L'ORPHELINAT
LE RUISSEAU D'OR
LES LAURIERS-ROSES
Par Louis Arnaud

      A promenade de l'Orphelinat, le " Tour de l'Orphelinat ", comme disaient les vieux Bônois, n'a pas changé, mais elle n'est plus aussi fréquentée, et ses adeptes d'aujourd'hui ne sont plus aussi fervents que ceux d'autrefois.
      Son calme, son silence et sa discrète beauté ne sont plus recherchés.
      La foule d'aujourd'hui est attirée par les grands espaces ensoleillés, bruyants et animés, et les automobilistes veulent voir du monde et veulent aussi qu'on les voit, qu'on les admire, qu'on les envie.
      Avant l'ouverture du " Chemin de la Corniche ", la promenade de l'Orphelinat et celle du Ruisseau d'Or, où des Lauriers-Roses, étaient la grande distraction des dimanches bônois, lorsqu'on n'allait pas du côté de l'Oued Forcha par la Conduite d'eau.
      On allait par ces chemins, dîner sur l'herbe et passer de belles heures en plein air. Les promeneurs s'arrêtaient parfois sur le bord du chemin, mai?S le plus souvent le but de leur randonnée était ce petit bois d'eucalyptus, où les arbres sont si pressés les uns contre les autres, que jamais le moindre rayon de soleil n'a pu parvenir jusqu'au sol.

      Un ruisseau contournait le bois en se cachant derrière d'épais et hauts buissons de ronces qui ne sont plus, et son eau limpide ajoutait à la fraîcheur du sous-bois.
      Que de beaux dimanches se sont écoulés sous ces frais ombrages.
      Juste en face de ce bois, se trouve l'Orphelinat Sainte-Monique, installé en cet endroit depuis 1853.

      Cette institution charitable a donc plus d'un siècle d'existence.

      Au début, ce ne fut qu'une petite ferme dont l'importance grandit d'année en année, et qui est devenue avec ses vingt-sept hectares de terre qui l'entourent, une grande exploitation agricole et surtout maraîchère, en même temps qu'un établissement charitable de premier ordre.
      Les produits, les légumes ; les fruits et les laitages provenant de l'exploitation, étaient, autrefois, vendus à l'ancien marché aux légumes, par les bonnes sœurs elles-mêmes. Leur production suffisait à peine à la clientèle qui se pressait à leur stand pour une double raison : d'abord, parce que c'était une façon de contribuer à l'œuvre humanitaire et charitable, assumée par les bonnes sœurs, ensuite, parce que les produits qu'elles mettaient en vente étaient les plus soignés et les plus beaux des halles.
      Quelques années après la création de la ferme, vers 1870, une petite Eglise fut édifiée, dans les champs, près des grands bâtiments dans lesquels étaient le réfectoire, le dortoir et les classes servant aux jeunes pensionnaires de l'Institution.

      Son clocher que l'on voit de loin, à travers la campagne riante et claire, met une note de sereine religiosité dans la naturelle grandeur du paysage champêtre, rendu plus émouvant par la présence de vestiges d'un ancien aqueduc romain qui amenait les eaux du massif de l'Edough aux citernes d'Hippone.
      Tout incite au recueillement, au rappel d'un noble passé et à l'envol de l'âme vers l'infini.

      Puis la route de l'Orphelinat, qui n'est que la partie extrême du Chemin de Ceinture, rejoint la grand'route nationale qui va de la frontière tunisienne à la frontière marocaine que l'on appelle plus simplement, à Bône, la route de Philippeville.
      Mais les promeneurs ne rentraient presque jamais en ville par ce côté-là, ils préféraient revenir par les mêmes chemins de l'Orphelinat, du Ruisseau d'Or ou des Lauriers-Roses, sous la voûte ombreuse que formaient des frênes magnifiques, les seuls qui ont été respectés par la hache et la scie des bâtisseurs de Cités nouvelles et de lotissements avantageux.

