RUY-BLAS de Victor HUGO
revu par Fernand BUSSUTIL

AUGU et les Ministres
Résumé des chapitres précédents
Augu II fils de Augu 1er, roi et empereurs des Tchouches, vit dans son château de la Pétaudière. Les ministres tiennent ce même lieu une réunion.
Augu II est entré depuis quelques instants par la porte du fond et assiste à la scène sans être vu des interlocuteurs. Il est vêtu de noir avec une plume de - tornaga » au chapeau et le « calamard » d'or autour du cou. Il les écoute, puis tout à coup au milieu d'eux au plus fort de la querelle.
AUGU

Bon appétit, messieurs!
(Tous se retournent. Augu se croise les bras et poursuit)
0 ministres à la manque!
0 conseillers véreux ! Oilà votre façon
Déguisés en garçons de voler le patron
Vous avez donc pas zonte et vous vous prenez l'heure
L'Heures H où le pays affoqué, mort, y pleure
Elus par des gougoutses, vous cherchez l'antérêt
Pour se remplir la poche et mettr' les oiles après.
Ah ! Ah ! vous méritez quelques bons coups de triques
Ou d'être guillotinés à la chaise électrique
Vous avez pas pitié du beau pays qui tombe
L'Etat, il est ruiné, inscrit comme indigent
L'Etat est esquinté de guerre et d'argent
Nous avons tzur la mer et avec Tiketine
Perdu trois cents bateaux, sans compter les tchatines.
Aquapipe est le peuple et on s'le presse encore
A suer le burnous de cent milliards en or.
L'Eglise elle est en ruine et pleine de vipères
Le monde y croit plus rien, la réligion se perd.
La nuit on s'assassine et on crie : « Au secours ».
Hier on m'a volé quand j'étais dans la cour.
La moitié du pays, elle vote l'autre moitié.
Vendus y sont les juges pas un soldat payé.
Anciens champions du monde, malheureux que nous sommes
D'où c'qu'elle est notr'armée ? A peine quinze mille z'hommes
Qui marchent à pieds nus, maigres comme des stokfiches
Qui peuvent se glisser dans toute les affiches.
Nous sommes raplapla à l'Ouest et à l'Est
Et vous vous disputez qui se prendra le reste.
Comme le chacail blessé, couché tsur son croupion
Vous vous jettez dessus comme des escorpions.
Augu ou c'est qu'ty es, dans ce temps de farceurs
Réveille toi dans la tombe o fougasse empereur
Oh ! lève toi ! Viens oir; cache toi la figure
On a fait du pays une boite à ordures,
Et le tchibek royal, l'ansigne de ta puissance
Est chasse de partout malgré qu'il sent le rance
Ça qui restait de toi depuis la grande panade
Cuit, oiseau déplumé, dans la macaronade.

(Revue Ensemble N° 219, Octobre 1999, page 13)