" MOHAMED DUVAL "
Cardinal Duval.
Annie DIAZ ARACIL.
ACEP - Ensemble N°231, Janvier 2002

BOUTEFLIKA demande à Rome d'élever à la Sainteté celui qui n'a JAMAIS eu un seul mot de COMPASSION pour les Chrétiens dont il était le PASTEUR. " Le Cardinal est, avant tout, ce que j'oserais appeler une CONSCIENCE, c'est cela qui, par-delà ce qu'on pourrait nommer son tempérament politique (traditionnel ? progressiste?) il a été et il demeure la CONSCIENCE DE L'ÉGLISE EN ALGÉRIE ". (Abbé SCOTTO)

Cette phrase est un extrait de la préface du livre d'entretiens consacrés au Cardinal DUVAL par Marie-Christine RAY. L'Abbé s'envole dans un long panégyrique évoquant l'esprit visionnaire du Cardinal et la clarté de ses premiers discours dont le thème est " le blocage du politique et du religieux comme amalgame le plus néfaste et le plus détonnant pour les esprits et les cœurs des individus comme des communautés ".

L'Abbé SCOTTO dira que, si les fidèles étaient aveuglés par les certitudes du colonialisme, ils avaient en cela, quelques excuses, cependant, eux les prêtres éclairés par cet avertissement ne pouvaient en ignorer le sens "à moins d'avoir les yeux chassieux ! ".
"C'était le temps ou la propagande sévissait sous forme de slogans " DÉFENSE DE LA CIVILISATION CHRÉTIENNE... LA CROIX VAINCRA LE CROISSANT.. " sur les murs fleurissaient le sigle du coeur surmonté de la croix " raconte-t-il encore.

Certes, les slogans peuvent choquer ces âmes éprises de justice et d'équité, mais, leur regard s'émeut-il à la vue d'autres murs promettant "LA VALISE OU LE CERCUEIL" ?
Un rien nous dit que, là, ces grands visionnaires de l'église ont décidé d'avoir, diplomatiquement, LES YEUX CHASSIEUSEMENT CORRECTS!!!
Pour le Cardinal, pas d'ambiguïté possible, ce qu'il appelle " parler en chrétien " est déjà le préambule de son cheminement politico-religieux.

D'abord, en 1946, il prône une justice faite d'égalité et de respect entre les trois communautés religieuses puis, très vite, il s'oriente vers une autodétermination et enfin, sur sa lancée prophétique, annonce l'inéluctable droit à l'indépendance des peuples opprimés.
Le 8 novembre 1946, il est nommé Evêque de CONSTANTINE. Disciple de SAINT AUGUSTIN, le voilà, par la grâce du SAINT PERS, successeur de l'Evêque d'HIPPONE.

Dès lors, et pour étayer son action progressiste, il s'appuiera sur ce qu'il appelle "l'essence même de l'enseignement de SAINT AUGUSTIN" basé sur l'amour de DIEU conjointement à l'amour fraternel lequel est "le premier et le dernier degré" pour parvenir à cet amour de DIEU.

La mitre de son illustre prédécesseur, sitôt coiffée, voilà notre Evêque éclairé par une révélation mystique de sa mission: "porter la BONNE NOUVELLE" au peuple d'ALGERIE, par le rayonnement de sa parole.

Et il parle... II prône même dès 1947 l'ouverture d'un dialogue entre les peuples... Pour cela, il prend des contacts avec les nationalistes algériens, Ferrât ABBAS, Ahmed BOUMENDJEL, Cheikh BEN BADIS et ZENATI, le fondateur du journal "la voix libre". On imagine la teneur de ses conversations avec ces "hommes réfléchis " uniquement préoccupés de l'aspect humain, des problèmes posés par l'inéluctable évolution de l'ALGERIE et du manque de considération à l'égard des aspirations légitimes des musulmans.

