le renouvellement d'injustices aussi irritantes, il soit inscrit en gros caractères, sur tous les règlements des Ministères de la Guerre et de la Marine, la préface suivante :

       " Officiers de tous grades, qui avez à charge l'éducation militaire des hommes placés sous vos ordres, rappelez-vous toujours, si vous avez à prendre une sanction contre eux, qu'il faut vingt ans à un père et à une mère pour faire un soldat " ;
       " Approuvé à l'unanimité en séance. "
       " Maison-Carrée, le 24 mars 1921.. "


              Il est à souhaiter que toutes les Associations de mutilés, anciens combattants, veuves de guerre et ascendants d'e l'Afrique du Nord., fassent leur l'ordre du jour ci-dessus et joignent leur voix à celle des combattants de Maison-Carrée, pour obtenir les justes réparations demandées.
              La médaille militaire a bien été attribuée aux martyrs de Vingre, mais, que peut-être cette récompense, si les misérables auteurs de leur mort restent impunis.

UNION DES COMBATTANTS              

ANECDOTE
Mutilé du 17 avril 1921  -   N°189
LA PRODUCTION DE VIN EN ALGERIE EN 1920

           La production générale de l'Algérie s'est élevée, en 1920, à plus de 7 millions d'hectolitres de vin. Les statistiques dressées d'après les déclarations de récolte faites aux mairies établissent que le département d'Alger vient en tète avec 55.266 hectolitres de vins vieux et 2.945.264 hectolitres de vins nouveaux, au total 3.000.530 hectolitres.
           Le département d'Oran vient ensuite avec 35.148 hectolitres de vins vieux et 2.997.602 hectolitres de vins nouveaux, soit un total de 3.032.830 hectolitres.
           Dans le département de Constantine, la production s'établit à 9.913 hectolitres de vins vieux et 3.000.830 hectolitres de vins nouveaux, formant un total de 1.101.214 hectolitres

           Pour le reste 1.029 hectolitres de vins vieux et 6.05 hectolitres de vins nouveaux sont répartis entre la zone de commandement, et les territoires du Sud. A l'heure actuelle la production de 1921 ne peut évidemment pas être envisagée. Cependant il peut être intéressant de noter que dès à présent la récolte s'annonce satisfaisante, les travaux de culture se poursuivant dans de bonnes conditions.


Sources : BNF, Mutilé du 17 avril 1921



Le vieux Corse et l'informatique
Envoyé Par Charles


          Un vieux Corse vit depuis plus de 50 ans dans la montagne.
          Il aimerait bien planter des pommes de terre dans son jardin, mais il est tout seul, vieux et faible.
          Il a eu la chance de participer à des séances d'initiation à l'informatique.
          Il envoie alors un mail à son fils qui étudie à Paris pour lui faire part de son problème.

          Cher Doumé,
          Je suis très triste car je ne peux pas planter des pommes de terre dans mon jardin.
          Je suis sûr que si tu étais ici avec moi, tu aurais pu m'aider à retourner la terre.
          Ton père qui t'aime

          Le lendemain, le vieil homme reçoit cette réponse :
          Cher Père,
          S'il te plaît, ne touche surtout pas au jardin!
          J'y ai caché ce que tu sais.
          Moi aussi je t'aime.
          Ton fils Doumé

          À 4 heures du matin arrivent chez le vieillard :
          - la Brigade Antiterroriste ,
          - le GIGN,
          - les RG,
          - la CIA et le FBI
          - et même la presse écrite, TF1 France 2 et France 3
          Ils fouillent tout le jardin, millimètre par millimètre, et repartent bredouilles.

          Quelques heures plus tard, le vieil homme reçoit un nouveau mail de son fils :

          Cher Père,
          Je suis certain que la terre de tout le jardin est désormais retournée et que tu peux planter tes pommes de terre.
          Je ne pouvais pas faire mieux.
          Ton fils qui t'aime,
          Doumé


MŒURS ET COUTUMES DE L'ALGÉRIE
  1853                     Par LE GÉNÉRAL DAUMAS                            N° 20 
Conseiller d'Etat, Directeur des affaires de l'Algérie
TELL - KABYLIE-SAHARA

AVANT-PROPOS.
  
Appeler l'intérêt sur un pays auquel la France est attachée par les plus nobles et les plus précieux liens, faire connaître un peuple dont les moeurs disparaîtront, peut-être un jour, au milieu des nôtres, mais en laissant, dans notre mémoire, de vifs et profonds souvenirs, voilà ce que j'ai entrepris. Je ne me flatte pas d'avoir les forces nécessaires pour accomplir cette tâche, à laquelle ne suffirait pas d'ailleurs la vie d'un seul homme; je souhaite seulement que des documents réunis, avec peine, par des interrogations patientes, dans le courant d'une existence active et laborieuse, deviennent, entre des mains plus habiles que les miennes, les matériaux d'un édifice élevé à notre grandeur nationale.
Général E. Daumas

LE SAHARA.
VI.
Les mahara ou chameaux coureurs.

          Le mahari est beaucoup plus svelte dans ses formes que le chameau vulgaire (djemel); il a les oreilles élégantes de la gazelle, la souple encolure de l'autruche, le ventre évidé du sloughi (lévrier); sa tète est sèche et gracieusement attachée à son cou; ses yeux sont noirs, beaux et saillants; ses lèvres longues et fermes cachent bien ses dents ; sa bosse est petite, mais la partie de sa poitrine qui doit porter à terre lorsqu'il s'accroupit est forte et protubérante; le tronçon de sa queue est court; ses membres, très secs dans leur partie inférieure, sont bien fournis de muscles à partir du jarret et du genou jusqu'au tronc, et la face plantaire de ses pieds n'est pas large et n'est point empalée; enfin, ses crins sont rares sur l'encolure, et ses poils, toujours fauves, sont fins compte ceux de la gerboise.
         Le mahari supporte mieux que le djemel la faim et la soif. Si l'herbe est abondante, il passera l'hiver et le printemps sans boire; en automne, il ne boira que deux fois par mois; en été, il peut, même en voyage, ne boire que tous les cinq jours.
         Dans une course de ghrazia, jamais on ne lui donne d'orge ; un peu d'herbe fraîche au bivouac et les buissons qu'il aura broutés en route, c'est là tout ce qu'il faut à sa chair; mais, au retour à la tente, on le rafraîchira souvent avec du lait de chamelle dans lequel on aura broyé des dattes.
         Si le djemel est pris de frayeur ou s'il est blessé, ses beuglements plaintifs ou saccadés fatiguent incessamment l'oreille de son maître. Le mahari, plus patient et plus courageux, ne trahit jamais sa douleur et ne dénonce point à l'ennemi le lieu de l'embuscade.
         On ne sait point si Dieu créa les mahara, ou si les hommes ayant mis à part leurs chameaux les plus lins et les plus agiles, et leur ayant fait faire alliance entre eux, les produits successifs de ces animaux se sont ennoblis de père en fils, jusqu'à former une race distincte. Ce que mon oeil a vu, c'est que la race des mahara existe aujourd'hui avec des caractères qui sont à elle (1).

         Le mahari est au djemel (chameau) ce que le djieud (noble) est au khreddim (serviteur).
         On dit dans le Tell que les mahara font en un jour dix fois la marche d'une caravane (cent lieues); mais les meilleurs et les mieux dressés, du soleil à la nuit, ne vont pas au delà de trente-cinq à quarante lieues (2); s'ils allaient à cent, pas un de ceux qui les montent ne pourrait résister à la fatigue de deux courses, bien que le cavalier du mahari se soutienne par deux ceintures très serrées, l'une autour des reins et du ventre, l'autre sous les aisselles.
         Dans le Sahara algérien, après les montagnes des Ouled-Sidi-Chïkh, les chevaux sont rares, les chameaux porteurs innombrables et les mahara de plus en plus nombreux jusqu'au Djebel Hoggar.
         L'automne est la saison où les chameaux sont en amour, et si les Sahariens ne laissent point indifféremment approcher la chamelle par le premier étalon venu, ainsi que les Touareug, ils donnent des soins plus spéciaux encore à la reproduction des mahara. Ces nobles animaux ont, comme les chevaux de race, des ancêtres connus, et leur généalogie n'est point entachée de bâtardise.
         La mahara porte douze mois; son état de gestation n'empêche point toutefois qu'on en use encore pour la course et pour la ghrazia, mais on la ménage progressivement à mesure que son terme approche.

         Aussitôt qu'elle a mis bas, on emmaillote avec une large ceinture le jeune mahari pour soutenir ses intestins et pour que son ventre ne prenne point un développement trop volumineux.
         Huit jours après, cet appareil est enlevé.
         Le jeune mahari a sa place dans la tente ; les enfants jouent avec lui, il est de la famille; l'habitude et la reconnaissance l'attachent à ses maîtres, qu'il devine être ses amis.
         Au printemps, on coupe tous ses poils, et de cette circonstance il .prend le nom de bou-kuetaà (le père du coupement).
         Pendant toute une année, le bou-kuetaà tette autant qu'il veut ; il suit sa mère, à son caprice ; on ne le fatigue point encore par des essais d'éducation; il est libre comme s'il était sauvage.
         Le jour de son sevrage arrivé, on perce de part en part une de ses narines avec un morceau de bois pointu qu'on laisse clans la plaie, et lorsqu'il voudra téter, il piquera sa mère qui le repoussera par des ruades, et il abandonnera bientôt la mamelle pour l'herbe fraîche de la saison.

         Au printemps de cette année on le tond de nouveau, et il quitte son nom de bou-kuetaà pour prendre celui de heug (3).
         A deux ans accomplis son éducation commence : pour première leçon, on lui met un licou dont la longe vient entraver un de ses pieds; on le maintient immobile du geste et de la voix d'abord, de la voix seulement ensuite; on détache alors son pied entravé; mais, s'il fait un pas, ou l'entrave encore ; il a compris enfin ce qu'on veut de lui, et ces leçons n'auront de fin que s'il reste un jour tout entier, sa longe traînante, à la place où l'aura mis son maître.
         Ce premier résultat obtenu, le heug est soumis à d'autres épreuves.
         On rive à sa narine droite un anneau de fer qu'il gardera jusqu'à la mort, et dans lequel est attachée la rêne en poil de chameau qui viendra se réunir sur son garrot, en passant de droite à gauche, avec la longe du licou qui passera de gauche à droite.
         On lui ajuste la rahhala, sorte de selle dont l'assiette est concave, le dossier large et haut, le pommeau élevé, mais échancré de sa base à son sommet. Le cavalier est assis dans la rahhala comme dans une tasse, le dos appuyé, les jambes croisées sur le cou du mahari et assurées par leur pression même dans les échancrures du pommeau. Le moindre mouvement sur la rêne de la narine imprime à l'animal une douleur si vive qu'il obéit passivement; il oblique à gauche, il oblique à droite, il recule, il avance, et s'il est tenté par un buisson et qu'il se baisse pour y toucher, une saccade un peu rude l'oblige à prendre une haute encolure. Qu'un chameau porteur broute sur la route, l'inconvénient n'est pas grand, il a le temps d'arriver; mais un mahari doit aller vite, c'est là sa qualité première.
         Pour apprendre au heug à s'accroupir, dès que son cavalier lui crie : ch ch ch l... on se fait aider par un camarade qui frappe avec un bâton l'animal au genou au moment où le cri part, et jusqu'à ce que le cri seul obtienne obéissance.
         Pour le faire enfin aussi rapide que possible, celui qui le monte lui frappe alternativement les flancs avec un fouet en l'excitant par un cri aigu. Le jeune mahari chérit beaucoup sa chair, il part au galop; la douleur le suit, il la fuit plus vite, il passe comme une autruche, ses jambes sont des ailes; mais, pour ne pas le fatiguer, on l'arrête de loin en loin en tirant sur la rêne.

         Si le heug, enfin, sait s'arrêter, quelque vitesse qu'il ait prise, quand son cavalier tombe ou saute de la rahhala; s'il sait tracer un cercle étroit autour de la lance que son cavalier plante en terre et reprendre le galop dès qu'elle est enlevée, son éducation est complète, il peut servir aux courses; ce n'est plus un heug, c'est un mahari.
         Un bon mahari vaut de deux cents à trois cents boudjoux, quelques-uns même sont estimés jusqu'à plus de quatre cents. Un djemel n'en vaut jamais plus de soixante à quatre-vingts.
         Si les chameaux ne sont pas aussi nobles que les mahara, ils ne sont pas moins utiles. Sans les chameaux, point de relations possibles entre les peuples du Sahara , le Soudan serait inconnu ; nous n'aurions pas d'esclaves, et les croyants ne pourraient point aller visiter la chambre de Dieu : avec eux, le désert n'a pas d'espace, ce sont les vaisseaux de la terre : Gouareub el Beurr. Dieu l'a voulu, et il les a multipliés à l'infini.
         Vivant ou mort, le chameau est la fortune de son maître.
         Vivant, il porte les tentes et les provisions, il fait la guerre et le commerce ; pour qu'il fût patient, Dieu l'a créé sans fiel (4); il ne craint la faim ni la soif, la fatigue ni la chaleur; son poil fait nos tentes et nos burnous; le lait de sa femelle nourrit le riche et le pauvre, rafraîchit la datte (5), engraisse les chevaux : c'est la source qui ne tarit point.
         Mort, toute sa chair est bonne; sa bosse (deroua) est la tète de la diffa (6) ; sa peau fait des outres (mezade) où l'eau n'est jamais bue par le vent ni le soleil; des chaussures qui peuvent sans danger marcher sur la vipère, et qui sauvent du haffa les pieds du voyageur (7) ; dénuée de ses poils, mouillée ensuite et simplement appliquée sur le bois d'une selle, sans chevilles et sans clous, elle y fait adhérence, comme l'écorce avec l'arbre, et donne à l'ensemble une solidité qui défiera la guerre, la chasse et la fantasia.
         Ce qui fait la supériorité du mahari, c'est qu'à toutes les qualités qui sont de lui, il réunit toutes celles du djemel. Ce qui fait son infériorité, c'est que son éducation difficile mange pendant plus d'un an tout le temps du maître, et que ceux de sa race ne sont pas nombreux.
         La beauté ne voyage pas par caravanes.


1. M. le général Marey, dans son expédition à El Aghrouat (juin 1844), reçut trois mahara. " Le mahari, dit-il, n'est peut-être pas un animal a part. Il parait être au chameau ordinaire ce qu'un cheval de course est au cheval de trait.... Son allure habituelle est le trot ; il peut le tenir un jour entier : ce trot est comme le grand trot d'un bon cheval. ). Ce témoignage de visu dément cette assertion d'un autre auteur qu'il ferait faire cent lieues par jour au mahari.
2. Hérodote dit des Arabes de la grande armée de Xerxès : " qu'ils montaient des chameaux d'une vitesse égale à celle des chevaux. ", (Liv. VII, chap. Lxxvi.) Nous retrouvons ainsi les mahara en usage il y a deux mille quatre cents ans. Ne pourrait-on pas en conclure que ces animaux appartiennent à une race non particulièrement décrite encore par l'histoire naturelle?
3. Vient du verbe hakeuk, il a reconnu, il s'est assuré; ce qui veut dire que le chameau de deux ans commence à être raisonnable.
4. Les Arabes disent que le chameau n'a pas de fiel, et que de là vient sa patience.
5. Nous avons dit ailleurs que cette expression proverbiale désignait la nécessité où sont les Sahariens d'atténuer les effets pernicieux de la datte par son mélange ordinaire avec du lait.
6. C'est le mets le plus recherché que l'hospitalité puisse offrir à des hôtes de distinction.
7. Ce sont de véritables brûlures que les sanies font aux pieds de ceux qui marchent sans chaussures.