      C'est à l'Orphelinat, dans ce site paisible, qui faisait goûter le vrai bonheur de vivre, que les politiciens et les agités en mal de réclame, allaient sur le Pré, en manches de chemise molle et l'épée à la main.
      La nature souriante n'incitait certainement pas à la cruauté, car aucun duel ne fut jamais mortel, ni même grave, sauf celui qui mit face à face, Gabriel Abbo, plus tard Député d'Alger, et le journaliste Albert Chaspoul, mort Procureur général, quelque vingt ans après.
      Il est vrai que ce duel n'avait pas été comme tous les autres, un duel à l'épée.
      Gabriel Abbo avait une réputation bien établie d'épéiste consommé. Champion d'Algérie, avant triomphé dans les tournois auxquels il avait participé, il était particulièrement redoutable à ce point de vue.
      Aussi, Albert Chaspoul, qui n'avait pas voulut être battu d'avance, avait-il choisi, étant l'offensé, le pistolet comme arme de combat.
      Gabriel Abbo reçut la balle de son adversaire exactement dans l'aine, à droite, et ce fut un miracle si elle ne provoqua pas de complications dangereuses.
      Un autre duel, à l'épée celui-là, mit aux prises, toujours dans les parages de l'Orphelinat, le même journaliste, Albert Chaspoul, avec le Commandant C...
      Le spectacle offert par ces deux bretteurs endiablés, était vraiment curieux à voir, s'il n'était pas presque comique. Le Commandant C... avait près de 1 m. 90 de taille, tandis que son antagoniste arrivait à peine à dépasser 1 m. 60.
      Ce qui constituait pour celui-ci un handicap sérieux, le combat, ainsi qu'on vient de le voir, devait avoir lieu à l'épée.
      Et bien, qui l'eut cru ?
      Ce fut le petit Chaspoul qui sortit vainqueur de l'épreuve en piquant le grand, l'immense Commandant, juste sur le bout du nez ; " aux avancés ", comme on dit en la matière, car le nez du Commandant était particulièrement proéminent.
      Bien d'autres duels, des déjeuners à la fourchette sur l'herbe de l'Orphelinat, comme on disait alors, se déroulèrent dans ces lieux d'où émanait, cependant, la plus réelle impression de paix, tandis que le clocher de la petite Eglise champêtre semblait élever sa croix vers le ciel comme pour implorer Dieu et lui demander de pardonner à ces insensés, leurs offenses et leurs folies.
      Les duellistes, comme les Promeneurs, ne vont plus du côté de l'Orphelinat, mais ce n'est point parce qu'ils sont attirés vers d'autres près... La mode du duel est passée. On est moins chatouilleux sur le point d'honneur et les victoires électorales ne s'enlèvent plus à la pointe d'une épée, en champ clos.
      C'est sur la place publique, l'invective à la bouche, et le portefeuille à la main, que s'affrontent maintenant les adversaires.
      C'était tout de même mieux autrefois...

