Des Nouvelles de…
L’actualité a porté ses projecteurs sur un homme
d’exception, mais, à part le bruit médiatique, on ne connaît rien ou peu de sa
vie.
Voici en quelques pages un bref résumé de la vie de ce marabout des Touaregs.
Né le 15 septembre 1858 à Strasbourg, le vicomte Charles
de Foucault devint très rapidement orphelin puisque sa mère décéda en 1864.
De caractère irritable, il eut une jeunesse dissipée au
lycée de Nancy.
Quand la guerre de 1870 se déclara, l’Alsace fut envahie par les Allemands et
la famille de Foucault s’installa à Nancy. C’est dans cette ville qu’il
continua ses études jusqu’au baccalauréat. Sa nature et ses fréquentations douteuses lui firent faire les pires bêtises qu’un
adolescent très argenté pouvait désirer. Ses études terminées, la carrière
militaire le tenta et il entra à St Cyr. Paresseux et indiscipliné, il ne
pensait qu’à jouir de la vie.
Sa gourmandise était proverbiale, par exemple d’emporter
dans sa chambre des boîtes de foie gras et des bouteilles de champagne. Il
goûtait ces délices tout au long de ses nuits. Cela bien sûr ne s’arrêtait pas
là, sa débauche était constante.
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Il se bornait à répéter « Ce n’est pas la peine
que je travaille, puisque je suis riche».
Il sortit de St Cyr 333éme sur 386. Aprés un passage à
Saumur où sa vie fut loin d’être un exemple, il fut affecté au 4éme régiment
de hussards. Quelques mois plus tard, ce régiment partait pour l’Afrique.
Continuant à vivre de façon outrancière, il fit plusieurs
garnisons allant de Bône à Sétif où sa mauvaise conduite lui valut un blâme.
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N’écoutant que son goût pour la fête, il abandonna son
régiment pour rentrer en France, se retira à Evian où il continua d’agrémenter
la chronique locale de ses scandales.
Une insurrection dans le sud Oranais, en 1882, le
bouleverse. Autorisation accordée. L’insurrection réprimée il prend un
congé, sans solde... Il rêve maintenant d’explorer le Maroc, terre encore
vierge pour les occidentaux considérés à priori comme chrétiens...
Le rabbin Mardochée l’accompagnera pour ce voyage
Il
apprend l’Arabe et hébreu, se fait passer pour juif, porte barbe, robe
banche et capuchon noir. De longs cheveux en tire-bouchon pendent sur ses
oreilles.
C’est dans cet accoutrement qu’il passa plus d’un an
Maroc, évita un assassinat, fut prisonnier de brigands, reçut l’opprobre de la
population comme tous les juifs à cette époque, en pays musulman. Cependant
tous les points névralgiques du pays furent relevés avec précision et les notes
de son carnet furent publiées. La Société de géographie lui décerna la médaille
d’or pour son exploration marocaine.
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UN CHANGEMENT DE VIE
Ses ouvrages le rendirent célèbre, surtout après la
publication de « reconnaissance au Maroc » et « itinéraire au Maroc ».
On put dire de lui : voilà un homme riche qui a
réussi, on reconnaît sa valeur et son courage, il est chéri des siens,
considéré de tous, … et il n’est pas heureux. Que lui manque
-t-il donc ?
Lors d’un dîner parisien, il
se trouve à table avec l’abbé Huvelin , un érudit
connu dans Paris. Quelques jours plus tard il se rend à St Augustin où Huvelin
confesse, rentre dans le confessionnal. A partir de ce jour, il ne cesse de se
répéter la question : « Mon Dieu, si vous exister, faites-le-moi
connaître » .
Quelques mois plus tard, toujours sous la houlette de
l’abbé, il semble heureux car persuadé d’avoir trouvé sa voie, il veut rentrer
dans un ordre religieux. Après un voyage en terre sainte il retourne en
France, sa décision est prise, il sera trappiste sous le nom de Frère Marie Albéric.
Il rentre à la trappe de N.D. des neiges, puis demande
d’aller à la trappe d’Akbés en Syrie... Il ne trouve pas sous l’habit de
trappiste la plénitude de sa vocation et demande d’être relevé de ses vœux. Le
père abbé envoie frère Marie–Albéric à la trappe de STAOUELI dans l’attente
d’une décision de ses supérieurs. Quelques mois passèrent sous le climat du
Sahel, puis la décision arriva. Retraversant la Méditerranée il fit
un séjour à Rome où il fût relevé de ses vœux de trappiste pour devenir frère
Charles, puis envoyé à Nazareth comme homme à tout faire au monastère des
Clarisses. Il vivait dans un dénuement total, demeurant dans un ancien poulailler en dehors du
monastère. Dans un entretien qu’il eut avec une abbesse, celle-ci lui demanda
pourquoi il ne deviendrait pas prêtre. Aprés une longue réflexion, il quitta
Nazareth pour Rome pour préparer sa prêtrise et son sacerdoce.