Des événements de SETIF et GUELMA, il ne se souvient que d'avoir entendu les versions des deux communautés, "écouter, c'était mon devoir mais, percer le mystère ne m'était pas possible au commencement".

L'Evêque reconnaît que l’évolution de sa pensée s'est forgée grâce aux confidences des uns et des autres, européens et musulmans, tous pénétrés du bon sens que la situation de l’ALGERIE ne pouvait demeurer ce qu'elle était alors que de profonds changements politiques s'imposaient. II avoue que la réflexion sur la situation est plus saine à CONSTANTINE, (car on a un regard plus lucide sur la réalité) qu'à ALGER.

Lucide aussi, dès 1950, le message du nonce apostolique venu en ALGÉRIE célébrer le cinquantième anniversaire de la Basilique d'HIPPONE. Le futur pape JEAN XXIII, dans son homélie pastorale, parle à ses "frères" et se fait, en quelque sorte, le messager du VATICAN particulièrement attentif "à l'accession de nouveaux peuples aux responsabilités de la vie politique". Deux mois après l’insurrection de novembre 1954, dans son message de NOEL, PIE XII déclare que l’EUROPE aurait dû prévoir un processus d'autonomie politique pour les peuples colonisés et que "de toutes façons, qu'une liberté politique juste et progressive ne soit pas refusée, qu'on n'y mette pas obstacle". En 1961, le pape JEAN XXIII envoie un télégramme au cardinal pour lui dire "toute l'étendue de ses préoccupations apostoliques en cette heure critique pour la France, si chère, que nous voyons menacée (!), pour les populations algériennes auxquelles, nous souhaitons, de tout coeur, la réalisation de leurs légitimes aspirations dans la justice et la liberté".

On ne peut souhaiter meilleur soutien et le cardinal saura le répéter à l’envi, la mission de l'Eglise "est une mission d'ouverture universelle, dans le respect et la liberté des personnes et des peuples, mission d'amour dans l'humilité et l’esprit de service". En février 1954, l’Evêque de CONSTANTINE devient archevêque d'ALGER. Premier novembre 1954, déclenchement de la lutte armée.

Le 29 novembre, l’archevêque fait une déclaration publique commune qui se voudrait de tradition pastorale
"Préoccupés de répondre uniquement aux exigences de notre mission spirituelle... "Plus loin, il y est fait mention de lutte contre la misère, le chômage et l’insécurité de vie du prolétariat. "le dialogue" rajoute-t-il dans ses réflexions sur le sujet. On le voit, la politique est sous-jacente dans le discours pastoral.

Dans un radio-message de mai 1955, il poursuit : "on ne construit pas avec de la haine, les destructions ne peuvent que multiplier les souffrances et accroître la misère". Mieux, "la justice est à promouvoir dans toutes ses exigences..." A qui s'adresse-t-il en ce jour de Pentecôte ?

L'Eglise de Monseigneur DUVAL, dans sa grande pudeur, reste éthérée face à la cruauté des massacres de civils européens en août 1955, près de PHILIPPEVILLE. Dans une déclaration collective, l’épiscopat algérien insiste sur " les aspirations légitimes". Les états ne peuvent passer outre des règles "du droit naturel et de la morale". S'ensuit enfin, un appel à l’esprit de responsabilité des chrétiens d'ALGERIE, de la nécessité de faire de "rudes efforts et de nécessaires sacrifices...".
Imaginons l’embarras des bons curés de paroisses sensés infliger cette subtilité toute théologique aux parents d'enfants égorgés... Beaucoup ne sauront s'y résoudre. Tu ne tueras point, la vengeance est interdite, le recours aux représailles peut devenir source de malheur... Surréaliste ? Non, le message, sec, doctrinal, véritable déni de la souffrance des uns est une déclaration d'indulgence, une explication logique à la barbarie des autres.