      Le Ruisseau d'Or... Le Chemin des Lauriers-Roses.
      Quels noms étincelants, propres à faire surgir le plus agréable mirage, capables, d'évoquer le charme et la douceur d'un nouvel Eden.
      Rose et Or... Belle et riche couleurs de Redoute, d'une redoute champêtre et bucolique où la Fantaisie et le Rêve seraient maîtres de jeux : les Jeux et les Ris.
      Car c'est bien la Fantaisie et le Rêve qui ont inspiré aux premiers habitants de ce pays, ces appellations poétiques que rien, peut-être, ne Justifiait, alors, du moins matériellement.
      Il n'y avait, là, en effet, qu'un modeste ruisseau traversant une région autrefois prospère, mais atrocement mutilée à l'arrivée des Français, et un étroit sentier venant de la montagne.
      Le Ruisseau avait-il subi le peu glorieux parrainage de ces lents solipèdes qui fréquentaient le sentier et qu'on nomme communément ici " bourricots ", parmi les Européens, et " Deb " chez les indigènes ?
      Roulait-il, comme certains ont pu le croire, des paillettes d'or qui donnaient à ses eaux des reflets de ce riche métal ? Etait-ce un nouveau pactole ? Non, le Roi Midas n'était pas venu jusque là pour s'y baigner, et cependant " Deb ou Deheb " signifie paillettes d'or en Arabe.
      L'or qu'avaient surtout vu les premiers habitants dans ces eaux qui roulaient vers le Boudjimah, c'étaient les riches alluvions arrachées aux flancs de l'Edough que ce ruisseau déposait lentement sur ses rives, c'était l'eau abondante et fertilisante qu'il répandait sur son parcours à travers les terres.
      De tout temps, autrefois, la petite plaine qu'il fécondait avait été couverte de riches jardins oui fournissaient leurs produits aux habitants de la Ville.
      Ben Aïssa, dans sa rage d'impuissance, les avait détruits de fond en comble avant de lever le siège qu'il soutenait depuis deux ans et les Français n'avaient plus trouvé là que marécages et ruines qui favorisaient les épidémies.
      Le Général d'Uzer et ses contemporains avaient dû mettre toutes leurs espérances, pour la reconstitution de ces vergers et de ces Jardins, dans ce petit cours d'eau dont l'aide dut leur paraître des plus précieuses.
      Est-ce pour cela, pour la fortune qu'il leur permettait d'entrevoir, qu'ils ont choisi de traduire " l'Oued-Deb " par " Ruisseau d'Or " ?
      C'est très possible.
      Et puis, tout incitait à préférer ce nouveau nom, la terre argileuse du fond du lit et de ses rives qui donnaient aux eaux des reflets dorés, les rayons du soleil qui ajoutaient encore leur or à ces reflets.
      Aujourd'hui même, les genêts poussés sur ses bords, se mirent dans les eaux et leur donnent une teinte encore plus jaune.
      Les Lauriers-Roses existaient, certes, et l'imagination de nos anciens n'a pas dû être soumise à une trop rude épreuve pour les faire servir à la désignation du chemin qui a pris la place du sentier oui allait du Pied de la montagne à la ville.
      Ils y sont encore, ces jolis arbustes qui se pressent en touffes fleuries sur les bords du ruisseau lorsqu'il se forme au bas de la montagne et qui l'accompagnaient jusqu'à sa rencontre avec la route de l'Orphelinat.
      Mais ne fallait-il pas vraiment avoir un esprit paré de poésie pure pour donner le nom de ces jolies fleurs roses à l'étroit sentier qu'avaient toujours suivi des bourricots ?
      Et de la poésie en face de ce pays atrocement dévasté... De quelle force d'âme cela ne témoignait-il pas ?

      Le Ruisseau d'Or... Les Lauriers-Roses... Promenades longtemps aimées des Bônois d'autrefois, aujourd'hui bien délaissées.
      Qu'ils étaient beaux les dimanches d'antan, lorsque sur la berge du Ruisseau, des nappes blanches étalées sur l'herbe, rassemblaient autour d'elles des familles heureuses faisant la dînette à l'ombre des grands frênes, tandis que sur la route passaient des promeneurs en voiture ou à pied.
      Ceux qui, d'aventure, aujourd'hui, dans leurs autos rapides, passent sur ce chemin presque triste dont ils ne troublent que le silence et la solitude, savent-ils que jadis, ces lieux constituaient la promenade préférée des Bônois ?

      Voient-ils seulement le Ruisseau d'Or couler lentement et paisiblement entre des rives chargées de buissons et de verdure ?
      Comprennent-ils la poésie et la beauté du site qui avaient inspiré les premiers occupants de la région malgré qu'elle fut alors cruellement saccagée ?
      Le Ruisseau d'Or n'a pas changé, il est seulement plus silencieux, plus calme, plus solitaire et moins gai...
      Le Chemin des Lauriers-Roses, au contraire, a perdu tout son caractère agreste. Il n'est plus aujourd'hui qu'une artère de la Ville dans la périphérie de laquelle il a été intégré.

