N° 77
Octobre

http://piednoir.net

Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er octobre 2008
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Les dix derniers Numéros : 67, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76,
  Journée sentimentale       
Auteur inconnu
EDITO

EPURATION !


    Chers Amis,

    " Un peuple est grand qui se souvient de son passé. Il ne peut l'être même qu'à cette condition et il doit se souvenir de tout son passé, aussi bien des triomphes que des catastrophes, aussi bien des époques où la patrie fut le plus haut que des époques où elle fut la plus abattue "

    Ce sont des belles paroles prononcées par le Général Pouleau en 1913. Elles devraient être sans contestation possible celles de la communauté des exilés que nous sommes, si nous voulons que nos souvenirs soient aussi ceux de nos générations futures.

    Hélas, après des années de travail avec l'aide d'internautes pour recueillir et diffuser sur la toile des souvenirs et témoignages de notre passé qui font partie de notre mémoire afin que nul n'oublie certaines pages de notre histoire, j'ai du me résigner, comme d'autres avant moi, et comme je m'y étais engagé à supprimer du Site de Bône toute la période de 1945 à 1962 en ce qui concerne la guerre ou ce qui se rapproche.

    Il semble que tout ce qui touche à cette période soit un domaine réservée ou l'apanage de certaines associations où seul le discours et la parole unique y ont droit de citer. Tout autre expression ou idée, y sont condamnées et c'est ainsi que je me suis retrouvé dans un tribunal comme un vulgaire malfrat.
    Le discours unique s'apparente à de l'idéologie et cela n'est pas dans mes convictions car lorsque l'on fait œuvre de mémoire, on doit dire la vérité sur tout, c'est-à-dire aussi bien sur le mal que sur le bien.

    C'est ainsi que d'ores et déjà, j'ai supprimé du site de Bône les rubriques suivantes :
    - 19 mars 1962
    - Année 2003
    - Guerre
    - Actualité
    - Associations
    - Cimetière
    Pour le cimetière, où je me suis investi bénévolement et pécuniairement avec des amis ainsi que par la création d'un site dénommé " chez Taddo ", c'est avec tristesse et aussi un profond écoeurement que je l'ai supprimé. Vous en comprendrez les raisons en lisant un peu plus bas l'article que j'y consacre.
    Certes, à contrecœur, ce travail " d'épuration " du site n'est pas fini, il me reste beaucoup à faire, mais je le ferai dans les semaines à venir.

    Toute cette partie de notre histoire ne peut être dite publiquement sans encourir les foudres d'une portion de la communauté Pieds-Noirs qui n'a pas assimilé les leçons de notre exode ; qui est restée encore en guerre dans leur tête ; qui n'a pas compris qui ont été nos véritables ennemis ; qui ne connaîtra jamais la paix ; qui a aussi des intérêts grâce à des subventions qui les font vivre ; qui ont fait des alliances politiques même avec ceux qui nous ont vendus.
    Oui, puisque je ne peux faire tout ce travail publiquement dans un esprit de liberté de conscience et de vérité, je le ferai en privé pour ma famille et à ma disparition pour les générations futures en espérant qu'elle n'arrive pas trop vite.

    Que de fois, je me suis élevé contre la loi qui a fixé des délais extrêmement longs pour l'accès à toutes les archives. Mais après avoir subi ce que je vis actuellement pour des " détails " dans le cours de notre histoire, je comprends le souci de ceux qui ont voté cette loi. J'imagine le nombre de gens qui seraient menacés ou tués s'ils dévoilaient les vérités contenues dans ces archives. Des " sans têtes " exécuteraient sans rien comprendre le pourquoi ou le comment des détails de ces archives.

    C'est malheureux à dire, mais il faut se rendre à l'évidence qu'il faut que toutes les générations nées en Algérie avant 1962 disparaissent, pour qu'enfin des vérités puissent être dites sur cette période de l'histoire d'Algérie.
    Alors, seulement, ces jeunes générations comprendront le travail, le sacrifice des pionniers de l'Algérie, l'immortalité de notre histoire avec les bonnes choses comme les mauvaises.

    En ce début d'automne, malgré cette tristesse, je vous souhaite une bonne réflexion sur ce monde Pieds-Noirs et une bonne lecture de cette Seybouse.

Jean Pierre Bartolini          

        Diobône,
        A tchao.


La Réunion des Maires
N° 10 de mars 1951, pages 16
de M. D. GIOVACCHINI
Envoyé par sa fille

  
        Par une matinée froide de fin Mars, le même congrès des Maires qui avait blâmé l'attitude des parlementaires Constantinois au sujet de l'affaire NAEGELEN, se prosterna devant les habiles sommations de M. le Garde des Sceaux.
        Les accusés étaient devenus accusateurs.
        Il fallait voir ce pauvre SELLA mincissant à vue d'oeil devant la francisque du Garde des Sceaux.
        Il fallait voir ces maires de hameaux, de villages, ou de villes baisser les yeux, jouer la sauvette ou pris de subites coliques quand le roi René maniait l'astuce ou grossissait la voix !
        Pauvres hommes ! Tant de Tartarins " nationaux " n'étaient plus que loques radicalisantes !

        Et sur la dépouille d'un Gouverneur Général qui avait fait oeuvre de grand français le Garde des Sceaux déposa une couronne d'épines en gardant pour lui la gerbe de fleurs que de zèles serviteurs avaient commandé illico chez " Fernande".
        L'homme est fort. C'est un débateur habile et un chicaneur de premier plan surtout lorsqu'il " garde des sots ", qui ouvrent des bouches en cul de poule, comme pour avaler des rubans ou des galons.
        A GARRIVET qui fut le plus courageux de la journée, il répondit : " Vous voulez que ce soit moi qui vous le dise " sous entendant par là qu'il n'avait qu'à s'adresser aux socialistes.

        " Le socialiste THOMAS accepta la démission du Gouverneur Général et le seul parlementaire qui s'inclina devant cette même démission fut Raoul BORRA ", enchaîna-t-il ?
        C'est d'une élégance rare et fort aimable ! Pour les socialistes dont il sollicite l'amitié, et desquels également il sollicitera peut être l'investiture.
        Au sujet de la réforme électorale, il fut d'une subtilité amusante.
        " Vous vouliez le scrutin majoritaire dit-il doucettement. Mais vous l'avez. Votez tous pour les trois élus présents et tout ira bien ".
        Les Maires baissaient la tête, mais ne soufflaient mot.

        Non, M. R. M., le scrutin majoritaire dont vous parlez n'est qu'un vil aspect du gangstérisme électoral.
        Des paroles sensées furent au moins dites par un français musulman M. CRID. " Entendez-vous d'abord entre vous pour être autorisés à parler ensuite d'entente franco-musulman ! "
        Et il avait raison.
        M. René, nous allons vous offrir une cravache qui n'est pas en queue-de-cerise. Elle nous vient d'un taureau de la Camargue.
        Allez-y de toute votre force sur l'échine des nombreux Maires qui craignent votre toute puissance ! Ils le méritent.

***
 

LE POT DE CHAMBRE DU PÈRE DUBOURG
BÔNE son Histoire, ses Histoires
Par Louis ARNAUD

        Prosper Dubourg, ancien maître-sellier aux spahis, venu à Bône dès la création de ce corps, c'est-à-dire trois ou quatre ans après l'occupation française, avait quitté l'armée et s'était installé dans le pays comme industriel.
        Il avait exploité, tout d'abord, heureusement et intelligemment, une tannerie sur les bords de la Boudjimah, près du pont d'Hippone, non loin de laquelle, un peu plus tard, devait s'élever sa demeure, de belle allure, entourée de jardins agréables.
        Il avait acquis une certaine aisance, et son abord facile et accueillant aidant, autant que sa connaissance parfaite de besoins et des ressources de la région, l'avaient rapidement signalé à l'attention de ses concitoyens.
        Conseiller municipal, adjoint au maire, il succéda à Célestin Bourgoin, comme chef de la municipalité, en 1878, et demeura dans ces fonctions jusqu'à sa mort, survenue en 1888.
        Il fut un magistrat municipal, consciencieux, intelligent et avisé par dessus tout, soucieux des intérêts et de l'avenir de la cité qui l'avait placé à sa tête.
        Une des plus belles artères de la ville qu'il parcourait chaque jour pour se rendre à sa demeure du pont d'Hippone, ou venir à la mairie, porte son nom en témoignage de la gratitude des Bônois.

        Les deux tronçons des " Allées ", celui complanté en grévillers qui partait immédiatement du Port, et celui qui descendait de l'Eglise avec ses beaux mûriers aux larges feuilles vertes, étaient séparés par une place octogonale située exactement devant le théâtre.
        De chaque côté de cette petite place octogonale se prolongeaient les rues qui passaient de chaque côté de la place de Strasbourg, aujourd'hui place Maréchal Leclerc.
        Le maire Dubourg qui fut ensuite le protagoniste et le constructeur de notre bel Hôtel de Ville, conception grandiose pour l'époque, qui donne la mesure de la qualité de l'esprit et du caractère de cet édile, avait fait aménager sur la dite petite place octogonale une grande vasque dont le diamètre dépassait bien dix mètres.
        Des jets d'eau retombaient sur de larges nénuphars qui recouvraient entièrement la nappe liquide de la grande vasque.
        La chute de l'eau sur cet épais tapis vert-brun, parsemé de taches claires formées par les fleurs émergeantes aux tons de vieil ivoire, faisait, le soir venu, dans le silence de la nuit, un bruit léger et monotone pareil au murmure d'une mélodie arabe.
        Tout autour de la pièce d'eau, dans l'espace de terrain qui la séparait de sa grille de fer très basse se terminant au sommet par des courbes très douces, très simples, entrelacées et renversées en dehors à la façon d'une corbeille, s'offrant presque comme des sièges aux oisifs et aux badauds qui venaient s'y appuyer pour jouir d'un peu d'ombrage ; c'était un fouillis presque inextricable de verdure et de fleurs.

        Pierre Loti qui couchait à l'hôtel d'Orient, tenu alors par Marius Benet, le 9 mai 1880, a noté avant de s'endormir ses impressions de la journée :
        " Il est 11 heures quand mes nouveaux amis viennent me conduire à l'hôtel. Une fois seul, j'ouvre ma fenêtre et je m'appuie au balcon, j'ai la tête toute remplie d'images d'Orient, d'images du passé, et le sommeil tarde à venir.
        " Sur le boulevard de Bône, qui a cet aspect particulier aux grandes villes coloniales nées d'hier, le vent fait vaciller la flamme du gaz et voltiger la poussière. De chaque côté de la spacieuse promenade, de correctes allées d'arbres, des alignements de belles maisons blanches, avec de hauts porches aux colonnes rigides et régulières. On a vu cela partout, dans toutes les contrées du monde, la ville moderne ressemble à la ville moderne. Un jour peut-être, les peuples de l'avenir, fatigués de ne voir que l'uniformité de toutes choses, regretteront d'avoir tout nivelé et tout détruit.
        " Dans la tranquillité de la nuit, le bruissement léger d'un jet d'eau monte d'un square proche planté de palmiers ".

        Les Bônois malicieux, et parfois injustement caustiques, pour le besoin de critiquer, pour le plaisir de faire un mot, avaient appelé cette vasque tout à fait irrévérencieusement : " Le pot de chambre du père Dubourg ".
        C'était, sans doute, à cause de la forme circulaire du bassin et de ses bords épais, fortement ourlée qu'était née cette malodorante métaphore, sans égards pour la beauté et la sérénité de cette oasis de verdure, de fleurs, et de fraîcheur parfumée.
        Hélas, cette oasis où tant de fleurs, de verdure et d'ombre légère permettaient au passant affairé que le cruel soleil de la rue avait accablé, de se reposer un instant, a complètement été anéanti en 1907, à l'occasion de l'érection de la statue élevée à la mémoire de Jérôme Bertagna, ancien adjoint au maire Prosper Dubourg, qui lui avait succédé en 1888.
        Du beau jardin ombreux, il n'était resté que les palmiers qui sont venus garnir l'espace situé derrière la statue où ils ont tous été heureusement transplantés.

        Pour placer la statue, on avait supprimé la petite place octogonale, et prolongé cette partie du Cours en empiétant sur la rue, et, pour la symétrie, on exécuta la même modification à l'extrémité du Cours proprement dit qui s'appelait alors " Cours National ".


