ON  POSE  NOS  VALISES

Nous voici donc dans notre hôtel « EL Marsa » (le phare) .

Après être passé devant un premier gardien puis un second devant le porche de l’hôtel nous nous présentons à l’accueil avec Belcacem qui nous facilite bien des choses. La réception est agréable et l’ on nous indique notre chambre . Nous logeons au troisième étage, l’ascenseur fonctionne, la pièce est grande, claire, une literie en bon état .Nous disposons d’une salle d’eau avec toilette, bains et surtout une terrasse individuelle qui donne sur le port de Sidi-Fredj . L’ensemble est propre et il faudrait avoir des goûts de luxe pour trouver quelque chose à redire.

Le plus agréable pour moi est la terrasse ou notre regard porte jusqu’à Pointe-Pescade.

Un peu hébété par ce long voyage  et par ce panorama que je redécouvre, je vois surgir toute ma petite enfance et mon adolescence.

Mais trêve de rêverie , un bain me délasse , me requinque .

Après ces ablutions, je retourne sur cette terrasse pour refaire le plein de mes souvenirs passés.

Hôtel SCHERATON à Staouéli plage

Au loin je vois la plage de Staouéli avec cet énorme hôtel qui a remplacé les dunes où je faisais des galipettes dans le sable, la plage Moretti ou je trouvais avec quelques copains et amies le temps de bronzer, et enfin la plage Carrio plus familiale, plus conviviale . Cette dernière a raccourci , mais pourquoi ces grilles qui interdisent de suivre le rivage ? Raison de sécurité me dit-on.

La sécurité, les contrôles sont très bien perçus par la population  qui malgré ces contraintes  y trouve son compte dans une liberté surveillée.

Il y eut dix années de peur ( 1986-1997 ) ou l’irrationnel avait établi une sorte de terreur. Ces années-là les Algériens ne veulent plus les revivre et acceptent une surveillance qui garantit un espace de vie sereine.

Mais je ne peux m’empêcher d’amalgamer, certainement à tord, mon passé et la réalité présente.

Hôtel “ EL MARSA à Sidi Fredj

Cette réalisation de l’architecte Pouillon remplace les cabanons des « douaniers » et l’ex – cabanon des ANTOINE  où plusieurs générations y ont trouvé des joies saines de la plage et de la pêche mais parfois la mort. Ce fut le cas de ma sœur Christiane décédée à 2 ans et demi à Sidi Ferruch.

Anciens cabanons remplacés par l’œuvre de M. Pouillon

Encore un mot sur notre Hôtel 4 étoiles Algériennes. Ce dernier fait partie d’un ensemble important appartenant à l’Etat Algérien. Cela comporte divers commerces et restaurants et un regard sur le port.
La superficie est importante et va de l’ex- vivier de Capomaccio englobant l’ancien marabout jusqu’à jouxter la plage Carrio.
Cette surface est entourée de barriéres et uniquement réservée aux piétons.
On y croise aussi bien des femmes voilées que des couples plus libres.

Le seul endroit que j’ai découvert intact est la plage Carrio encore que les voitures ne peuvent plus se rendre sur la plage. Les routes qui y mènent ont été coupées mais le site est inviolé . Il suffirait d’y mettre la guinguette de chez Vincent pour se donner une illusion d’un temps passé.

Le fortin de la plage Carrio






Le Bar « Chez Vincent“ s’adossait au  repli de la butte de sable et on y dégustait la meilleure paella de Sidi Ferruch préparée avec amour  par Mme Vincent Carrio






A cette époque de l’année la plage est vide , la mer est calme quelques bateaux rentrent dans le joli port de Sidi Fredj, il fait doux, le vent est calme , cela rajoute à la nostalgie.

Je fais remarquer à mon épouse que les aiguilles de la montre tournent et qu’il faut se préparer. Nous avons tout le temps précise- t- elle , les Algériens gardent la même heure été comme hiver, encore un sujet à méditer.