      L'Usine à gaz qui était autrefois dans la rue Salvator Coll, avait été transférée sur le Chemin des Lauriers-Roses à la suite de 1 explosion, en 1892 d'un énorme réservoir plein de gaz qui avait mis la Ville à deux doigts du plus grave danger ; la catastrophe avait été évitée de justesse grâce au courage du contre-maître de l'usine.
      M. Zamith, qui parvint à isoler à temps, au péril de sa vie, toutes les canalisations urbaines.

      Il avait été décidé, dès lors, qu'elle devrait désormais se trouver hors de la Ville, loin de toute agglomération.

      Mais la Ville eut tôt fait de rejoindre l'Usine à gaz qui se trouve, aujourd'hui, entourée de bien plus de population qu'elle n'en avait autour d'elle lorsqu'elle était en Ville.
      Les Lauriers-Roses sont encore au bout du chemin dans le lointain, tout au pied de la montagne, mais on ne les voit plus de ce chemin qui porte cependant encore leur nom et qui re passe même plus entre des prés fleuris.
      Sur le Ruisseau d'Or qui coule lentement dans ce paysage de soleil, de ciel bleu, de verdure et de silence, de ce silence qui est d'or lui aussi, un pont de pierre est jeté qui relie la route à une ferme éclatante de blancheur sous la lumière crue d'un soleil toujours présent et toujours ardent.
      C'est la ferme d'Uzer, La ferme du " Salut ".
      Le Général d'Uzer fut le premier Commandant de la Subdivision de Bône de 1832 à 1836, et le premier colon français aussi de la plaine de Bône, puisqu'à sa retraite, un an plus tard, il revint se fixer dans le Pays et exploiter lui-même sa ferme dans laquelle il mourut en 1849.
      En prenant son commandement, en mai 1832, le Général d'Uzer avait adressé à la population et à tous ceux qui étaient placés sous ses ordres, une proclamation se terminant par ces lignes :
      " Notre mission est toute honorable, nous apportons aux Africains de Bône la civilisation. Faisons-la leur apprécier en respectant leurs propriétés, leurs usages, leurs mœurs et leur religion ".
      " Ne nous contentons pas de leur prouver que nous sommes les plus forts, soyons encore toujours justes.
      " Par ces moyens réunis, ils respecteront et aimeront le nom Français ".