A l'Aube de l'Algérie Française
Le Calvaire des Colons de 48
                                       Par MAXIME RASTEIL (1930)                                       N° 22

EUGÈNE FRANÇOIS
Mon ancêtre

Quoi de plus louable que de partir à la recherche de ses ancêtres !
Découvrir où et comment ils ont vécu !
La Bruyère disait : " C'est un métier que de faire un livre. "
Photo Marie-Claire Missud
J'ai voulu tenter l'expérience de mettre sur le papier après la lecture d'un livre sur "les Colons de 1848" et le fouillis de souvenirs glanés dans la famille, de raconter la vie de ce grand homme, tant par sa taille que par sa valeur morale, de ce Parisien que fut Eugène FRANÇOIS né à Meudon en 1839, mort à Bône en 1916.
Tout a commencé lors de l'établissement d'un arbre généalogique concernant le côté maternel de notre famille : arrivé à notre ancêtre : qu'avait-il fait pour qu'une "Rue" de ma jolie ville de "Bône la Coquette", porte son nom dans le quartier de la Colonne Randon ?
Tout ce que j'ai appris, j'ai voulu le faire découvrir tout simplement comme d'autres ont écrit sur nos personnalités et grandes figures Bônoises !
Pour qu'aujourd'hui, on n'oublie pas ce qui a été fait hier !...
Marie Claire Missud-Maïsto

DEUXIÈME PARTIE
1830-1848

MÉTHODES ET SYSTÈMES


         Que devait-il sortir de ces fluctuations répétées? Des essais, des expériences, des tâtonnements, des épreuves, des leçons trop souvent perdues.
         Le gouvernement de Louis-Philippe, tiraillé dans tous les sens au sujet de notre embryon de domaine algérien, acceptera, sans doute, de ne point l'abandonner, mais il entend n'y agir qu'avec la plus grande circonspection, respectueux en cela de cette formule prudente dont on se servira à tout propos dans les milieux parlementaires consultés.
         La colonisation libre et la colonisation officielle entrent donc en scène dans le cadre étroit d'une réglementation si peu favorable et si imprévoyante qu'elle expose les quelques cultivateurs venus du Midi de la France aux plus graves mécomptes. Emplacements mal choisis, logements défectueux, paludisme, typhus, insurrections, massacres, révolte prolongée de l'émir Abd-el-Kader qui ruinera, dévastera, tuera tout ce qui peut s'offrir au fanatisme déchaîné de ses partisans dans les centres de la Mitidja et dit Sahel, tel sera le lot des premières familles paysannes appelées de la Métropole.

          Plus tard, vers 1841, surgiront les Villages-Militaires créés par Bugeaud qui, avec ses lieutenants Bedeau et La Moricière, animera de sa foi robuste les Soldats-Laboureurs. Il imaginera même pour eux la pittoresque cérémonie du " mariage au tambour " avec les fiancées françaises recrutées à Toulon.
         Les Colonies de soldats libérés et les villages de pêcheurs métropolitains, issus de la même inspiration, viendront ensuite. Trop éphémère à ce point de vue, l'oeuvre du Maréchal n'en a pas moins laissé à travers l'Algérie les traces profondes de son labeur tenace et discipliné.

          En 1845, ses compatriotes périgourdins et les admirateurs du grand chef ne lui offriront-ils pas une épée d'honneur où sera gravée cette devise : " Désormais la charrue m'occupera plus que l'épée. "
         Il n'en est pas moins vrai qu'à dater de ce moment, les récriminations vont grandir encore, en face d'un surcroît de dépenses publiques peu justifiées par l'ensemble des faibles résultats obtenus.
         L'opposition surtout ne cessera de harceler les ministres et d'entretenir la Presse de ses critiques acerbes et de ses doléances passionnées. Sans tenir compte des circonstances; elle exploitera certains de nos revers et notamment l'échec de la première expédition de Constantine, où la retraite lamentable des troupes du maréchal Clauzel devait être comparée à un convoi funèbre.

          Pis encore, quand sera promulguée l'ordonnance du 15 avril 1845, instituant trois zones, civile, mixte et arabe, c'est le Guerrier-Colonisateur Bugeaud qui s'insurgera lui-même contre les vues de ceux qui veulent limiter les attributions du pouvoir militaire ou lui imposer pour le moins la collaboration, sinon le contrôle du pouvoir civil.
         Cédant arma togœ ! De nouveau a retenti la sommation du tribun antique au Consul victorieux, et le duc d'Isly s'en indignera au point d'adresser à Paris cette apostrophe hautaine autant que comminatoire:
         " Ah ! Vous voulez me donner un gouverneur civil? Eh bien ! Qu'il vienne ici ce gouverneur civil ! Qu'il vienne et j'emmènerai mon armée, et j'irai, moi, transporter mon quartier général à Médéah. Je ne laisserai pas un de mes soldats dans Alger, et nous verrons alors ce que fera Monsieur le Gouverneur civil ! "

          A la vérité, jamais heure ne sera plus trouble et désarroi gouvernemental plus complet. Au cours de chaque session parlementaire, le député Desjobert y mettra le comble en surgissant à la tribune pour déclarer avec une insistance farouche:
         " Messieurs, il faut évacuer l'Algérie ! " tel, jadis, Caton l'Ancien, terminant chacun de ses discours au Sénat de Rome par sa fameuse adjuration: " II faut détruire Carthage ! "

          De son côté, le député socialiste Enfantin, vénérable songe-creux de son époque, préconisera à outrance l'association du prolétaire français et du fellah des douars, qu'il rêve de voir fraternellement réunis sous le même toit et penchés sur le même sillon.

          Bref, de 1836 à 1847, l'abandon de l'Algérie est à la merci d'un vote du Parlement. Qu'allait-il advenir de cette confusion grandissante?


A SUIVRE       
Merci à Thérèse Sultana, et Marie-Claire Missud/Maïsto, de nous avoir transmis ce livre de Maxime Rasteil qui a mis en forme les mémoires de son arrière grand-père Eugène François.
Elle a aussi écrit un livre sur lui.
J.P. B.

Voici comment parler aux enfants en 2008
Envoyé Par Jean Claude Pagano


Un beau matin, un gamin demande à son père :
     - Les abeilles, les fleurs, les choux, la p'tite graine... Tout cela est bien dépassé, soyons modernes: Papa, dis-moi comment suis-je né ?

      - Très bien, mon fils, il fallait bien que l'on en parle un jour!
     Voici donc ce qu'il faut que tu saches : Papa et maman se sont copiés/collés dans un Chat sur MSN.
     Papa a fixé un rancard via E-mail à maman et ils se sont retrouvés dans les toilettes d'un cybercafé.
     Après, maman a fait quelques Downloads du Memory stick de papa.
     Lorsque papa fut prêt pour le téléchargement, nous avons découvert que nous n'avions pas mis de Firewall.
     Comme il était trop tard pour faire Delete, neuf mois plus tard, le satané virus apparaissait.



LE CIMETIERE DE BÔNE
Par M. Jean Pierre Bartolini

         Chers Amis d'Internet

         Après ce petit mot, vous découvrirez un article paru le 15 septembre dans la Dépêche de l'Est éditée par l'association d'Aix en Provence, (fichier joint). A sa lecture vous comprendrez qui est visé (ou sont visés) et comment l'on fait de la désinformation.
         Ensuite dessous, l'adresse de la page dont j'ai recopié un extrait. Cette page provient du site de la même association. Et en bas de page, une photo qui ferait croire qu'ils sont les réalisateurs de la rénovation de ces tombes. Ces tombes ont été rénovées par l'artisan que nous avons aidé (financièrement et administrativement) à s'installer. Ces tombes ont été payées par une personne de notre groupe de voyage et sans passer par cette association.
         - Dire que j'ai mis sur Internet cette vidéo à des fins partisanes est très réducteur de l'action entreprise avec les amis des groupes de nos voyages et seulement avec des fonds privés.
         - Montrer la réalité des faits est partisan.
         - Montrer les dégradations et les mutilations des corps est partisan.
         - Rêver de voir refleurir notre cimetière et qu'il devienne un exemple de respect dans notre pays de naissance et de cœur, c'est être partisan
         - Prendre des initiatives privées c'est être partisan.

         Il faudrait que cette association dise clairement, si être partisan de la vérité, de la mémoire, de la sauvegarde, de l'ornement, de l'initiative privée serait répréhensible et illégal.
         Nous faire des reproches ou être contre ces actions dites "partisanes", laisserait planer des interrogations sur les méthodes de ceux qui veulent nous donner des leçons.

         Pour ma part, encore une fois, je suis écoeuré par tant de haine, de mensonges, de désinformation, de la part d'une association qui se dit respectable et qui se permet d'écrire de telles choses. Je pense qu'il n'y a plus qu'à la laisser dire, écrire et faire n'importe quoi et à lui dire merci de le faire grâce aux subventions qu'elle reçoit sur le dos des contribuables.

C'est ainsi qu'à l'avenir,
je ne m'occuperai plus du devenir du cimetière de Bône.

         Pourquoi ? Parce qu'à l'heure actuelle, démontrer que l'on peut faire, sans association, des choses utiles et tout à fait bénévoles pour la communauté dérange le monde associatif. Pourquoi ? Peut-être avez-vous les raisons ! J'aimerai les connaître concrétement.
         Ainsi, dès aujourd'hui le RÊVEUR, que je suis, annonce le retrait d'Internet du site sur le cimetière de Bône (Chez Taddo) qui montrait la réalité des faits.
         Désormais, je laisserai à cette association le soin de continuer à déverser " leurs informations ". Seule cette association pourra s'arroger le droit de vous informer selon ses façons et ses formes habituelles.
         Tant pis pour leurs adhérents qui ne pourront plus voir les réalités. Tant pis aussi pour tous les autres Bônois qui laissent faire sans rien dire en apportant un soutien financier. Ils pourront au moins poser une question à cette association. Pourquoi cachez-vous la vérité et la monstruosité des dégradations ainsi que l'état d'entretien, serait-ce à des fins partisanes autres que celles de M. Bartolini?

         Encore une fois, décernons un bon point pour l'associatif et bravo à leurs adhérents d'approuver de telles méthodes de désinformation. Quel respect pour nos morts !!!

         C'est vrai que je m'attends à recevoir un nombreux courrier me disant que je n'ai pas le droit d'arrêter un site, bien qu'il ne soit pas parfait, et qui seul permettait de localiser des tombes et où l'on pouvait voir l'état réel du cimetière. Tout cela gratuitement.
         Seule une solution pourrait me faire revenir sur ma décision. C'est de recevoir la copie d'au moins un millier de courriers de réprobation envoyés à cette association dont les adresses sont mentionnées.
         Je fixe haut la barre car il y en a marre que ce soit toujours les mêmes qui se mouillent. Cela montrerait qu'au moins il y aurait une bonne raison de se battre. Ce serait aussi du respect pour nos morts.

Quand vous aurez lu les écrits de cette association, que penserez-vous de leurs méthodes?

Jean Pierre Bartolini          

Les écrits de l'Association
Les extraits de la page ci-dessous

          http://www.aebone.org/inmemoriam/inmemo04.htm

          Ne vous y trompez pas, tout n'a pas été tout rose, nous avons subi et subissons les critiques de certains qui, se servant de l'INTERNET, essaient de démolir notre action, en rêvant de " voir refleurir notre cimetière et qu'il devienne un exemple de respect dans notre pays de naissance et de cœur " (sic). Sans apporter la moindre contribution, si ce n'est que du rêve D'autres, se désintéressant, complètement, pensent que nous perdons notre temps pour " quelques os non identifiables ", et que nous utiliserions mieux nos fonds pour les vivants !

          Je me permets de rappeler à ce rêveur sur Internet, que l'Algérie est un pays étranger, pas de notre fait, et que les initiatives privées doivent passer par l'aval des autorités de ce dit pays. Quant aux autres, je les renvoie à leurs chères études sur la manière de persifler par des propos ironiques frisant la sénilité mentale, les pôvres !


SUIS-JE UN DIFFAMATEUR ? - Suite
Prochaine audience le 24 novembre 2008

LE FAIRE TAIRE A TOUT PRIX


     Comme je vous l'avais annoncé le mois dernier, l'audience en correctionnelle s'est tenue le 22 septembre 2008 au tribunal de Perpignan.
     A ma demande, j'ai obtenu un report d'audience pour me permettre de trouver un avocat qui veuille bien accepter mon dossier suite à ma plainte pour menaces qui a des liens avec l'assignation dont je suis l'objet.
     En effet, après ce dépôt de plainte il m'a été conseillé de prendre un avocat car je ne connais pas tous les rouages de cette procédure.
     Et comme par hasard dans les Pyrénées Orientales, tous les avocats que j'ai contactés ou vus, ont soit refusé de s'occuper de mon affaire dès que j'en ai parlé ou se sont récusés après avoir lu le dossier. Il y en a même un qui m'a rendu mon chèque et mon dossier, le vendredi 19 septembre à midi, en me laissant le bec dans l'eau.

