GADAN ANTOINE
Peintre
Seurre (Côte-d'Or), 23 février 1854 - Bône (Algérie), 18 août 1934

Il arrive à Alger en 1881 à l'âge de vingt-sept ans. Il s’installe à Bône avec sa famille en 1886. Son frère Charles dirige les caves du domaine de Guébar et devient propriétaire de la ferme du comte de Sonis au fort Gênois, à proximité de Bône. Gadan se plaît à traiter des sujets champêtres - on le surnomme quelquefois « le Peintre des herbes ». Ses paysages dans la campagne bônoise vont du massif de l'Edough, de la plaine de la Boujimah aux rives du Ruisseau d'Or; plus tard, il découvre le cap de Garde. Il travaille également dans les Aurès, à El-Kantara, à Beni-Férut et à Biskra. Gadan obtient un succès en 1895 au Salon des artistes français où il expose La Rivière blanc à EI-Kantara et Nuit algérienne.

Au Trocadéro, à l'Exposition de 1900, il réalise un stéréorama représentant les côtes algériennes. Cette évocation voyage à l'étranger, à Londres et à New York, et a le mérite de faire connaître l'Algérie. Le maître Detaille lui adresse des félicitations à cette occasion ainsi que l'éminent paysagiste Jules Breton, de l'Académie des beaux-arts, qui lui consacre dans son livre La Peinture des lignes fort élogieuses. M. Léonce Bénédite, le distingué conservateur du musée du Luxembourg, offre à la Société des artistes orientalistes algériens une médaille de vermeil destinée à l'exposant le plus méritoire du Salon ; Rochegrosse et Mulot la décernent à Gadan.

L’artiste travaille le matin et le soir et surprend la nature à ses heures les plus intimes, quand des ombres et des brumes suaves flottent sur toutes choses. Il ne recherche pas les grands effets, il peint ce qu'il voit, avec vérité et poésie. Gadan s'est formé seul, il peint par vocation et rien n’est venu troubler la luminosité de son âme de paysan bourguignon conquis par le soleil algérien. Son oeuvre est forte, caractéristique et telle qu'elle doit tenir une place de premier rang dans une histoire de l'art en Algérie. Antoine Gadan est une gloire de Bône, et son gendre, le sculpteur Ernest Popineau, réalise son buste.

EXPOSITIONS: Paris, 1900, Exposition universelle : Diorama représentant la côte algérienne de Bône à Oran ; Constantine, 1909, musée de Constantine; Alger, 1910, Salon des artistes orientalistes algériens: Moissonneurs, Du haut du cap de Ganie; Oran, mai 1913, Salon Négrel: L'Oued à EI-Kantara. OEUVRES PRINCIPALES: musée des Beaux-Arts d'Alger: Environs de Bône, carton, 20 x 32 cm, s.b.g. {don de Mme Popineau en 1934), Passage couvert à Mahdia {Tunisie), carton, 33 x 24 cm, s.b.d. {don de Mme Popineau en 1934), intérieur à EI-Kantara, huile, 33 x 49 cm, s.b.d. {don de Mme Popineau en 1934), Environs de Biskra, huile, 32 x 57 cm, s.b.d., Plaine de Bône, huile, 32 x 57 cm, s.b.d. {don de Mme Popineau en 1934) ; musée de Constantine: Paysage près de Bône, Paysage algérien. BIBLIOGRAPHIE : Revue nord-africaine illustrée, 2 février 1908, Jean Boyer, « Un peintre algérien Gadan ».

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BIBLIOGRAPHIE : Revue nord-africaine illustrée, 2 février 1908, Jean Boyer, « Un peintre algérien Gadan ».





Le complément d'information ci-dessous a été envoyée par M. Jean-Bernard POULOT, aprés un travail de recherche sur ce peintre. Il aimerait aussi avoir tous renseignements
ANTOINE GADAN

L'article de M. Marc Dalaut m'a permis d'avoir de nouvelles informations sur le peintre Antoine Gadan à propos duquel j'effectue des recherches. Je les mène conjointement à d'autres recherches sur le peintre Louis Carbonnel, me permettant ainsi de faire des liens et recoupements.
Ces deux peintres sont nés à Seurre, en Côte d'Or.
Antoine Gadan est né le 23 février 1854, en son domicile rue Impériale où son père était cabaretier.
Louis Carbonnel est né le 1 mars 1858 de Pierre André Carbonnel, peintre en bâtiment, et mourut le 16 octobre 1938 à Dijon, Côte d'Or.
Gadan et "Carbo" auraient bénéficié dans leur jeunesse de cours artistiques dispensés à Seurre par François Aubouer, sculpteur sur bois né à Paris le le vingt-cinq avril 1830.
En 1866, les Gadan (Antoine le père et sa femme Jeanne, les deux enfants Antoine et Charles -son cadet- et leur domestique) sont installés en face de Seurre, de l'autre côté de la Saône, dans le village de Pouillys-sur-Saône où le père tient une féculerie. Les tableaux de recensement de population nous indiquent qu'ils y sont toujours en 1876, mais on ne trouve plus trace d'eux dans le recensement suivant, en 1881.
En 1875, alors qu'il travaillait à la féculerie, Antoine est incorporé pour un an dans l'armée au 29e régiment d'artillerie. Il a ensuite accompli une période d'exercices au troisième régiment de Zouaves du 4 au 29 octobre 1881, puis du 24 septembre au 31 octobre 1883 et une autre au huitième peloton de Zouaves du 12 au 26 avril 1886.
Entre temps, il a habité 12, boulevard Viala à Marseille.
Il est probable que Carbonnel soit parti en Algérie avec Antoine Gadan fin 82 ou début 83. Carbonnel rentre ensuite en France puis repart avec sa famille pour Bône où ils résident au quartier Sainte Anne et où, le 6 avril 1885, naquit Louise, leur dernière fille.
Gadan a beaucoup peint en Algérie, mais il a effectué aussi des tableaux (sûrement dans un nombre moindre) en France et dans la région de Seurre notamment. En ce qui concerne sa vie en Algérie, vous trouverez des informations dans le numéro 3 de "la Seybouse", à la rubrique personnages.
Chez Carbonnel comme chez Gadan, on retrouve un sens aigu des couleurs et de la lumière aux heures du crépuscule. Malheureusement, les oeuvres peintes par Carbonnel pendant sa période algérienne ont été disséminées et les témoignages sur cette période le concernant sont quasiment inexistants.