A SUIVRE

" L'AFRIQUE DU NORD MUSULMANE"
2ème Edition 1954/1955
                                         Envoyé par M. Daniel Dardenne                                       N°20

Textes et Annexes de A. BENSIMON et F. CHARAVEL : Instituteurs à Alger.
Documentation photographiques et réalisation Technique de
H. BENAIM - G. DOMECQ - E. DURIN - R. PERIAND - Instituteur à Alger.
Illustration et Cartes de F GIROUIN - Instituteur à Alger.
Réalisé sous l'égide de la Section d'Alger du Syndicat National des Instituteurs.

TABLEAU SYNOPTIQUE DES DYNASTIES


* * *
FIN

Différence fondamentale
Envoyé Par Viviane


          Un jour un fleuriste se rend chez le barbier pour se faire couper les cheveux. Après sa coupe, il demande combien il doit. Le barbier répond
          - C'est gratuit, je fais du bénévolat cette semaine.
          Il quitte tout content. Le lendemain, en ouvrant sa boutique, le barbier trouve à sa porte une carte de remerciement et une douzaine de roses.

          Plus tard, un policier se présente et se fait couper les cheveux. Quand il vient pour payer, le barbier lui dit:
          - Je ne peux accepter d'argent, cette semaine, je fais du bénévolat.
          Heureux, le policier quitte et, le lendemain, dépose à la porte du barbier une douzaines de beignets, avec un mot de remerciement.

          Puis, le député du comté se présente et lorsqu'il vient pour payer, le barbier lui répond:
          - Mais non, cette semaine c'est gratuit. Je fais mon bénévolat !
          Très heureux de cette aubaine, le député quitte la boutique.

          Le lendemain quand le barbier vient pour ouvrir, une douzaine de membres du parlement attendent en ligne pour se faire couper les cheveux gratuitement.
          Voila mes amis, la différence fondamentale entre les citoyens de ce pays et des politiciens qui nous gouvernent.


CONTE EN SABIR
Par Kaddour

LI CHAT AFIC ON RAT QUI SONT VIO
[FABLE IMITÉE DE LA FONTAINE]

             
             On Zarabe: chibani qui coni barli bian
             On ,jor qui ji marchi, sor la rote afic loui,
             Y son parli par moi on zastoir di lontan.
             " Ji conni mon zami, on chat tri digordi,
             Qui soli fasir la sass', y la nuit y li jour,
             Por li rat qui trovi. Ji marchra dans son bled,
             Ji mrchra Ia mison, Ji sassra toujours.
             Li rat son embiti ; pas moyan yaouled,
             Di sortir bor mangi, di voir mon boun' ami
             Qui jabrass' mon babac. Cit chat y son jouré
             Di touillé tous li rat, qui loui sont rencontré.
             Li forbi qui son fir, li roumi por trapi

             Li souri, qui ,j'apil, ji crois on soricière,
             To ça cit rian di tout, c'iti di coillonad ;
             Cit chat por fir trapi, ji coni cent manière,
             Y sont plous carotti, plous qui toi camarad'.
             Ma li rat ji son por, jami ji son sortir,
             Tos didan son mison, bar force ji va morir.
             Li chat son pas content, barc' qui trovi blou rian.
             Y qui por boulotter, à brisann pas moyan.

             Por li fir coillonné, y pour fir bon gousto,
             Y trapera son pied, attachi fic on cord
             Y mit son tite en bas, kif kif ji souis morto.
             Li rat y li souri, qui voir cit zafir,
             Y bensi dans son tite, qui cit on salopri,
             Qui sont fir mauviz' coup, qui quarqu'on ji sonn mord'
             Qui bit-itre en bassan, ji volra di fromage,
             Ji fir por on zenfant, ji griffa sa maman,
             Fi cassir on marmitte, touillé zoizeau en cage :
             Enfin qui son pendi, cit mauviz garnement.
             Qui tos qui ji va rir', à son enterrement.
             Ji fir voir son nif, ji mit mon tit' dihors.
             Tot souite ji rentr' chi !oui
             Ji sort encor' on fois, ji voir qui son bien mort :
             Y dir ji fir la fête, masire ji sont fini.

             Ji sortir tos ensembl', ji commence por danser,
             Ma voila qui li mort, ji sont rissouciter.
             Y tombi sor son pieds, ji trapi blous di cent,
             Y loui dir mon zami, matnant ji souis content !
             Pas bisoan qui ti cach', au fond di vot silos.
             Ji conni la manièr', por vos atrappi tos.
             Cit chat il a raison. Bassi plous d'oun smin'
             Y trouv' on bon forbi : y blanchir son figour
             Dans on sac di farin'
             Ji viendra por cochi, à côté d'un couffin
             Y restera lontan, apri qui fir blous jour.
             Ji crois qui bor cit fois, y fir on coup tri fin.
             Li rat l'on zapri l'autre, di souite ,ji son trapi

             On qui l'a conni bian, tot à fi digordi,
             Y rigardi di louan, ma jami ji m'aproch'
             C'itit, on vio lascar, kharami comm' chitan
             Mim' qui dans on bataille, ji perd, ya lontan,
             Son queu. Di louan ji dir pas dangi ji m'approch'
             " it morçon di farin', ji crois qui sont pas bon,
             Qui son barli comm' ça, al gininar di chats,
             Ji crois qui li fota, por trappi li coillons.
             Di zafir comm' çoui-Ià, moi ji conni pas :
             Quand mime qui li soui sac, moi ji n'abrochra pas "
             Ji crois qu'iI a rison, il en a la prodence,
             Y por qui ji marchra, ,ji bisoan la confiance.

                          MORALE

             Cit rat y' en a l'compas, porquoi il a trové
             Qui tojor la méfiance, bisoan por la surté.

 

BULLETIN        N°12
DE L'ACADÉMIE D'HIPPONE

SOCIÉTÉ DE RECHERCHES SCIENTIFIQUES
ET D'ACCLIMATATION


NOTICES NÉCROLOGIQUES.
ANTONIN JOANNON
(DE LYON)

Par M. Olivier Delamarche, secrétaire perpétuel honoraire.

          L'Académie d'Hippone a perdu récemment un de ses membres fondateurs, M. Antonin Joannon, propriétaire à Darhoussa et l'un des hommes les plus laborieux que nous ayons compté parmi nos confrères.
          M. Joannon, membre de la Société d'agriculture, histoire naturelle et arts utiles de Lyon depuis 1856, mort président de cette Compagnie, une des premières de France, avait une de ces intelligences insatiables qui ne se délassent d'un travail que par un autre, et qui, ne laissant jamais leur esprit en jachère, l'entretiennent et le fécondent par la variété des cultures. M. Joannon savait huit langues, au nombre desquelles le sanscrit et l'hébreu. Ses études linguistiques seules l'auraient rangé parmi les savants; mais sa modestie et la variété de ses connaissances en effaçaient l'importance. La botanique et l'agriculture le détournaient de ces recherches purement théoriques.
          Il nous appartient d'autant plus de consacrer ces pages à la mémoire de notre regretté collègue, qu'il s'est constamment dévoué aux intérêts de notre Algérie. Propriétaire, nous l'avons déjà dit, d'une grande terre connue sous le nom de Darhoussa, qui relève d'une commune voisine de Bône, celle de Randon, il s'y était des premiers appliqué à la plantation de la vigne. Darhoussa renferme aujourd'hui cent hectares de vignobles dont les vins blancs champagnisés forment la matière d'une lucrative exportation.
          Un des procès-verbaux de la Société d'agriculture, celui du 7 janvier dernier, rappelle un autre ordre de services rendus à l'Algérie par M. Joannon.
          " Notre vénéré président, lisons-nous dans un discours prononcé à cette séance par M. Delocre, avait fort à cœur l'importation du bétail en France, et grâce à ses efforts persévérants, il était parvenu à créer une véritable source de richesse pour le commerce algérien. L'importation des bœufs algériens était presque nulle en 1860, lorsque M. Joannon s'occupa pour la première fois de la question. Pour donner de l'essor à cette industrie, il dut lutter contre les préjugés du consommateur. Sa ténacité ne tarda pas à venir bout des résistances, et avant la sécheresse et le typhus de 1867, M. Joannon expédiait à lui seul à Marseille de 4 à 5 000 bœufs. Le mouvement total s'élevait, pour le port de Marseille, à 11 233 boeufs en 1864, à 11 588 en 1865, à 15 407 en 1866, à 24 111 en 1807. "
          Notre colonie n'était, du reste, pas ingrate envers M. Joannon, qui, nommé conseiller général en 1860, était décoré à Bône même de la croix de la Légion d'honneur, lors du voyage de l'empereur.
          Des hommes comme celui auquel nous consacrons ces lignes ne se reposent jamais, et dans ses dernières années il s'adonnait avec ardeur au dessalement des immenses terrains improductifs qui s'étendent d'Arles à Port-Vendres, et il obtenait des résultats d'une haute utilité.
          Mais disons d'abord quels étaient ses procédés.
          En 1862, M. Joannon avait acheté la terre de Tournebelle, près de Narbonne, pour y poursuivre ses essais.
          " La dose de sel, voyons-nous dans une brochure que nous avons sous les yeux, variait suivant les saisons et les lieux, Dans les terrains où ne végétait que le salicorne, elle oscillait entre 1 1/2 et 2% à 5 centimètres au-dessous de la surface. "

          Le drainage fut appliqué à une surface de plus de 100 hectares, les drains posés à 10 mètres d'écartement et à une profondeur d'un mètre. Ce travail achevé, le sol fut labouré à 50 centimètres, les mottes brisées, et enfin l'eau dérivée du canal de Narbonne à La Nouvelle fut répandue sur toute cette surface. Après cinq mois de séjour, l'eau qui s'écoulait par les drains traversait incessamment le sol, l'avait dessalé presque complètement et l'avait rendu fertile. Pour donner une notion exacte à ce beau résultat, il suffit de dire que cette terre, louée jusque-là sur le pied de 3,700 francs, donna en 1870, 39,297 francs de bénéfice net, et 43,000 francs en 1871.
          Le mémoire publié par M. Joannon sur le fruit de ses efforts a eu en France un grand retentissement et a été couronné d'une distinction honorifique.
          Attaqué en 1875 d'une pneumonie double qui l'a emporté en huit jours, M. Joannon a gardé jusqu'au bout toute sa lucidité d'esprit. Peu d'instants avant d'expirer, il relevait les erreurs botaniques d'un voyage au pôle Nord dont on lui faisait la lecture, lecture qu'il interrompait pour recevoir les secours de la Religion.
          Tel était l'homme qui a honoré notre Compagnie de son concours dès ses premiers jours, et dont il est bien juste qu'à notre tour nous honorions le souvenir. -

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F.P.A. DUMAS
INGÉNIEUR CIVIL.
Par la Commission d'impression du Bulletin D'après les notes fournies par M. de Froment, directeur de I'exploitation des mines de Mokta-el-Hadid.

          DUMAS (François - Pierre - Alphonse), né le 12 juin 1820, au château de Firminy (Loire), au coeur même de riches gisements de bouille, devait être forcément mineur lui-même.
          A l'âge de 18 ans, sa sortie de l'école de Saint-Étienne, il était attaché comme ingénieur à la Compagnie des Haches-Maniquet (bassin de Rive-de-Gier), qu'il quittait en 1843 leur diriger à Venazos (Espagne) des recherches de houille abandonnées bientôt à cause des troubles politiques qui agitaient ce pays.
          De 1845 à 1865 les mines de fer de La Voulte et de Privas devinrent entre ses mains un modèle d'exploitation.
          Ingénieur, M. Dumas chercha des moyens simples pour activer le travail. Le marteau-pilon ou bélier, de son invention, lui permit de pratiquer des havages dans les roches les plus dures, et avec le wagon à capas, il déchargeait instantanément toute espèce de matériaux.
          Les moyens de préserver la vie des ouvriers furent aussi l'objet constant de ses études. Dès ses débuts, M. Dumas n'avait pas hésité à exposer la sienne lors du terrible accident de grisou dans le puits de l'Ile d'Elbe, à Rive-de-Gier. En 1840, il retirait un ouvrier d'un puits infecté. Lorsqu'il arrivait à l'air, le sauveur, à bout de forces, tombait presque inanimé à côté du sauvé.

          Pour éviter l'asphyxie aux chargeurs des hauts fourneaux de La Voulte, M. Dumas créait en 1851 le chariot dit à persiennes qui portait les matières au milieu des gaz engendrés par la combustion et répartissait la charge dans les fourneaux. Le bourroir en bois, fort peu employé avant lui, presque uniquement en usage aujourd'hui pour charger les coups de mine dans les exploitations qui lui furent confiées, mit fin aux explosions si fréquentes avec, le bourroir de métal. Sur 300 000 coups de mine tirés de 1856 à 1865 dans ces exploitations, il n'y a pas eu un seul accident à déplorer.

          Ce n'était pas assez. L'inflammation du coup de mine par les moyens ordinaires faisait encore de nombreuses victimes. M. Dumas, aidé de M. Cartel, comme lui ingénieur des mines, employa le premier l'étincelle électrique, qui, permettant l'inflammation à toutes les distances, supprimait le péril. La lampe dont s'aidaient les mineurs dans leurs travaux souterrains était encore une cause de danger. En 1861, la lampe électrique à lumière froide, dite lampe phosphorescente, que M. Dumas inventa avec le docteur Benoît, rendrait presque impossible l'inflammation du grisou, si son emploi était généralement répandu. Le fonçage d'un puits envahi par le grisou à Firminy, exécuté sans aucun accident, à l'aide de ce mode d'éclairage, sous les yeux de nombreux ingénieurs, en fournit une preuve convaincante. Ce beau résultat valut à M. Dumas le premier prix au concours de la Société minérale de Saint-Étienne, en 1864. L'année précédente, il avait obtenu une médaille d'or à l'Exposition régionale de Nîmes. En 1885, l'Académie français décernait le prix Montyon à celui dont les travaux incessants n'avaient eu d'autre objet que la conservation de la vie des ouvriers.

