Zeralda longtemps rattaché à Staoueli avait comme trait d'union : " la Bridja ".

            Au début de notre arrivée, ce coin du littoral semblait un parent pauvre, à côté de sites plus avantagés. Ce village est situé près de la mer, dans un bas-fond, jouxtant des marécages aux eaux saumâtres, remplis de moustiques propagateurs de la fièvre paludéenne qui, pendant trois quarts de siècle, décimèrent la population.
            Le service de la colonisation y décida la création d'un centre.
            Les terrains délimités, tout un lot de maisons rustiques furent construites à mi-côte entre les marécages et les collines environnantes.
            Dans ces bicoques sans art ni hygiène, on installa quelques familles qui pendant de longues années supportèrent une misère et un dénuement qui aurait découragé tout autre que des Bavarois et des Wurtembergeois qui, au début, formaient le fond de la population de Zeralda. On y trouvait les Reichtenwald, les Guiss, les kleene, les kanneguiser , les Lang, les Stumph, les Schwab et autres Batzenoffer. Quelques familles alsaciennes par la suite s'étaient jointes à ces premiers arrivants.
            Ces premiers colons étaient de fervents pratiquants et une petite chapelle provisoire fut construite. L'abbé Doucet, curé de Douaouda fut chargé du service religieux. Ce brave homme se plaignait d'assumer un service pénible, qu'il ne pouvait accomplir que pendant la belle saison. Pendant la saison des pluies la piste qui reliait Douaouda à Zéralda, était impraticable à cheval car le pont provisoire établi sur le Mazafran était infranchissable par mauvais temps.
            C'est alors que l'autorité diocésaine se décida d'ériger Zéralda en paroisse le 16/10/1854. Plusieurs curés de cette paroisse se succéderont à cause du paludisme qui sévissait...
            Le 3 novembre 1872 la première pierre de la nouvelle église est bénie par le R.P. Augustin , abbé de la Trappe de Staoueli. L'église est achevée le 27 avril 1873.

Photo M. Robert Antoine

            L'abbé Meilhac alors curé de la paroisse se démène pour trouver des fonds qui permettront à son beau clocher d'avoir une belle résonance.
            La première cloche pèse 200 kilos,elle a pour nom Marie Adélaïde ( Colson ) la deuxième se prénomme Julie Léontine ( Baudin ) celle plus modeste de l'ancienne chapelle sonnera elle aussi en parfaite harmonie avec ses deux cadettes .

            Le futur Cardinal Lavigerie arriva le lundi de Pâques 1874 pour la consécration solennelle de la nouvelle église.
            L'Archevêque était entouré de tout un aréopage.
            Une centaine d'arabes chrétiens exécutèrent les chants liturgiques accompagnés par la chorale locale.

            Jamais Zeralda n'avait vu pareille affluence .
            Toute la paroisse était là entourant le Préfet et le Général en chef et une bonne partie du clergé des environs.
            A la sortie de l'office, les paroissiens, les étrangers, les autorités ne se lassèrent pas d'admirer, par un beau soleil printanier le nouvel édifice de pur style roman …
            Que reste- t il de ce patrimoine religieux ?
            Plus RIEN !

Photo M. Robert Antoine

            Débris et gravas de l'église de Zeralda en mars 2006

            Mon histoire n'est pas terminée. Lors d'un voyage en Algérie M. Mièle voulut revoir des lieux qui lui étaient chers, Staouéli, la Bridja, et Zeralda dont sa femme est originaire. Les gravas de l'église ont fait battre son cœur un peu plus rapidement , quand un vieil ouvrier s'approchant de lui demanda s'il était intéressé par quelques pierres sauvées de la démolition.
            Heureux de rapporter un souvenir de cette église, fierté de tous les Zéraldéens, il accepta de bon cœur un petit pied de colonne brute de facture mais qui représentait un symbole qu'il serait content d'offrir à son épouse. L' ouvrier poussa l'amabilité jusqu'à empaqueter cette pierre et la donner à M. Mièle.
            Sur le retour, un douanier soupçonneux interrogea M. Mièle sur la provenance de ce paquet.

            - Cela vient de l'église de Zeralda que l'on détruit en ce moment et cette pierre m'a été offerte par un ouvrier travaillant sur ce chantier.
            L'homme à l'uniforme ne voulut rien entendre. Il téléphona au conservateur des antiquités . Ce haut fonctionnaire n'était pas chez lui, ni à son bureau.
            Que faire sinon attendre. Après trois heures d'impatience M. Mièle décida de se séparer de cette relique, n'ayant pas pu convaincre le gabelou algérien que ce caillou venait de Zéralda et non des ruines romaines de Tipasa.
            Y a-t-il une morale à tirer de ce texte ?
            Et si nous faisions pareil, il y aurait là un nouveau marché de l'Art !

Propos recueillis de M . Jean Mièle le 18 mars 2006


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