il fut ordonné le 9 juin 1901 et dès sa nomination il
partit pour l’Afrique, plus exactement Beni Abbés, au sud de Colomb Bechar. Il
construisit, bien sûr, une chapelle et un ermitage pour accueillir d’éventuels
compagnons ainsi qu’un dispensaire. Il
essaya de fertiliser un carré de désert en y semant des dattiers, des légumes et
des fruits. La nourriture de l’ermite était des plus frugale ; qu’on en
juge : une tisane avec des plantes sahariennes dans laquelle il trempait
un morceau de pain d’orge et voilà pour le diner. Pour le souper même menu avec
peut être quelques dattes ou quelques figues.
Parfois, il invitait quelques officiers ou indigènes, mais
souvent ces derniers refusaient, le menu n’étant pas à leur convenance.
Lors d’une ses tournées d’inspection, le Général Laperrine
vint rendre visite à son ancien compagnon de Saumur. Connaissant sa
passion de la découverte, il emmena avec lui pendant huit mois le Père Charles,
visitant les tribus qui venaient de se rallier à la France. Puis ce fut
le retour à Béni Abbés. En 1905, Laperrine lui proposa de retourner au
Hoggar.
Apprenant l’arrivée du Père Charles, Moussa, l’Amenokal du Hoggar, avait
détaché une escorte d’honneur, à celui qu’il appelait le Marabout.
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A Tamanrasset quand
le père arriva, il n’y avait qu’un arbre ;
il construisit à la mode locale une hutte en roseaux, commença à parfaire
sa connaissance de la langue, locale.
Ainsi apprit-il aux hommes à fabriquer des briques, à produire quelques légumes.
Il prit lui-même des cours de tricot auprès de sa famille, pour
retransmettre son savoir aux femmes.
Cet ermite, rêvait d’avoir un compagnon il reçut avec beaucoup d’enthousiasme un
breton le frère Michel. Hélas la règle que lui imposa le père Charles fut
excessive et le Frère Michel dut être rapatrié sanitaire.
Lui-même tomba
malade. Ce furent les touaregs qui le soignèrent avec dévouement.
Ce contact particulier avec les autochtones lui permit
d’écrire un dictionnaire, de traduire légendes et chants touaregs.
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La guerre de 1914 eut des incidences, même en ces lieux de solitude.
Il demanda à Laperrine s’il devait venir faire son devoir
de soldat et de prêtre auprès des combattants métropolitains. Laperrine lui
répondit « RESTEZ ! ».
Une tribu « les Senoussistes » de
Tripolitaine, poussée par les Allemands et les Turcs essaya d’attiser les
tribus du Hoggar contre la France.
C’est à cette époque qu’il conseilla au capitaine de la Roche la construction d’un
fortin pour abriter la petite population de Tamanrasset.
Dans ce même temps le poste Oasis de Djanet fut massacré.
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LA MORT DE
L’ERMITE.
Il n’est pas de forteresse, dont la clef ne soit aux mains d’un traître.
Il est 20 heures, la nuit est noire et fraîche en ce mois
d’avril 1916.
Le père, ne voulant pas résider au fort Motylinski,
préfère rester seul dans son fortin à Tamanrasset. Il attend du courrier venant
de France. El Massadi un harratine, que le père connaissait bien pour
l’avoir souvent aidé frappe à la porte du fortin.
Qui est
là ?
-
El Madani
-
Que veux-tu ?
Je t’apporte des lettres de France.
La porte s’entrouvre, un bras décharné passe, il est
aussitôt saisi, et retenu, les Senoussistes entraînent au-dehors le prisonnier,
lui lient les poignets, les pieds pour qu’il ne puisse se relever.
Une sentinelle Senoussistes alerte le petit groupe
« Les Arabes…Les Arabes ! » Des coups de feux éclatent
.
La sentinelle chargée de surveiller le père croit que les
soldats français viennent délivrer le marabout. Elle lui décharge son fusil
derrière l’oreille droite.
Tombe du Père de Foucault à Tamanrasset
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On enterrera l’ermite à Tamanrasset, pas très loin du
petit fortin. Plus tard son corps fut transféré à El-goléa,
son cœur resta à Tamanrasset.
Que dire de cet homme ? certainement
beaucoup de choses.
Des excès en tout, pour le scandale, les femmes, la
goinfrerie, le courage, la foi, le dénuement total et, toujours la
grandeur de la France. Est–ce là les ingrédients pour être béatifié.
Je ne sais car là s’arrête ma compétence.
Robert ANTOINE
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