Il est donc 20 heures quand Belkacem vient nous chercher pour dîner.

Nous faisons connaissance avec son épouse et nous nous nous dirigeons vers une guinguette, les pieds dans l’eau, plage Ouest . Le temps est agréable et c’est sur la terrasse que nous mangerons  nos excellentes brochettes.

Mais quel spectacle ! Toute la côte est illuminée sans qu’un espace noir vienne délimiter les villages. La bande lumineuse coure sans interruption des sables d’or aux côtes du Chenoua comprises. Toute cette bande côtière est habitée par des Algériens souvent venus de l’intérieur du pays pour y trouver un cadre agréable et sécurisé. Jamais je n’aurai pu imaginer une telle urbanisation…

Le temps passe, la soirée fut agréable, nos hôtes sympathiques et intéressants mais il est temps de rentrer  dans nos pénates , car la journée fut longue.

Demain nous irons manger quelques poissons à Bou Haroun.

Nous prenons l’ancienne route, la seule que je connaisse et nous passons Zeralda par un contournement et rien de particulier ne me frappe,  traversons le Marafran, puis nous nous dirigeons

Encore rien ne me rappelle le moindre souvenir , les énormes ficus de la propriété Cottes ont disparu et je vous laisse le plaisir d’apprecier en l’état la plage de Casti qui a gardé ses arcades et son boulevard.

La plage de Castiglione

Si Casti se disait la capitale des “tomatéros “ j’avoue humblement que je n’ai pas remarqué un seul champ à l’air libre de tomates . Il paraît qu’elles sont cultivées sous serres . Quid ?

Bou-Haroun c’est le bonheur ! La  joie des pêcheurs , l’ambiance d’un port en pleine activité donne  à cet endroit un air de gaîté. L’activité est intense  à notre arrivée . Quand nous y étions 200 chalutiers se serraient pour trouver leur place , étant donné que le port de Cherchel était en réfection.


La visite des étales de poissons terminée, nous nous dirigeons vers le restaurant. Le maître des lieux “Denis “ à la gouaille et la bonne humeur du marseillais . Ces grosses crevettes qui viennent d’être pêchées, cuites au feu de bois sont une merveille.

Il est temps de reprendre la route, si nous voulons nous arrêter à Douaouda

Marine.

Le kiosque à musique a survécu , quelques jeunes garçons frappent dans un ballon sur la place qui n’est pas très bien entretenue. Nous descendons vers la plage et je m’arrête au haut des escaliers.Là Belkacem rencontre un Staouélien  de ses connaissances et m présente .

Ah c’est vous qui avait écrit un livre sur Staouéli !

Je marque mon étonnement et lui pose la question de savoir comment il a pu le lire. Il paraît qu’un exemplaire est arrivé dans le village et que de bonnes gens ont eu l’idée d’en faire des photocopies. Certes me dit mon lecteur inconnu les photos ne sont pas très bonnes mais le texte est lisible…

Très honoré par cette diffusion sauvage mais quand même assez surpris !

En descendant quelques marches , mon bouquin sous le bras je demande à une personne qui demeurait dans un cabanon, si  elle est de Douaouda et si elle connaît René Merlo.

Je lui montre une photo. Pas de doute elle identifie sans hésiter la stature de René Merlo.La femme nous invite à prendre le café mais nous refusons son offre. De retour en France je fais voir les photos de Douaouda - marine , à la fille de René Merlo . C’était le cabanon de son père !

l’ex cabanon de René Merlo à Douaouda-marine

Ce petit voyage ne fut pas touristique ,il fut cependant plein de souvenirs , de connaissances, de vérités.

Nous avons toujours eu un accueil chaleureux avec toutes les couches de la population, nous avons beaucoup parler et beaucoup appris.
Nos médias français qui bénéficient d’une grande liberté sont-ils  sourds ou ne veulent-ils rien entendre ?

                                                                     Robert ANTOINE.

Suite en janvier 2009  sur Staouéli


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