          En mai 1865, M. Dumas, accompagné d'un personnel d'élite, prenait la direction des mines de Mokta-el-Hadid.
          La production annuelle de ces mines, presque nulle d'abord, s'élevait à 200 000 tonnes au bout de deux ans d'exploitation; elle a atteint 400 000 tonnes en 1872.
          Dans cet intervalle, M. Duras sut créer un immense matériel d'exploitation : chemin de fer, ateliers, appontements, etc.
          Certainement les mines de Mokta-el-Hadid étaient un beau champ d'exploitation ; mais est-il bien sur qu'entre des mains moins expérimentées cette entreprise eût si bien réussi?
          Sont-ce les richesses naturelles qui ont manqué le plus souvent à l'Algérie, ou bien les hommes énergiques capables de les extraire du sol?
          M. Dumas n'avait pas restreint son dévouement aux intérêts de Mokta-el-Hadid. Nommé membre du Conseil général de Constantine en 1871, il apporta dans ses fonctions publiques son zèle habituel. Il fut délégué au Conseil supérieur de l'Algérie en 1874. Partout son honorabilité et son énergie le firent remarquer entre tous.
          En juin 1875, M. Dumas abandonna la direction des mines de Mokta-el-Hadid, tout en restant attaché à la Compagnie qui lui devait sa prospérité. II rentrait dans sa famille pour y jouir d'une retraite bien gagnée. Tous se souviennent à Bône de ce départ et de la sympathique manifestation par laquelle toute la population voulut s'associer aux adieux de ses collaborateurs et amis.
          II restait encore attaché au pays en continuant à siéger au Conseil général, En effet, quoique déjà, souffrant, au mois d'octobre dernier, il ne voulut pas manquer à ce devoir ; mais après quatre séances, obligé d'interrompre ses travaux, il vint se reposer quelques jours à Bône. C'est là qu'il connut officieusement sa nomination de chevalier de la Légion d'honneur, tardive récompense d'une vie si bien remplie.
          Son départ fut triste cette fois. La santé de M. Dumas était absolument ébranlée, et nous ne devions plus le revoir. Après quelques mois de maladie, il s'éteignit à Loriot (Drôme), le 6 février 1876.
          Bône ne perdra jamais le souvenir de cet homme de bien. Son nom, cher à tous, restera intimement lié la grande industrie qui lui doit son développement et qui contribue pour une si large part la prospérité du pays. M. Dumas faisait partie de l'Académie d'Hippone depuis 1838. L'aménité de son caractère et ses vastes connaissances pratiques lui avaient concilié l'estime de tous ses collègues....

1876        

PHOTOS D'ECOLE
Envoyé par Mme Michèle Rochas née Dilettato

ECOLE VACARRO
Année 1938
Une classe de l'école Vacarro à la plage en 1938

___________________
La même classe en cours de Gym

___________________
La même classe de retour de Constantine

Est-ce que d'autres amies se reconnaîtront-elles ?
Merci Michèle

L'ŒUVRE DE F.-C. MAILLOT
                                                                                                          N° 4

ANCIEN PRÉSIDENT
DU CONSEIL DE SANTÉ DES ARMÉES

Deuxième Edition
PARIS 1894
OCTAVE DOIN, ÉDITEUR
8, PLACE DE L'ODEON

MAILLOT François-Clément, né à BRIEY (Moselle) le 13 Février1804. Ancien Président du Conseil de Santé des Armées, Commandeur de la Légion d’Honneur, récompense nationale attribuée par la loi du 25 juillet 1888. Ancien médecin en chef de l’hôpital militaire de Bône 1834-1836.

TRIBUT DE RECONNAISSANCE DU COMITÉ
D'ÉTUDES MÉDICALES DE L'ALGERIE

IV. - NOSOLOGIE

MÉMOIRE SUR LES FIÈVRES PSEUDO-CONTINUES
OU FIÈVRES CONTINUES A QUINQUINA


       J'ai donné le nom de fièvres pseudo-continues aux fièvres intermittentes qui, sous l'influence de conditions qui restent peut-être à déterminer, affectent dès leur début et pendant un temps plus ou moins long une marche analogue aux fièvres que les anciens nosographes appelaient fièvres continues, fièvres essentielles, que Broussais avait expliquées par la gastro-entérite et qu'aujourd'hui on désigne sous la dénomination de fièvre typhoïde.

       J'avais voulu par là fixer l'attention des médecins sur un point de pathologie qui paraissait tombé dans l'oubli. Cette expression rendait plus parfaitement ma pensée, en signalant les caractères essentiels de ces affections, leur continuité, d'une part, et, d'autre part, leur tendance à passer à l'intermittence ou à la rémittence. Celle de subcontinue me paraît dangereuse, en ce sens qu'elle me semble entraîner l'idée que ce n'est que secondairement, que subsidiairement que la fièvre devient continue ; avec elle on est invinciblement porté à chercher dans le cours de la maladie la subintrance avant la subcontinuité, avant la continuité ; et ce n'est pas ainsi, on ne saurait trop le répéter, que marchent d'ordinaire les fièvres continues à quinquina, bien que ce mode de progression vers la continuité ne soit point rare. Mais on. voit bien plus souvent, pendant la saison des chaleurs et dans l'intensité des épidémies de fièvres intermittentes, la continuité se manifester dès le premier jour, s'établir de prime saut et faire place ensuite, par des degrés successivement décroissants, à la rémittence, à la subintrance, et enfin à l'intermittence.

       Sénac, bien qu'il ait observé dans des localités infiniment moins favorables que la Corse et l'Algérie au développement de ces fièvres intermittentes d'apparence continue, a néanmoins parfaitement saisi et exprimé les idées que je viens de rappeler. Voici ce qu'il dit : " Per aestatem torridam et per insequenlem autumnum, grassabantur febres statim continuée, at per dies tantummodo, quinque aut sex ; deinde, vero, intermittentium more cursum absolvebant. " Voilà bien les fièvres que j'ai appelées spécialement pseudo-continues. L'année suivante, c'est une marche inverse, c'est celle qui me semble constituer la véritable subcontinue : " At, sequenti anno, dit-il, cum tertianarum duplicium aut simplicium ritu incoepissent, in continuas quindecim aut vigenti dierum abire solebant... "
       On trouve des faits analogues dans tous les Anciens qui ont écrit sur les fièvres intermittentes ; c'est donc une question purement historique et sur laquelle je n'ai pas à insister.
       Comme eux, j'ai pris pour base de mes dénominations le type de ces fièvres, et c'est ce qui m'a conduit à la classification que j'ai adoptée, savoir :
       1° fièvres intermittentes proprement dites ;
       2° fièvres rémittentes;
       3° fièvres pseudo-continues.

       M. Boudin est parti d'un autre point que moi et il est allé plus loin, car il regarde ces fièvres comme des fièvres continues, mais comme des fièvres continues spéciales. Il ne donne plus aux fièvres paludéennes soit la périodicité, soit l'intermittence pour caractère commun ; il place celui-ci dans l'identité de la cause pathogénique, ou, si l'on aime mieux, l'intoxication marécageuse.
       Puis, il dit, page 131 :
       " 1° Que l'intoxication des marais est susceptible de se phénoménaliser sous les types intermittent, rémittent et continu ;
       " 2° Que la phénoménisation pathologique présente généralement des intervalles d'autant plus courts, c'est-à-dire s'approche d'autant plus de la continuité, que la latitude géographique ou la saison de l'année semblent plus favorables au dégagement de la matière miasmatique ;
       " 3° Qu'il est dès lors permis de considérer le type des maladies de marais, comme exprimant dans les divers pays, comme dans l'évolution " annuelle, l'intensité ou le degré d'intoxication. "

       Que l'on note bien toutefois que, au point de vue pratique, nous sommes parfaitement d'accord malgré cette dissidence apparente. Tous deux, en effet, nous pensons que ces affections paludéennes sans intermittence, sans rémittence, sont dues à la même cause que les fièvres intermittentes proprement dites qui règnent en même temps, et qu'elles réclament le même traitement ; seulement, conséquents tous deux à nos doctrines, je donne le sulfate de quinine comme antipériodique, parce que je soupçonne de la rémittence derrière cette continuité, et lui le prescrit comme agent de désintoxication. Cette question paraissait donc jugée définitivement pour le fond, et tout semblait se réduire à une question de forme, à rencontrer une qualification exacte à la chose elle-même. Car, si le mot pseudo-continu paraît ne pas convenir à une affection intermittente, d'un autre côté il faut donner à ces fièvres continues, toutes particulières, une dénomination qui les distingue des autres fièvres continues, de la fièvre typhoïde en un mot, pour rester dans le langage de l'école actuelle ; sans cela il sera impossible de s'entendre, ainsi que l'a si bien exposé M. Littré, dans le passage suivant :

       " Le nom de continues, dit-il, a été l'origine d'une grave confusion, qui est loin d'avoir cessé et qu'on aurait évitée si on s'était rigoureusement tenu dans les termes d'Hippocrate. En effet, ce mot a une tout autre signification dans les climats chauds que dans les climats tels que le nôtre. Les médecins qui ont écrit sur les fièvres des pays chauds les ont divisées en intermittentes, rémittentes et continues. Mais les continues des uns sont-elles les continues des autres ? Pas le moins du monde. Et l'erreur a été fréquemment réciproque, c'est-à-dire que les pathologistes des pays chauds ont été entraînés à assimiler leurs fièvres aux nôtres et que des pathologistes de nos pays ont été non moins entraînés à assimiler nos fièvres aux leurs. C'est cette confusion qui seule a empêché de reconnaître le véritable caractère des observations particulières des épidémies. Mais, si l'on s'était tenu rigoureusement dans la dénomination d'Hippocrate, qui par " continues " entendait à la fois les fièvres intermittentes et continues, on aura reconnu que cette désignation appartenait à une autre maladie que nos fièvres continues, qui ne sont pas susceptibles d'être indifféremment rémittentes ou continues. C'est là, je le répète encore, le caractère essentiel qui distingue de nos fièvres continues les fièvres continues des pays chauds et de toutes celles qui doivent à des conditions locales d'être comparables à celles des pays chauds... C'est donc avec un très juste sentiment de distinction réelle et fondamentale que M. Maillot a donné le nom de pseudo-continues aux fièvres continues des pays chauds... "

       Je ne tiens, du reste, à cette appellation que parce que je la crois très propre à donner l'éveil sur la nature des maladies qu'elle signale ; et je suis tout disposé à admettre les expressions équivalentes telles que fièvres paludéennes continues, fièvres continues à quinquina, fièvres continues limnhémiques, etc..
       Je fais donc très volontiers abandon de la dénomination elle-même, mais non de la chose qu'elle représente. Cette chose, je la retrouve consignée dans tous les anciens écrivains ; je l'ai vue sous toutes les faces ; je l'ai observée dans tous ses moindres détails; et mon observation a été confirmée récemment par des hommes recommandables qui, dissidents sous plusieurs rapports, ont du moins été unanimes sur ce point.

       C'est donc avec un vif sentiment de surprise que j'ai trouvé une opinion contraire dans le Mémoire que M. Casimir Broussais vient de publier, et que j'y lis ce qui suit:
       " Maintenant est-il nécessaire d'admettre cette troisième espèce de fièvres qui ne serait pas continue, qui ne serait pas intermittente ni rémittente, qui serait pseudo-continues, suivant l'expression de M. Maillot, spuria continens selon celle de Torti?
       " Je dois avouer que je n'ai pu reconnaître cette nécessité, malgré le soin que j'ai mis à étudier la rémittence sous toutes les formes. Telle est aussi l'opinion de mon frère, après six ans de séjour en Afrique. Nous avons pu facilement ranger tous les cas qui se sont présentés à nous dans l'une de ces deux catégories; nous avons trouvé des fièvres intermittentes et des fièvres rémittentes ; mais des fièvres à quinquina qui ne fussent ni rémittentes, ni intermittentes, nous n'en avons pu distinguer une seule.
       " Si l'on veut absolument diviser, que l'on établisse dans l'ordre des rémittentes une sous-division à laquelle on appliquerait l'épithète de pseudo continue ou une autre analogue, si l'on croit devoir faire un choix des cas dans lesquels les phénomènes continus sont les plus frappants ; mais ce sera une division peu importante sous le double point de vue de la pathogénie et de la thérapeutique. En effet, toute fièvre rémittente a l'apparence de la continuité, et sous ce rapport est pseudo-continue ; c'est en cela qu'elle diffère de l'intermittente... J'admets volontiers l'expression de M. Maillot, quoique hybride, à condition qu'on lui donne le sens de la spuria continens de Torti. Ce n'est pas, au reste, sans y avoir sérieusement réfléchi que j'ai rejeté la troisième catégorie de fièvres proposée de nos jours. Lorsque, après avoir observé avec le plus grand soin les nombreux cas qui se présentaient à moi, j'ai relu les observations de Torti, de Bailly, de M. Maillot lui-même, je n'ai pas trouvé un seul cas dans lequel, on ne pût noter au moins un des symptômes que j'ai dit caractériser la fièvre rémittente. Tantôt la maladie se présente sous la forme de continuité, elle est réellement continue; puis, il survient tout à coup comme l'avait indiqué Torti, des phénomènes irréguliers qui ont un caractère soit d'intermittence, soit de rémission ou de mobilité, qui font reconnaître, à l'instant, la complication dont il s'agit... "
       Ces propositions me paraissent de nature non seulement à faire rétrograder la science, mais encore à compromettre de nouveau la thérapeutique d'une partie des maladies propres à l'Algérie, et à engager une seconde fois les médecins militaires dans une voie où, dans les premiers temps de l'occupation, ils ont rencontré bien des écueils.

       En effet, M. C. Broussais dit qu'il n'a pas trouvé de fièvres à quinquina qui ne fussent soit rémittentes, soit intermittentes ; qu'il n'a pu en distinguer une seule; qu'il a pu facilement ranger tous les cas qui se sont présentés à lui dans les deux catégories {fièvres rémittentes, fièvres intermittentes) ; enfin, que telle est aussi l'opinion de son frère, après six ans de séjour en Afrique.
       Je ne mets pas en doute la certitude du diagnostic de M. C. Broussais, mais je m'explique facilement comment il a pu y être conduit. Il n'a vu qu'une épidémie en Afrique, et encore cette épidémie a eu une explosion tardive, ce qui dénote une médiocre intensité dans ses causes ; de plus, et surtout, il n'a observé qu'à Alger, pays où la rémittence est généralement saisissable, ainsi que je l'ai dit ailleurs, .ainsi qu'il ressort encore de travaux que nous aurons occasion de rappeler. Dans les conditions donc où il a été placé, il a pu facilement trouver la rémittence ou l'intermittence, même dès le début de la maladie.

       Cependant, il dit : " Tantôt la maladie se présente sous la forme de la continuité; elle est réellement continue; puis, il survient tout à coup, comme l'avait indiqué Torti, des phénomènes irréguliers qui ont un caractère soit d'intermittence, soit de rémission ou de mobilité qui font reconnaître à l'instant la complication dont il s'agit. "
       La complication...? Non, ce n'est pas là ce qui constitue la complication; ce qui la forme, c'est la cause, quelle qu'elle soit, qui imprime à la maladie la forme de continuité, comme dit M. Broussais. C'est au contraire lorsque la maladie est dépouillée de sa complication, que son caractère réel et fondamental se met à nu et se révèle par ces phénomènes irréguliers qui sont un des caractères soit d'intermittence, soit de rémission ou de mobilité.