Des événements d'EL-HALIA, EL-HARROUCH, OUED-ZENATI et AIN-ABID, rien. Pas un geste officiel d'indignation, chez Monseigneur, on a la compassion sélective. Il est vrai qu'un profond décalage éloigne les états d'esprit. D'un côté, la population, l’armée et l’administration continuent à œuvrer pour une ALGERIE française alors que de l’autre, l’épiscopat et l’archevêque en tête, sont depuis des lustres dans une logique de décolonisation.

De là, ces déclarations frileuses d'incompétence politique pour éluder les massacres et la barbarie. De ce qu'il convient d'appeler une guerre sainte, la DJIHAD islamique en marche. Un registre en demi-teinte pour les victimes françaises, un vibrant appel à une justice à promouvoir pour les aspirations légitimes des égorgeurs.

Le 19 juin 1956, le cardinal intervient avec véhémence pour tenter d'éviter les exécutions de combattants FLN à la prison Barberousse.

Cet avant-gardiste de la mode actuelle dénonce la torture. Habilement, il s'abrite derrière les paroles du pape PIE XII "l'instruction judiciaire doit exclure la torture physique, psychique et la narco-analyse parce qu'elles lèsent un droit naturel (Lequel, celui de torturer et d'assassiner ?) et cela même si l'accusé est coupable. "

"Tu ne tueras point", la phrase biblique est forte dans le message encore et toujours asséné aux victimes ou à ceux qui les protègent. C'est que Monseigneur est sensible à l'aura romantique de ces quarantuitards africains... Il ne cesse de clamer un enseignement dirigé contre la classe dominante et ses déclarations sont applaudies par les élus musulmans de l'assemblée algérienne.

Le titre, "MOHAMED DUVAL, évêque des musulmans" (dont il se dit si fier) trouve toute son envergure au congrès de la Soumamn. Là, un hommage lui est rendu par les fondateurs de cette charte politique FLN et son action qualifiée de "réconfortante, courageuse, publiquement contre le courant en condamnant l'injustice coloniale".

Fin 1956, l'Archevêque est "attristé" par l'explosion de bombes dans la cathédrale d'ALGER et trois autres églises. Il est vrai que l'archevêque vient de condamner le "contre-terrorisme" qui a réagi lors des funérailles d'Amédée FORGER...

De ses contacts avec le FLN, il ne fait pas mystère. Il est vrai que le Pape, lui-même, reçoit souvent les chefs de la rébellion. En date du 8 mars 1957 les chefs rebelles envoient ce massage au Vatican: "En ALGERIE, la preuve est apportée chaque jour que le Christianisme et l'Islam peuvent coexister sur le même sol et coopérer pacifiquement au progrès (...) C'est pour confirmer notre adhésion à une telle communauté que, très respectueusement, nous faisons appel pour que les chances de survie soient sauvegardées."

Janvier 1957, début de la bataille d'ALGER. Dans ses mémoires, le général MASSU raconte: " la plus grave opposition m'avait paru résider, dès le début de cette bataille, dans l'attitude de Monseigneur DUVAL et quelques autres prêtres dont l'abbé SCOTTO."

La journaliste qui interpelle l'archevêque sur cette réflexion reçoit comme réponse "Beaucoup de militaires attachaient de l'importance à mes déclarations même s'ils n'en acceptaient pas toutes les conséquences. Si le Général MASSU a prononcé cette parole, je lui en suis très reconnaissant."

A cette interrogation: "Vous habitiez NOTRE DAME D'AFRIQUE, pour vous rendre à l'Archevêché, vous traversiez le quartier pied-noir de BAB-EL-OUED. Vous sentiez-vous en danger ?" Réponse: "pas particulièrement (...). Il y a eu un moment, beaucoup plus tard, où il était absolument impossible de traverser BAB-EL-OUED, en 1962, ce quartier était constitué en camp retranché.