     - Pourquoi cette omerta dans les Pyrénées Orientales ?
     - Qu'y a-t-il de très important dessous cette affaire ?
     - De quoi ont-ils peur en me disant, pour certains, que c'est un dossier explosif ?
     Le 22 septembre à l'audience, si la justice m'aurait refusé un report, j'en étais arrivé à prendre une décision de refus de me défendre et de laisser une victoire à la Pyrrhus à mes adversaires en espérant que cela aurait peut-être servi à me sauver la vie. Ils avaient presque réussi à me faire taire.

     Afin de faire une mise au point et ainsi ne pas laisser colporter encore des fausses accusations sur moi, je dois dire que le 22 septembre, des présidents d'associations locales étaient présent à l'audience, certes pas de mon coté. Ils m'ont reproché que si nous étions au tribunal, c'est parce que Mme Nicaise leur a dit que j'avais refusé toute médiation et conciliation. Bien entendu j'ai voulu leur montrer les preuves du contraire prouvant que je suis le seul à avoir accepter une médiation ou un conseil des sages, ils ont refusé de les lire.
     Ces messieurs, hommes forts de l'organisation locale, sans avoir lu tous mes écrits et sans avoir lu un seul mot de la fatwa du Cercle Algérianiste ou des menaces de Mme Nicaise se permettent de venir me faire des leçons ou des reproches.
     En présence de témoins, je les ai mis au défi de me prouver leurs reproches et comme j'ai toujours laissé la porte ouverte à la négociation, j'ai accepté, sans me faire d'illusion, leur offre de médiation et d'attendre le résultat.
     Le résultat est le coup de téléphone de l'un d'entre eux me confirmant le refus de médiation de Mme Nicaise, ce lundi 29 septembre.

     Alors à tous ces gens qui se laissent abuser par des mensonges, des racontars, des désinformations, je leur dis tout simplement : " Renseignez-vous véritablement et utilement sur des faits et ensuite vous aurez le droit de parler. Arrêtez de faire les petits soldats. Vous ne servez pas les vrais Pieds-Noirs."

     Avec l'espoir qu'avec un avocat hors département (conseil du tribunal) ou qu'avec un avocat du département ayant le cran d'accepter mon dossier, je me rendrai le 24 novembre prochain au tribunal pour y être défendu comme tout citoyen. Du moins si j'en suis un.

     

Jean Pierre Bartolini                  
          Jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr          
 

Le berger et le jeune homme dans un complet Armani
Envoyé Par Jean Claude Pagano


     Un berger faisait paître son troupeau au fin fond d'une campagne quand, d'un nuage de poussière, surgit une rutilante Range Rover venant dans sa direction.
     Le chauffeur, un jeune homme dans un complet Armani, chaussures Gucci, verres fumés Ray Ban et cravate Hermès, se penche par la fenêtre et demande au berger :

      - Si je peux vous dire exactement combien de moutons il y a dans votre troupeau, m'en donnerez-vous un ?

      Le berger regarde le jeune homme, puis son troupeau broutant paisiblement et répond simplement :
     - Certainement.

      L'homme gare sa voiture, ouvre son ordinateur portable, le branche à son téléphone cellulaire, navigue sur Internet vers la page de la NASA, communique avec un système de navigation par satellite, balaie la région, ouvre une base de données et quelque trente fichiers Excel aux formules complexes ; finalement, il sort un rapport détaillé d'une dizaine de pages de son imprimante miniaturisée et s'adresse au berger en disant :
     - Vous avez exactement 1 586 moutons dans votre troupeau.
     - C'est exact, dit le berger. Et comme nous l'avions convenu, prenez-en un.

      Il regarde le jeune homme faire son choix et expédier sa prise à l'arrière de son véhicule, puis il ajoute :
     - Si je devine avec précision ce que vous faites comme métier, me rendez-vous mon mouton ?
     - Pourquoi pas ? répondit l'autre.
     - Vous êtes énarque et vous faites des AUDITS, dit le berger.
     - Vous avez parfaitement raison, comment avez-vous deviné ?
     - C'est facile. Vous débarquez ici alors que personne ne vous l'a demandé, vous voulez être payé pour avoir répondu à une question dont je connais la réponse et, manifestement, vous ne connaissez absolument rien à mon métier. Maintenant, rendez-moi mon chien.

      C'est parce que la vitesse de la lumière est supérieure à celle du son que certains ont l'air brillant avant d'avoir l'air con.



 UNE VILLE ALGERIENNE
Par Renée Augier de Maintenon
BONE 1915, IMPRIMERIE CENTRALE (A VAPEUR), A.-M. MARIANI
N° 5             

UNE VILLE ALGERIENNE
Pendant la guerre
1914-1915

Notice publiée sous le patronage
Du Syndicat de la presse de l'Est Algérien

Vendu au profit de la Croix-Rouge
de l'Oeuvre des Envois aux Soldats de l'Afrique du Nord
de l'Oeuvre des Prisonniers de Guerre

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Chapitre VI
La Presse Bônoise. - Deux Obsessions:
Les Espions. - Les Embusqués

        En Algérie comme en France ; à Bône comme à Paris, dès le lendemain de la déclaration de guerre, l'union sacrée fut proclamée ; la politique fit trêve ; les rivalités de partis, les intérêts individuels s'effacèrent devant le formidable danger qui nous venait de la Germanie. Les journaux, abandonnant sans hésitations polémiques et diatribes, ne s'occupèrent désormais que des événements qui bouleversaient l'Europe entière, et s'ils pêchèrent autrefois par excès de violence, ils surent immoler sur l'autel de la patrie toutes leurs vieilles rancunes, toutes leurs querelles de clocher.
        Dirai-je que cette résignation voulue leur enlève un certain parfum de terroir qui n'était pas sans charme ? Pour qu'un journal conserve son caractère particulier, son originalité, il lui faut le droit de critique. Connaissez-vous de nombreuses feuilles gouvernementales qui soient drôles ? Moi, pas. Les organes de l'opposition m'intéressent bien davantage. Or, aujourd'hui, dame Censure s'étant érigée en souveraine maîtresse - l'opposition n'existant plus - nos journalistes ont dû se transformer, de gré ou de force, en " beni-oui-oui ", comme on dit pittoresquement ici, et les gazettes algériennes si vivantes, si mordantes aux temps épiques des élections, ne sont plus actuellement que le pâle reflet des grands quotidiens de la Métropole.
        N'allez pas en conclure que pour cette raison ils manquent de lecteurs; bien au contraire. Lorsque les yaouleds, vendeurs de journaux, s'abattent sur la ville comme une bande de moineaux pillards, on leur arrache littéralement leurs feuilles, et le journalisme qui, en temps de paix, nourrissait mal son homme, doit le faire vivre grassement aujourd'hui.
        Nous avons cinq journaux locaux ; nous en aurions huit, nous en aurions douze, et les douze comme les cinq répèteraient-ils les mêmes nouvelles, que nous les achèterions et les lirions tous. Parfaitement, dans l'espoir souvent déçu et sans cesse renaissant de trouver un renseignement inédit concernant la guerre, ou bien tout simplement pour tâcher de découvrir dans l'obscur communiqué quelques lumières éclairant d'un jour favorable les opérations militaires du front.
        Ah ! Ces communiqués ! Avec quelle anxiété fiévreuse les avons-nous attendus entre le 25 août et le 15 septembre I914, lorsque l'envahisseur brutal avançait à pas de géants, vers la capitale menacée ! Avec quelle angoisse nous apprîmes l'exode du gouvernement vers Bordeaux ! Je frissonne encore au souvenir de ces heures sombres, où la France put craindre un instant le sinistre recommencement de 1870. Grâce à Dieu et à l'héroïsme de nos soldats, le soleil de la Marne vint bientôt ranimer nos espoirs affaiblis. Quelques Bônois pavoisèrent. J'estime que ce fut trop tôt. Nos frères souffrent encore, le territoire national n'est pas libéré. Nous arborerons des drapeaux et des palmes lorsque nos trois couleurs flotteront sur la Cathédrale de Strasbourg.

        Mais si les dissensions:politiques se calmèrent aussitôt la guerre déclarée, par contre la population bônoise subit inconsciemment une sorte d'autosuggestion qui nous rendit tous, même les plus 'sceptique, d'une crédulité enfantine ; et les nouvelles les plus tendancieuses, les moins fondées, trouvèrent créance auprès de nous.
        " Mon Dieu ". ! Je sais bien que nous sommes du Méridional bon teint, quoique habitant l'Afrique du Nord. C'est égal, je n'aurais jamais cru mes concitoyens capables de se laisser aller à de tels écarts d'imagination.
        Le Gœben et le Breslau nous firent d'abord passer par toute la série des émotions violentes.
        Ils étaient là, menaçants ; ils étaient coulés ; ils canonnaient Bizerte ou bien encore étaient prisonniers dans le port d'Alger.

        Puis, c'était Védrines qui avait trouvé la mort en, mitraillant du haut d'un dirigeable la capitale allemande. M. Caillaux avait été assassiné sur les boulevards, en plein Paris. On affirmait, et cela avec une assurance déconcertante, que la flotte anglaise venait de capturer trois cents vaisseaux ennemis dans les parages de Gibraltar. Cela vous paraît invraisemblable ? D'autres pourtant y ont cru. Un grand combat naval se livrait dans I'Adriatique, et, ajoutait-on tout bas, il n'était pas certain que nous n'en subissions le contrecoup fatal... et cela allait... cela allait
        Encore s'il n'y avait eu que cette débauche d'inventions pour surexciter les esprits, mais il y avait les espions. Les Bônois en voyaient partout. Il ne fallait pas s'aviser d'être grand, gros, d'avoir la peau trop rose, les cheveux trop blonds, des yeux de faïence et l'air bête. On vous dévisageait aussitôt d'un regard soupçonneux ; vous étiez interrogé sans discrétion sur vos antécédents.
        Aviez-vous un mari, un fils, un frère, sur le front ? Sous les drapeaux n'eut pas suffit.
        La phonétique de votre nom même pouvait être suspecte. Je connais de braves Alsaciens qui ont supporté toutes les tristesses de l'année terrible, et dont les fils combattent aujourd'hui pour sauver la France, qui se sont vus dans l'obligation de protester par la voie des journaux contre certaines insinuations malveillantes, tendant à les faire passer pour Allemands.
        Un gros et honnête boulanger de notre ville à toison rousse et à face replète dut affirmer à l'aide de ses poings vigoureux sa nationalité française : Aussi, quand, au mois d'août, on arrêta quatre espions, des vrais ceux-là qui avaient aidé - la chose paraissait évidente - au bombardement de notre ville, il fallut la force armée pour empêcher les Bônois de les lyncher sur place ; on voulait qu'ils soient fusillés sans autre forme de procès, et la population ne s'est pas encore résignée à les savoir à Lambèse sous les verrous, quand elle estime qu'ils auraient dû, depuis longtemps, avoir rendu leurs vilaines âmes au diable.

        Plus tard, la question des embusqués devait à son tour passionner les Bônois ; je devrais dire plus exactement les Bônoises, car ce furent elles qui se chargèrent de les pourchasser. Comme armes elles se servirent de leurs yeux ; j'en connais de fort beaux, doux, câlins, enjôleurs, qui deviennent méprisants, durs, et étincelants de colère indignée lorsqu'ils croisent ceux d'un franc fileur qui parade. Je vous affirme que l'embusqué comprend, n'insiste pas, et disparaît bien vite au premier coin de rue.

* * *
A SUIVRE

La Mitidja française
par M. ROHMER 
Trait d'Union N° 46, janvier 2000

       C'est la Mitidja qu'il faut parcourir pour découvrir la grandeur de l'oeuvre française en Algérie. Entre le massif onduleux des coteaux du Sahel et l'Atlas s'étale, en un vaste arc de cercle, qui va de Maison Carrée à Cherchell la luxuriante plaine de la Mitidja, elle n'était à notre arrivée, qu'un immonde marais pestilentiel, tigré de forêts de joncs impénétrables des maquis de lianes, de ronces, de jujubiers, d'acacias et de lauriers roses, des mares croupissantes d'où s'élevaient des volutes fétides et des nuées de moustiques, vecteurs de la meurtrière malaria, transformaient le marécage en un lieu hors du monde. Le Général Berthezène avait déclaré "La Mitidja sera le tombeau de tous ceux qui oseront l'exploiter". Elle fut vraiment le tombeau d'innombrables victimes du paludisme, du choléra, des farouches Hadjoutes ...

