AMICALE DU 9éme R.C.P.
IN MEMORIAM
DE PHILIPPE MARBOT 1933-2001
Le 29 avril 1958 la bataille de Souk-Ahras est à son paroxysme la 3ème compagnie encerclée par des katibas déterminées et fortement armées du 4ème faïlek subit des pertes terribles. Le Capitaine Beaumont est tué. La compagnie Guégen se lance sur les flans du Djebel Mouadjène pour rompre l’étau adverse et dégager la 3éme. A la tête de ses sections, dans un déluge de feu, s'avancent quatre jeunes chefs d'exception : Yves Béchu, Alain Pfister, Gérard Poinsot et Philippe MARBOT.
Poinsot tombe ce jour là mortellement atteint, Pister et Béchu disparaissent brutalement des années plus tard dans le cours de carrière en plaine ascension, Marbot est frappé en plein corps d’une balle qui le laisse pour mort.
Animé d'une volonté farouche et d'une indéracinable foi en son étoile, aidé par les soins du chirurgien remarquable qu’est le Docteur Touvenot il survit contre toute attente et revient sur le terrain moins d’un an plus tard dans les rangs du 14éme R.C.P. Il vient. D’être fait Chevalier de la Légion d'Honneur, il a 25 ans.
Philippe Marbot est né à Toulon le 13 mai 1933 dans une vieille famille d’officiers qui descend du général Marbot, le célèbre mémorialiste. Attiré dès sa jeunesse par la carrière militaire, il entreprend d’abord de préparer Saint-Cyr mais bouillant de se joindre à ceux qui portent, en Algérie, les armes de la France, il s'engage au titre de l’école militaire de Cherchell. D’abord sergent, il est admis rapidement dans les rangs des E.O.R. et sort de l'école avec le grade de sous-lieutenant, dans les tous premiers de sa promotion.
Il rejoint le 9éme R.C.P. en 1957 pour être affecté à la 2éme compagnie commandée par le Capitaine Guéguen, prestigieuse figure des parachutistes. Il participe, dés lors, à toutes les opérations du régiment : Aurès, presqu’île de Collo, bataille des frontières. Magnifique entraîneur d’hommes, très proche de ses paras, il se distingue tout à la fois par ses qualités de combattant et son profond sens de l’humain.
En 1962 les conditions dans lesquelles sont abandonnées la terre d'Algérie et les populations restées fidèles à la France heurtent profondément son sens de l’honneur et de la fidélité. Son caractère ardent le pousse alors à « mettre sa peau au bout de ses idées », sa carrière militaire s'en trouve brutalement brisée.
Loin de se complaire dans la rancœur ou l’amertume, Philippe Marbot se lance dans le négoce international avec l’ardeur et l’optimisme qui le caractérise. Un jour en Arabie, un autre au Sri-Lanka, l’année suivante en Inde ou au Koweït, un jour riche, un autre ruiné, sa vie se poursuit comme un véritable roman d’aventures malgré les lourdes séquelles de ses blessures. La nécessité de soins constants finira par le contraindre à poser son sac à la Seyne-sur-Mer, non loin de Toulon, auprès
d'une épouse admirable, dans le berceau de sa famille.
En 1997, il reprend du service pour se dévouer de nouveau à son régiment en assumant avec foi et brio, la présidence de la section Provence-Méditerrarnée de l’amicale des anciens du 9éme. Il en fait une communauté chaleureuse et soudée et participe personnellement à toutes les activités nationales.
Philippe Marbot, héros de la bataille de Souk-Ahras, disparaît le 29 décembre 2001 au moment où il s'apprête à recevoir le drapeau de sa section. Il est Chevalier de la Légion d'Honneur. On n'a pas voulu, en haut lieu, le promouvoir au grade d'officier. Pour nous, il l'est depuis longtemps.
Il avait un esprit modeste et un coeur pur.
Quartier Balma Ballon - B.P. 27 - 31998 TOULOUSE - ARMEES