Plus de 1.500 personnes on assisté à cet événement, dans un profond recueillement, dont, entre autres, le colonel Charles Lacheroy, le commandant Pierre Guillaume, Pierre Sidos et devant plus de vingt drapeaux d'associations patriotiques et une profusion de fleurs;
ALLOCUTION PRONONCEE PAR JF COLLIN
Chers Camarades, chers Amis,
Je commencerai mon propos, en adressant, du fond du cœur, mes remerciements à Claude Rochette, notre camarade des combats passés, qui nous accueille sans hésiter, en ce lieu ô combien évocateur de notre province perdue !
Je remercie également vous tous les généreux donateurs qui nous avez aidé à réaliser ce Mémorial. Avec vous, tout a été beaucoup plus facile. Encore merci.
Et maintenant, c'est avec une grande émotion que je m'adresse à vous. A vous tous qui êtes parfois venus de si loin, de Corse, d'Espagne, de Hong Kong même, pour l'inauguration de ce Mémorial dédié à nos morts. A vous, les parents et les amis qui êtes-là pour honorer ceux qui ne sont plus là, cachant vos larmes qui n'ont pourtant cessé de couler depuis quarante ans.
Depuis ces temps si cruels des dernières années de notre Algérie française, une terrible pensée revenait sans cesse en moi, lancinante : qui pense encore à tous nos camarades tombés les armes à la main ? Qui les honore ? Qui même les connaît tous, parmi nous qui étions pourtant si près d'eux, et qui avons eu la chance de survivre ?
Bien sûr, nous pensons tous à ceux-là qui furent les figures emblématiques de notre combat et qui l'acquittèrent de leur vie, dans des culs de basse-fosse, au terme de procès iniques délivrés par des juges qui "sous leurs galons de militaires ou leur robe couleur de sang" payaient "d'un peu de sang leur carrière et leur nourriture".
Mais aussi, dans notre combat, combien d'anonymes qui furent abattus par la soldatesque gouvernementale, les polices parallèles, les terroristes FLN ? Oui combien ?
C'est en pensant à eux que nous avons décidé de retrouver leurs noms à demi effacés dans nos mémoires, ravivant peut-être des plaies mal cicatrisées ; mais comment ne pas leur rendre hommage ? Un hommage solennel, au pied de Notre-Dame d'Afrique, face à cette mer qui fut le chemin de notre exil, face à notre si chère Algérie dont la lave bouillante brûle toujours en nous.
Aujourd'hui, ce sont quatre-vingt-onze noms qui sont gravés, publiquement, pour la première fois en France, offerts à la mémoire de notre peuple comme autant de remords, comme autant d'espérance. Demain, ce seront peut-être, hélas, d'autres noms qui viendront s'ajouter à ceux-là. Leur sacrifice n'aura pas été vain : nous sommes là. Nous n'avons rien oublié. Nous ne nous tairons jamais. |