       Mais, avant qu'apparaissent ces phénomènes qui la constitueront intermittente ou rémittente, que fera-t-on de cette fièvre qui a la forme de continuité, si l'on n'en fait pas, dès ce moment, une fièvre à quinquina?
       La rangera-t-on dans les variétés de la fièvre typhoïde de l'école actuelle? Sera-ce une des nuances de la gastro-entérite de la doctrine physiologique ?
       Sera-ce une des espèces de fièvres essentielles ?
       Evidemment on ne pourra l'enchâsser dans ces cadres, parce que dans ces dernières maladies on n'a pas, comme chose essentielle, ces phénomènes irréguliers qui se présentent ici, parce que encore, et c'est un terrible argument, les médications propres à la fièvre typhoïde, à la gastro-entérite, aux fièvres essentielles, donnent ici une mortalité hors de toute proportion avec celle que fournit la médication spéciale des fièvres intermittentes.

       Que l'on n'espère pas sortir de la difficulté en disant, avec M. Broussais : " Toute fièvre rémittente a l'apparence de la continuité et sous ce rapport est pseudo-continue ; c'est en cela qu'elle diffère de l'intermittente. " (Page 87.) En vérité, je ne comprends pas que cette objection ait été présentée sérieusement ; et je ne l'accepte pas, car une fièvre rémittente, après tout, est une fièvre rémittente, et elle n'est pas une fièvre qui a la forme de la continuité J'ai donné, ce me semble, des fièvres rémittentes une définition assez nette pour faire comprendre en quoi, pour moi comme pour tous, elles diffèrent des intermittentes proprement dites, d'une part, et, d'autre part, des fièvres continues à quinquina. Cette définition a même paru assez exacte aux savants auteurs du Compendium de Médecine pratique, pour qu'ils l'aient adoptée ; la voici : " Des accidents continus avec des redoublements périodiques annonçant leur exaspération par des frissons, leur déclin par des sueurs ; pouvant devenir tout à coup pernicieux et cédant à une médication particulière. Tels sont les faits qui spécialisent les fièvres rémittentes."

       Après avoir exposé les caractères généraux, les faits types en quelque sorte des fièvres intermittentes, j'ai fortement appelé l'attention aussi sur celles de ces fièvres dont les phénomènes spéciaux vont s'affaiblissant de plus en plus et se réduisent à ne plus se montrer que comme une ombre. J'ai cité des faits à l'appui ; c'était raconter ce que je venais devoir: j'ai rappelé ce que j'avais lu sur ce sujet, et j'ai écrit, page 105 de mon Traité des fièvres : " D'après la netteté plus ou moins grande des paroxysmes, Baumes établit trois séries de fièvres rémittentes, et l'observation clinique confirme cette importante distinction. "
       La première comprend toutes les fièvres dont chaque paroxysme débute par le frisson ; la deuxième renferme toutes celles dont les reprises commencent par une simple réfrigération des extrémités et du nez, ou par une toux plus ou moins vive ; la troisième rassemble toutes celles dont les paroxysmes n'ont dans leur premier temps ni frisson ni refroidissement partiel, et ne sont remarquables que par la recrudescence de la fièvre, par une augmentation de chaleur acre et des autres accidents fébriles, qui décroissent après être montés à leur plus haute période.

       Je connaissais donc les nuances les plus délicates des fièvres rémittentes, et, si elles ne m'ont pas suffi pour la classification des fièvres à quinquina, c'est qu'il est dans la nature de celles-ci de se présenter encore sous une autre forme ; nous n'aurons que trop tout à l'heure la démonstration de ce que j'avance ici : on verra où conduisent ces idées sur l'intermittence et sur la rémittence appliquées aux fièvres des pays chauds et marécageux.

       Il faut subir les conséquences des principes que l'on a posés, et, lorsqu'on a pris pour base de ses distinctions le type des fièvres, on est bien forcé de dire que l'on n'a pas affaire ici à une véritable fièvre continue. M. Boudin et ceux qui professent ses idées échappent à cette difficulté, parce que la fièvre est pour eux, relativement à la marche, continue, bien que, relativement, au fond, elle reste, comme pour moi, une fièvre à quinquina ou à tout autre modificateur qui aurait la même puissance que cet agent thérapeutique.
       En cela, M. Boudin est beaucoup plus logique que moi, car il n'est pas obligé d'adresser des antipériodiques à des accidents de forme continue ; et, si j'avais à recommencer mon Traité des fièvres intermittentes,je n'hésiterais pas, je crois, à adopter les bases de sa classification tout en faisant ressortir, comme je l'ai fait, la tendance des affections continues paludéennes à reprendre les allures de l'intermittence et de la rémittence, aussitôt qu'une cause quelconque vient à faire baisser la réaction circulatoire.

       Les fièvres dont parle M. C. Broussais ne sont donc pas de la famille des véritables pyrexies continues, essentielles ; elles en ont l'écorce, mais pas le fond ; la forme, mais non la nature ; et c'est, je le répète, ce qui m'a conduit à leur donner le nom de fièvres pseudo-continues.
       Sans doute, plus tard - et cela dans un grand nombre de cas - après six, huit, dix, douze, vingt jours de durée, on finit par découvrir des phénomènes d'intermittence ou de rémittence. Mais il faut bien qu'il en soit ainsi pour pouvoir rattacher ces affections aux lièvres à fond intermittent ; sans cela, elles seraient de véritables fièvres continues et je n'aurais pu les définir " celles dans lesquelles il n'y a plus ni apyrexie, ni paroxysmes à ce retour appréciable, et qui ne révèlent leur nature ce que par l'explosion brusque d'accidents exclusivement propres aux fièvres intermittentes '. "

       Ces accidents, quels sont-ils? C'est du coma ou du délire qui tue souvent comme la foudre, c'est l'apparition des phénomènes ataxo-adynamiques infiniment plus prompte que dans les fièvres continues proprement dites. Je sais très bien que dans les localités peu marécageuses et que dans certaines épidémies les signes par lesquels se révèle le génie intermittent de ces affections n'ont pas toujours la même intensité que celles que je signale ici. Mais qui voudra jamais, quand on connaît bien la marche de ces maladies, quand on sait que souvent, contre toute prévision, les accidents les plus graves succèdent, sans intermédiaire aucun, aux accidents les plus bénins ; qui voudra, dis-je, exposer ses malades à des chances toujours périlleuses, pour attendre la rémittence ou l'intermittence, quand surtout, d'une part, l'expérience a appris que le quinquina arrête ces fièvres alors qu'elles ont encore la forme continue, alors qu'elles sont encore dans toute leur acuité. Ce sont, du reste, des considérations pratiques sur lesquelles nous insisterons tout à l'heure.

       Je veux seulement ici constater que M. Broussais lui-même, malgré ses premières assertions, est obligé de convenir qu'il a vu des fièvres qui, bien que manifestant plus tard leur nature intermittente, se sont présentées d'abord sous la forme de la continuité. Je constate aussi que, si ces faits ne l'ont pas frappé davantage, si cette division des fièvres intermittentes lui a paru peu importante sous le double point de vue de la pathogénie et de la thérapeutique, cette conclusion tient, je n'en doute pas, aux circonstances de temps et de lieu dans lesquelles il était placé et que j'ai indiquées plus haut.

       Mais il ne saurait en être de même de son frère qui était à Bône avec nous, au mois de juillet 1834, époque à laquelle nos hôpitaux présentaient un grand nombre de ces fièvres pseudo-continues. Il doit se rappeler très bien quelle différence immense existait pour la marche des maladies et pour la mortalité dans les divers services, suivant que l'on y traitait immédiatement ces maladies par le quinquina ou bien que, voyant en elles des affections continues, on attendait pour le faire des phénomènes de rémittence. Ce sont même ces résultats si tranchés qui firent alors adopter par la plupart des médecins la médication que j'employais depuis le commencement de l'épidémie ; et ce revirement dans la thérapeutique nous donna des résultats tels qu'à la fin de la même épidémie nous comptâmes, avec 856 malades de plus que pendant les deux années précédentes réunies, 1,437 morts en moins.

       Les idées médicales soutenues par M. C. Broussais étaient celles des médecins qui m'ont précédé à Bône. Ils cherchaient l'intermittence et la rémittence, pour administrer les préparations du quinquina; et tout ce qui n'offrait ni intermittence ni rémittence était pour eux aussi des affections continues vraies. Ce que j'avance ressort évidemment des travaux que le Conseil de Santé a fait publier sur ces désastreuses épidémies, et c'est dans ces documents que je puise textuellement la démonstration des propositions que j'émets.

       " Au 16 juin, sur un effectif de 821 hommes, nous n'en avions que 26 à l'hôpital ! Les premières maladies que nous eûmes furent en général assez simples ; mais dès lors elles revêtaient déjà le cachet inhérent au pays, c'est-à-dire qu'une bonne partie des irritations gastro-intestinales prenaient la forme de fièvres intermittentes. Seulement, à cette époque, les accès étaient peu tenaces, ne réclamaient que rarement l'usage du sulfate de quinine et disparaissaient aussi facilement que tout autre appareil fébrile, sous l'emploi des antiphlogistiques, de la diète et des délayants. Dans les mois suivants, alors même que le marais fut entièrement desséché, il y eut encore, il y eut toujours, quelques fièvres intermittentes. Mais je ferai remarquer qu'elles diminuèrent en nombre ; que leurs frissons furent moins forts et devinrent d'autant plus faibles à mesure que la chaleur atmosphérique augmenta ; que l'intermittence tendit peu à peu à être remplacée par la rémittence, et qu'enfin, au fort de l'été, il n'y eut à peu près plus que des fièvres continues, avec de simples exacerbations. Notre effectif avait été porté à 2,289 hommes ; et pourtant au 13 juillet nous n'avions encore que 40 militaires du régiment à l'hôpital. Mais cet état sanitaire satisfaisant changea bientôt... L'impulsion était donnée et les maladies augmentèrent progressivement en nombre, en même temps qu'elles croissèrent en gravité. C'est alors qu'on vit surgir des gastro-entérites, des gastro-céphalites, des gastros et entérocolites, etc, extrêmement intenses et qui réclamaient les secours les plus prompts et les plus actifs ; c'est alors ou jamais que l'emploi immédiat des saignées générales et locales était d'une application indispensable, et que, dès son début, on devait faire en sorte de se rendre maître de la maladie... Si les gastro-céphalites avaient paru nombreuses au mois de juillet, elles le furent bien plus en août; elles s'accompagnèrent fort souvent, comme dans le mois précédent, d'un engorgement dur et douloureux des parotides, engorgement qui s'abcéda rarement et qui fut fréquemment d'un mauvais augure. A la fin de ce mois, et en septembre, ce furent les gastroduodënites et gastro-hépatites avec ictère, qui prédominèrent, à leur tour, comme maladies graves... "

       Tel fut l'esprit dans lequel on observa et l'on traita, à Bône, en 1832, les fièvres à quinquina. On y vit des gastro-entérites, gastro-céphalites, c'est-à-dire les diverses formes de fièvres essentielles que l'on essaye de rattacher aujourd'hui exclusivement à la fièvre typhoïde.
       Les mêmes doctrines présidèrent au diagnostic et à la thérapeutique de l'épidémie de 1833; et, d'après des documents précieux que j'ai eus longtemps entre les mains et qui ont été adressés par l'auteur au Conseil de Santé, " les gastro-céphalites ont été les maladies les plus rebelles et les plus funestes de l'été; et elles ont eu presque exclusivement le triste privilège d'encombrer les hôpitaux et les amphithéâtres. "

       Ces faits sont, il me semble, de grands enseignements qui démontrent, contrairement à l'opinion de M. C. Broussais, qu'il est impossible de rattacher toutes les fièvres à quinquina soit aux intermittentes, soit aux rémittentes, et que pendant l'été ces fièvres prennent, en grand nombre, toutes les apparences d'une fièvre continue.
       Mais, si cette dichotomie des fièvres des marais en intermittentes et en rémittentes était aussi nette, aussi distincte que le veut M. C. Broussais, comment expliquer ce que M. Bailly rapporte des médecins de Rome, qui, cependant, vivent au milieu de ces maladies : " Lorsque plusieurs médecins, dit-il, page 501, sont appelés en consultation pendant l'été, ils n'agitent que cette question : Est-ce une fièvre à quinquina ou non?... On conçoit, dit-il, page 524, que cette demande ne serait jamais faite, si une série de symptômes continus ne pouvait jamais appartenir à la même disposition organique qui fait les fièvres intermittentes. "

       On a vu, par ce que j'ai exposé plus haut, combien l'opinion que je défends a d'influence sur la mortalité fournie par ces fièvres continues à quinquina, par ces fièvres pseudo-continues. Mais ce n'est pas par là seulement que cette heureuse influence se révèle; elle se dénote aussi par la marche que les médications, en rapport avec le diagnostic, impriment à la maladie.
       Relativement à cette question, on trouve dans Torti, qui l'emprunte à Morton, la révélation d'un fait très curieux et qui a beaucoup contribué à me mettre sur la voie du traitement que j'ai opposé à ces affections.

       Telle est la marche des affections que j'ai appelées pseudo-continues, suivant qu'on les combat ou non, dès leur début, par le quinquina. Dans le cas dont il s'agit ici, les premiers malades sont traités par le quinquina et ils guérissent en quelques jours. Morton pense qu'il est trop tard pour l'employer chez les derniers, et l'on a bientôt les accidents les plus redoutables des fièvres graves. On voit très bien aussi, dans cette relation, comment ces affections offrent, dans leurs dernières périodes, les phénomènes de l'état ataxo-adynamiques, tout comme dans les premiers jours elles simulent, au dire de tous les auteurs, une fièvre continue qui serait à son début. Que l'on compare, en effet, ce passage de Torti avec la description que nous trouvons dans Pinel de la fièvre ataxique, et que l'on dise, au point de vue des symptômes, où est la différence.
       Les écrits sur les fièvres intermittentes des pays chauds et marécageux ne laissent aucun doute sur ces points ; ils contiennent tous de nombreuses histoires de fièvres malignes, putrides, ataxiques, adynamiques, qui ne sont, on ne saurait trop le redire, que des fièvres pseudo-continues qui n'ont pas été arrêtées dès l'invasion par une médication appropriée.

