TEMOIGNAGE D'UNE SURVIVANTE DU MASSACRE
DU 26 MARS 1962 A ALGER Par Mme Hélène FERRANDEZ née GRASSI (Le 26 mars 2003 à Saint-Cyprien) " Le 26 mars 1962, en début d'après midi, ma mère, mon oncle, Pierre mon Fiancé et moi-même, sommes partis à pieds du 1er groupe d'H.B.M. du Champs de Manœuvre pour aller à la manifestation de solidarité envers les habitants de Bab-El-Oued, encerclés par les gardes-mobiles.
Des militaires sont proches de nous, la plupart musulmans armés de mitraillettes et le regard haineux. Au coin de la rue d'Isly se trouve un fusil mitrailleur.
Levant la tête, je vois avec horreur le carnage. Des dizaines de personnes couchées dans des mares de sang. A coté de nous, un homme a le crane ouvert, la cervelle dehors. Spectacle horrible. Je crois rêver, ne réalisant pas. Des gens pleurent, d'autres se plaignent. Voyant que certaines personnes se relèvent et se sauvent en courant, hébétés, sans dire un mot, nous faisons de même. Ma mère et mon oncle également.
Arrivés dans notre immeuble, une voisine demande si nous avions vu son père, elle est très inquiète ; malheureusement à juste titre. C'était la fille de Monsieur SANCHIS GASPARD, une des nombreuses victimes de cette tuerie. Un autre oncle, témoin lui aussi, prend une crise de nerf. Ce n'est pas possible : Ils ont tiré sur nous ! Et il éclate en sanglot.
Traumatisée à vie, n'ayant pas 17 ans à l'époque ; plus de quarante ans après ce drame, je ne peux toujours pas parler de ce 26 mars 62, sans pleurer.
Cimetière de Saint-Cyprien dans les Pyrénées Orientales
Mme FERRANDES à gauche, dans l'impossibilité de se lire, c'est Mme Marie-Thérèse NEGRE qui l'a remplacé. |