       Lorsqu'on descend les pentes inclinées du Sahel, on aperçoit cet immense tapis verdoyant qu'arrose tout un réseau d'oueds que les grosses chaleurs de l'été n'arrivent pas à tarir, grâce aux réserves neigeuses de l'Atlas. C'est d'abord l'Harrach qui se jette près de la Maison Carrée, puis le Mazafran renforcé de la Chiffa et du Bou Roumi qui gagne la mer vers Koléa, l'oued Nador vers Tipasa et l'oued Hachen vers Cherchell.

       Vers l'est la plaine se rétrécit, peu à peu, et se ferme en un étroit défilé, le petit col de Beni Aicha. Voie ferrée et routes convergent vers cette issue et se séparent pour traverser ou contourner la grande Kabylie, en direction de Constantine.

       La Mitidja occidentale se termine en une espèce de cul de sac entre le Sahel et l'Atlas par le lac Halloula. La Mitidja fut, au début de la colonisation un coupe gorge, infesté de Hadjoutes aux sanglantes incursions, jusque vers 1848 date de l'installation difficile des premières colonies agricoles : Souma, El Affroun, Beni Mered, Bou Roumi, Marengo, Ameur el Ain, Bourkika et d'autres ... Ces centres connurent des débuts les plus dramatiques : ouvriers parisiens au chômage, déportés politiques du 2ème empire et de la Commune, Alsaciens-Lorrains de 1870, subirent de longues années de désespoir et d'effrayante mortalité avant que, repeuplée, assainie par la disparition des marécages grâce à l'ouverture du tunnel du lac Halloula, la terre se couvrit enfin de vignobles qui comptent parmi les plus productifs et de somptueux vergers. De son passé, la région a gardé ses villages, au plan régulier, et son peuplement où domine l'élément d'origine française. On conçoit que cette plaine dont le terrain a une épaisseur de sol arable insoupçonnée soit d'une exceptionnelle fertilité et intensément exploitée.

       De loin en loin, précédées d'une large allée bordée de palmiers échevelés où de sages cyprès, des fermes surgissent avec la demeure du maître, les écuries, les hangars, les caves pour le traitement du raisin, les logements des ouvriers. Bâtiments blancs, blottis dans la vigne ou dans les orangeraies, abritées du vent, et dans lesquelles mûrissent les merveilleux fruits d'or, au dessus, souvent, d'un parterre de violettes au capiteux parfum.

       Une des cités les plus belles et les plus caractéristiques de la Mitidja est la petite ville de Boufarik, verte émeraude de cette plaine, oasis de platanes et de palmiers, qui, grâce à l'énergie de ses admirables colons, s'est élevée jusqu'à devenir un des centres les plus importants de la région.

       L'histoire d'ailleurs ne s'est pas trompée, en désignant Boufarik pour recevoir le monument élevé au génie colonisateur de la France qui raconte dans ses bas reliefs les scènes de la pacifique conquête. Chaque semaine, dans la matinée du lundi, s'y tient un important et pittoresque marché où se côtoient dans une foule grouillante : colons français et fellahs algériens venus en foule des tribus voisines. On y vient en effet pour acheter et vendre du bétail, mais aussi, bien sûr, pour s'y approvisionner, en grains, en viande et en tissus, et surtout pour y rencontrer des amis et flâner longuement. Réunion entre hommes car au milieu des burnous, aucune présence féminine, sauf de rares vieilles femmes. Non loin de Boufarik aux pieds de l'Atlas d'où descend le Ben Chemla - bordé de lauriers roses - se niche Souma, petit village de colonisation, au plan régulier, avec ses fossés, ses fortins, ses platanes majestueux, ses eaux caracolant dans les caniveaux.

       Pour atteindre Blida la route traverse Beni Mered dont la place s'orne d'un gracieux obélisque. C'est à Beni Mered qu'eut lieu le combat, où le sergent Blandan fut mortellement blessé, en luttant avec 21 hommes contre 300 cavaliers Hadjoutes, et dont la statue est érigée à la sortie de Boufarik.
        Blida, "la petite ville", en arabe est assise au contact de la montagne et de la plaine sur un amas de cailloux et de graviers que l'Oued el Kébir a abandonné au sortir de ses gorges. Blida, la ville des roses et des oranges. Non loin du centre se trouve un délicieux bois, planté d'oliviers séculaires dans l'ombre desquels pousse un minuscule champignon blanc, la kouba de Sidi Yacoub lieu de pèlerinage vénéré.

       On ne peut parler de Blida, sans évoquer Chréa qu'on atteint par une agréable route s'élevant en lacets pour atteindre la station estivale et de sports d'hiver, à 1500 m d'altitude. Dans une magnifique forêt de cèdres bleus s'éparpillent des chalets, des hôtels et Notre Dame des cèdres.
        Rouiba-Réghaïa, Fort de l'eau, Ain Taya ont fortement marqué le paysage de leur typique empreinte : ces jardins maraîchers, amoureusement entretenus qui donnent à profusion, artichauts violets, pomme de terre, tomates écarlates, petits pois, haricots ; pour cela il leur fallait de l'eau, ils la puisent dans le sol à l'aide de leurs norias dont on entend le cliquetis régulier tout au long du jour.

       Que de souvenirs affluent à ma mémoire à la seule évocation du nom de Mitidja : embaumé par le parfum capiteux et délicat des orangers en fleurs, ou lorsque, tout au long de la route, resplendissaient à nos yeux, dans leur écrin de feuillage, les fruits d'or carminés par les derniers rayons du soleil couchant.
        A ces lumineux souvenirs d'une époque heureuse sont venus, hélas ! S'insérer des images plus cruelles enregistrées lors de notre voyage-pèlerinage au pays natal. Quel contraste saisissant et poignant entre notre merveilleuse Mitidja et celle d'aujourd'hui !!!
        C'est le coeur serré que nous avons parcouru cette plaine, aux orangeraies soigneusement traitées naguère, aujourd'hui envahies d'herbes folles, aux arbres mal taillés, aux cyprès-paravents dépérissant, aux fermes mal entretenues ...
        Le vent de l'Histoire avait soufflé sur la Mitidja !

M. ROHMER     
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LA CHANSON
DES ANCIENS JOURS
Paru sur l'ECHO N°20, janvier 1982, envoyé par Mme Pagano
Par Marc-Antoine ClANFARANI

Quand j'ai le coin plein de tristesse
Au souvenir du temps passé
Des clairs matins de ma jeunesse
Des horizons que l'ai laissés
Quand mon esprit est en partance
Au pays des jours envolés
Plus rien pour moi n'a d'importance
Rien ne sait tant me consoler
           Qu'une chanson !

Deux ou trois notes qu'on fredonne
Sur ma guitar' quelques accords,
Deux ou trois rimes qu'on me donne
Mon coeur et moi., on est d'accord
Je vois s'éloigner ma tristesse
L'espoir renaître en mon coeur lourd
Et je découvre avec tristesse
La chanson de mes anciens jours
           Notre chanson !

Cette chanson ell' me rappelle
Le beau pays où je suis né
Un vieux village, une ruelle,
Le soleil nous riant au nez...
Mes vieux copains, je vous retrouve
Aux sentiers de mes souvenirs,
Et pardonnez-moi si j'éprouve
Tant le besoin de m'étourdir
           D'une chanson !

C'est la chanson du temps qui passe
Et qui revient et chaque instant
Et dès qu'un ennui me tracasse
Je me souviens des jours d'antan...
Deux ou trois notes sur ma guitare
Et je retrouve avec amour
Ce vieux refrain dort je m'empare
Lorsque parfois j'ai le coeur lourd
Ce vieux refrain dont je m'empare,
           Notre chanson !

Marc-Antoine ClANFARANI


ANECDOTE
Paru sur l'ECHO N°20, janvier 1982, envoyé par Mme Pagano

BONOIS À L'HONNEUR

        Avez-vous connaissance des exploits de haut niveau du jeune nageur Franck IACONO 15 ans qui nage au C.N. Fontainebleau, ville où son père (Bônois d'origine), exerce la profession de moniteur de gendarmerie.
        Ce jeune phénomène, récente révélation de la natation française, est déjà recordman du monde dans sa catégorie d'âge sur 400 m nage libre. Il a battu cet autre Bônois Pierre ANDRACA (senior), un des meilleurs spécialistes européens du 400 m nage libre. De plus, tenez-vous bien, il s'est offert, bien que cadet, les records de France toutes catégories - seniors compris - des 800 m et 1.500 m nage libre.
        Le journal officiel de la F.F.N. "Natation" de septembre/octobre 1981 qui titre "La fusée IACONO a décollé" lui a consacré un long et élogieux article, de même que "L'Equipe Magazine" dans son numéro du 5 décembre 1981.
        On remarquera que le jeune Franck est entraîné par un autre Bônois : Yves POLIZZI.
        Avec Eric LEFERT (fils de notre ami Constantinois Jacques LEFERT) pilier de l'équipe championne de France 1ère Division, le Cercle des Nageurs de Marseille en water-polo international en équipe de France A, la natation Pied-Noir, une fois de plus est bien représentée.
        Et à quel niveau!...

Marcel CARRIER        


" L'AFRIQUE ROMAINE"
L'ECOLE REPUBLICAINE : 6ème Numéro Spécial
MENSUEL MAI 1957

                                         Envoyé par M. Daniel Dardenne                                       N°2

Quelques Cités Romaines

TIMGAD

          TIMGAD (THAMUGADI) est à l'origine un petit poste créé dans une vaste plaine, à la fois élément de surveillance de l'Aurès et jalon installé sur une voie de pénétration du Sud. La ville fut fondée par la IIIème Légion Augusta au 1er siècle de notre ère, C'est une cité militaire tracée au cordeau ; ses rues perpendiculaires dessinent un quadrillage parfait, tous les édifices publics y ont été judicieusement placés à l'avance suivant un plan régulier. Par la suite, la ville s'agrandit, déborda la trop étroite ceinture des remparts et plus de fantaisie s'observe dans les faubourgs postérieurs au noyau initial. Grandiose témoignage du génie créateur et de la civilisation de Rome, Timgad nous révèle le sens pratique et utilitaire des Romains dans l'organisation de la Cité : forum, basilique judiciaire, temple, arcs de triomphe, thermes, théâtres, bibliothèques (celle de Timgad est particulièrement typique), répartition de l'eau, dallage des artères et des places, portiques.

DJEMILA

          DJEMILA (CUICUL) est à l'origine un poste de guet édifié au carrefour des routes allant l'une des plateaux à blé à la nier, l'autre de Carthage à la vallée du Chéliff par Constantine et Sétif. Dans un cadre sévère et imposant, CUICUL occupe un plateau triangulaire, flanqué de 2 côtés par des ravins parcourus par des torrents. La ville se développe rapidement à partir du 1er siècle et s'étend dans la direction du Sud en utilisant au mieux le terrain qui s'offre.
          Un 2ème forum est établi, de nouveaux édifices s'élèvent ; ils célèbrent la gloire de la dynastie africaine des SEVERE : arc de triomphe de Caracalla, temple septimien. Centre probable par la suite d'un pèlerinage chrétien, la ville souffre des troubles sociaux qui ravagent l'Afrique romaine et paraît avoir été détruite à l'époque des invasions musulmanes.

CHERCHELL

          CHERCHELL, (CAESAREA) était déjà au milieu du IVème siècle avant J.C. une modeste colonie phénicienne, elle s'appelait IOL. Beaucoup plus tard, à l'époque d'Auguste, elle devint la capitale de Juba II puis - après l'annexion définitive du pays - de la Maurétanie césarienne, Cherchell était une ville très vaste, très étendue (100.000 hab. peut-être) où les arts étaient en honneur ; c'était aussi un grand port vers lequel convergeaient sans doute les influences orientales et méditerranéennes du monde antique.
          Mise à sac par un prince Maure révolté, pillée par les Vandales, éprouvée par le temps, Cherchell perdit sa splendeur, ce n'était plus qu'une bourgade au Vème siècle.
          La ville actuelle ayant été construite sur l'emplacement de la cité romaine, les fouilles n'ont pu dégager que peu de vestiges. Cependant de magnifiques statues ont trouvé place au musée de Cherchell, l'un des plus beaux, le plus beau peut-être de l'Afrique du Nord, Sa visite est du plus grand intérêt: Statues et sculptures sont pour la plupart des copies ; elles donnent cependant une haute idée de ce qu'étaient les originaux aujourd'hui perdus.