Ceux qu'on pouvait appeler les rebelles tiraient même sur les soldats français, j'ai dû passer par la BOUZAREAH". En 1959, le Cardinal se préoccupe du sort des populations de zones rurales déplacées dans des camps pendant que l'armée bombarde les villages. Le Secours Catholique, organe de l'église, avec la coopération d'algériens, organise l'approvisionnement en denrées alimentaires des plus démunis. Les vivres, provenant du gouvernement américain, sont adressés directement au nom de "Monseigneur DUVAL, don du peuple américain." L'archevêque regrette que de malicieux journalistes aient pu prendre des clichés de "maquisards" en possession de ces caisses de vivres et qu'on ait pu dire: "Monseigneur DUVAL nourrit les fellaghas !" Là, il s'indigne : "Je n'allais pas faire de distinction pour secourir les pauvres!".

Après le refus d'investiture de Pierre PFIMLIN, le général MASSU constitue un comité de salut public. C'est le 13 mai 1958...

Le 16 mai, sur le forum d'ALGER, de scènes de retrouvailles chaleureuses entre chrétiens et musulmans répondent à l’appel de fraternisation et de réconciliation. Le général MASSU, par un radio-message, demande à l'archevêque DUVAL d'apporter un témoignage de soutient pour l’effort du comité de salut public tendant vers la fraternisation. Monseigneur reste muet. Ce dernier explique : "Les français d'ALGERIE et les musulmans ont été manipulés au cours de ces manifestations. Il n'y avait pas de respect de la personne humaine mais des manifestations de la guerre psychologique." II sous-entend même que certains musulmans ont été forcés de s'y rendre par de subtiles menaces. Il conclue que, si le comité de salut public comportait certains aspects positifs, dans l’ensemble, son action "ne répondait pas aux exigences de la morale sociale (...) mais je n'ai jamais accepté de marcher dans la voie de ce comité. Les catholiques en auraient été choqués."

Toujours en mai 58, le général MASSU, disposant de par ses fonctions de préfet régional, d'une somme importante, vient, en personne lui proposer de l’aide pour ses écoles et ses œuvres.

L'archevêque décline poliment cette offre, "j'ai préféré respecter la pauvreté de l’Eglise" aurait-il répondu.

Nous voilà au jour de l’arrivée de DE GAULLE. Le général, nouvellement investi par l’assemblée, vient saluer l’ALGERIE, elle qui lui a déroulé un tapis rouge pour faciliter son retour au pouvoir.
L'archevêque raconte que, le général, s'adressant à lui et à quelques intimes leur dit "qu'il y a des moments où l'action de la providence est plus visible".

La "providence" prononce le "je vous ai compris". Monseigneur DUVAL regrette que les algérois n'aient pas compris, eux, la subtilité du discours.

Le nouveau président de tous les Français, de phrases sibyllines en coup de poing sur son présidentiel bureau, poursuit sa dialectique.

Les barricades, le 24 janvier 1960, répondent au discours sur l'autodétermination. Les prêtres sont sollicités pour venir célébrer la messe sur le bastion de l’université. L'archevêque invoque le droit canon pour refuser catégoriquement. En effet, la liturgie d'alors, ne prévoit pas la célébration de la messe hors de l'enceinte d'un lieu de culte. L'abbé DAHMAR, d'origine berbère, vient, lui, apporter le soutien du CHRIST aux barricadés de la rue Michelet. Questionné sur la réaction de manifestants musulmans scandant "L'ALGERIE ALGERIENNE" en décembre 1960 pendant la visite de DE GAULLE, l'archevêque dit n'être pas étonné. Le slogan qui met le feu à la communauté européenne lui inspire cette réflexion : "ALGERIE MUSULMANE, cela veut dire que la presque totalité des habitants de l’ALGERIE sont musulmans ; cela veut dire, aussi, que du point de vue législatif, L'ALGERIE s'inspirera du CORAN..."

