UN STAOUELIEN SUR LES CHEMINS DE COMPOSTELLE …
Photo M. Robert Antoine

Vous qui êtes en pleine forme,
vous qui voulez prouver que vous êtes capables de réaliser un rêve,
vous les jeunes,
vous les moins jeunes,
tous en quête d'Absolu et de Vérité,
prenez votre bâton et partez pour le chemin de Saint -Jacques -de- Compostelle.
Vous y trouverez des paysages admirables, des sentes inconnues du grand public, un accueil convivial et des gîtes gratuits dans les monastères ou abbayes, en Espagne.
Vous y trouverez de nouveaux amis venus de France, d'Europe, du Monde, à la recherche d'une foi, d'une chaleur humaine qui persistera dans les moments de joie et dans les difficultés.
Pour entreprendre ce voyage pédestre, il faut s'y préparer, contrôler ses possibilités, son matériel.


René CHESA l'a fait.

Partir pour 800 Kms, à 68 ans, avec son sac, son bâton de pèlerin pour un périple certes extraordinaire mais combien aventureux, voilà un défi !

Voulant éviter la période d'affluence, il est parti au mois de mars 2005 de Saint -Jean -Pied - de Port affrontant les pires conditions climatiques.

Passant par le col de Roncevaux, il a connu l'essoufflement dû à l'altitude, la pluie qui rend le chemin boueux et la marche difficile.



Il faut tenir une moyenne de 25 Kms par jour et ce pendant 32 jours.

Arrivé à l'étape, une douche chaude vous attend, se soigner les pieds, passer quelques pommades, enfiler des pantoufles, faire sa petite lessive, écrire son journal de bord…

Aujourd'hui, il note qu'il est passé devant une stèle rappelant qu'un pèlerin usé par la fatigue est mort, là, au bord de la route.

El Camino n'est pas un chemin pavé de pétales de roses mais bien un exploit sportif, une preuve de ce que l'on peut faire, de ce que l'on veut faire.

C'est une preuve pour soi, pour son ego, démontrer qu'au-delà de l'effort physique, le moral est essentiel.


Traversant des sentiers au milieu de forêts assez larges pour que deux hommes se croisent, à quoi pense un pèlerin pendant sa longue marche …?

Puis, quand on a rempli son journal de bord, fait tamponner son carnet de route, écrit quelques cartes postales à la famille, et aux amis, laver et sécher quelques vêtements, il faut trouver l'auberge, où l'on partage le repas avec de nouveaux amis, avec qui l'on a parfois quelques difficultés à parler…

Vite, la dernière bouchée avalée, le lit nous attend.

Un dortoir certes mais la fatigue est là, il faut récupérer car demain, au chant du coq, on reprendra " El Camino ". Le sommeil arrive vite dans ces cas-là.

Demain, ce sera la tempête, la neige, le vent qui se faufile à travers les polaires les mieux fermées, les anoraks les plus étanches.

Il faut avancer, encore marcher, avancer toujours car il est trop tard pour reculer.

La canne du pèlerin est primordiale, une troisième jambe en somme.

Elle vous permet de s'agripper, de ne pas trébucher, et quand la fatigue des bras se fait trop sentir, reposer ses mains sur ce bâton mis à l'horizontal sur le ventre. Un chien vous menace et c'est encore cette canne qui vous sauve de ces crocs.

Une aventure, que dis-je, mille péripéties ajoutées les unes aux autres et qui font un magnifique souvenir.

René CHESA raconte. Nous vivons avec lui cette fresque humanitaire, nous posant parfois la question : " pourquoi tant de pèlerins ? Tant de souffrance ? "

Peut-être pour rencontrer l'autre, qui lui aussi cherche un brin d'humanité le long du chemin, le long d'el " Camino ".
C'est la fin du voyage.
Avant d'arriver à Saint-Jacques-de-Compostelle, il a jeté son caillou ramassé à Valras au pied d'une grande croix, son carnet de pèlerin est correctement tamponné, obtenu la compostella et a ramassé la coquille symbole moyenâgeux des pèlerins. Un dernier regard sur l'océan.
C'est fini.


A la fin de son album de photos - souvenirs il a pu écrire

" Ici se termine mon pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle le 29 avril 2005, pendant 32 jours j'ai traversé plus de sept régions d'Espagne du nord et parcouru 800 kilomètres par tous les temps.


Cependant jamais je n'ai douté du résultat, je savais que j'arriverai à Santiago, à chaque étape mon enthousiasme grandissait et quand j'ai foulé la place de la cathédrale, j'ai ressenti la plus vive émotion de mon existence.
Que Dieu fasse que j'y retourne un jour. "
René CHESA


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