J'ai consacré une petite monographie sur Carbonnel pour une exposition rétrospective à la demande de la ville de Seurre en août 2000.
Mes recherches sur ce peintre (entreprises depuis une quinzaine d'années) auquel sont liés Gadan et d'autres artistes ne sont pas finies.
Une importante zone d'ombre subsiste sur ses années algériennes.




BÔNE SON HISTOIRE, SES HISTOIRES
de Louis ARNAUD
ANTOINE GADAN

Antoine Gadan n'était pas né à Bône, mais il aimait Bône.
Il aimait cette ville privilégiée, pour la beauté de ses sites et la splendeur de sa campagne, autant, sinon plus, qu'aucun de ses vrais enfants.

Sa nature d'artiste avait trouvé son cadre entre l'Edough majestueux que domine, chaque hiver, le neigeux Bouzizi, la mer si bleue et l'horizon lointain des plaines qui s'étendaient au sud.
Il était peintre, peintre de la nature dont il savait comprendre l'âme et dont il goûtait, surtout l'harmonie et la beauté si simple.
C'était à cause d'elle, qu'il s'était fixé à Bône qui n'était alors qu'une petite ville bien modeste et peu propice à la renommée.

C'est à Bône, parmi les lauriers-roses, les genêts, les lentisques et les blés mûrs et tout près de la vieille et calme Méditerranée que son talent s'est épanoui et qu'il a attendu que la renommée vienne faire de lui un des plus grands peintres de l'Algérie.

Il était arrivé jeune, dans ce pays, en compagnie de son père et de son frère Charles, qui dirigea longtemps les caves du domaine de Guébar et qui devint propriétaire de la ferme du Comte de Sonis au fort Génois à laquelle il sut adapter ce style d'architecture mauresque qui fit d'une vieille habitation presque sordide, l'élégante demeure qui s'abrite aujourd'hui sous des palmiers et des pins pour regarder orgueilleusement, la mer.

Antoine Gadan dans son atelier

Antoine Gadan, le peintre Gadan, était une gloire de Bône et son souvenir n'est marqué dans cette ville qu'il a tant aimée et qu'il a si grandement honorée, que par un modeste buste érigé sur le bord d'une pelouse, dans une allée silencieuse de notre square Randon.
Encore ce buste est-il dû à la ferveur d'un groupe d'admirateurs et au talent du sculpteur, Ernest Popineau, son gendre, qui sut mettre dans cette œuvre, toutes les ressources de son art et de son affection filiale pour donner au grand peintre bônois sa vraie figure empreinte de bonté, de modestie et de claire intelligence.
Car ce grand artiste était modeste et bon et sa grande simplicité faisait le charme de ses relations.

Il demeurait dans une petite rue du faubourg, parallèle à l'Avenue Célestin Bourgoin, à peu près exactement derrière l'Eglise Ste Anne.

En famille ; Dans son jardin

La maison, simple comme lui, était presque enfouie dans la verdure et les fleurs et son atelier, d'où sont sortis tant de chefs-d’œuvre appréciés, était, sans le moindre apparat, au bout du jardin touffu.
Le jardin et la rue étaient remplis de silence et du parfum des fleurs, comme est silencieuse, et, mêmement parfumée aussi, l'allée du square Randon sur le bord de laquelle se dresse, solitaire et sans prétention le buste du grand artiste.

Pour l'exposition universelle de 1900, il avait conçu et réalisé un grand projet qui devait lui permettre de mettre en relief les beautés du rivage de cette Algérie, pour laquelle il avait décidé de vivre loin de son pays natal.


Son diorama qui faisait défiler toute la côte algérienne de Bône à Oran, sous les yeux émerveillés de voyageurs qui ne quittaient pas le sol parisien de l'exposition, obtint le plus vif succès. Ce joli voyage au cabotage, au plus près de la terre, a pu faire apprécier le charme et la poésie d'un paysage divers et divin tout ensemble.

Antoine Gadan s'en est allé au royaume des Ombres et plus rien ne subsiste de lui dans ce pays de lumière, de clarté, d'espace, de verdure et de fleurs qui l'avait tant séduit.
Plus rien, à part des tableaux qui ornent des demeures privées et que le public ne voit pas.
Plus rien, à part ce buste solitaire du square Randon devant lequel trop peu de promeneurs passent et qui ignorent, peut-être, quel grand artiste il fut.
Encore si l'Edilité bônoise avait la pieuse pensée de donner son nom à la petite rue dans laquelle il habita sa vie durant.
Cette petite rue est trop petite pour le nom qu'elle porte : " Rue de la Liberté ". Simple et modeste comme elle est, elle eut suffi à honorer le grand peintre de la campagne bônoise dont elle aurait fait revivre la Grande Ombre.