Aprés le rassemblement de nos compatriotes à l'entrée du cimetiére et l'annonce que les gerbes, les drapeaux et signes distinctifs de partis politiques, les écharpes d'élus doivent restés dans leurs vestiaires, L'ordre de départ était donné.
le cortége emmené cérémonieusement par les porte-drapeaux et les porteurs de gerbes d'associations s'est dirigé vers la place réservée aux stèles
de l'Algérie Française, située au centre du cimetière.
Un premier arret devant le monument dédié aux Harkis avec un dépot de gerbes par L'ADIMAD Sud avec une minute de silence.
Ensuite le cortége s'est dirigé vers le Monument des Rapatriés et victimes du 26 mars et 5 juillet où M. Philippe CASTILLE annonce le discours de M. Martin président de la Maison du Pieds-Noirs de Perpignan.
La mise en place des porte-drapeaux autour de la Stèle est exécutée militairement avec un respect pour les martyrs dont les jeunes générations doivent prendre pour exemple.
M. PUJOL, Pieds-Noirs et 1er adjoint au Maire de Perpignan prononce à son tour une brève allocution.
M. Jean-François COLLIN, Président de l'ADIMAD, s'avance et entame son allocution. (Ci-dessous dans son intégralité).
C'est un grand honneur, et une grande joie, de nous compter si nombreux pour honorer la mémoire de ceux qui nous réunissent ici, aujourd'hui.
Et tout d'abord, je tiens à remercier du fond du cœur Jean-Pierre Prévoteaux, Délégué de l'Adimad pour les Pyrénées Orientales. Seul, durant des années, il a gardé l'espoir de faire aboutir cette magnifique réalisation qui nous rassemble maintenant. Jean-Pierre, ce pupille de la nation dont le père est tombé pour la libération de la Métropole, Jean-Pierre qui a sacrifié ses dix-huit ans pour la défense de l'intégrité de la France, qui a connu durant de longues années les geôles gaullistes. Sans toi, rien n'aurait été possible et je ne peux que très simplement te dire combien est grande notre gratitude.
Je tiens ensuite à remercier très vivement Jean-Paul Alduy, Maire de Perpignan ainsi que Jean-Marc Pujol, son Premier Adjoint. Ils ont eu le courage, je dis bien le courage, d'accepter que ce monument soit érigé sur leur commune. Ce geste d'humanité vis-à-vis d'une part importante de leurs concitoyens restera dans les mémoires. Ils ont ainsi contribué à apaiser un peu le feu des plaies toujours ouvertes après tant d'années. Monsieur Alduy, Monsieur Pujol, nous n'oublierons pas ce geste de réconciliation, Soyez-en bien certains.
Encore quelques mots de remerciements pour les membres du Comité de la Stèle, déjà cités par Jean-Pierre Prévoteaux. Leur travail acharné a 'été couronné de la plus grande des réussites et leur efficacité a été exemplaire.
Et puis c'est à vous tous enfin que je m'adresse, vous tous qui avez été des milliers à verser votre obole pour le succès de notre projet. C'est votre succès. Et je pense à ceux qui aujourd'hui sont avec nous par la pensée, éloignés par l'âge, la maladie et je leur adresse notre salut le plus fraternel.
Comment ne pas être ému en vous voyant ici, vous tous qui êtes parfois venus de si loin : de Corse, d'Espagne, de La Réunion même, pour l'inauguration de ce Mémorial dédié à nos morts. A vous, les parents et les amis de ceux qui ne sont plus là, qui êtes-là pour les honorer, qui cachez vos larmes qui n'ont pourtant cessé de couler depuis plus de quarante ans.
Et maintenant je veux vous dire combien, tous mes camarades et moi-même, sommes émus d'être là aujourd'hui. Depuis plus de quarante ans nous nous souvenons... Du fond de nos prisons où nous apprenions, les larmes aux yeux, le supplice de nos amis, nous avons découvert ce qu'était un vrai silence de mort : même les matons, même les droits communs avaient respecté le sacrifice de nos camarades en observant, à chaque fois, une journée complète de silence dans ces grands vaisseaux si bruyants d'ordinaire...
Et durant toutes ces années qui ont suivi nos libérations, où nous avons survécu la rage au cœur, nous nous disions : " Nous sommes là et eux où sont-ils ? Qui pense à eux encore ? Qui peut les honorer ? Et où ? "
Depuis ces temps si cruels des dernières années de notre Algérie française, une terrible pensée revenait sans cesse en moi, lancinante : qui pense encore à tous nos camarades tombés les armes à la main ? Qui les honore ? Qui même les connaît tous, parmi nous qui étions pourtant si près d'eux, et qui avons eu la chance de survivre ?
Bien sûr, nous pensons tous à ceux-là qui furent les figures emblématiques de notre combat et qui l'acquittèrent de leur vie, dans des culs de basse-fosse, au terme de procès iniques délivrés par des juges qui " sous leurs galons de militaires ou leur robe couleur de sang " payaient " d'un peu de sang leur carrière et leur nourriture ".
Mais aussi, dans notre combat, combien d'anonymes qui furent abattus par la soldatesque gouvernementale, les polices parallèles, les terroristes FLN ? Oui combien ?
C'est en pensant à eux que nous avons décidé de retrouver leurs noms à demi effacés dans nos mémoires, ravivant peut-être des plaies mal cicatrisées ; mais comment ne pas leur rendre hommage ? Un hommage solennel, face à cette mer qui fut le chemin de notre exil, face à notre si chère Algérie dont la lave bouillante brûle toujours en nous.