Monseigneur DUVAL distille encore "l'espérance et la fraternité réciproque" dans une homélie en janvier 1961. L'OAS vient de naître. "les nazis d'aujourd'hui" comme il nomme les chefs de cette organisation, "sont racistes et convaincus qu'ils sont de race supérieure. Ce qui les rapproche du nazisme, c'est le choix des moyens. Pour eux, tous les moyens sont bons, même la calomnie, même la violence, même l'assassinat." Le 26 avril 1961, en lendemain du putsch des généraux, il adresse une lettre destinée, une fois de plus, à être lue pendant la messe dominicale. Ce message fait référence aux événements récents : "je suis heureux et fier que, malgré des circonstances tragiques, et de dangereuses sollicitations, les "égarés" prêts à employer n'importe quels moyens, n'ont été qu'une faible minorité."

Ce "dimanche des égarés" met le feu aux églises. Là, monseigneur minimise encore l'ampleur des mouvements d'indignation.

A cette question de Marie-Christine RAY: "les accords d'EVIAN qui, seuls pouvaient aboutir à un cessez-le-feu, pouvaient-ils garantir l'avenir des pieds-noirs en ALGERIE? Certains membres du FLN estimaient que l'ALGERIE indépendante était sans avenir pour les européens d'ALGERIE. D'autres voulaient garantir le droit des minorités. Connaissant ces positions, pensiez-vous vous-même que les pieds-noirs auraient leur place dans l'ALGERIE indépendante ?" L'archevêque avoue son igno-rance de la position des dirigeants du FLN. "Mon devoir d'évêque était de travailler à ce que le plus grand nombre possible de pieds-noirs puissent demeurer en ALGERIE." Les accords d'EVIAN, de sinistre mémoire, prévoient le cessez-le-feu pour le 19 mars 1962. En attendant l'indépendance, les attentats OAS donnent le ton de la désespérance de ces oubliés de l'histoire. Une voiture piégée explose au port en mai de la même année. L'archevêque repense à ce jour où il ordonne aux Filles de la Charité terrées derrière la cathédrale : "Mes soeurs, votre place n'est pas ici, venez soigner les blessés". Sur ces mots, il les conduit vers des cliniques clandestines de la Casbah.

Le 26 mars curieusement ne lui inspire aucun geste. Pas d'état d'âme, non plus, le 4 juillet d'ORAN et ses milliers de victimes. Il souligne, dans son interview, l'allégresse de la population indépendante mais aussi, celle de chrétien ...Tout de même, il plaint ces pauvres pieds-noirs, interdits de départ par l'OAS, et qui s'éloignent "de la terre où reposaient leurs morts."

Bien entendu, par son entremise, "l'Eglise de France participe efficacement," dit-il, à l'action humanitaire en faveur des pieds-noirs. Le futur cardinal ETCHEGARAY est mandaté pour en assurer la coordination.

Cependant, là, il me faut révéler des annotations de l'abbé GRIMA à qui appartenait le livre de Marie-Christine RAY. En marge de la page où le cardinal parle de l'accueil chaleureux des diocèses de France, de lui et de son amour pour les pieds-noirs, des prières qu'il leur dédiait, des pèlerinages émouvants effectués chaque année sur les lieux aimés, la célébration des morts dans les cimetières etc... En marge, dis-je, je lis : "culot, faux, faux, faux, archifaux, profanés..." J'imagine l'indignation du prêtre qui connaissait bien son sujet.

"On vous a reproché d'avoir influencé ou forcé des prêtres. Vous avez engagé les chrétiens à obéir à l'autorité légitime. Les engagements de certains d'entre eux, y compris des prêtres, pendant la guerre d'ALGERIE, les ont conduits à être inculpés d'atteinte à la sûreté de l'état. Jusqu'où doit aller l'obéissance à l'autorité légitime ?" lui dit Marie-Christine RAY. Le Cardinal avoue qu'il est parfois "intervenu avec vigueur" auprès des prêtres lorsqu'il les voyait prendre des libertés avec sa propre idée de la morale chrétienne.