TIPASA

          A 70 km à l'ouest d'Alger, TIPASA était, un port actif. Dans un cadre de verdure que ferme la masse imposant et proche du Chenouat les nombreux restes de cette petite ville bien connue aujourd'hui, constituent un ensemble évocateur et captivant. Outre les thermes, les temples, le théâtre, le forum qu'entourent la basilique civile, le capitole et la curie - monuments classiques que l'on retrouve partout - on observe à Tipasa de très intéressants vestiges du christianisme antique en Afrique du Nord.
          Là, vécut, et mourut sans doute Sainte Salsa, Les pentes douces qui montent vers les ruines de la basilique, édifiée sur l'emplacement de sa sépulture, sont littéralement encombrées et recouvertes par les sarcophages des chrétiens qui ont voulu reposer le plus près possible de sa tombe. Les épitaphes, les inscriptions, les mosaïques permettent à Tipasa une évocation particulièrement émouvante de la vie d'une cité disparue.

Vie économique de l'Afrique Romaine

          " Dans l'ensemble des régions soumises à son autorité, Rome a organisé la production et des échanges ; en assurant l'ordre, en disciplinant et en outillant les populations qui, avant elle, étaient barbares, en leur enseignant le confort et le luxe, en créant des routes, en favorisant le trafic maritime, elle a développé une activité économique dont bénéficièrent tous ceux qui vivaient dans les frontières de l'Empire ".
          " L'Afrique Romaine formait un vaste domaine à faire valoir de concert entre les anciens occupants berbères et les nouveaux maîtres romains. Il y a eu dans l'exploitation du pays deux phases distinctes dont la première va jusqu'à la fin du 1er siècle après J.C.
          La production fondamentale à cette époque, la seule qui fournisse matière à un commerce d'exportation, ce sort les céréales et surtout le blé : l'orge est consommée par les pauvres ; l'olivier et la vigne sont en régression ".

          " Cette culture était encouragée très activement par la volonté réfléchie des empereurs et de leurs représentants locaux. Le blé consommé sous forme de bouillie ou de pain, constituait le fond de la nourriture en pays romain. Il en fallait une grande quantité à Rome et en Italie, soit comme blé circulant dans le commerce, soit pour les distributions gratuites ou les ventes à très bas prix grâce auxquelles on obtenait du peuple de Rome qu'il ne bougeât point. Le souci le plus pressant pour les empereurs était d'assurer ce ravitaillement ".
          " Comme denrées d'exportation, en dehors du blé, il y a les figues et quelques autres fruits comme la grenade ; cependant, les dattes d'Afrique ont mauvaise réputation. Dans le règne animal, deux commerces sont à signaler : les mulets d'Afrique qui sont très recherchés et les fauves pour les jeux de l'amphithéâtre. A l'industrie, l'Afrique ne fournit que peu de matières premières, un marbre extrêmement coûteux, un bois de luxe : le thuya. Sur place, quelques manufactures fabriquent des étoffes de pourpre ".

          " A PARTIR DU IIème SIECLE, le blé n'a plus l'importance exclusive qu'il avait au 1er siècle. Dans les terrains qu'on défriche, on plante surtout des oliviers et des vignes.
          Les arbres fruitiers et surtout les figuiers, les légumes et particulièrement les fèves, forment les cultures accessoires.
          L'élevage du cheval, du gros et du petit bétail se développe. Vers la fin du IIème siècle, le chameau commence à tenir une place dans l'économie rurale.
          On exploite alors les mines de fer, de plomb argentifère, de cuivre. Les forêts africaines fournissent à Rome des bois de construction et de chauffage ".

          " Les efforts les plus persévérants et les plus efficaces ont porté sur l'utilisation de l'eau, Des travaux hydrauliques assuraient l'utilisation maxima des eaux pluviales et des sources. Des barrages disposés dans les ravins, retenaient les eaux, des digues les conduisaient vers la plaine où des systèmes d'épis, de rigoles et de vannes les répartissaient à travers les champs. L'aménagement hydraulique a été la partie la plus importante de l'oeuvre romaine en Afrique ".
D'après ALBERTINI Inspecteur général des Antiquités et des Musées de l'Algérie.

LECTURES

TIPASA...
D'UNE COLLINE..

          Je gravissais l'un après l'autre des coteaux dont chacun me réservait une récompense, comme ce temple dont les colonnes mesurent la course du soleil et d'où l'on voit le village entier, ses murs blancs et roses et ses vérandas vertes. Comme aussi cette basilique sur la colline Est : elle a gardé ses murs et dans un grand rayon autour d'elle s'alignent des sarcophages exhumés, pour la plupart à peine issu de la terre dont ils participent encore. Ils ont contenu des morts ; pour le moment il y pousse des sauges et des ravenelles. La basilique Sainte-Salsa est chrétienne, mais chaque fois qu'on regarde par une ouverture; c'est la mélodie du monde qui parvient jusqu'à nous : coteaux plantés de pins et de cyprès ou bien la mer qui roule ses chiens blancs à une vingtaine de mètres. La colline qui supporte Sainte-Salsa est plate à son sommet et le vent souffle plus largement à travers les portiques. Sous le soleil du matin, un grand bonheur se balance dans l'espace.
Albert CAMUS      
NOCES (Charlot - Editeur)  


DJEMILA...
DANS LA LUMIERE ET LE SILENCE

          Il est des lieux où meurt l'esprit pour que naisse une vérité qui est sa négation même,
          Lorsque je suis allé à Djemila, il y avait du vent et du soleil, mais c'est une autre histoire. Ce qu'il faut dire d'abord, c'est qu'il y régnait un grand silence lourd et sans fêlure - quelque chose comme l'équilibre d'une balance. Des cris d'oiseaux, le son feutré de la flûte à trois trous, un piétinement de chèvres, des rumeurs venues du ciel, autant de bruits qui faisaient le silence et la désolation de ces lieux. De loin en loin, un claquement sec, un cri aigu, marquaient l'envol d'un oiseau tapi entre les pierres. Chaque chemin suivi, sentiers parmi les restes des maisons, grandes rues dallées sous les colonnes luisantes, forum immense entre l'arc de triomphe et le temple sur une éminence, tout conduit aux ravins qui bornent de toutes parts Djemila, jeu de cartes ouvert sur un ciel sans limites.
Albert CAMUS      

LA DESTRUCTION DE TIMGAD

          ...Dans les huit années qui suivirent la mort de Genséric (477), " les Maures qui habitent le mont Aurès firent sécession, et conquirent leur autonomie... Les Vandales n'ont jamais pu les ramener à l'obéissance, l'armée vandale n'a même pas essayé d'escalader leurs montagnes abruptes... A partir du moment où les Maures de l'Aurès eurent secoué la domination vandale, ils n'eurent plus rien à craindre, il furent les maîtres. Au pied nord de la montagne, dans la plaine, les Maures évacuèrent tous les habitants de Timgad qui étaient nombreux, et détruisirent la ville jusqu'au ras du sol D. (1).
          .,.Grâce à Procope, nous savons avec précision que les ruines de Timgad datent des années qui ont suivi immédiatement la mort de Genséric..
          Procope qui est un " war correspondant ", croit que la destruction de Timgad a eu des motifs stratégiques. Il se serait agi de supprimer une ville romaine qui gardait la voie d'accès principale de l'Aurès, ce que nous appellerions aujourd'hui une tête de pont. Et il est vrai que Timgad est à côté de Lambèse, le vieux centre militaire de la Légion...
          Il est permis de croire que Procope oublie l'essentiel.

          La Numidie de l'Aurès était, au temps de Saint-Augustin, le centre principal des donatistes (2) et des circoncellions, parce qu'elle était le centre principal de la très grande propriété. Les villes dont Timgad est devenu le type populaire, par la décision du Service des Antiquités, étaient, de leur vivant, des centres de haute bourgeoisie latine, autour desquels bouillonnait la haine du prolétariat agricole berbère, c'est-à-dire des circoncellions. Il n'est pas possible que celle haine, à la fois sociale et raciale, ait été étrangère à la destruction de Timgad,

E. F. GAUTIER                
Genséric, Roi des Vandales 
PAYOT, p. 282.               

- (1) Selon Procope ; chroniqueur et historien byzantin, secrétaire de Bélisaire (mort vers 562).
- (2) Partisans de l'évêque de Carthage, Donat (IVème siècle, les donatistes se considéraient comme les seuls héritiers des apôtres.
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

- GSELL, MARÇAIS, YVER : Histoire de l'Algérie (Boivin 1927)
- Ch. A. JULIEN : Histoire de l'Afrique du Nord (Payot 1931)
- BOISSIER : L'Afrique romaine (Hachette 1895)
- ALBERTINI : L'Afrique romaine (Gouv. Gén. d'Algérie 1937)
- E.F. GAUTIER : Genséric, roi de; Vandales (Payot 1932)
- E.F. GAUTIER : Le passé de l'Afrique du Nord (Payot 1927)
- GSELL : Promenades archéologiques autour d'Alger
- Jean BARADEZ : Vue Aérienne de l'organisation dans le Sud Algérien - Fossatum Africae. (Arts et Métiers graphiques 1949)

* * *
A SUIVRE

RECUEIL OFFICIEL
DES ACTES DE LA PREFECTURE DE CONSTANTINE
ANNÉE 1888, 30 MAI - N°8
N° 103. - 3ème BUREAU. - N° 6379

COLONISATION. - Circulaire de M. le Gouverneur général décidant que désormais les contenances des dotations des écoles et presbytères auront une étendue d'un hectare.

Circulaire à MM. les Maires et Administrateurs du Département.

Alger, le 2 juin 1888.       
                MESSIEURS,

                J'ai l'honneur de vous donner ci-après copie d'une circulaire par laquelle M. le Gouverneur général a décidé que désormais les contenances des dotations des écoles et presbytères auront une étendue d'un hectare.



*****
Alger, le 12 juin 1888.       

                MONSIEUR LE PRÉFET,

                J'ai eu l'honneur, par dépêche du 8 mai dernier, N° 2,876, de soumettre à votre appréciation les dispositions qu'il me paraissait convenable d'arrêter au sujet de la contenance à réserver désormais pour la dotation des écoles et des presbytères dans les centres de colonisation.
                Vous avez émis l'avis que ces dispositions sont de nature à donner satisfaction aux besoins réels des desservants et des instituteurs.
                Vos collègues ayant exprimé une opinion absolument identique, je décide, en présence de cette unanimité d'avis, que :
                1° Les circulaires gouvernementales des 13 janvier 1869 et 18 novembre 1873 sont rapportées ;
                2° Dans les centres où la dotation communale n'est pas encore constituée, les lots réservés pour chaque école et le presbytère seront ramenés à l'étendue d'un hectare. Toutefois, pour les lots actuellement occupés on attendra pour appliquer cette mesure, le changement des titulaires qui en jouissent ;
                3° Désormais, il ne sera réservé dans les nouveaux lotissements, en dehors du lot urbain, pour être affecté à la cure et à chaque école (garçons et filles) qu'un lot d'un hectare environ qui sera situé le plus près possible du périmètre urbain.

Le Gouverneur général,         
Signé : TIRMAN.         

*****
                Je vous prie, Messieurs, de vouloir bien veiller, chacun en ce qui vous concerne, à l'exécution de la présente décision.

Préfet, MENGARDUQUE.        

MŒURS ET COUTUMES DE L'ALGÉRIE
  1853                     Par LE GÉNÉRAL DAUMAS                            N° 1 
Conseiller d'Etat, Directeur des affaires de l'Algérie
TELL - KABYLIE-SAHARA

AVANT-PROPOS.
  
Appeler l'intérêt sur un pays auquel la France est attachée par les plus nobles et les plus précieux liens, faire connaître un peuple dont les moeurs disparaîtront, peut-être un jour, au milieu des nôtres, mais en laissant, dans notre mémoire, de vifs et profonds souvenirs, voilà ce que j'ai entrepris. Je ne me flatte pas d'avoir les forces nécessaires pour accomplir cette tâche, à laquelle ne suffirait pas d'ailleurs la vie d'un seul homme; je souhaite seulement que des documents réunis, avec peine, par des interrogations patientes, dans le courant d'une existence active et laborieuse, deviennent, entre des mains plus habiles que les miennes, les matériaux d'un édifice élevé à notre grandeur nationale.
Général E. Daumas

LE TELL
I
Des races qui peuplent l'Algérie.