       Frappé par la lecture de tous ces faits, éclairé par l'observation, en Corse et à Alger, de quelques cas analogues, je me suis demandé si l'on ne préviendrait pas ces accidents redoutables en donnant le sulfate de quinine dès le début de la maladie : et c'est ce qui me fit entrer si largement, à Bône, dans la thérapeutique que j'ai décrite, que je m'y suis créée, dirais-je, en réponse aux personnes qui ont voulu l'attribuer soit à M. Antonini, soit aux médecins de l'expédition française de Morée. Voici ce que M. Antonini a écrit en 1833 : " En beaucoup de cas, nous avons dû recourir aux fébrifuges â la première lueur de l'intermittence, ne reconnaissant comme préparations convenables que celles qui peuvent le plus sûrement rendre cette intermittence complète, en éteignant les phlegmasies persistantes, susceptibles de s'y opposer... Notre embarras devenait plus grand lorsqu'il n'y avait que rémittence ou subintrance. A l'imitation du plus grand nombre de praticiens, suivant en particulier l'exemple de Torti, c'est au déclin du paroxysme, qui peut ne laisser qu'un intervalle très court et détruire bientôt toute ressource en se renouvelant, que nous nous décidions à le prescrire, ne nous laissant arrêter par aucune préoccupation, et sachant bien que la perte d'un seul moment précieux peut être alors plus funeste que les inflammations que l'on a raison de redouter ; ces inflammations, d'ailleurs, cèdent presque toujours, comme par enchantement, alors même qu'on ne mesure plus les doses des fébrifuges que d'après l'imminence du danger que signale la violence de la prostration. "

       En 1834, j'insérais dans le Journal hebdomadaire des Progrès des Sciences et Institutions médicales un travail où se trouvent déjà exposées les propositions que je formulai, en 1835, d'une manière bien plus large, bien plus ferme dans mes Recherches sur les fièvres intermittentes et, en 1836, dans mon Traité des fièvres intermittentes. En 1835, je disais, page 17 : " Je me déterminai donc à donner avec hardiesse le sulfate de quinine dans tous les cas d'affections continues, sans attendre l'établissement soit d'une rémittence, soit d'une intermittence qui n'était qu'instantanée lorsqu'on réussissait à les obtenir (p. 39). Ainsi, comme on le voit, j'en étais venu à donner le sulfate de quinine lorsque la réaction était encore dans toute sa force, lorsque les symptômes de gastro-entérite étaient dans toute leur violence. "

       En 1836 : " Nous verrons qu'on arrive à ce résultat en prescrivant le sulfate de quinine, en même temps que l'on combat les irritations viscérales par les déplétions sanguines, et sans chercher à obtenir soit une intermittence, soit une rémittence, que, le plus souvent, on attendrait en vain (p. 170). Voilà comment, pour mon propre compte, pratiquant là médecine antiphlogistique pure à mon arrivée en Corse, je suis venu progressivement à croire fermement qu'il faut, dans les cas dont je parle, administrer le sulfate de quinine à haute dose aussitôt, pour ainsi dire, qu'on approche le malade (p. 207)... e^(p. 293) dans tous les cas, sans attendre jamais, pour le faire, des signes de rémittence... Je ne me lasserai pas d'insister sur ces faits, parce que je les crois de la plus haute importance. Je sais qu'ils contrastent avec les opinions reçues; mais, en les rejetant, en les dénaturant, en éludant ou en faussant les conséquences qu'ils fournissent, on adoptera une médication fondée sur d'autres principes ; et alors la plupart de ces gastro-céphalites deviendront typhoïdes ou bien seront accompagnées de paroxysmes pernicieux. " (Page 338.)
       En rapprochant de ces propositions les paroles de M. Antonini, on voit de suite l'intervalle qui nous sépare et la distance que j'ai laissée entre sa médication et la mienne. Ce n'est donc ni dans sa pratique, ni dans ses opinions médicales que j'ai puisé ce que j'ai écrit sur la pathogénie et sur la thérapeutique des fièvres pseudo-continues.

       On a dit aussi que j'avais été, sur ce point, devancé par les médecins qui ont écrit sur les maladies de la Morée pendant l'expédition de 1828. M. Lévy a, le premier, jeté en avant cette idée ; il s'en est fait l'ardent propagateur; il y revient toujours, et partout, avec une complaisance vraiment extraordinaire. C'est à M. Raymond Faure qu'il veut, à tout prix, en faire les honneurs. Citons donc textuellement ce que dit ce dernier sur l'administration du sulfate de quinine :

       " Nous affirmons, sans trop vouloir l'expliquer, que le sulfate de quinine et l'infusion de quinquina sont les remèdes dont nous retirons, chaque jour, le plus d'avantages contre les fièvres intermittentes simples ou pernicieuses et même contre les rémittentes, qui offrent parfois un véritable caractère adynamique. Nous pensons que les symptômes, d'affection locale doivent être négligés jusqu'à un certain point, pour ne s'occuper que du traitement général, et que, pour peu qu'une maladie qui a été continue offre d'intermittence, il faut renoncer à ces remèdes sans perdre de temps. Je n'ai été arrêté en cela ni par la sécheresse, ni par la couleur brune de la langue, et récemment encore j'ai eu lieu de me féliciter d'en avoir agi ainsi. "
       J'ai souligné les mots par lesquels M. Faure exprime les conditions qu'il demande pour administrer le sulfate de quinine : c'est réduire à néant les prétentions que l'on a élevées en faveur de cet honorable médecin, prétentions qu'il ne saurait avoir en présence des lignes qu'il a tracées.

       Quant à MM. Roux et Pallas, qui ont aussi écrit sur ces maladies de la Morée, je vois que M. Pallas pose aussi pour l'administration du sulfate de quinine les règles contre lesquelles je m'élève ; il dit! : " Mais toutes les époques de la maladie ne sont pas également favorables à l'administration du sulfate de quinine ; il faut saisir le premier moment où l'estomac est le moins irrité et lorsque l'irritation de cet organe n'est plus que sympathique de la maladie principale, ou encore lorsque la gastro-entéro-céphalite présente des exacerbations qui sont séparées par des rémissions plus ou moins marquées ; c'est pendant la rémission que le révulsif antipériodique doit être administré par l'estomac."

       Quant à M. Roux, il n'a rien précisé, rien formulé à cet égard, et il ne pouvait le faire, attendu qu'il ne traitait pas de malades.
       Tel est le véritable état de cette question de priorité, que je n'ai pas soulevée (qu'on le remarque bien !), et que je n'aurais pas eu à discuter aujourd'hui si, lorsque j'ai publié mes idées sur ce sujet, je ne m'étais dit, avec Voulonne : " D'abord, commençons par lui ôter la tache de la nouveauté ; " car, en cette matière, comme en quelques autres, " le pire est d'inventer. "
       Si l'on tient à trouver des idées analogues aux miennes, il faut aller les chercher chez les Anciens; et encore on verra que Torti lui-même, entraîné par ses théories, n'a pas posé de règles aussi absolues que les miennes sur la nécessité de recourir, immédiatement et à haute dose, aux préparations de quinquina, dans le traitement de ses fièvres subcontinues.

       Résumant, au point de vue pratique, les corollaires renfermés dans les faits que nous venons d'étudier et d'apprécier, je me crois autorisé à regarder comme chose démontrée :
       1° Qu'il est impossible de ranger toutes les fièvres à quinquina dans les deux catégories de fièvres dites intermittentes et rémittentes;
       2° Qu'il faut absolument faire une classe distincte de celles de ces fièvres qui prennent la forme de la continuité et auxquelles, en raison de cette marche, on pourra donner soit le nom de fièvres pseudo-continues, soit celui de fièvres continues à quinquina, ou tout autre qui rappellera leurs caractères essentiels ;
       3° Que ces fièvres doivent être attaquées par les préparations de quinquina, dès leur principe, et lorsqu'elles ont encore la forme continue;
       4° Enfin, qu'il est dangereux d'attendre pour les traiter par les fébrifuges qu'elles revêtent les formes ou intermittente ou rémittente.


A SUIVRE

LE CHÊNE
par Lamartine
Envoyé par Bartolini


         Lamartine l'écrivit à Florence en 1826. Le chêne est pour lui le symbole de toute vie, que l'on ne peut expliquer que par l'action de Dieu.

Voilà ce chêne solitaire
Dont le rocher s'est couronné :
Parlez à ce tronc séculaire,
Demandez comment il est né.

Un gland tombe de l'arbre et roule sur la terre;
L'aigle à la serre vide, en quittant les vallons,
S'en saisit en jouant et l'emporte à son aire
Pour aiguiser le bec de ses jeunes aiglons;
Bientôt du nid désert qu'emporte la tempête
Il roule, confondu dans les débris mouvants,
Et sur la roche nue un grain de sable arrête
Celui qui doit un jour rompre l'aile des vents.

L'été vient, l'aquilon soulève
La poudre des sillons, qui pour lui n'est qu'un jeu,
Et sur le germe éteint où couve encor la sève
En laisse retomber un peu.
Le printemps, de sa tiède ondée,
L'arrose comme avec la main;
Cette poussière est fécondée,
Et la vie y circule enfin.

La vie! A ce seul mot tout oeil, toute pensée,
S'inclinent confondus et n'osent pénétrer;
Au seuil de l'infini c'est la borne placée,
Où la sage ignorance et l'audace insensée
Se rencontrent pour adorer!

Il vit, ce géant des collines;
Mais, avant de paraître au jour,
Il se creuse avec ses racines
Des fondements comme une tour.
Il sait quelle lutte s'apprête,
Et qu'il doit contre la tempête
Chercher sous la terre un appui;
Il sait que l'ouragan sonore
L'attend au jour... ou, s'il l'ignore,
Quelqu'un du moins le sait pour lui.,

Ainsi quand le jeune navire
Où s'élancent les matelots,
Avant d'affronter son empire,
Veut s'apprivoiser sur les flots,
Laissant filer son vaste câble,
Son ancre va chercher le sable
Jusqu'au fond des vallons mouvants,
Et sur ce fondement mobile
Il balance son mât fragile
Et dort au vain roulis des vents.

Il vit! Le colosse superbe
Qui couvre un arpent tout entier
Dépasse à peine le brin d'herbe
Que le moucheron fait plier.

Mais sa feuille boit la rosée,
Sa racine fertilisée
Grossit comme une eau dans son cours,
Et dans son coeur qu'il fortifie
Circule un sang ivre de vie
Pour qui les siècles sont des jours.

Les sillons où les blés jaunissent,
Sous les pas changeants des saisons
Se dépouillent et se vêtissent
Comme un troupeau de ses toisons;
Le fleuve naît, gronde et s'écoule;
La tour monte, vieillit, s'écroule;
L'hiver effeuille le granit;
Des générations sans nombre
Vivent et meurent sous son ombre :
Et lui? voyez, il rajeunit!

Son tronc que l'écorce protège,
Fortifié par mille noeuds,
Pour porter sa feuille ou sa neige
S'élargit sur ses pieds noueux;
Ses bras, que le temps multiplie,
Comme un lutteur qui se replie
Pour mieux s'élancer en avant,
Jetant leurs coudes en arrière,
Se recourbent dans la carrière
Pour mieux porter le poids du vent.

Et son vaste et pesant feuillage,
Répandant la nuit alentour,
S'étend, comme un large nuage,
Entre la montagne et le jour;
Comme de nocturnes fantômes,
Les vents résonnent dans ses dômes;
Les oiseaux y viennent dormir,
Et pour saluer la lumière
S'élèvent comme une poussière
Si sa feuille vient à frémir.

La nef, dont le regard implore
Sur les mers un phare certain,
Le voit, tout noyé dans l'aurore,
Pyramider dans le lointain.
Le soir fait pencher sa grande ombre
Des flancs de la colline sombre

Jusqu'au pied des derniers coteaux.
Un seul des cheveux de sa tête
Abrite contre la tempête
Et le pasteur et les troupeaux.

Et pendant qu'au vent des collines
Il berce ses toits habités,
Des empires dans ses racines,
Sous son écorce des cités;
Là, près des ruches des abeilles,
Arachné tisse ses merveilles,
Le serpent siffle, et la fourmi
Guide à des conquêtes de sables
Ses multitudes innombrables
Qu'écrase un lézard endormi.

Et ces torrents d'âme et de vie,
Et ce mystérieux sommeil,
Et cette sève rajeunie
Qui remonte avec le soleil,
Cette intelligence divine
Qui pressent, calcule, devine
Et s'organise pour sa fin;
Et cette force qui renferme
Dans un gland le germe du germe.
D'êtres sans nombres et sans fin;

Et ces mondes de créatures
Qui, naissant et vivant de lui,
Y puisent être et nourritures
Dans les siècles comme aujourd'hui :
Tout cela n'est qu'un gland fragile
Qui tombe sur le roc stérile
Du bec de l'aigle ou du vautour;
Ce n'est qu'une aride poussière
Que le vent sème en sa carrière
Et qu'échauffe un rayon du jour!

Et moi, je dis : Seigneur, c'est toi seul; c'est ta force,
Ta sagesse et ta volonté,
Ta vie et ta fécondité,
Ta prévoyance et ta bonté!
Le ver trouve ton nom gravé sous son écorce,
Et mon oeil dans sa masse et son éternité!
Lamartine - 1826      



NOS BUVARDS D'ANTAN
Envoyé par M. Jean Pierre PEYRAT

Source : collection personnelle de M. J.P. PEYRAT



NOTES
Bulletin de l'Algérie
N° 3, janvier 1856

DE LA FABRICATION DE L'ALCOOL
AU MOYEN DE L'ASPHODÈLE ET DES GLANDS DOUX.

      Depuis sa séance de rentrée, la Société d'encouragement pour l'industrie nationale, présidée par M. Dumas, a reçu de M. Duplat, pharmacien en chef de l'hôpital militaire de Blidah, deux notes importantes sur ce sujet.
      La fabrication de l'alcool au moyen de l'asphodèle a, depuis une année ou deux, éveillé l'attention générale, et l'on a fondé sur cette production de grandes espérances. L'asphodèle est une plante rameuse, d'une hauteur d'un mètre environ, et dont la racine est formée par sept ou huit bulbes, qui l'ont fait ranger dans la famille des liliacées; il croît généralement dans les pays chauds, et, végétant à l'état sauvage, recouvre des landes immenses, que l'on rencontre surtout en Espagne, en Algérie, en Sardaigne, dans le midi de la France et même en Bretagne. Il y a déjà longtemps, l'on découvrit que les tubercules de l'asphodèle, soumis à la fermentation, puis distillés, fournissaient de l'alcool en très grande abondance. Lorsque, il y a trois ans, la disette des vins fit augmenter d'une façon si subite et si factieuse le prix des alcools, des colons algériens eurent l'idée d'appliquer cette découverte à la fabrication de l'alcool d'asphodèle. Cette application eut le plus grand succès, et bientôt, non seulement en Algérie, mais encore dans les autres contrées que nous venons de citer, cette plante fournit d'assez grandes quantités d'alcool, qui arrivèrent sur les marchés.

      Frappé de l'importance que pouvait présenter pour l'Algérie ce débouché nouveau et imprévu, le ministre de la guerre pria M. Dumas d'examiner cet alcool, et l'on se rappelle encore le rapport publié à ce sujet par l'illustre chimiste. M. Dumas, par tous les procédés que la science met à notre disposition, reconnut la pureté de ce liquide, qu'il trouva préférable à beaucoup d'échantillons d'alcool du nord; mais, comme il le fit bien remarquer, cette pureté ne prouvait pas grand chose. La question principale résidait dans le rendement et surtout dans le prix de revient; aussi, s'il put aisément déterminer la valeur de l'alcool, ne pu t-il préjuger quel serait l'avenir de cette industrie.
      Depuis lors, plusieurs personnes se sont occupées de cette question. Citons l'intéressant travail dans lequel MM. Clerget et Jacquelain annoncent n'avoir trouvé dans les tubercules ni sucre ni fécule, et par suite ignorer corn piétement l'origine de l'alcool, travail d'un haut intérêt et dont la continuation est bien désirable. Nous nous rappelons également avoir lu une intéressante notice de M. Chevalier fils sur ce sujet. Le mémoire de M. Duplat vient, à la suite de ces travaux, nous apporter de nouveaux renseignements.