      En arrivant à Bône, le Général d'Uzer était déjà un vétéran de l'Armée d'Afrique. Il avait, en effet, dès 1830, participé à l'expédition d'Alger.
      Sa mission était bien Plus de commander un Corps expéditionnaire contre les tribus turbulentes et rebelles de la Région que de prendre la tête de la Subdivision de Bône.
      Il remplit cependant cette double charge d'une façon remarquable et sa principale préoccupation fut de rétablir la vie normale dans la Cité.
      En peu de temps, les marécages qui s'étendaient entre la plaine de l'Orphelinat et la Boudjimah disparurent et des jardins recouvraient rapidement les alentours de la ville.
      L'Oued-Deb du temps de l'Aneba musulmane devint le Ruisseau d'Or, et le Général d'Uzer, issu d'une race de paysans de France, paya lui-même de sa personne et de ses deniers en participant à la reconstitution agricole de la région.
      Il acquit, en effet, de grandes étendues de terre allant du Ruisseau d'Or jusqu'aux parages de Duzerville, terres qu'il mit immédiatement en valeur en utilisant la main d'œuvre des militaires installés dans les postes avancés du Pont d'Hippone et de la " Maison crénelée " pour veiller à la sécurité des abords de la Ville.
      " Les soldats, disait-il, dans un rapport au Commandant en Chef du Corps expéditionnaire, préfèrent se travail à l'oisiveté et au désœuvrement du corps de garde.
      " C'est par goût qu'ils facilitent la culture des terres en s'y dévouant et en restant même, plus tard, dans la Province où ils se plaisent, s'ils y trouvaient à s'occuper pourvu que la colonisation soit protégée ".
      Ce plaidoyer, quelque peu " pro-domo ", sans doute, a peut-être inspiré au Général Bugeaud venu en Alger, dix ans plus tard, comme Gouverneur Général, sa fameuse formule de colonisation : " Ense et Aratro " (Par l'épée et par la charrue) qui l'a rendu aussi célèbre en Algérie que l'histoire de sa casquette.
      Mais le Maréchal Clauzel, qui gouvernait alors, ne semble pas avoir trouvé à son goût les explications du Commandant de la Subdivision de Bône. Il demanda et obtint le rappel dans la Métropole du Général d'Uzer.
      Rentré en France, en 1836, il n'y demeura que très peu de temps, Juste assez pour faire valoir ses droits à la retraite. Il revint presque aussitôt à Bône, comme simple citoyen, et, nouveau Cincinnatus, il se mit à la charrue et exploita lui-même ses immenses propriétés.
      Le Général d'Uzer devenu colon, continua de s'intéresser au développement et à la prospérité de la région qu'il avait pacifiée et administrée pendant quatre années.

      Ce fut sans doute sur ses initiatives et ses interventions qu'en 1846, le Général Bugeaud ouvrit un crédit de trente mille francs " pour la construction d'un village au Ruisseau d'Or ", c'est-à-dire au centre même des propriétés du Général d'Uzer.
      Ce village, disait le Journal " La Seybouse " en annonçant l'ouverture de ce crédit, devait " porter le nom de Fabert " et être composé de soixante familles.
      Mais cette création ne fut qu'un projet, et le nom du glorieux Maréchal Lorrain, à qui Metz, sa ville natale venait justement alors d'élever une statue due au ciseau du sculpteur Etex, ne fut Jamais honoré que sur le papier du décret gubernatorial.
      C'est au Général d'Uzer cependant que doit revenir le mérite de la fondation de cet important centre agricole qui porte aujourd'hui son nom " Duzerville ", et qui n'était en son temps qu'une vague bourgade indigène à l'appellation non définie, puisqu'on la nommait aussi bien " Bouzaroura " que " Ghamoussaïa ".
      Mettant en pratique les théories qu'il avait exposées alors qu'il commandait la Subdivision, il réussit à grouper autour de cette agglomération indigène où la presque totalité des terres lui appartenait, des militaires, des douaniers et des petits fonctionnaires parvenus au terme de leur service.
      Il en avait fait des colons en leur vendant des parcelles de ses immenses propriétés à des prix modiques accompagnés de très grandes facilités de règlement. C'est ainsi qu'il retint sur la terre africaine les premiers éléments français de la population agricole de la région bônoise dont les descendants sont encore attachés à la terre bônoise.
      Le général d'Uzer mourut en 1849, dans sa ferme du Ruisseau d'Or, nouveau nom de l'Oued-Deb, où il avait pendant douze ans mené la vie dure de colon.
      Quelle que soit la nature des griefs qui avaient été élevés contre son administration et ses procédés, qu'ils aient été fondés ou non, son retour sur la terre algérienne, après sa retraite, doit être retenu comme un acte de Foi dans l'avenir de ce Pays, un exemple, et, surtout, un encouragement pour les Français à demeurer sur ce sol qui, alors, pouvait leur paraître ingrat et peu digne de leur sacrifice.

      Le Général d'Uzer, si on peut dire qu'il avait eu le souci de son intérêt personnel, n'en a pas moins, grandement, servi l'intérêt supérieur de la France et de la Colonisation.