les massacres de Philippeville
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Cependant les opérations militaires stagnaient et, de novembre 1954 à août 1955, les rebelles multiplièrent les actions terroristes, sans pour cela frapper de grands coups. On déplorait des morts parmi les petits colons et certains Algériens qui leur restaient fidèles. La sauvagerie des attentats commençait à frapper les esprits, lorsque, subitement, une flambée de massacres désola le secteur compris entre Collo, Philippeville, Guelma et Constantine. Les rebelles étaient plusieurs centaines et pour la première fois en uniforme militaire. Ils attaquaient gendarmeries, mairies, gares et autres points névralgiques. Leur objectif: s'emparer d'armes et de munitions. Un fait nouveau était à noter : ils avaient bénéficié d'une aide importante de la population kabyle de la région.
L'armée avait rasé une dizaine de mechtas, ce qui paraissait suffisant pour limiter l'extension du soulèvement, mais les Européens, en proie à la panique, réclamaient vengeance et le 24 août 1955, jour de l'enterrement des victimes, ils manifestèrent violemment leur hostilité aux autorités. Les fleurs envoyées par Soustelle furent piétinées par la foule qui criait sa rage et son désespoir. Les rapports fournis au Gouverneur général indiquaient que les insurgés attendaient un débarquement de l'armée égyptienne et qu'ils bénéficiaient du soutien des États-Unis, ainsi qu'on l'avait déjà rapporté en 1945, lors des émeutes de Sétif. Soustelle convoqua le consul général Clark, qui promit d'en référer à son gouvernement, lequel ne donna jamais de réponse aux réclamations du gouvernement français. On peut dire que c'est à Philippeville que la guerre des communautés a commencé. Le bilan était très lourd: 123 morts dont 71 Européens, des femmes et des enfants égorgés. Parmi les victimes musulmanes, le propre neveu de Ferhat Abbas, Abbas Allaoua, exécuté à titre d'avertissement pour les hommes politiques algériens tentés de discuter avec les autorités françaises.
Mis en ligne le 20 août 2005 |