      Dans les tubercules naturels et non séchés, M. Duplat trouve du sucre, du glucose, et il en trouve 20%, différant essentiellement, en cela, avec MM. Clerget et Jacquelain. En présence de deux assertions aussi contradictoires, il est impossible de se prononcer : mieux vaut attendre. Selon M. Duplat, le procédé suivi jusqu'à ce jour en Algérie a consisté à laver et écraser les bulbes, puis à les abandonner à elles-mêmes, la fermentation se produisant naturellement et sans addition de levure. Ce procédé, très imparfait, ne produisait, par 100 kilos de jus, représentant 300 kilos de bulbes, que huit litres d'alcool à 33°, soit, environ deux litres et demi par 100 kilos de bulbes. Le produit distillé était, en outre, âcre et nauséabond, à cause des huiles essentielles qu'il avait entraînées. M. Duplat propose une autre méthode, qui, dans ses expériences, lui a donné d'excellents résultats. Au lieu de broyer les bulbes immédiatement, il commence par les faire cuire dans l'eau bouillante, les broie ensuite et les mélange avec de la levure de bière, après avoir étendu le tout d'une assez grande quantité d'eau. La fermentation s'établit rapidement, elle dure quarante-huit heures environ, et s'effectue d'une manière complète. Le rendement en alcool est, dans ces circonstances, de cinq litres par 100 kilos. D'asphodèle. Nous devons remarquer ici que M. Clerget a, dans ses expériences, obtenu un rendement bien plus considérable. Nous ajouterons, en outre, que M. Duplat dit employer, pour la fermentation, 8 kilos de levure de bière par 100 kilos de tubercule; cette quantité nous semble énorme, et nous ne pouvons en comprendre l'emploi.

      Quoi qu'il en soit, la fabrication de l'alcool d'asphodèle existe aujourd'hui. Reste à savoir quel peut être son avenir.
      Jusqu'ici, cette fabrication a pris comme matière première des plantes âgées déjà et croissant à l'état sauvage. En considérant la question à ce point de vue d'abord, cette fabrication offre un désavantage, que fait remarquer M. Duplat. Comme toutes les plantes qui croissent sans culture, l'asphodèle est disséminé sur de vastes espaces, et lorsque l'usine, établie à point fixe, aura absorbé les nombreux tubercules qu'elle rencontrera dans un certain rayon, il lui faudra en aller chercher d'autres au loin; peut-être alors sera-t-il à craindre que le prix de transport n'enlève une bonne partie des bénéfices. Le seul moyen de parer à cet inconvénient serait, sans doute, l'emploi d'appareils portatifs, servant à une fabrication nomade.
      Que si, pour éviter cette difficulté, l'on entreprend la culture de l'asphodèle, la lenteur avec laquelle se développent ses tubercules, qui demandent trois années pour venir à grosseur, sera peut-être un nouvel obstacle. C'est là, du reste, une question entièrement neuve, et dont les producteurs qui, jusqu'ici, ont trouvé dans les asphodèles sauvages une matière première suffisante, ne se sont nullement préoccupés. Si donc l'on s'en rapporte aux renseignements acquis jusqu'à ce jour, on peut croire que la fabrication de l'alcool d'asphodèle, précieuse ressource dans les années de disette d'alcools, comme celles que nous venons de traverser, ne semble pas pouvoir, dans les années ordinaires, entrer en lutte avec la fabrication normale de l'esprit-de-vin.
      Du reste, la science industrielle est loin d'avoir dit son dernier mot sur cette question; de nouvelles études sont nécessaires; espérons qu'elles seront entreprises et donneront de bons résultais.
      La deuxième note de M. Duplat offre un moins grand intérêt au point de vue industriel; elle se rapporte au traitement des glands doux des chênes qui couvrent les montagnes de l'Atlas. M. Duplat en a retiré d'abord, par la macération dans l'eau bouillante, une huile grasse, qu'il compare à l'huile d'arachides, puis, par la fermentation et par la distillation, une quantité d'alcool assez considérable; mais, malgré ces recherches, nous ne croyons pas qu'il y ait là matière à une industrie sérieuse; il est d'ailleurs à notre connaissance que d'éminents chimistes ont cherché, l'année dernière, à utiliser, dans ce but, les glands de notre pays, et que, malgré la facilité avec laquelle s'opère la saccharification, ils ont dû reconnaître que ce n'était pas une exploitation possible.

M. DUPLAT
Pharmacien en chef de l'hôpital militaire de Blidah,


LE CORBEAU ET LE RENARD
(Version Marseillaise)
Envoyé Par Rémy


          C était un beau gabian, qui furait les poubelles,
          Car y a plus de poissons au large de Pomègues.
          Il espinche et mate, à la pointe de l ' île,
          Dans un trou de rocher, un moulon de bordilles.

          A l ' espère, dès l'aube, affamé, fracassé,
          Il se cherche un asseti pour pouvoir mastéguer.
          En fouillant dans le tas, son oeil est attiré,
          Par un toc de Banon, qui sert à broméger.

          Hélas, il était dur et à l ' intérieur vide,
          Je peux bien se dit-il me gratter l ' embouligue,
          Et comme l ' on dit: « qui a bien dormi a dîné »,
          Il monte dans un pin pour faire un pénéqué.

          Arrive un cahu, fin comme une esquinade,
          Qui avait les boyaux mêlés comme une rague.
          En découvrant l oiseau et son toc de fromage,
          Aquelo empego, dit-il, cela est bien dommage,
          Je pourrais bien me faire péter le bédélé,
          Moi, qui n ai jamais su pêcher un pataclé.

          Ô gari ? Chaspe moi, à moins que je ne rêve,
          Car de te voir ainsi, les yeux me parpelègent,
          Tu es vraiment le plus beau de Marseille à Cassis,
          Si je ne t ' avais vu, je serais mort d'estransi,
          Si tu chantes aussi bien que ta robe est jolie,
          Mes esgourdes croiront ouïr Pavarotti.

          Le gabian sur sa branche, de rire s'estrasse,
          Aquêu cabot, qui pour manger s'escagasse,
          J 'ai aussi faim que lui et voudrais bien chacler,
          Mais au lieu de baffrer, je vais bien m'esclaffer.
          Il lâche le banon que le stassi achoppe,
          Comme un cacou d'Endoume qui frotte sa minotte,
          Et part en cavalant, comme un petit boumian,
          Qui a chipé vingt ronds au bain des Catalans.

          Moralité.
          Si un jour, par un nervi, tu te fais pessuguer,
          Ne soit pas le couillon qui est toujours aganté.
          Tu bromèges un peu comme avec les girelles,
          Et tu attends que ça pite, pescadou de Marseille !


L’appel du 18 juin ou
l’histoire d’une imposture

Envoyé Par M. A. Algudo

Le 18 Juin 2010 va être célébré le 70ème anniversaire du célèbre appel de Londres de Charles de Gaulle. Or la version officielle, qui va être lue à la BBC, est un faux, comme le démontre le général d’aviation Le Groignec, compagnon de Saint-Exupéry, dans son livre paru en 2004 « Philippiques contre les Mémoires gaulliens.» (Nouvelles Editions latines)

Le texte prétendu être celui de l’appel du 18 Juin commence par cette phrase :

« Des gouvernants de rencontre ont pu capituler, cédant à la panique, oubliant l’honneur, livrant le pays à la servitude. Cependant rien n’est perdu …. »

Or, historiquement, Charles De Gaulle n’a pu prononcer cette phrase insultante pour le Maréchal Pétain et le général Weygand pour les deux raisons suivantes :

1° A cette date du 18 juin 1940, ces « gouvernants de rencontre » n’avaient pu capituler, car non seulement l’armistice n’était pas signé, mais les plénipotentiaires français n’avaient pu encore rejoindre les lignes allemandes étant donné les difficultés des communications. Cet armistice ne sera signé que le 22 juin avec l’Allemagne, et le 24 juinavec l’Italie. Par ailleurs on ne peut confondre armistice et capitulation. L’armistice est un acte politique, une suspension d’armes où le vaincu peut négocier certaines conditions, c’est le contraire d’une capitulation où le vaincu doit se soumettre sans condition au vainqueur, ce à quoi De Gaulle a consenti le 19 mars 1962 en capitulant devant le FLN, ennemi vaincu sur le terrain, pour se débarrasser du « boulet algérien ». En demandant un armistice, la France demande et obtient, le 22 juin 1940, que ni la marine, ni l’Afrique française, ne soit livrées à l’ennemi, qu’un tiers du pays reste en zone libre, et que Lyon et Clermont Ferrant soient évacués par l’armée allemande. En cas de capitulation il y aurait eu  deux millions de prisonniers de plus, et tout le territoire aurait été occupé : les Allemands, en effet, avaient atteint Valence et se trouvaient à une étape de Marseille lorsque l’armistice a été signé.

2° Devant l’échec total de cet « appel du 18 Juin » auquel n’avait répondu aucun chef militaire de l’armée, de la marine ou de l’aviation, notamment aucun officier de la division que Charles De Gaulle commandait devant Arras en mai 1940 (suprême affront !) aucun homme politique, aucun diplomate français accrédité à Londres ou dans une autre capitale étrangère , aucun gouverneur ou responsable des colonies de l’Afrique française, aucun ministre résidant dans les pays sous protectorat ou sous mandat.

Charles De Gaulle va s’affoler, car il se trouve désormais à Londres complètement isolé, en rupture de ban, sans mission officielle. En effet, la guerre continue et le gouvernement français le somme de rentrer en France, sous peine d’être jugé comme déserteur. Alors de Gaulle écrit au général Weygand la lettre suivante à la date du 20 juin 1940 :

Londres le 20 Juin 1940
Mon Général,
J’ai reçu votre ordre de rentrer en France. Je me suis donc tout de suite enquis du moyen de le faire car je n’ai, bien entendu, aucune autre résolution que de servir en combattant….. (MEMOIRES DE GUERRE) Charles de Gaulle- Edition PLON 1954 - tome I – page 269)

Depuis 1958, cette lettre est dans les livres scolaires, car incompatible avec la légende, avec l’Histoire de France revue et corrigée par la falsification gaulliste, en vigueur encore aujourd’hui.

La suite reste entourée de mystère. Car de Gaulle ne dispose à cette date d’aucun moyen de transport pour rejoindre Bordeaux où siège le gouvernement français. Il est probable que Churchill, qui venait de rompre avec la France, refusa de lui donner un avion pour que de Gaulle rentre en France.

La dissidence de la « France Libre » est donc née sous la contrainte de l’Angleterre, vérité que s’efforce de masquer l’imposture de la version  officielle actuelle.

Si de Gaulle avait pu rejoindre Bordeaux, comme il en avait manifesté l’intention le 20 Juin 1940, il n’y aurait probablement jamais eu ni de saga, ni de fabulation gaulliste.

En effet, quand un officier français écrit une telle lettre pleine de déférence et d’esprit de discipline à son supérieur hiérarchique le 20 juin 1940, il ne peut être le même que celui qui aurait déclaré le 18 juin, deux jours avant, au micro de Londres, parlant du même supérieur, que ce dernier appartenait à « un gouvernement de rencontre qui a capitulé, cédant à la panique, oubliant l’honneur, livrant le pays à la servitude ».

C’est pourtant ce faux, fabriqué après coup, qui est répandu dans tous les livres scolaires depuis 1958, qui est inscrit dans le marbre au 4 Carlton Garden à Londres, et que nous allons entendre dire et répéter des milliers de fois lors de la célébration officielle du mythe de l’Appel du 18 Juin 1940, pour continuer à entretenir le mensonge de la légende gaullienne de l’homme providentiel.

                     Jean-Marie AVELIN                                 Alain ALGUDO

                                 Président                                             Vice-président

Et l’équipe de VERITAS


" L'ESCLAVAGE "
                                         Envoyé par M. J.P. Lledo                                       

L'histoire oubliée des Blancs
réduits en esclavage

Les Blancs ont oublié ce dont les Noirs se souviennent

Robert C. Davis, Christian Slaves, Muslim Masters: White Slavery in the Mediterranean, the Barbary Coast, and Italy, 1500-1800, Palgrave Macmillan, 2003, 246 pages, 35 dollars US.

Présenté par Thomas Jackson

          Dans son exposé instructif sur l'esclavage barbaresque, Robert C. Davis remarque que les historiens américains ont étudié tous les aspects de l'esclavage des Africains par les Blancs mais ont largement ignoré l'esclavage des Blancs par les Nord-Africains. Christian Slaves, Muslim Masters [Esclaves chrétiens, maîtres musulmans] est un récit soigneusement documenté et clairement écrit de ce que le Prof. Davis nomme «l'autre esclavage», qui s'épanouit durant approximativement la même période que le trafic trans-atlantique, et qui dévasta des centaines de communautés côtières européennes. Dans la pensée des Blancs d'aujourd'hui, l'esclavage ne joue pas du tout le rôle central qu'il joue chez les Noirs, mais pas parce qu'il fut un problème de courte durée ou sans importance. L'histoire de l'esclavage méditerranéen est, en fait, aussi sombre que les descriptions les plus tendancieuses de l'esclavage américain. Le Prof. Davis, qui enseigne l'histoire sociale italienne à l'Université d'Etat de l'Ohio, projette une lumière perçante sur ce coin fascinant mais négligé de l'histoire.

Un commerce en gros

          La côte barbaresque, qui s'étend du Maroc à la Libye moderne, fut le foyer d'une industrie florissante de rapt d'êtres humains depuis 1500 jusqu'à 1800 environ. Les grandes capitales esclavagistes étaient Salé au Maroc, Tunis, Alger et Tripoli, et pendant la plus grande partie de cette période les marines européennes étaient trop faibles pour opposer plus qu'une résistance symbolique.
          Le trafic trans-atlantique des Noirs était strictement commercial, mais pour les Arabes, les souvenirs des Croisades et la fureur d'avoir été expulsés d'Espagne en 1492 semblent avoir motivé une campagne de rapt de chrétiens, ressemblant presque à un djihad. «Ce fut peut-être cet aiguillon de la vengeance, opposé aux marchandages affables de la place du marché, qui rendit les esclavagistes islamiques tellement plus agressifs et initialement (pourrait-on dire) plus prospères dans leur travail que leurs homologues chrétiens», écrit le Prof. Davis. Pendant les XVIe et XVIIe siècles, plus d'esclaves furent emmenés vers le sud à travers la Méditerranée que vers l'ouest à travers l'Atlantique. Certains furent rendus à leurs familles contre une rançon, certains furent utilisés pour le travail forcé en Afrique du Nord, et les moins chanceux moururent à la tâche comme esclaves sur les galères.
          Ce qui est le plus frappant concernant les raids esclavagistes barbaresques est leur ampleur et leur portée. Les pirates kidnappaient la plupart de leurs esclaves en interceptant des bateaux, mais ils organisaient aussi d'énormes assauts amphibies qui dépeuplèrent pratiquement des parties de la côte italienne. L'Italie était la cible la plus appréciée, en partie parce que la Sicile n'est qu'à 200 km de Tunis, mais aussi parce qu'elle n'avait pas de gouvernement central fort qui aurait pu résister à l'invasion.
          De grands raids ne rencontraient souvent aucune résistance. Quand les pirates mirent à sac Vieste dans le sud de l'Italie en 1554, par exemple, ils enlevèrent un total stupéfiant de 6.000 captifs. Les Algériens enlevèrent 7.000 esclaves dans la baie de Naples en 1544, un raid qui fit tellement chuter le prix des esclaves qu'on disait pouvoir «troquer un chrétien pour un oignon». L'Espagne aussi subit des attaques de grande ampleur. Après un raid sur Grenade en 1556 qui rapporta 4.000 hommes, femmes et enfants, on disait qu'il «pleuvait des chrétiens sur Alger». Pour chaque grand raid de ce genre, il a dû y en avoir des douzaines de plus petits.