              Les habitants de l'Algérie se divisent en deux races distinctes, la race arabe et la race kabyle. L'une et l'autre suivent le culte mahométan; mais leurs mœurs, la constitution de leur société, aussi bien que leur origine et leur langue, en forment deux grandes divisions distinctes, que nous nous proposons d'examiner dès à présent. Cette étude nous mettra en mesure de mieux nous rendre compte de l'accord qu'on a voulu établir entre les institutions et les coutumes des habitants. Elle aura aussi l'avantage d'offrir la définition de beaucoup de termes que nous emploierons par la suite, et sur le sens desquels il importe d'être fixé préalablement.
              La race arabe doit attirer d'abord notre attention, comme étant à la fois la plus nombreuse et celle que les relations plus suivies nous ont permis de mieux connaître dans ses détails.

              Il n'existe point de document historique qui nous permette d'apprécier les transformations de la société arabe, avant d'être arrivé à son état actuel. Tout nous porte à croire que tel que nous l'observons aujourd'hui, cet état est voisin de sa forme primitive : ce sont donc les faits actuels que nous nous bornerons à constater.
              Une partie de la population arabe s'est fixée dans les villes. Ces musulmans, auxquels nous donnons le nom de Maures, sont compris sous la dénomination générique de Hadar. Nous ne nous occuperons point de cette faible minorité, qui vit aujourd'hui dans un milieu qui n'est pas exclusivement le sien, et qui n'y a point formé société à part, ayant droit à une administration particulière.

              Les Arabes dont nous parlerons ici, sont ceux qui vivent sous la tente ou sous le chaume, et que l'on désigne sous le nom générique de Hall-El-Badïa. Ils habitent une étendue de pays immense, que la nature a divisé en deux zones très distinctes. La première comprend un pays fertile en grains et d'une culture facile, qui s'étend entre les hautes chaînes de montagnes et la mer. Les hauts plateaux forment la seconde, qui est pauvre en céréales. Nous disons dès à présent que la première de ces zones est occupée par les Arabes cultivateurs, et la seconde par les Arabes pasteurs ou Rehhala. Nous aurons bientôt l'occasion de nous occuper séparément de chacune de ces divisions, et de constater les différences pour la plupart locales, par lesquelles elles se distinguent. On peut déjà, d'après ce qui vient d'être dit, se rendre compte d'une façon générale de la division que nous venons de rappeler et dont la nature du sol a été la cause principale. Il est nécessaire d'examiner maintenant, avant d'aller plus loin, la nature des divisions intérieures dues à des influences morales; d'examiner, en un mot, la société que le caractère arabe et la religion musulmane ont développée en Algérie.
              La société arabe repose sur trois caractères généraux, qui se trouvent jusque dans ses plus petites divisions. Ce sont :
              1° L'influence de la consanguinité.
              2° La forme aristocratique du gouvernement.
              3° L'instabilité des centres de population, ou, si l'on veut, la répugnance des Arabes à se fixer d'une façon permanente sur un point donné du sol.

              Le premier de ces principes dérive de l'interprétation que les Arabes ont adoptée de la loi de Mohammed. Le second résulte à la fois des préceptes religieux et des habitudes nationales ; le troisième de ces principes enfin est étranger à la religion et ne tient absolument qu'au caractère du peuple arabe, à des raisons tirées de la culture et de la nature du pays que ce peuple habite.

              Quelle que soit, du reste, dans ces bases de la société, la part qui revient à la croyance ou aux habitudes, leur existence une fois admise, et on ne saurait la nier, l'explication des phénomènes de la vie arabe devient aisée.
              C'est ce que nous allons essayer de démontrer, en exposant à la fois la naissance, la formation de la tribu arabe et ses divisions actuelles.

              Un coup d'oeil jeté sur le Koran suffit pour faire comprendre que son esprit est éminemment favorable à l'autorité du père de famille, et qu'il a dû, sinon établir, au moins consacrer les habitudes de la vie patriarcale chez les Arabes. Non seulement la parenté est plus étendue chez les musulmans que chez nous, puisqu'elle comprend, par exemple, les soeurs et frères de lait, mais elle est encore établie sur des bases plus solides. On comprend, en remontant vers le passé, que, par ces liens de la consanguinité, tous les descendants d'une même famille se trouvaient étroitement unis et soumis à l'autorité d'un seul, par droit naturel. Quelquefois par l'action seule du temps, cette réunion grandissait, se multipliait et formait une petite nation à part. D'autres fois, quand une pareille famille était puissante par ses richesses, ou illustre par ses faits d'armes, la protection qu'elle était en mesure d'accorder à ceux qui voulaient en partager le sort, attirait à elle d'autres familles d'une parenté plus éloignée ou même étrangères, mais qui bientôt par des alliances venaient se rattacher à la famille principale. Ce sont de pareilles agglomérations de familles ou d'individus, formées à des époques reculées sous le nom d'un chef commun, qui, après avoir traversé des siècles, ont formé la tribu arabe. Il ne faut donc point être surpris de trouver chez elle ce qu'ailleurs on ne rencontre que dans les grands États : une histoire nationale vivant dans les traditions, des alliances fixes, des antipathies incessantes, enfin une ligne de politique tracée et une grande intelligence des intérêts généraux.

              C'est, comme nous l'avons dit, la réunion de familles qui se croient généralement issues d'une souche commune, qui forme la tribu arabe. Ce qui distingue cette petite société, c'est l'esprit de solidarité et d'union contre les voisins, qui de son berceau a passé à ses derniers descendants, et que, la tradition et l'orgueil, aussi bien que le souvenir des périls éprouvés en commun, tendent encore à fortifier. Comme on le voit, le principe de l'influence de la consanguinité, a non seulement contribué puissamment à former la tribu, mais c'est encore lui qui l'empêche principalement de se dissoudre.
              Ceci paraîtra encore plus vrai, si on considère la forme du gouvernement de ces tribus, que nous examinerons bientôt et où la noblesse joue un si grand rôle. Ainsi toutes les familles nobles d'une tribu se regardent comme unies, plus particulièrement par les liens du sang, alors même qu'à des époques très reculées elles auraient eu des souches distinctes. Nous aurons bientôt l'occasion de parler en détail de la noblesse chez les Arabes.

              Le sort des tribus a été extrêmement variable ; quelques-unes sont entièrement éteintes, d'autres sont extrêmement réduites, d'autres encore sont restées puissantes et nombreuses. On peut dire que le nombre des individus formant une tribu, varie de cinq cents à quarante mille; il est, en tout cas, fort inférieur au chiffre de la population, que les terres occupées par la tribu pourraient nourrir. Il n'est point difficile de se rendre compte de cette illégalité de population dans les tribus ; leur genre de vie les soumet à mille vicissitudes, et nous avons vu nous-mêmes, en peu d'années, plusieurs exemples de tribus qui, naguère puissantes et nombreuses, sont éteintes aujourd'hui.
              Quel que soit du reste le chiffre de la population d'une tribu et son état de fortune, nous le regarderons toujours comme unité politique et administrative. Ce principe entraînera pour nous deux conséquences, dont l'une est relative aux hommes et l'autre au territoire, savoir : La tribu sera administrée par des hommes tirés de son sein, et elle aura, en second lieu, un droit exclusif sur son territoire, sauf les réserves dont il sera question plus tard. C'est cette dernière conséquence admise déjà par le fait, qui constitue aujourd'hui la garantie la plus précieuse de l'ordre public, puisqu'elle nous permet, en tout droit, de rendre la tribu responsable des actes commis sur son territoire en temps de paix, et lorsque les coupables ne se trouvent pas entre les mains de la justice.
              Les tribus sont divisées en un plus ou moins grand nombre de fractions, selon leur importance. Les noms donnés à ces différentes fractions sont très variables en arabe : on les appelle ordinairement Kasma, Farka ou Rouabaa, Fekhad, ou Khoms, etc. Nous allons examiner ces différentes divisions. A cet effet, nous reconstituerons la tribu en prenant pour point de départ, sa division la plus restreinte, ou, si l'on veut, son premier élément. Nous croyons utile de dire en même temps mi mot des chefs de ces fractions, afin de nous rendre compte de la limite à laquelle l'État intervient pour imposer un agent, qui veille aux intérêts généraux.

              De même que la tribu est un élément politique et administratif dans le gouvernement, de même le douar est l'élément de famille dans la tribu. Tout chef de famille, propriétaire de terres qui réunit autour de sa tente, celles de ses enfants, de ses proches parents ou alliés, de ses fermiers, forme ainsi un Douar (rond de tentes), dont il est le chef naturel, dont il est le représentant ou Chïkh dans la tribu, et qui porte son nom. L'autorité de ce Chïkh, comme on le comprend déjà, est indépendante de toute délégation extérieure ; ni l'État ni la tribu ne peuvent intervenir dans sa nomination, si on peut appeler ainsi l'acte qui, d'un consentement tacite mais unanime, confère l'autorité à un seul. Les besoins de la vie nomade, aussi bien que les préceptes religieux, expliquent du reste la formation du Douar et sa constitution. Le désir de sécurité pour les individus, la garde des richesses et des troupeaux ont porté les hommes d'une même souche, à se réunir, à voyager ensemble, à se soumettre à une autorité non contestée. L'histoire de tous les peuples nomades nous offre des faits analogues.

              Divers Douar réunis, forment un centre de population qui reçoit le nom de Farka, etc. Cette réunion .a principalement lieu, lorsque les chefs de Douar reconnaissent une parenté entre eux ; elle prend souvent un nom propre sous lequel sont désignés tous les individus qui la composent, et agit ordinairement de concert. Les chefs des Douar se réunissent en assemblée (Djemda) pour discuter les mesures communes et veiller aux intérêts de leurs familles; ils forment une sorte d'aristocratie qui a ses chefs (El-Kebar). Bientôt encore l'homme le plus influent ou le plus illustre parmi ces grands devient d'un commun accord le chef de la Farka. En général, le chef d'une Farka ne doit son élévation qu'à la confiance générale qu'il inspire.
              C'est la réunion de plusieurs Farka, en nombre très variable, qui forme les grandes tribus; les petites tribus, au contraire, ne sont souvent constituées que par la réunion des Douar.
              La nomination du chef d'une tribu, si faible qu'elle soit, ou du chef d'une Farka dans une tribu puissante, n'est plus abandonnée au choix seul des membres de la réunion. L'État intervient ici, nomme ce chef qui reçoit le nom de Kaïd, et en fait le représentant de ses intérêts.
              Les familles que leur influence autorise à aspirer à l'emploi de Kaïd pour l'un de leurs membres, sont parfaitement connues dans les tribus, qui regarderaient comme une humiliation d'être gouvernées par un homme dont l'origine ne serait pas illustre. Ce trait peut donner une idée du caractère essentiellement aristocratique des Arabes.

              Après avoir examiné la formation d'une tribu et ses divisions intérieures, il convient d'étudier la manière dont la propriété territoriale y est répartie. Les détails relatifs à la distribution du sol, dont nous allons nous occuper ne sont pas, en général, applicables aux hauts plateaux habités par les Arabes pasteurs. Nous ferons, dans un paragraphe particulier, ressortir les différences qui existent, sous ce rapport, entre eux et les Arabes cultivateurs.
              Le territoire occupé par une tribu est nettement délimité et exclusivement partagé entre ses enfants. Nous avons déjà insisté sur ce point important du droit exclusif d'une tribu sur son territoire; la suite nous apprendra la nature des exceptions que souffre ce principe. Contrairement à ce qui a lieu dans la province de Constantine, la tribu est propriétaire du sol qu'elle cultive, au moins en très grande partie : on peut rencontrer trois catégories parmi les terres, qui sont la propriété réelle de la tribu.
              1° Une partie des terres appartient à quelques grandes familles, et ne passe jamais à l'état de propriété commune.
              2° Les bois et les terres laissés en friche sont à l'état de propriété commune et utilisés comme tels par les membres de la Farka ou de la division de la tribu à laquelle ils appartiennent.
              3° Les terres ensemencées d'une Farka, sont considérées jusque après la récolte comme sa propriété particulière.
              Nous avons dit qu'entre les terres appartenant en toute propriété à la tribu, son territoire en renfermait souvent d'autres, sur lesquelles elle n'avait aucun droit. Ces dernières sont de deux espèces différentes : elles appartiennent ou au gouvernement, ou à des corporations religieuses appelées Zaouya, et dont nous ferons connaître la nature.
              Les terres du gouvernement sont, en général, bien connues des tribus ; elles comprennent la plus grande partie des forêts, et une grande quantité de terres labourables. Elles se sont accrues des biens de la Mecque et Médine, qui, par suite de nouvelles dispositions sont rentrées dans le domaine de l'État. Il est inutile d'examiner en détail les causes qui ont rendu l'État propriétaire d'immeubles aussi considérables; nous dirons seulement que les plus importantes sont les donations, les confiscations et les successions tombées en déshérence.