Cent de nos combattants sont morts libres, les armes à la main. Quatre autres sont morts les pieds chargés de chaînes...
Aujourd'hui, ce sont leurs cent quatre noms qui sont gravés, publiquement, pour la première fois en France, offerts à la mémoire de notre peuple comme autant de remords, mais aussi comme autant d'espérance. Demain, ce seront peut-être, hélas, d'autres noms qui viendront s'ajouter à ceux-là. Leur sacrifice n'aura pas été vain : nous sommes là. Nous n'avons rien oublié. Nous ne nous tairons jamais.
AVEC MOI, TOUS ENSEMBLE: " MORTS POUR L'ALGERIE
FRANCAISE, MORTS POUR LA FRANCE "
********** Après ce discours et l'appel des 104 Martyrs, M. P. CASTILLE fait entendre le chant "Je ne vous garde pas rancune, je vous plains" de Jean Pax Mefret.
ROGER DEGUELDRE
6 juillet 1962, 3 heures 56 du matin. Une salve désordonnée secoue la brume. Au même instant, sur l'autoroute du Sud, la France, insouciante, part en vacances.
Pourtant, à quelques centaines de mètres à peine, un second coup de grâce claque et fait tressaillir l'homme qui tient dans sa main un petit drapeau tricolore. Le sang coule sur sa tenue léopard. Il souffre, il souffre dignement.
A 4 heures 04, l'adjudant-bourreau tire par trois fois sur l'officier blessé, mais ses mains tremblent et les trois coups de grâce ratent leur but. Armé d'un autre revolver qu'il est allé chercher, le sous-officier revient et, comme il le fit précédemment, et comme I'exige la loi, en plaçant le canon de son arme à 5 centimètres de l'oreille du parachutiste. Il est 4 heures 08, la boucherie a pris fin.
Le corps est placé dans un cercueil en bois blanc. Le pouvoir vient d'obliger son armée à accomplir un nouveau meurtre. Après 11 minutes de calvaire, frappé d'une seule balle sur les 11 tirées par le peloton d'exécution d'une armée française, le lieutenant Roger Degueldre, officier au Premier Régiment Etranger de Parachutistes, est mort au 6ème coup de grâce, en criant: "Vive la France". Mais ce cri qu'il a poussé ne peut être entendu par la France dont il souhaite la vie au moment-même où elle lui donne la mort.
La France, allongée sur les plages de l'Atlantique et de la Méditerranée conserve ses oeillères, ne se souciant nullement de regarder ceux qui l'entourent, ceux que l'on juge, que l'on condamne, que l'on assassine, ceux qui pleurent, qui ragent et qui désespèrent.
La France, égoïste, dort... au soleil. Ce soleil qui apporte aux estivants la chaleur qui manque à ceux que l'exode vient de jeter brutalement en Métropole : les Pieds-Noirs.
Ils sont seuls, les Pieds-Noirs. Pourtant dans leurs maigres bagages - un glorieux passé baigné de sang - ils observent la récompense de leur patriotisme : l'apaisement de leurs vicissitudes, le cadeau de bienvenue du pouvoir, il est là : c'est le cadavre d'un officier français, c'est un corps criblé de balles, c'est Delta. Delta ! L'homme qui avait quitté l'armée parce que trop militaire, il refusait de s'y écarter du chemin de l'honneur, l'homme qui les avait défendus, réconfortés, aidés à reprendre espoir, le lieutenant Roger Degueldre qui, quelques minutes avant sa mort leur avait transmis son ultime message en déclarant : " Si je ne suis pas de leur race, ni né sur leur soi, je les ai beaucoup aimés et je les aime toujours ".
L'officier parachutiste mort en chantant la Marseillaise rejoignait ses compagnons de combat, victimes eux-aussi des balles françaises. D'abord Claude Piegts, un des plus nobles exemples des Français d'Algérie, mort à 27 ans, victime de la ferveur patriotique au cri de : "Visez au cœur, Vive l'Algérie française"
Le colonel Jean Bastien-Thiry n'allait pas tarder, lui aussi, a rejoindre les martyrs de l'Algérie française.
********** M. Lajos MARTON, membre du commando du Petit Clamart, prononce une allocution concernant BASTIEN-THIRY.
********** M. Yves PIEGS, cousin de Claude PIEGTS fait une allocution sur Claude.
********** M. J.F. COLLIN fait un appel pour Albert DOVECAR "FUSILLE LE 7 JUIN 1962" et M. P. CASTILLE fait entendre le chant "Dors Vieux Soldat" par Albert SANTONI.
M. Jacques ZAJEC, membre de Delta 1, sous les ordres d'Albert DOVECAR, fait une allocution concernant son chef.
********** ********** M. Albert SANTONI chante à Capella "Le Miserere" qu'il dédie à sa défunte femme.
********** Mme MATHIEU-GALLET dépose de la terre d'Algérie au pied de la stèle.
********** M. P. CASTILLE invite l'assistance à entonner "Le Chant des Africains" avant de clore cette cérémonie émouvante et magnifique.
Avant la dispersion, beaucoup de monde se précipitait vers les héros présents dans la foule, pour les congratuler ou pour faire une photo souvenir en leur compagnie.
Les Médias absents de cet événement exceptionnel, doivent regretter d'avoir louper un tel reportage.
Dans l'assistance, beaucoup ont fait des photos et des films, il serait interessant d'en faire une cassete vidéo pour faire partager ces moments avec les compatriotes qui n'ont pu se déplacer.
Les Photos de cette page sont de Jean RODA, Jacqueline PEREZ |