          L'apparition d'une grande flotte pouvait faire fuir toute la population à l'intérieur des terres, vidant les régions côtières. En 1566, un groupe de 6.000 Turcs et corsaires traversa l'Adriatique et débarqua à Fracaville (Francavilla al mare ; Province d Chieti ; Abruzzes). Les autorités ne purent rien faire, et recommandèrent l'évacuation complète, laissant aux Turcs le contrôle de plus de 1300 kilomètres carrés de villages abandonnés jusqu'à Serracapriola (Abruzzes).
          Quand les pirates apparaissaient, les gens fuyaient souvent la côte pour aller dans la ville la plus proche, mais le Prof. Davis explique que ce n'était pas toujours une bonne stratégie: «Plus d'une ville de taille moyenne, bondée de réfugiés, fut incapable de soutenir un assaut frontal par plusieurs centaines de corsaires, et le reis [capitaine des corsaires] qui aurait dû autrement chercher les esclaves par quelques douzaines à la fois le long des plages et dans les collines, pouvait trouver un millier ou plus de captifs opportunément rassemblés en un seul endroit pour être pris.»
          Les pirates revenaient encore et encore pour piller le même territoire. En plus d'un bien plus grand nombre de petits raids, la côte calabraise subit les déprédations suivantes, de plus en plus graves, en moins de dix ans: 700 personnes capturées en un seul raid en 1636, un millier en 1639 et 4.000 en 1644. Durant les XVIe et XVIIe siècles, les pirates installèrent des bases semi-permanentes sur les îles d'Ischia et de Procida, presque dans l'embouchure de la baie de Naples, d'où ils faisaient leur choix de trafic commercial.
          Quand ils débarquaient sur le rivage, les corsaires musulmans ne manquaient pas de profaner les églises. Ils dérobaient souvent les cloches, pas seulement parce que le métal avait de la valeur mais aussi pour réduire au silence la voix distinctive du christianisme.
          Dans les petits raids plus fréquents, un petit nombre de bateaux opéraient furtivement, tombant sur les établissements côtiers au milieu de la nuit de manière à attraper les gens «paisibles et encore nus dans leur lit». Cette pratique donna naissance à l'expression sicilienne moderne, pigliato dai turchi, «pris par les Turcs», ce qui veut dire être attrapé par surprise en étant endormi ou affolé.
          La prédation constante faisait un terrible nombre de victimes. Les femmes étaient plus faciles à attraper que les hommes, et les régions côtières pouvaient rapidement perdre toutes leurs femmes en âge d'avoir des enfants. Les pêcheurs avaient peur de sortir, ou ne prenaient la mer qu'en convois. Finalement, les Italiens abandonnèrent une grande partie de leurs côtes. Comme l'explique le Prof. Davis, à la fin du XVIIe siècle «la péninsule italienne avait alors été la proie des corsaires barbaresques depuis deux siècles ou plus, et ses populations côtières s'étaient alors en grande partie retirées dans des villages fortifiés sur des collines ou dans des villes plus grandes comme Rimini, abandonnant des kilomètres de rivages autrefois peuplés aux vagabonds et aux flibustiers».

          C'est seulement vers 1700 que les Italiens purent empêcher les raids terrestres spectaculaires, bien que la piraterie sur les mers continuât sans obstacles. Le Prof. Davis pense que la piraterie conduisit l'Espagne et surtout l'Italie à se détourner de la mer et à perdre leurs traditions de commerce et de navigation, avec des effets dévastateurs: «Du moins pour l'Ibérie et l'Italie, le XVIIe siècle représenta une période sombre dont les sociétés espagnole et italienne émergèrent comme de simples ombres de ce qu'elles avaient été durant les époques dorées antérieures.»
          Certains pirates arabes étaient d'habiles navigateurs de haute mer, et terrorisèrent les chrétiens jusqu'à une distance de 1600 km. Un raid spectaculaire jusqu'en Islande en 1627 rapporta près de 400 captifs. Nous pensons que l'Angleterre était une redoutable puissance maritime dès l'époque de Francis Drake, mais pendant tout le XVIIe siècle, les pirates arabes opérèrent librement dans les eaux britanniques, pénétrant même dans l'estuaire de la Tamise pour faire des prises et des raids sur les villes côtières. En seulement trois ans, de 1606 à 1609, la marine britannique reconnut avoir perdu pas moins de 466 navires marchands britanniques et écossais du fait des corsaires algériens. Au milieu des années 1600, les Britanniques se livraient à un actif trafic trans-atlantique de Noirs, mais beaucoup des équipages britanniques eux-mêmes devenaient la propriété des pirates arabes.

La vie sous le fouet

          Les attaques terrestres pouvaient être très fructueuses, mais elles étaient plus risquées que les prises en mer. Les navires étaient par conséquent la principale source d'esclaves blancs. A la différence de leurs victimes, les navires corsaires avaient deux moyens de propulsion: les esclaves des galères en plus des voiles. Cela signifiait qu'ils pouvaient avancer à la rame vers un bateau encalminé et l'attaquer quand ils le voulaient. Ils portaient de nombreux drapeaux différents, donc quand ils naviguaient ils pouvaient arborer le pavillon qui avait le plus de chances de tromper une proie.
          Un navire marchand de bonne taille pouvait porter environ 20 marins en assez bonne santé pour durer quelques années dans les galères, et les passagers étaient habituellement bons pour en tirer une rançon. Les nobles et les riches marchands étaient des prises attractives, de même que les Juifs, qui pouvaient généralement rapporter une forte rançon de la part de leurs coreligionnaires. Les hauts dignitaires du clergé étaient aussi précieux parce que le Vatican payait habituellement n'importe quel prix pour les tirer des mains des infidèles.
          A l'approche des pirates, les passagers enlevaient souvent leurs beaux vêtements et tentaient de s'habiller aussi pauvrement que possible, dans l'espoir que leurs ravisseurs les rendraient à leur famille contre une rançon modeste. Cet effort était inutile si les pirates torturaient le capitaine pour avoir des informations sur les passagers. Il était aussi courant de faire déshabiller les hommes, à la fois pour rechercher des objets de valeur cousus dans leurs vêtements et pour voir si des Juifs circoncis ne s'étaient pas déguisés en chrétiens.
          Si les pirates étaient à court d'esclaves pour les galères, ils pouvaient mettre certains de leurs captifs au travail immédiatement, mais les prisonniers étaient généralement mis dans la cale pour le voyage de retour. Ils étaient entassés, pouvant à peine bouger dans la saleté, la puanteur et la vermine, et beaucoup mouraient avant d'atteindre le port.

          Dès l'arrivée en Afrique du Nord, c'était la tradition de faire défiler les chrétiens récemment capturés dans les rues, pour que les gens puissent se moquer d'eux et que les enfants puissent les couvrir d'ordures. Au marché aux esclaves, les hommes étaient obligés de sautiller pour prouver qu'ils n'étaient pas boiteux, et les acheteurs voulaient souvent les faire mettre nus pour voir s'ils étaient en bonne santé. Cela permettait aussi d'évaluer la valeur sexuelle des hommes comme des femmes; les concubines blanches avaient une valeur élevée, et toutes les capitales esclavagistes avaient un réseau homosexuel florissant. Les acheteurs qui espéraient faire un profit rapide avec une forte rançon examinaient les lobes d'oreilles pour repérer des marques de piercing, ce qui était une indication de richesse. Il était aussi habituel de regarder les dents d'un captif pour voir s'il pourrait survivre à un dur régime d'esclave.
          Le pacha ou souverain de la région recevait un certain pourcentage d'esclaves comme une forme d'impôt sur le revenu. Ceux-ci étaient presque toujours des hommes, et devenaient propriété du gouvernement plutôt que propriété privée. A la différence des esclaves privés, qui embarquaient habituellement avec leur maître, ils vivaient dans les bagnos ou «bains», ainsi que les magasins d'esclaves du pacha étaient appelés. Il était habituel de raser la tête et la barbe des esclaves publics comme une humiliation supplémentaire, dans une période où la tête et la pilosité faciale étaient une part importante de l'identité masculine.

          La plupart de ces esclaves publics passaient le reste de leur vie comme esclaves sur les galères, et il est difficile d'imaginer une existence plus misérable. Les hommes étaient enchaînés trois, quatre ou cinq par aviron, leurs chevilles enchaînées ensemble aussi. Les rameurs ne quittaient jamais leur rame, et quand on les laissait dormir, ils dormaient sur leur banc. Les esclaves pouvaient se pousser les uns les autres pour se soulager dans une ouverture de la coque, mais ils étaient souvent trop épuisés ou découragés pour bouger, et se souillaient là où ils étaient assis. Ils n'avaient aucune protection contre le brûlant soleil méditerranéen, et leur maître écorchait leur dos déjà à vif avec l'instrument d'encouragement favori du conducteur d'esclaves, un pénis de bœuf allongé ou «nerf de bœuf». Il n'y avait presque aucun espoir d'évasion ou de secours; le travail d'un esclave de galère était de se tuer à la tâche -- principalement dans des raids pour capturer encore plus de malheureux comme lui -- et son maître le jetait par-dessus bord au premier signe de maladie grave.
          Quand la flotte pirate était au port, les esclaves de galères vivaient dans le bagne et faisaient tout le travail sale, dangereux ou épuisant que le pacha leur ordonnait de faire. C'était habituellement tailler et traîner des pierres, draguer le port, ou les ouvrages pénibles. Les esclaves se trouvant dans la flotte du Sultan turc n'avaient même pas ce choix. Ils étaient souvent en mer pendant des mois d'affilée, et restaient enchaînés à leurs rames même au port. Leurs bateaux étaient des prisons à vie.

          D'autres esclaves sur la côte barbaresque avaient des travaux plus variés. Souvent ils faisaient du travail de propriétaire ou agricole du genre que nous associons à l'esclavage en Amérique, mais ceux qui avaient des compétences étaient souvent loués par leurs propriétaire. Certains maîtres relâchaient simplement leurs esclaves pendant la journée avec l'ordre de revenir avec une certaine quantité d'argent le soir sous peine d'être sévèrement battus. Les maîtres semblaient attendre un bénéfice d'environ 20% sur le prix d'achat. Quoi qu'ils faisaient, à Tunis et à Tripoli, les esclaves portaient habituellement un anneau de fer autour d'une cheville, et étaient chargés d'une chaîne pesant 11 ou 14 kg.
          Certains maîtres mettaient leurs esclaves blancs au travail dans des fermes loin à l'intérieur des terres, où ils affrontaient encore un autre péril: la capture et un nouvel esclavage par des raids de Berbères. Ces infortunés ne verraient probablement plus jamais un autre Européen pendant le reste de leur courte vie.
          Le Prof. Davis remarque qu'il n'y avait aucun obstacle à la cruauté: «Il n'y avait pas de force équivalente pour protéger l'esclave de la violence de son maître: pas de lois locales contre la cruauté, pas d'opinion publique bienveillante, et rarement de pression efficace de la part des Etats étrangers». Les esclaves n'étaient pas seulement des marchandises, ils étaient des infidèles, et méritaient toutes les souffrances qu'un maître leur infligeait.
          Le Prof. Davis note que «tous les esclaves qui vécurent dans les bagnos et qui survécurent pour écrire leurs expériences soulignèrent la cruauté et la violence endémiques pratiquées ici». La punition favorite était la bastonnade, par lequel un homme était mis sur le dos et ses chevilles attachées et suspendu par la taille pour être battu longuement sur la plante des pieds. Un esclave pouvait recevoir jusqu'à 150 ou 200 coups, qui pouvaient le laisser estropié. La violence systématique transformait beaucoup d'hommes en automates. Les esclaves chrétiens étaient souvent si abondants et si bon marché qu'il n'y avait aucun intérêt à s'en occuper; beaucoup de propriétaires les faisaient travailler jusqu'à la mort et achetaient des remplaçants.

          Le système d'esclavage n'était cependant pas entièrement sans humanité. Les esclaves recevaient habituellement congé le vendredi. De même, quand les hommes du bagno étaient au port, ils avaient une heure ou deux de temps libre chaque jour entre la fin du travail et avant que les portes du bagne ne soient fermées pour la nuit. Durant ce temps, les esclaves pouvaient travailler pour une paie, mais ils ne pouvaient pas garder tout l'argent qu'ils gagnaient. Même les esclaves du bagne étaient taxés d'une somme pour leurs logements sales et leur nourriture rance.
          Les esclaves publics contribuaient aussi à un fonds pour entretenir les prêtres du bagno. C'était une époque très religieuse, et même dans les plus horribles conditions, les hommes voulaient avoir une chance de se confesser et -- plus important -- de recevoir l'extrême-onction. Il y avait presque toujours un prêtre captif ou deux dans le bagno, mais pour qu'il reste disponible pour ses devoirs religieux, les autres esclaves devaient contribuer et racheter son temps au pacha. Certains esclaves de galères n'avaient donc plus rien pour acheter de la nourriture ou des vêtements, bien que durant certaines périodes des Européens libres vivant dans les villes barbaresques contribuaient aux frais d'entretien des prêtres des bagnos.

          Pour quelques-uns, l'esclavage devenait plus que supportable. Certains métiers -- en particulier celui de constructeur de navire -- étaient si recherchés qu'un propriétaire pouvait récompenser son esclave avec une villa privée et des maîtresses. Même quelques résidents du bagne réussirent à exploiter l'hypocrisie de la société islamique et à améliorer leur condition. La loi interdisait strictement aux musulmans de faire le commerce de l'alcool, mais était plus indulgente avec les musulmans qui le consommaient seulement. Des esclaves entreprenants établirent des tavernes dans les bagnes et certains eurent la belle vie en servant les buveurs musulmans.
          Une manière d'alléger le poids de l'esclavage était de «prendre le turban» et de se convertir à l'islam. Cela exemptait un homme du service dans les galères, des ouvrages pénibles, et de quelques autres brimades indignes d'un fils du Prophète, mais ne le faisait pas sortir de la condition d'esclave. L'un des travaux des prêtres des bagnes était d'empêcher les hommes désespérés de se convertir, mais la plupart des esclaves semblent ne pas avoir eu besoin de conseil religieux. Les chrétiens pensaient que la conversion mettrait leur âme en danger, et elle signifiait aussi le déplaisant rituel de la circoncision adulte. Beaucoup d'esclaves semblent avoir enduré les horreurs de l'esclavage en les considérant comme une punition pour leurs péchés et comme une épreuve pour leur foi. Les maîtres décourageaient les conversions parce qu'elles limitaient le recours aux mauvais traitements et abaissaient la valeur de revente d'un esclave.