              Enfin une partie du sol appartient à des congrégations religieuses, dont la constitution sera exposée quand nous parlerons de la noblesse militaire et religieuse. Nous nous bornerons à faire remarquer ici que le territoire de ces Zaouya forme une circonscription distincte dans la tribu, qui, pendant longtemps, n'a point été soumise au payement des impôts.
              Bien que l'étendue du pays occupé par une tribu soit en général hors de rapport avec le nombre de ses habitants, on rencontre cependant des Douar qui ne possèdent aucune partie du sol en propre. Les Douar, désignés sous le nom de Ketaà (pièce, morceau), ne comptent pas d'une façon fixe, dans telle on telle division de la tribu. Chaque année ils passent un marché avec un Farka, louent sur son territoire la quantité de terres nécessaire à leur subsistance, et se considèrent, pour ce temps, comme membres de la fraction de tribu, avec laquelle ils ont traité. Ces Douar, dont la composition est moins fixe que celle des Douar de propriétaires, se recrutent dans la classe des fermiers qui, ayant acquis quelque fortune, désirent mener une vie plus indépendante. Ces fermiers mêmes se désignent ordinairement sous le nom de Khammès (de Khoms, cinquième), parce qu'ils ont droit au cinquième de la récolte, semences prélevées.

              Les renseignements que nous venons de donner sur la constitution d'une tribu, seraient fort incomplets, si nous n'y ajoutions point des détails sur les hommes qui la composent et surtout sur ceux qui la commandent et la dirigent. C'est ce que nous allons faire en parlant des différentes classes de la société et de la noblesse chez les Arabes. I
              l est bien rare qu'une société puisse subsister longtemps sans faire naître dans son sein des classes distinctes, jouissant de privilèges, soit matériels, soit moraux. Au premier abord, on pourrait être tenté de supposer que, chez un peuple d'un caractère très indépendant, ces divisions seraient moins tranchées; mais les faits prouvent que, rapportée aux Arabes, cette supposition serait très inexacte. Chez eux, en effet, cette distinction des classes est profondément gravée dans les esprits, bien que nous ne nous en rendions pas toujours exactement compte. Accoutumés, comme nous le sommes, à discerner, le plus souvent à des signes extérieurs, les classes de notre société les unes des autres, nous sommes portés à regarder comme égaux entre eux, des hommes dont le costume est assez uniforme et dont les relations réciproques nous offrent le spectacle d'une familiarité étrangère à nos moeurs. Les habitudes de la vie de famille et les circonstances où se trouve le pays expliquent cette apparence d'égalité. Quant au fond, ici comme ailleurs, le serviteur n'est point l'égal du maître, l'homme du peuple ne pèse pas dans la balance autant que l'homme que sa position ou sa famille appellent à jouer un rôle principal.

              Le peuple arabe a non seulement ses chefs militaires, mais il a encore ses chefs religieux. Chacun peut juger à sa manière le degré de fidélité et de soumission que les Arabes ont montré pour les hommes influents de l'ordre spirituel ou temporel; mais nul ne saurait révoquer en doute, que ce sont ces chefs qui tiennent le fil de la politique dans les tribus. C'est donc de l'aristocratie militaire et religieuse que nous croyons devoir nous occuper en premier lieu.

              Il existe chez eux trois sortes de noblesse :
              1° La noblesse d'origine.
              2° La noblesse temporelle ou militaire.
              3° La noblesse religieuse.

              Examinons en quelques lignes ces différents ordres :
              1° On appelle noble d'origine (Chérif) tout musulman qui peut, au moyen de titres en règle, prouver qu'il descend de Fathma-Zohra, fille du prophète et de Sidi-Ali-Abi-Thaleb, oncle de ce dernier. On peut dire que c'est Mohammed lui-même qui a fondé cette sorte de noblesse, très considérée chez les Arabes. Il prescrit, en effet, dans plusieurs passages du Koran, aux peuples qui ont embrassé sa foi, de témoigner les plus grands égards, aux hommes issus de son sang, en annonçant qu'ils seront les plus fermes soutiens et les purificateurs futurs de la loi musulmane. Les Arabes montrent, en général, une grande déférence pour les Cheurfa (pluriel de chérif) et leur donnent le titre de Sidi (mon seigneur). Toutefois, comme leur nombre est très considérable, au point de former des Furka particuliers dans certaines tribus, les marques extérieures de respect qu'on leur témoigne, varient avec les lieux. Le Chérif est sujet aux lois, mais il a dans les pays musulmans le droit d'invoquer la juridiction de ses pairs. C'est ainsi qu'Abd-el-Kader s'était réservé le droit de les juger lui-même.
              Les Cheurfa jouissent de prérogatives plutôt morales que matérielles, et leur influence ne doit pas se mesurer sur les honneurs qu'on leur rend.

              2° Les membres de la noblesse militaire, chez les Arabes, portent le nom de Djouad. Ce sont les descendants des familles anciennes et illustres dans le pays, ou bien encore les rejetons d'une tribu célèbre, les Koraïche, dont Mohammed et sa famille faisaient partie. Dans ce dernier cas, ils se désignent par le nom de Douaouda et représentent une noblesse supérieure aux Djouad ordinaires.
              La plus grande partie des Djouad tire son origine des Mehkal, conquérants venus de l'est à la suite des compagnons du Prophète.
              Quoi qu'il en soit, les Djouad constituent l'élément militaire dans la société arabe. Ce sont eux qui, accompagnés de leur clientèle, mènent les Arabes au combat. Par le fait, ces derniers sont presque leurs sujets.
              L'homme du peuple a beaucoup à souffrir des injustices et des spoliations des Djouad ; ceux-ci cherchent à faire oublier ces mauvais traitements et à maintenir leur influence, en accordant généreusement l'hospitalité et leur protection à ceux qui la réclament. Du reste, l'habitude qui fait endurer les plus grands maux, a fortement rivé la chaîne qui unit aux Djouad l'homme du peuple. Ces Chïkh, car c'est le nom que les Arabes leur donnent, quels que soient leur âge et leur position, réunissent deux traits saillants du caractère national : l'avidité du gain et un certain amour du faste, quoiqu'au premier abord ces deux penchants semblent opposés.

              3° La noblesse religieuse mérite, plus encore que la noblesse militaire, d'être étudiée avec soin, car son influence sur les peuples est encore plus puissante, quoiqu'elle ne soit pas basée sur les mêmes fondements.
              Les membres de cette noblesse s'appellent marabouts. Le marabout est l'homme spécialement voué à l'observance des préceptes du Koran; c'est lui, qui, aux yeux des Arabes, conserve intacte la foi musulmane ; il est l'homme que les prières ont le plus rapproché de la divinité. Aussi ses paroles deviennent des oracles auxquels la superstition ordonne d'obéir et qui règlent à la fois les discussions privées et les questions d'un intérêt général. C'est ainsi que les marabouts ont souvent empêché l'effusion du sang en réconciliant des tribus ennemies; c'est ainsi que leur protection (Aànnaya) a soutient suffi pour garantir de toute atteinte les voyageurs ou les caravanes. Bien des fois encore ils ont, le Koran en mains, prêché la guerre contre les infidèles. Ces exemples suffisent pour démontrer que leur influence s'étend sur les questions religieuses et politiques; elle est, d'ailleurs, d'autant mieux assurée, que l'exercice du culte, l'explication des livres saints, la consécration de toutes choses, mettent les marabouts en relation continuelle et intime avec les musulmans. Il faut remonter très haut dans notre histoire pour retrouver le temps où nos évêques jouaient le rôle de marabouts, et où leur influence spirituelle et temporelle était assez grande pour allumer aussi une guerre sainte, en entraînant les croisés vers la Palestine.

              Un des caractères principaux de la noblesse religieuse est, qu'elle est héréditaire comme les précédentes. Les premiers marabouts étaient en général des hommes rigoureux observateurs du Koran, qui passaient pour avoir donné des preuves de leur nature supérieure en produisant des miracles. Tels sont Mouley-Thayeb, Mohammed-ben-Aàïssa, Hhasnaouy, Abd-el-Kader mort à Baghdad, etc., etc., en l'honneur desquels on retrouve en Algérie une foule de chapelles. C'est ordinairement autour de ces Zaouyas (chapelles), que les marabouts réunissent une sorte de Douar qui prend le nom de Zaouya, précédé du mot Sidi. Une partie des terres voisines provenant en général des donations pieuses, est cultivée par les hommes de la Zaouya et sert à les nourrir. De larges offrandes, des provisions de toute espèce, sont offertes aux marabouts et à ceux qui, vivant près de lui, étudient la loi; quelquefois même, par suite d'anciennes obligations que la religion prescrit d'observer, les voisins de la Zaouya lui payent l'àachour ou la dîme; toutefois ce tribut n'a jamais eu de caractère obligatoire devant la justice.

              Les Zaouya sont commandées par l'homme le plus influent de la famille des marabouts ; l'exercice de l'hospitalité envers tous les voyageurs et tes étrangers musulmans, est un des premiers devoirs de sa position; les criminels même doivent trouver un abri chez lui : c'est ainsi que quelques chapelles (que nous appelons vulgairement marabouts) sont un asile inviolable aux yeux des Arabes.
              Du reste, ces congrégations religieuses sont tellement nombreuses dans quelques tribus, telles que les Hachem, par exemple, qu'elles y forment des divisions ou Farka particuliers.
              Les marabouts ne se livrent ordinairement à aucun travail manuel; ils se vouent dans l'intérieur des Zaouya à l'instruction d'un certain nombre d'hommes ou d'enfants, qui leur ont été confiés par les tribus. Ces disciples ou desservants de marabouts prennent le nom de Tolba (de Taleb, Lettré). Ces Tolba étudient la religion dans le Koran, et les diverses branches de connaissances exigées par leur état. Ils ont le droit de consacrer les mariages, de prononcer les divorces, etc., etc, et, à ce titre, ils jouissent d'une certaine considération. Toutefois il arrive rarement, de nos jours, qu'à l'extinction d'une famille de marabouts, un de ces Tolba monte d'un degré et devienne marabout à sa place dans la Zaouya; le plus souvent ils aspirent à devenir soit maîtres d'école dans les villes, soit assesseurs du Kady, soit même Kady; d'autres fois encore ils ne suivent aucune de ces carrières, et vivent du produit des terres affectées à l'entretien du marabout de leur ordre.

              On commettrait une grande erreur en tirant de ce qui précède, la conséquence que tous les Cheurfa, Djouad ou Marabout occupent une position élevée dans la société arabe; on en voit, au contraire, journellement occupés à tous les métiers. Mais, si tous les membres de ces classes ne jouissent point d'une part égale de considération et d'influence, on peut affirmer au moins que la puissance et l'autorité ne se trouvent que chez elles.
              Les classes inférieures, celles qui constituent la masse du peuple, n'offrent pas à beaucoup près chez les Arabes, la même variété que chez nous. On ne trouve, en effet, au-dessous de l'aristocratie, que les propriétaires fonciers, les fermiers et domestiques ou manoeuvres. Chez les tribus des Arabes pasteurs, où, à de très rares exceptions près, la propriété ne consiste qu'en troupeaux, celte uniformité est plus grande encore. (Nous devons encore répéter ici que nous faisons abstraction entière des habitants musulmans des villes).
              Peut-être serait-il convenable de dire quel est l'état de l'esclavage chez les Arabes; mais il serait trop long de donner à cet égard des renseignements suffisants. Nous, nous bornerons à dire que l'esprit du Koran autorise l'esclavage, mais en établissant des dispositions qui paraissent avoir rendu très tolérable la position des esclaves. Les lois relatives aux relations entre le maître et l'esclave sont conçues dans un but tout paternel, et elles ont pour résultat de faire de l'esclave une partie intégrante de la famille.