Cependant, il affirme n'avoir jamais fait usage de la censure ecclésiastique. Quant à l'obéissance à l'autorité légitime "elle n'est pas un absolu". Un peu plus loin, il souligne que selon SAINT AUGUSTIN, "l’obéissance est la gardienne de toutes les vertus".

Lorsque l'archevêque recommande aux prêtres et aux catholiques de ne pas mêler le politique et le religieux, de ne pas s'engager dans un parti au nom de l'Eglise, il oublie ses lettres pastorales toutes chargées d'exhortations à la "poursuite du bien commun", la "GRANDE POLITIQUE" selon PIE XI. Il faut dire que la notion d'engagement au nom de l’Eglise ou de l’évangile est complexe et Monseigneur cultive le paradoxe. Il écrit dans sa lettre collective de l’Episcopat en 1955 que, quand l’Eglise prend position sur des questions d'intérêts économiques ou politiques, "elle tient cette mission de DIEU de juger ce qui est contraire ou conforme à la vraie nature de l’homme, au bon ordre social, à leur orientation vers la destinée naturelle..." Quant il lui est demandé : "Reconnaissez-vous que vous avez joué un rôle politique pendant la guerre d'indépendance ?" Il se défend d'avoir adhéré à un quelconque parti, cependant il rajoute crânement : "si vous voulez parler d'une action pour le bien commun du pays, la justice, pour les aspirations légitimes du peuple, je dois répondre OUI !" Ceci résume tout son apostolat. II reste vague et dubitatif quand on le questionne sur d'éventuels prisonniers pieds-noirs dans des camps en ALGERIE des années 80. Pour ce qui est de l’assassinat de Monseigneur JACQUIER, le Président BOUDEMIENNE, en personne lui aurait affirmé qu'il était l’acte d'un déséquilibré.
Alors, que reste-t-il de l'Eglise en ALGERIE ? Elle n'a plus aucun droit et son existence, la vie même de ses représentants est à la merci des autorités algériennes lesquelles sont versatiles et peu fiables. Au LIBAN, en SYRIE et en EGYPTE, elle est légale...

En ALGERIE, l’ISLAM est une religion d'état depuis 1962. Le peuple algérien est musulman ce qui exclut qu'un algérien puisse être chrétien, qu'un candidat à la nationalité algérienne soit autre chose qu'un converti à l’ISLAM. Ainsi, ces instances n'ont-elles accepté sur le siège épiscopal de leur très cher Cardinal, retiré à ALGER, qu'un prêtre né en FRANCE. Il était hors de question d'y asseoir un pied-noir ou encore moins un chrétien d'origine musulmane !

A la fin du dialogue avec Marie-Christine RAY, le vieux cardinal dit encore son inquiétude et son intervention auprès des autorités françaises pour manque de respect des droits sociaux des émigrés. En France, cette fois. Il interpelle, de même, l'état français, sur la nécessité que "au plan économique et social, une véritable équité doit régner entre le travailleur émigré et le travailleur autochtone. L'équité demande à ce que les enfants d'émigrés soient scolarisés, non seulement dans la langue française mais aussi dans leur langue d'origine..." (L'Abbé GRIMA griffonne rageusement, en marge, " 27 sur 30 à SAINT-DENIS ! ")
Pour conclure, il est fier d'avoir célébré le vingtième anniversaire de l'indépendance en ALGERIE, dans la Basilique de NOTRE DAME d'AFRIQUE, en présence de nombreux fidèles...

APPEL A TÉMOINS

La Rédaction demande aux témoins susceptibles d'apporter des information utiles à l’appréciation de l’exercice des fonctions d'Archevêque par Mgr DUVAL en Algérie, de se faire connaître en écrivant au Secrétariat de la Revue. D'avance nous vous remercions de votre aide.

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