Après mon séjour rapide de Juin 2000, une semaine, je m'étais promis d'y retourner plus longtemps, c'est chose faite, tout Juillet 2002. Je vous livre mes impressions.
Arrivée sans difficultés, à part le retard normal, on retrouve l'air et la température chaude et humide des Salines.
Annaba, Perle de l'Est, ainsi dénommée par les médias (j'ai un Cd de propagande en anglais), la vie y est heureuse, sécurisée, agréable, assez bien organisée. De nombreux " touristes " venant de l'intérieur et des autres villes d'Algérie, plages surveillées (pompiers, sauveteurs. police), nombreux restaurants (bien souvent avec vins), pizzerias, glaciers, pâtisseries européennes, un monde fou le soir, se promenant sur les trottoirs élargis, bien éclairés et entretenus le long des plages marquées : Rezghi / ex-St-Cloud et Rezzi Amor / ex-Chapuis.
Le Cour est délaissé, la Place d'Armes inutilisable.
Musiques traditionnelles et du monde, boîtes de nuit dans les hôtels. On se déplace jusqu'au Cap en taxi peu cher (50 dinars = 5 F la course en ville) " Bouna Beach ", matelas, parasols, tables, jets ski, pédalos, restaurants, pizzerias, surveillance.
Ambiance générale de la ville agréable, mais poids de l'islamisation avec la construction de nombreuses mosquées. tout (le même une plus grande liberté dans l'habillement féminin, bien toléré. Jeunes filles en tenues européennes, maillots de bain, pantalons etc..., couples se baladant la main dans la main ou bras dessus, bras dessous, rires, gaieté mais...
Barrages de la Gendarmerie aux grands carrefours. sur la pénétrante et jusqu'au Cap, patrouilles motorisées partout. Circulation ralentie par des dos d'âne. On n'est pas inquiété en ville où j'ai pris des photos en me baladant partout.
Distributeurs automatiques d'argent devant certaines banques et à la grande Poste ... et ils marchent
Centre ville : La vieille ville est en ruine, sale, envahie. immeubles écroulés ou rasés.
Réhabilitation des anciennes demeures par une Association de sauvegarde, avec peu de moyens.
Le Cours (de la Révolution) toujours bien tenu, propre, téléphone, plusieurs kiosques, journaux, tabacs, glaciers (créponnets), brasseries. Pas d'alcool. Théâtre et jardin de l'APC, " mairie " bien tenus. Rues adjacentes : plus sales, envahies par le stationnement. Plus de calèches, plus de charretons, plus de cireurs, mais des marchands de cigarettes à la pièce.
Marché central : assez bien tenu, des stalles bien carmes, mais autour, rues et vieilles maisons très sales et en piteux état. Les loyers anciens sont dérisoires et ne permettent pas 1'entretien.
Trottoirs bien souvent défoncés. Senteur d'égouts dans toutes ces rues. Tous les lampadaires ont quelque chose de détraqué.
La Colonne : sale, envahie de boutiquiers, Ste Anne remplacée par une grande mosquée.
Grands Boulevards : Ménadia, Ste Thérèse, Gassiot, Corniche, Plages envahis mais bien entretenus (embauche pendant la saison de 200 balayeurs supplémentaires).
Les Bénis M'affeur (bénis ramassés) : constructions anarchiques et pourries. Seule la nouvelle mosquée est propre. Où sont nos potiers ?
Cimetière européen : Glissement de terrain dans le haut, caveaux qui s'entrechoquent, prochaine solution avec la construction d'un mur, déplacement des derniers corps.. restes, cercueils, après consultation des familles et parution au Journal Officiel, une Association de Défense au Consulat dirigée par Messieurs Mèle et Gassiot.
Nouvelles dégradations dues à :
- la Vétusté les plaques de marbre éclatent, des caveaux s'écroulent.
- aux Vols de ce qui est en métal, quelques profanations de cercueils.
- A l'Islam croix, portraits, ex-voto brisés.
- Au Vandalisme : enfantins, adultes, lieu de passage, de débauche etc.:
- Mêmes actes constatés dans les cimetières musulmans.
Le consulat de France a débuté la réfection de nombreuses tombes, la municipalité a nettoyé les allées envahies d'herbes et de ronces. Il reste à couper des arbres morts, écroulés. La concierge, Madame Aïcha, contrôle l'entrée, entretien l'allée principale fleurie jusqu'au reposoir. Beaucoup de caveaux vides après le rapatriement des corps. Les livres des enterrements est assez bien conservés et à disposition.
Stade Chabou (Pantaloni), Lycée Saint Augustin, Parc Coogia, Pépinière : bien entretenus, un grand et nouveau Commissariat tout proche (Pépinières Vallée).