              La lacune qui frappe le plus dans la société arabe, tient à l'absence complète des marchands et des ouvriers proprement dits. On peut dire que l'industrie est presque nulle dans les tribus chez les hommes, et celle des femmes ne s'étend guère au delà de la confection des objets nécessaires à l'habillement. Autant les Arabes aiment à se livrer au petit commerce, autant ils éprouvent de répugnance à s'attacher aux grands travaux de l'industrie, et ce n'est que grâce à bien des efforts et à une grande ténacité, qu'Abd-el-Kader était parvenu à fonder quelques usines. Les habitants des villes suppléent à cette insuffisance de l'industrie chez les tribus, ce qui donne naissance au principal commerce qui a lieu aujourd'hui : l'échange des produits manufacturés contre ceux du sol et des troupeaux.
              Nous avons déjà eu occasion de dire que l'Algérie pouvait être regardée comme formée de deux zones distinctes et renfermant des hommes dont la manière de vivre n'était point la même; la première de ces zones porte le nom de Tell, et comprend le terrain, en général, fertile que la nature a borné au nord par la mer et au sud par les hautes montagnes et les plateaux. Les tribus qui habitent cette contrée la désignent sous l'appellation générique de Tellia; sa population consiste soit en Arabes cultivateurs, soit en Kabyles, dont nous parlerons plus tard.

              Les Arabes du Tell, selon qu'ils sont plus ou moins fixes sur le sol, c'est-à-dire selon qu'ils habitent des villages, des gourbis, des fermes on qu'ils vivent seulement sous la tente, sont désignés par les appellations de hal-el-gueraba (pluriel de gourbi), hal-el-haouach (pluriel de haouch), hat-bit-el-châar (les gens de la maison de poil). Les tribus de cette région sont propriétaires d'un sol fertile en céréales, plus propre à la culture qu'à l'entretien de troupeaux nombreux. Aussi les terres y sont-elles divisées d'une façon assez régulière et y forment-elles une grande partie de la richesse des tribus. Dans le Tell, les troupeaux consistent en boeufs et en montons : ils forment la fortune mobilière.
              Nous venons de jeter un coup d'oeil sur les habitants de cette partie de l'Algérie qui nous est soumise et qu'on nomme le Tell.
              Pour compléter la description du vaste ensemble de nos possessions, nous avons encore à parler de la Kabylie et du Sahara : c'est ce que nous ferons plus loin, en consacrant à chacune de ces contrées une série de chapitres, où nous retracerons les moeurs, le caractère et les habitudes de leurs populations.

A SUIVRE

HIPPONE
Paru sur l'ECHO N°20, janvier 1982, envoyé par Mme Pagano

              L'on ne peut se pencher sur le passé de la ville de Bône sans le lier étroitement avec celui d'Hippone "La Royale" (antique Hippo Regius) fondée au XIème siècle avant notre ère par des marchands phéniciens qui créèrent un comptoir et nous pouvons affirmer avec certitude qu'Hippone est l'une des plus anciennes des villes d'Afrique du Nord.
              Peu de précisions sur l'existence d'Hippone phénicienne qui devint punique alliant sa fortune à Carthage, adoptant ses moeurs et coutumes, puis à la chute de Carthage, elle fut englobée dans la province romaine d'Africa et Rome lui donne alors le nom d'Hippone la Royale.
              Hippone devenue romaine, sous Galluste son Gouverneur, voit s'ouvrir des siècles de calme et de prospérité, la paix romaine lui permettant un prodigieux essor: terre fertile bien irriguée, forêts d'oliviers, arbres fruitiers, luxuriants jardins au bord de la mer, Hippone étant un port avec ses quais d'accostage, richesse de ses vignes et céréales ; la faune était très importante, éléphants de petite taille, bêtes fauves dont la capture alimentait les jeux du cirque, élevage du cheval numide, moutons etc...

              C'est au début du IIIème siècle que le christianisme fit son apparition, la population catholique dut vivre alors dans une constante insécurité. Trois évêques et de nombreux chrétiens furent martyrisés.
              Saint Augustin, natif de Thagaste (Souk-Ahras), vécut à Hippone les 40 années les plus fécondes de son existence, pendant 35 ans il fit de son diocèse un véritable foyer de vie intellectuelle, et par des conciles successifs implanta définitivement le christianisme, victoire compromise par la prise de Rome par les barbares d'Alaric et de l'arrivée des Vandales en 429.
              Saint Augustin organisa la résistance aux Vandales qui brûlaient, pillaient tout sur leur passage, détruisant arbres fruitiers, vignes et maisons. Malgré son courage et sa combativité pendant 18 mois de siège, Hippone était condamnée, sa capitulation suivit d'un an la mort de saint Augustin le 28 août 430 à l'âge de 76 ans. Hippone fut pillée en août 431.
              Saint Augustin devient le symbole et le Docteur de la Religion Catholique, vénéré au plus haut point par les Bônois, et que les musulmans appelaient le Grand Marabout Chrétien.
              Sur la colline dominant la plaine de Bône, s'éleva une splendide basilique, soeur de Carthage, construite avec des matériaux exclusivement tirés du sol algérien - consacrée en 1902 - lieu de pèlerinage et de dévotion des habitants de Bône, de sa région, d'Afrique et de métropole, dans une chasse dorée est exposé l'avant-bras du grand saint que fut Saint Augustin.

              Nous arrêterons là le rappel de l'histoire d'Hippone la Royale détruite par les vandales, recouverte par les alluvions poussées par les crues de la Seybouse de la Boudjemah mêlant ses eaux à celles du lac Fetzara, elle n'était plus désormais qu'un cadavre enterré.
              La vieille Académie d'Hippone créée à Bône jetait en 1924 un cri d'alarme en faveur de sa résurrection - des expropriations et achats de terrains furent effectués et au cours de nombreuses années ce fut le retour à la vie de ruines grandioses, de mosaïques magnifiques qui font l'objet de tant d'admiration de visiteurs éclairés.
              Ces dernières années ces travaux continuèrent mettant à jour de nouveaux vestiges de la gloire d'Hippone la Royale, grâce au travail acharné de l'Académie d'Hippone et en particulier de son président Monsieur l'Amiral Erwan Marec qui, s'étant fixé à Bône, fut l'âme de la résurrection d'Hippone la Royale.


Roger GARCIA

MON PANTHÉON DE L'ALGÉRIE FRANÇAISE
DE M. Roger BRASIER
Créateur du Musée de l'Algérie Française
Envoyé par Mme Caroline Clergeau

FREDERIC CHASSERIAU
Architecte
Directeur des Travaux Publics à Marseille, 1833,
Architecte de la Ville d'Alger, de 1849 à 1852, puis en 1859.
Il établira les plans du projet de construction du Boulevard.
L'Impératrice Eugénie posera la première pierre le 17 septembre 1860.
C'est une compagnie anglaise qui se chargea de construire, à ses frais, le boulevard et les rampes d'accès au port, en échange d'un bail de 99 ans. A l'expiration du bail, l'ensemble doit revenir en toute propriété à la ville d'Alger. Les plans de cet ensemble majestueux avaient été dressés par Frédéric Chassériau, architecte en chef de la ville.
Pendant les travaux de construction du Boulevard de l'Impératrice
devenu Boulevard de la République

Panorama d'Alger

A SUIVRE

L'INTEMPERANCE
De M. Florian 8 août 1900

La mort, reine du monde, assembla, certain jour,
Dans les enfers toute sa cour,
Elle voulait coisir un bon premier ministre
Qui rendit ses Etats encore plus florissants.
Pour remplir cet emploi sinistre,
du fond du noir Tartare avancent à pas lents
La Fièvre, la Goutte et la Guerre.
C'étaient trois sujets excellents ;
Tout l'enfer et toute la terre
Rendaient justice à leurs talents
La Mort leur fit accueil. La Peste vint ensuite :
On ne pouvait nier qu'elle n'eut du mérite.
Nul n'osait rien lui disputer,
Lorsque d'un médecin arriva la visite,
Et l'on ne sut alors qui devait l'emporter :
La Mort même était en balance ;
Mais les vices étant venus,
Dès ce moment la Mort n'hésita plus :
Elle choisit l'Intempérance.


MESSAGES
S.V.P., lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
Pour prendre connaissance de cette rubrique,
cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura

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De M. Mayans Gil

Je recherche 3 copains de régiment, Bônois, anciens du 14e Regiment de chasseurs parachutistes et du 18e RCP.
Yvon COCHE
Jean-Pierre BONICI
CALIFANO.
Par avance, je vous remercie pour l'aide que vous pourriez m'apporter.
Mayans Gil, d'Alger
adresse : mayans.gil@neuf.fr

De Mick Maccotta

Souvent, je pense à mon enfance, mon ado au quartier des HBM du RUISSEAU à ALGER, là, où je suis né - les maisons blanches, les marchés, la mer, ma famille, mes copains et copines des différentes communautés, mon quartier, mon école et collège, les plages comme Sidi Ferruch -Je me rappelle aussi des «Couleurs et Parfums».....
C'est le Titre que j'ai donné à ma chanson, extraite de mon dernier album du même nom et pour laquelle, j'ai décidé de tourner un clip que je vous transmets par le lien ci-dessous.
Si cette chanson, ce clip, vous plait, faites le suivre en cliquant sur « transferer », à votre famille, vos amis vos relations en leur demandant d'en faire autant pour que des millers de personnes le voient -
Nous étions plus d'un MILLION, de toutes confessions à rejoindre la Métropole en 1962 -

En tant qu'artiste Pied Noir, Chanteur-Auteur-Compositeur, j'ai voulu le rappeller 46 ans après...... et, je le « dis » comme « je le chante » en refrain dans ma chanson .....

Mon voyage est toujours le même..... des vagues de sable.... Un seau de mer.......
Quand je pense à cette terre lointaine....c'est l'air d'la mer qui me revient

Ayant écrit la musique, j'ai fait appel à mon ami Yves Chardon, également enfant du Ruisseau, pour co-écrire ensemble le texte de « Couleurs et Parfums ».
L'album « couleurs et parfums », est disponible sur le site, si vous souhaitez vous le procurer.
Amitiés musicales, et en espérant que cette chanson qui est, quelque part également la vôtre et qui fait partie de notre histoire rencontre le meilleur accueil. Mick MACCOTTA
Voici le clip de la chanson « COULEURS ET PARFUMS.
Cliquez sur le lien ci-dessous - montez le son.... »
Son adresse: http://fr.youtube.com/watch?v=oS5Zsd4anmw
Mon adresse : contact@mickmaccotta.com


DIVERS LIENS VERS LES SITES

M. Jean Louis Reimonen vous invite à découvrir son site sur MENERVILLE
Son adresse: http://menerville.free.fr/
Un site vraiment trés interressant.

M. Robert Antoine et son site de STAOUELI vous annoncent la mise à jour du site au 1er septembre.
Son adresse: http://www.piednoir.net/staoueli
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
Le Staouélien

M. Gilles Martinez et son site de GUELMA vous annoncent la mise à jour du site au 1er septembre.
Son adresse: http://www.piednoir.net/guelma
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
Le Guelmois

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HERITAGE
Envoyé par inconnu

         Le premier dit :" Moi, mes parents sont morts et m'ont laissé leur petite épicerie.
         Alors, je me suis décarcassé, j'ai tout agrandi, j'ai repeint, j'ai modernisé, j'ai embauché 3 vendeuses bien mignonnes qui plaisent aux clients, bref, les affaires vont bien et c'est vraiment en pleine expansion.
         C'est pas encore Carrefour, mais je suis confiant pour l'avenir.

         Le second dit :"Moi aussi, mes parents sont morts, ce qui fait que j'ai récupéré leur petite quincaillerie.
         C'était vraiment la pagaille, on ne savait plus où trouver les outils, les clous, mais j'ai tout bien classé, tout est rangé par catégorie et j'ai même récemment mis en place un libre service et mon chiffre d'affaires monte en flèche .
         C'est pas encore "Castorama", mais ça va bien.

         Le troisième dit :"Moi aussi, j'ai hérité: mes parents tenaient une petite maison close qui vivotait :
         les filles étaient plutôt vieilles et moches et n'attiraient plus grand monde.
         J'ai refait des chambres gaies et pleines de miroirs, j'ai viré les vieilles entraîneuses et j'ai embauché des jolies filles très jolies et de beaux petits gars qui attirent la clientèle et dont les habitués raffolent.
         Bref, c'est pas encore un Parti Politique mais c'est déjà un joli bordel ...

        




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Avez-vous des suggestions ? si oui, lesquelles ?
En cliquant sur le nom des auteurs en tête de rubrique, vous pouvez leur écrire directement,
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