Rançon et rachat

          Pour les esclaves, l'évasion était impossible. Ils étaient trop loin de chez eux, étaient souvent enchaînés, et pouvaient être immédiatement identifiés par leurs traits européens. Le seul espoir était la rançon.
          Parfois, la chance venait rapidement. Si un groupe de pirates avait déjà capturé tant d'hommes qu'il n'avait plus assez d'espace sous le pont, il pouvait faire un raid sur une ville et ensuite revenir quelques jours plus tard pour revendre les captifs à leurs familles. C'était généralement à un prix bien plus faible que celui du rançonnement de quelqu'un à partir de l'Afrique du Nord, mais c'était encore bien plus que des paysans pouvaient se le permettre. Les fermiers n'avaient généralement pas d'argent liquide, et pas de biens à part la maison et la terre. Un marchand était généralement prêt à les acquérir pour un prix modique, mais cela signifiait qu'un captif revenait dans une famille qui était complètement ruinée.
          La plupart des esclaves ne rachetaient leur retour qu'après être passés par l'épreuve du passage en pays barbaresque et de la vente à un spéculateur. Les riches captifs pouvaient généralement trouver une rançon suffisante, mais la plupart des esclaves ne le pouvaient pas. Les paysans illettrés ne pouvaient pas écrire à la maison et même s'ils le faisaient, il n'y avait pas d'argent pour une rançon.

          La majorité des esclaves dépendait donc de l'œuvre charitable des Trinitaires (fondé en Italie en 1193) et de celle des Mercedariens (fondé en Espagne en 1203). Ceux-ci étaient des ordres religieux établis pour libérer les Croisés détenus par les musulmans, mais ils transférèrent bientôt leur œuvre au rachat des esclaves détenus par les Barbaresques, collectant de l'argent spécifiquement dans ce but. Souvent ils plaçaient des boîtes à serrure devant les églises avec l'inscription «Pour la récupération des pauvres esclaves», et le clergé appelait les riches chrétiens à laisser de l'argent dans leurs vœux de rédemption. Les deux ordres devinrent des négociateurs habiles, et réussissaient habituellement à racheter les esclaves à des meilleurs prix que ceux obtenus par des libérateurs inexpérimentés. Cependant, il n'y avait jamais assez d'argent pour libérer beaucoup de captifs, et le Prof. Davis estime que pas plus de 3 ou 4% des esclaves étaient rançonnés en une seule année. Cela signifie que la plupart laissèrent leurs os dans les tombes chrétiennes sans marque en-dehors des murs des villes.

          Les ordres religieux conservaient des comptes précis de leurs succès. Les Trinitaires espagnols, par exemple, menèrent 72 expéditions de rachats dans les années 1600, comptant en moyenne 220 libérations chacune. Il était habituel de ramener les esclaves libérés chez eux et de les faire marcher dans les rues des villes dans de grandes célébrations. Ces défilés devinrent l'un des spectacles urbains les plus caractéristiques de l'époque, et avaient une forte orientation religieuse. Parfois les esclaves marchaient dans leurs vieux haillons d'esclaves pour souligner les tourments qu'ils avaient subis; parfois ils portaient des costumes blancs spéciaux pour symboliser la renaissance. D'après les archives de l'époque, beaucoup d'esclaves libérés ne se rétablissaient jamais complètement après leurs épreuves, particulièrement s'ils avaient passé beaucoup d'années en captivité.

Combien d'esclaves?

          Le Prof. Davis remarque que des recherches énormes ont été faites pour évaluer aussi exactement que possible le nombre de Noirs emmenés à travers l'Atlantique, mais qu'il n'y a pas eu d'effort semblable pour connaître l'ampleur de l'esclavage en Méditerranée. Il n'est pas facile d'obtenir un compte fiable -- les Arabes eux-mêmes ne conservaient généralement pas d'archives -- mais au cours de dix années de recherches le Prof. Davis a développé une méthode d'estimation.
          Par exemple, les archives suggèrent que de 1580 à 1680 il y a eu une moyenne de quelques 35.000 esclaves en pays barbaresque. Il y avait une perte régulière du fait des morts et des rachats, donc si la population restait constante, le taux de capture de nouveaux esclaves par les pirates devait égaler le taux d'usure. Il y a de bonnes bases pour estimer les taux de décès. Par exemple, on sait que sur les près de 400 Islandais capturés en 1627, il ne restait que 70 survivants huit ans plus tard. En plus de la malnutrition, de la surpopulation, de l'excès de travail et des punitions brutales, les esclaves subissaient des épidémies de peste, qui éliminaient généralement 20 ou 30% des esclaves blancs.

          Par un certain nombre de sources, le Prof. Davis estime donc que le taux de décès était d'environ 20% par an. Les esclaves n'avaient pas accès aux femmes, donc le remplacement se faisait exclusivement par des captures. Sa conclusion: «Entre 1530 et 1780, il y eut presque certainement un million et peut-être bien jusqu'à un million et un quart de chrétiens européens blancs asservis par les musulmans de la côte barbaresque». Cela dépasse considérablement le chiffre généralement accepté de 800.000 Africains transportés dans les colonies d'Amérique du Nord et, plus tard, dans les Etats-Unis.
          Les puissances européennes furent incapables de mettre fin à ce trafic. Le Prof. Davis explique qu'à la fin des années 1700, elles contrôlaient mieux ce commerce, mais qu'il y eut une reprise de l'esclavage des Blancs pendant le chaos des guerres napoléoniennes.
          La navigation américaine ne fut pas exempte non plus de la prédation. C'est seulement en 1815, après deux guerres contre eux, que les marins américains furent débarrassés des pirates barbaresques. Ces guerres furent des opérations importantes pour la jeune république; une campagne est rappelée par les paroles «vers les rivages de Tripoli» dans l'hymne de la marine.
          http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Tripoli La Guerre de Tripoli (en anglais Tripolitan War) (1801–1805) aussi appelée la Première guerre barbaresque (First Barbary War), guerre de la côte des Barbaresques (Barbary Coast War) fut la toute première guerre engagée par les États-Unis d'Amérique après leur indépendance et la première des deux guerres qu'ils menèrent contre les états du Maghreb, alors connus sous le nom d'états barbaresques, qu'étaient le sultanat indépendant du Maroc et les 3 régences d'Alger, de Tunis et de Tripoli, provinces, mais dans les faits quasi-indépendantes, de l'Empire ottoman.

          http://en.wikipedia.org/wiki/Second_Barbary_War The Second Barbary War (1815), also known as the Algerine or Algerian War) was the second of two wars fought between the United States and the Ottoman Empire's North African regencies of Algiers, Tripoli, and Tunis, known collectively as the Barbary States. Although the war between the Barbary States and the US ended in 1815, the international dispute would effectively be ended the following year, but then not by the United States, rather Great Britain and the Netherlands.
          The war brought to an end to the American practice of paying tribute to the pirate states and was one of the events marking the beginning of the end of the age of piracy in that region, which had been rampant in the days of Ottoman domination (16th–18th centuries). Within decades, European powers built ever more sophisticated and expensive ships which the Barbary pirates could not match in numbers or technology.


          Quand les Français prirent Alger en 1830, il y avait encore 120 esclaves blancs dans le bagne.
          Pourquoi y a-t-il si peu d'intérêt pour l'esclavage en Méditerranée alors que l'érudition et la réflexion sur l'esclavage des Noirs ne finit jamais? Comme l'explique le Prof. Davis, des esclaves blancs avec des maîtres non-blancs ne cadrent simplement pas avec «le récit maître de l'impérialisme européen». Les schémas de victimisation si chers aux intellectuels requièrent de la méchanceté blanche, pas des souffrances blanches.
          Le Prof. Davis remarque aussi que l'expérience européenne de l'asservissement à grande échelle fait apparaître le mensonge d'un autre thème gauchiste favori: que l'esclavage des Noirs aurait été un pas crucial dans l'établissement des concepts européens de race et de hiérarchie raciale. Ce n'est pas le cas; pendant des siècles, les Européens vécurent eux-mêmes dans la peur du fouet, et un grand nombre assista aux défilés de rachat des esclaves libérés, qui étaient tous blancs. L'esclavage était un sort plus facilement imaginable pour eux-mêmes que pour les lointains Africains.


          Avec un peu d'efforts, il est possible d'imaginer les Européens se préoccupant de l'esclavage autant que les Noirs. Si les Européens nourrissaient des griefs concernant les esclaves des galères de la même manière que les Noirs font pour les travailleurs des champs, la politique européenne serait certainement différente. Il n'y aurait pas d'excuses rampantes pour les Croisades, peu d'immigration musulmane en Europe, les minarets ne pousseraient pas dans toute l'Europe, et la Turquie ne rêverait pas de rejoindre l'Union Européenne. Le passé ne peut pas être changé, et les regrets peuvent être pris à l'excès, mais ceux qui oublient paient aussi un prix élevé.

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Et maintenant prenez le temps de voir ce diaporama crée par M. Claude Jacquemay
Barbaresques et Esclages des Blancs

SOUVENIRS
Pour nos chers Amis Disparus
Nos Sincères condoléances à leur Familles et Amis


Envoi de M. Jean Pierre Bartolini
Décès de M. Robert Iacono


"Chers(es) amis (es),

       Bonjour
             Le 19 juin est décédé mon oncle Robert Iacono à l'age de 78 ans. Pris par la maladie il n'a jamais pu prendre part dans nos retours au pays natal.
             Ses obsèques ont eu lieu le 23 juin au funérarium d'Arpajon. Malheureusement son souhait que ses cendres rejoignent celles de son père dans le caveau de famille à Bône, ne sera pas exaucé.
             Un grand merci à sa fidéle compagne depuis plus de trente ans pour l'avoir accompagné et soigné pendant de longues années.
             Un grand merci à tous ses amis d'avoir été présents.
             Robert repose en paix, ta vraie famille de naissance, ta compagne et ses enfants ainsi que tes amis ne t'oublieront jamais.
Jean Pierre Bartolini





MESSAGES
S.V.P., Lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
Pour prendre connaissance de cette rubrique,
cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura

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De M. jean Lombardo

Bonjour,
je me permets ce courrier ayant votre adresse par la DR. Camacho je recherche à titre personnel tout ce qui concerne le bagne de Pantelleria malgré tous nos efforts nous n'avons rien trouvé ni lieu précis ni photos ni commentaires.
Nous avons je crois tout tenté ministere de l'armée, les carabiniers, pas de réponse, ou alors c'est négatif.
Merci infiniment de m'orienter pour trouver les archives du bagne de Pantelleria.
Cordialement jean Lombardo
Mon adresse : jeanjeanmarcel@aol.com

De Mme Monica Troisi

Bonjour cher compatriote
Je suis une fille TROISI, maman Françoise dite Francine Troisi, est née à Bône, ainsi que sa famille depuis deux générations.
Depuis quelques mois, j'essais de remonter mon arbre généalogique, et lors de mes investigations, j'ai contacté plusieurs personnes ayant connu des Troisi.
Et surprise, ils m'ont annoncé que notre nom ayant subi des erreurs d'écriture, et qu'effectivement, la véritable orthographe est TROÏSE
Dans votre journal de mars 2002, apparaît un certain M. Troise Claude.
Pourriez-vous avoir la gentillesse de lui demander s'il serait d'accord pour me contacter à cette adresse.
Vous remerciant pour votre amabilité.
Amicalement
MONICA TROISI
============ Mme Troisi, j'ai tenté de vous répondre mais votre hébergeur me retourne mes messages. SVP, donnez-moi une autre adresse valide.
JP. Bartolini
Mon adresse : monica.live@live.fr

De Mme Marguerite Morisson

Bonjour Monsieur,
Tout à fait par hasard, j'ai trouvé votre nom et votre adresse sur internet, après avoir posé la question: "famille Tournier El Arrouch". puis "mairie de El Arrouch"
Il y a très longtemps ( en 1951 !) j'avais fait la connaissance lors d'un stage culturel en France d'un certain Guy Tournier qui m'avait dit habiter à El Arrouch dép; de Constantine. Il pouvait être né entre1925 et 1928 environ.
En vieillissant, les souvenirs deviennent plus précis, chacun le sait et il m'arrive de me demander ce qu'il est devenu.
Bien sûr je n'ai aucun lien familial avec lui, qui puisse me permettre de demander des renseignements en mairie. Nous avions sympatisé et passé d'agréables moments au cours de ce stage. C'est tout.
La vie, les évenements que l'on sait, ont fait que j'ai perdu sa trace et qu'il n'a plus non plus donné de nouvelles.
J'aimerais seulement savoir s'il est possible de retrouver où il s'est réfugié en France ( s'il y est venu..) et si les actes d'état civil de la mairie d'El Arrouch pourraient éventuellement porter les mentions marginales indiquant mariage ou décès par exemple.
Eventuellement m'indiquer une marche à suivre; Nantes ? Aix en Provence? ou autre?
Je fais moi-même de la généalogie et j'ai bien conscience que les renseignements que je vous donne sont bien succincts, mais je n'en ai pas d'autres.
J'habite un village des Deux-Sèvres où je suis retraitée de l'enseignement primaire.
Je vous présente mes excuses pour vous créer ce dérangement et je vous prie de bien vouloir agréer, avec mes remerciements, mes sentiments les meilleurs.
Marguerite Morisson
Mon adresse : m.morisson@wanadoo.fr

De M. Pierre Jarrige

Chers Amis
Voici les derniers Diaporamas sur les Aéronefs d'Algérie. A vous de les faire connaître.
Diaporama 20                                           Diaporama 21
Diaporama 22                                           Diaporama 23
Diaporama 24                                           Diaporama 25
Diaporama 26                                           Diaporama 27
Diaporama 28                                           Diaporama 29
Diaporama 30                                           Diaporama 31
Pierre Jarrige
Site Web:http://www.aviation-algerie.com/
Mon adresse : pjarrige@orange.fr

DIVERS LIENS VERS LES SITES


M. Gilles Martinez et son site de GUELMA vous annoncent la mise à jour du site au 1er Juillet 2010.
Son adresse: http://www.piednoir.net/guelma
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
Le Guelmois

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Germain ne veut plus se faire battre
Envoyé par Jean Pierre

     Les parents du petit Germain divorcent.
     Germain les accompagne chez le Juge des Affaires Familiales. Le juge voudrait déterminer quel parent aura la garde de Germain.

     - Germain, dis moi, chez qui tu veux aller? ton père ?
     - Non, monsieur...
     -Chez ta mère alors ?
     -Non plus monsieur..
     -Pourquoi ?
     -Ils me battent tous les deux...
     -Alors tu veux aller avec qui ?
     - Avec les Bleus...
     -Avec les Bleus, pourquoi? tu aimes le foot?
     -Non, c'est parce qu'ils ne battent personne, eux....



Vous venez de parcourir cette petite gazette, qu'en pensez-vous ?
Avez-vous des suggestions ? si oui, lesquelles ?
En cliquant sur le nom des auteurs en tête de rubrique, vous pouvez leur écrire directement,
c'est une façon de les remercier de leur travail.

D'avance, merci pour vos réponses. ===> ICI


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