Une ville nouvelle s'étend le long de l'Edough, depuis le Pont Blanc. Ruisseau d'Or disparu, comblé jusqu'au cimetière anglais, accès par la pénétrante (autoroute à 4 voies) Est/ouest, nombreux HLM, insalubrité totale, nouveau Bombay, comme ils disent, fréquenté par les vaches et les sangliers qui viennent fouiller les ordures. qu'on brûle bien souvent sur place.
Circulation auto : embouteillages bien réglés par de nombreux policiers (même féminin), plus ou peu de feux tricolores, des taxis partout bien pratiques. Lignes de bus en piteux état. Retour à des bus privés. Klaxons obligatoires piétons traversant partout, mais politesse et convivialité.
Problèmes principaux de la ville : Augmentation de la population venant du bled, sans éducation, ni travail.
Surtout, manque d'eau potable, distribution tous les trois jours, des mécontents partout, distribution privée et payante dans tous les quartiers. Plusieurs révoltes dans les villages à ce sujet. Pannes d'électricité fréquentes, alors que les algériens viennent d'apprendre que leur pays exporte l'électricité en Espagne.
Pour récupérer l'eau d'une source de l'Oued Makine (ancienne ferme Santmann, on monte à Séraïdi (Bugeaud) par la nouvelle route partant des Bénis M'affeur. On est nombreux, il faut se lever de bon matin, s'armer de patience et attendre son tour. Séraïdi est bien triste, malgré le Galaxie, une grande boîte de nuit chez L'Hote, le café de Santmann toujours en place, ainsi que Nocas, l'Hôtel du Rocher " El Mountaza " est d'une architecture andalouse, pas trop moche (Pouillon) mais mal géré et sale. Tous les jardins sont remplacés par des villas, plus de Fontaine du Curé, l'église est une forge. Toujours le brouillard à 16 heures, le parc aux jeux toujours là, le bon air et la fraîcheur aussi. L'Egyptienne n'a pas bougé.
Je suis allé jusqu'à Sainte Croix de l'Edough : des maisons, des villas partout, notre petite propriété méconnaissable, sur toutes les planches de culture : des villas ! L'église est une mosquée bien entretenue, le cimetière est en réparation comme à Annaba. Je ne me suis pas attardé à cause du brouillard.
En ville : de nouveaux immeubles sur les pentes de l'Edough, constructions assez anarchiques (aussi derrière la Caroube), hôtels en construction en ville et à Toche. J'ai pu me rendre à El Kalla (La Calle), par une route nouvelle le long des dunes, routes vers les plages ouvertes au public (des milliers de personnes), la ville est bien agrandie, on construit un nouveau port.
La plaine est assez bien cultivée, il. n'y a plus de vignes, ni d'orangers, l'administration Boumediene, à la russe, a tout bousillé, il faut voir El Kouss ! Mais on replante, il y aura des oranges un jour, qui sait ?
Finis les Tabacoop, tomacoop, etc... Les villages Sont devenus des petites villes, El Tarf, Zerizer, Bell M'Idi (Morris) etc... de nouveaux villages ont été créés. Des centaines d'enfants courent et jouent. On se demande ce qu'ils vont devenir.
Impression générale d'à peu près : trottoirs détériorés, trous dans la chaussée etc, etc...
Situation politique : l'alliance de la religion et de l'Etat gène beaucoup le développement du pays. Peu d'investisseurs, retenus par l'irresponsabilité et l'insécurité.
Incompétence, anarchie, magouilles, mafias, règlements de comptes. monnaie courante dans cette Algérie qui s'enfonce lentement mais sûrement vers le sous-développement, sont dénoncés avec véhémence par la Presse locale " L'Est Républicain ".
Partout on regrette ce qui s'est passé envers nous, les Algériens Français et on recherche dans sa famille le moindre parent français pour essayer d'acquérir ou retrouver la nationalité Française (ceux qui la possédait jusqu'en 1956 ne l'ont jamais perdue) pour partir, quitter ce monde de pauvreté sans avenir.
D'ailleurs, l'esprit national n'est pas très fort, le jour de la Fête Nationale (de l'indépendance), il y avait très peu de drapeaux aux fenêtres, le jour s'est passé dans l'indifférence. C'est comme le jour férié du Vendredi, il est souvent accompagné du Samedi.
Le, leitmotiv de tous les jeunes, et moins jeunes Algériens est de quitter le pays pour ne plus y remettre les pieds. Belle réussite cette indépendance ! J'ai même entendu de la bouche d'anciens Moudjahidin, qu'ils ne voulaient que l'autonomie. Un comble !
Un vrai rire, et comme on dit en Bônois : le pourpre il est cuit et ils l'ont bien dans l'os. Ce qui ne résout pas le problème.
Il n'empêche que Annaba est encore très vivable et que j'ai toujours un vrai plaisir à retrouver ma région d'origine.